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ARCHIVES FRANCO-SEMAILLES

 


Septembre-octobre 2023

 

 

 

Lionel Mar : Aux fleurs silencieuses.

 

(*)

 

Photo de Dominique Zinenberg

 

 

 

En regardant le ciel

 

Je me souviens de ce nuage

qui s'en allait se perdre au-dessus

du toit de ma maison.

 

Chaque matin, nos rêves nous réveillent

et nous empêchent de mourir.

 

C'est en regardant le ciel que

notre désir de vivre est le plus fort.

 

Je me souviens de ce nuage

qui à lui seul gardait l'âme de ceux

qui sont partis loin de nous.

 

 

 

J'écris des nuages

 

J'écris des nuages

comme des mots clairsemés

sur la page du monde.

 

Je sais qu'ils sont là.

Je les entends respirer

comme les feuilles des peupliers

près de la rivière.

 

Tu me donnes rendez-vous pour le futur

sur une terre de rêves australs.

 

J'écris des nuages

qui nous ressemblent

dans l'harmonie éphémère de nos êtres.

 

 

Où je m'échappe du monde

 

Il y a des jours où je m'échappe du monde

où j'embrase la poésie

de toute ma chair et ma force.

 

Il y a des jours où le silence est plus fort que tout

où seules les images et les voix m'importent.

 

Il y a des jours où je m'échappe du monde

où les mots habitent mes pensées

et mon corps jusqu'à l'infini.

 

 

 

Ce supplément invisible

 

La vie est comme un arc-en-ciel.

 

Nous traversons le monde

en contournant les montagnes

aux sept couleurs.

 

Glisser dans la nuit en épousant

l'ombre de la lune.

 

Se savoir vivant sous

la lumière mélancolique du ciel.

 

Soigner les âmes qui nous entourent.

 

La poésie est ce supplément invisible de vie.

 

 

 

Avant le jour

 

C'est le temps où tout va

où tout s'incline

dans le jour naissant

comme une évidence.

 

C'est le temps des lisières

où le monde se lit

dans les plaines ardentes

comme un songe.

 

C'est le temps des tendres rumeurs

dans la fraîcheur bleue du matin

où tout semble instable

comme une caresse.

 

C'est le temps des regrets

presque une aventure

lorsque les secrets s'écrivent

avant le jour.

 

 

 

Au secret de l'étincelle et du silence

 

Autour de ma maison, une ombre passe

comme une flamme de jeunesse, une caresse

que je regarde partir au loin;

au secret de l'étincelle et du silence

lorsque les tourments de notre amour

s'éloignent au vent.

 

 

 

Les lumières de la nuit

 

 

Parfois, je lis un poème et plus rien ne compte.

 

Comme les fleurs des cerisiers,

le vent éparpille les lumières de la nuit.

 

Un ciel nouveau s'ouvre à la lecture d'un poème.

 

Des âmes nous appellent et

nous invitent à l'écriture comme

des reflets de ciel sur notre peau.

 

La présence de l'autre est une merveille

aussi miraculeuse que la pureté d'un cerisier en fleurs

dans le jardin de nos souvenirs.

 

 

 

Ces visages familiers

 

On éteint la lumière

et on ferme la porte.

On espère pourtant

pouvoir un jour

revenir.

 

On se souvient des bruits,

des sourires et des silences

comme la toute première fois.

Hier est encore

dans toutes les mémoires.

On se souvient de ces visages familiers

qui se détachent de l'ombre.

 

On appelle à l'aide

mais personne ne répond.

 

On éteint la lumière.

 

 

Soupir

 

Quelques mots perdus

dans le lointain.

 

Il reste un cri.

 

Près du ciel,

un soupir nous échappe.

 

 

Aux arcanes des astres

 

Aux arcanes des astres,

j'écrirai vos mystères.

Telle la fleur fragile,

je soufflerai son parfum.

 

Aux arcanes des astres,

j'habiterai l'infini.

Comme un oiseau perdu,

je défierai l'équilibre.

 

Les secrets du temps

habilleront mes naufrages.

Aux arcanes des astres,

je chercherai la clémence.

 

 

Nos saisons éphémères

 

J'irai me promener

dans cette rue sans nom

(où tu ne seras pas)

et où aucun parc ne se trouve.

 

J'irai dans cette rue

où tes pas sont absents

et où l'écho de ton ombre

résonne encore à ma mémoire.

 

Ton existence s'efface

derrière un silence de pierre.

 

Nous sommes comme ces nuages

qui traversent le ciel sans s'arrêter

sur nos saisons éphémères.

 

 

Aux fleurs silencieuses

 

L'âme de notre vie échappe à tout contrôle.

Elle va et vient sans cesse

dans la mémoire de ceux qu'on aime.

Elle gît au fond du fleuve

baignée par un soleil couchant.

 

Cette âme perdue est comme une langue ancienne.

Elle va et vient sans cesse

sourde et aveugle dans l'attente de la pluie

bercée par un paysage de mémoire.

 

J'offre ce murmure aux fleurs silencieuses

qui règnent sans partage.

 

 

Les étoiles

 

Parfois dans la nuit, je me lève

et je vais compter les étoiles.

Le réel est ce que nous faisons de lui.

Il imprime notre vie

et les chemins du possible.

 

Parfois dans la nuit, je me lève

et je vais décrocher les étoiles.

Je sais bien que je l'ai fait

et que le rêve n'existe pas.

Je regarde la limpidité de la vie

et je sais bien que la réalité

qui nous entoure est sans concession.

 

Parfois dans la nuit, je me lève

et je vais éteindre les étoiles.

 

 

Les couleurs du ciel

 

Au seuil de ma vie, je côtoierai les étoiles.

 

Mon esprit caressera l'horizon.

Mon corps retournera à la terre.

Le temps visitera les saisons.

Les couleurs du ciel s'en iront dans la nuit.

 

La mer submergera la mémoire.

Mes pensées s'effaceront dans la mort.

Notre amour m'appellera vers toi pour l'éternité.

Le mystère de la vie s'écrira de lumière.

 

Au seuil de ma vie, je côtoierai l'infini.

 

 

©Lionel Mar, septembre 2023

 

(*)

 

Nous avons accueilli le poète Lionel Mar dans cette même rubrique, au numéro de mars-avril 2023.

 

 

 

Lionel Mar

Francosemailles, septembre-octobre 2023

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