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ARCHIVES FRANCO-SEMAILLES

 


Été 2024

 

In memoriam Alain Minod

 

 

 

 

 

Alain Minod (1937-2024), nous a quittés le 28 mai. Il était le frère de notre ami François Minod à qui nous exprimons toutes nos condoléances, ainsi qu’à toute la famille.

Alain Minod est l’auteur de plusieurs recueils de poésie, dont La vie où le nulle part a lieu, Librairie Galerie Racine et La ville où le nulle part a lieu. Le proche et le lointain, Editions polyglotte, 2004. Quelques liens pour lire de ses poèmes sur la toile :

https://www.poemes.co/minod-alain.html

https://www.plume-de-poete.fr/author/alainminod/

https://www.atramenta.net/authors/alain-minod/28154/publications/

https://poesiemuziketc.wordpress.com/2013/02/04/alain-minod-poemes/

http://le-capital-des-mots.over-blog.fr/article-le-capital-des-mots-alain-minod-108883713.html

Présence à Francopolis : invité au Salon de novembre-décembre 2019 (recherche : François Minod). Nous reproduisons ci-dessous des extraits de cette contribution, suivis d’un poème inédit tiré de sa page Facebook, qui en contient quelques dizaines : un recueil sera réalisé pour notre prochain numéro sous forme de livre électronique, qui sera publié dans notre Bibliothèque Francopolis.

 

***

 

Hommage à Alain par François Minod

 

« Difficile de définir Alain en quelques mots, tant son parcours est atypique, son engagement total pour les causes qu'il pensait justes, son refus de cautionner les institutions fussent-elles poétiques. Toute sa vie aura été un combat pour la justice, la défense des opprimés, l'accès à la beauté.

Un grand poète nous a quittés. Sa passion des mots, sa recherche perpétuelle de dire le monde au plus près de son hyper sensibilité, de ses convictions, constituent un héritage que nous aurons à cœur de partager.
La poésie coulait dans ses veines à flots continus. Elle lui était profondément consubstantielle.

Tu disais souvent : nous sommes tous frères en humanité. Merci mon frère de continuer à exister dans nos cœurs et dans nos âmes. »

 

©François Minod

9 juin 2024

 

*

 

Alain Minod par lui-même

 

« J'ai découvert l'écriture poétique en passant par l'école de Rimbaud avec ses "Illuminations" à l'âge de 13 ans, alors que j'étais pensionnaire dans un collège ... J'ai commencé à écrire dans la foulée...

Malheureusement la totalité de ces poèmes et des correspondances que j'avais avec une amie a disparu dans des déménagements. A partir de l'âge de 19 ans, je me suis aventuré dans des expériences d'écriture et d'intervention surréalistes avec des jeunes de foyers d'enfance "délinquante" et des foyers de jeunes travailleurs ! Puis la tempête de Mai 68 est passée par là et je me suis mis à travailler la philosophie d'une façon intense... Arrêt, pendant presque 15 ans de l'expérience poétique...

Mais, juste retour des choses, après être allé à Berlin Ouest et Est, j'ai redécouvert le sens de la liberté en poèmes après une intervention poétique dans une file d'attente au Checkpoint d'Alexander Platz alors en zone Est : c'était un merle moqueur juché sur un tilleul, près du fleuve "La Spree" ! J'ai fait remarquer en allemand que ce merle était moqueur et l'oiseau qu'il était s'est envolé sur l'autre rive (ouest). Toute la file d'attente a écouté et discuté mon intervention...

Par la suite, je n'ai pas cessé d'écrire, partant d'une posture encore surréaliste à un travail sur la lyrique qu'aujourd'hui, depuis 2016... Je creuse sans rémission en tentant une métrique résolument contemporaine et plutôt mallarméenne que je croise avec la figure rimbaldienne de la révolte de l'alexandrin sans césure à l'hémistiche... J'essaie de conjoindre le moment, la conjoncture, l'instant avec la parole et la phrase musicale ! C'est un travail de création au long cours ! »

 

©Alain Minod, 22-11-2019

Francopolis, Salon de lecture de nov.-déc. 2019

 

*

 

CE QUI LIE ET DÉLIE

(extrait)

 

(…)

 

Silence !

Mon âme est torride

Elle se défend …

 

Courbée – elle se heurterait

Aux barreaux de l’habitude

 

Debout – elle fait légion

De ses poèmes

En braises profondes

 

Clignote la pensée

Sur un foyer qui ne s’éteint pas

 

Libellule blessée –

Elle est le sarment de mon désir

Comme suspendu

A la rose brûlante des sables

 

Trame incommensurable

D’un destin qui s’abîme –

Mon âme ouvre la langue

Et en dégage un horizon

 

(…)

 

Je suis comme ce page

Grillant la grâce

Tout près

Des robes vermeilles

Qui habillent

Les sourires

Et gobent leurs

Éclairs

 

Alors – cuillère de feu

Dans la bouche

A vers blancs

Tu l’inondes

De tes flammes !

 

Soupe légère

Tombée brusquement

Du ciel encore

Tout brasillant

Tu glisses dans le miel

Qui demeure

Florissant

Sur les lèvres des artères

Où rugit effrénée

La ville mienne

 

Sur mes propres lèvres :

Ce parfum d’ambre

Détaché

Des cendres

De la parole

Lorsqu’elle a été

Exténuée

De trop de sens

Dans son silence

 

J’offre maintenant

Ces douceurs

Pour que continuent

A briller la pluie d’été

Avec le feu d’argent

Sur les robes vermeilles

Du sourire

 

C’est alors que le café noir

Rafraîchit et pimente

Ma bohème

Longtemps – longtemps …

Jusqu’à ce que se module

Le soir

Dans le jardin

De ma fantaisie asséchée

 

©Alain Minod,

Francopolis, Salon de lecture de nov.-déc. 2019

 

 

*

QUAND LE CIEL S'OUVRE EN NOUS

 

Prends ton ciel aux murs

qui avalent lumière

dans leur toile de bure

ouverte en voix si fières

 

qui font glisser la traîne

de Mélusine en elles

que l'histoire ne scelle

aux discours en chaînes

 

où la scène des ombres

en nuages hésite

partout à s'y fondre

où gris en masse habite :

 

on voit : lumière clignote

on sait : elle tricote

en murs et rues sa maille

que l'alternance émaille

 

arbres pendus à son cou

l'histoire va s'y tendre

mais pour quatre cents coups

savoir danser n'est à vendre

 

lumière ne s'y paye

car libre en aléas

en Nous elle s'égaye

pour ciel en vrai gala

 

dans les murs son écho

nous donnant le mot : vivent

en Nous brillant égaux

l'histoire s'en ravive

 

et en pierre de ville :

elle peut circuler

s'éclairant assemblée

pour tous : elle est civile

 

nos vies s'ouvrent et voient

qu'elle se prend en voix

égales en Nous tous

vibrant en mille secousses

 

où l'ombre est : surprise

les cavernes n'ont prise

le hasard bien repris

nécessité se cache

 

derrière lui sans prix :

lumière ne s'attache

où nuages s'agrègent

nos rêves s'y allègent

 

nécessité aveugle

où le hasard se meuble

même l'Univers en cause

de lumière : en Nous se pose

 

en nul anthropocentre

l'infini en Nous entre !

 

©Alain Minod,

Extrait de sa page Facebook, 27-07-2023

 

 

 

In memoriam Alain Minod

Francosemailles, Été 2024

 

 

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