Vient de paraître le troisième volet des
« mystères » (Lémistè) de Monchoachi. Pour découvrir ce poète exigeant et
complexe, nous donnons la parole à Mireille Pierre-Louis,
qui nous présente ce troisième recueil de la série, dans le contexte des
précédents, en nous dévoilant quelques clés de lecture et de
compréhension de l’univers de l’auteur.
L’article et reproduit du
site culturel martiniquais Madinin’art.com (site
ami, voir dans nos Liens).
« Depuis quelques temps, le poète Monchoachi a entrepris une longue
investigation poétique, Lémistè,
visant à mettre en évidence le projet dévastateur d’une civilisation, ainsi
nommée “Occident”, au regard d’une manière d’habiter la terre. Après
deux premiers volets consacrés à l’Amérique et à l’Afrique, vient de
paraître aux Editions Obsidiane,
“Fugue vs Fug” consacré à l’Europe.
Lémistè, un
chantier poétique qui propulse le lecteur dans la beauté et la présence
des mondes magiques, présence qui subsiste encore ici et là, mais
recouverte par des siècles d’hégémonie d’une civilisation
occidentale (ratio) dévastatrice.
Lémistè, n’est
pas une ode au passé, mais une quête éminemment actuelle de la voie de
l’homme, déviée vers une trajectoire funeste.
Après les deux premiers volets consacrés à l’Amérique
indienne (Liber America) et à l’Afrique noire (Partition noire
et bleue), le troisième opus de Lémistè, Fugue vs Fug, nous conduit maintenant en Europe.
L’Europe, et en particulier en son sein la Grèce antique,
où prit naissance, voici quelques 2500 ans, la civilisation occidentale
qui dans les Temps modernes, et à partir du tournant que constitua la
découverte de l’Amérique, s’est étendue à la terre entière, de sorte
qu’en elle se situe à la fois la provenance des traits essentiels du
monde d’aujourd’hui, et les nœuds et articulations à partir desquels
peuvent s’esquisser des voies menant à un au-delà de ladite civilisation.
Fugue vs Fug, une
drive poétique vertigineuse, à plusieurs voix;
sous un abord français, un labyrinthe de langues où le mot créole, fuyant
parfois l’orthodoxie de la graphie créole, prend son envol jusqu’à aller
s’encastrer dans le vieux français ou ailleurs, retenu par une apostrophe
(landjet’), à la conquête de
l’indicible.
Mais pour éblouissant que soit le feu obscur (sacré) de la
poésie, Monchoachi parle inexorablement les
ténèbres du monde présent.
Lors, le poète invoque les esprits tutélaires et fourbit
les charmes de la résistance.
Ainsi armé, le lecteur, le répondè, est invité à souffler
sur le feu ardent de la poésie, pour ranimer les braises de la
résistance, sous toutes ses formes, à cet ordre
universel du renoncement à vivre dans la beauté.
Il ne s’agit pas de com-prendre
le poème, mais à la manière de cérémonies occultes, de se laisser prendre
par lui, d’être requis par un rythme, une musique qui ouvre à une
méditation poétique et à l’action, là est le charme acéré de Fugue vs Fug.
Enfin, si la même quête poétique anime les
différents Lémistè, chaque ouvrage
possède son souffle propre et peut être lu séparément. »
©Mireille
Pierre-Louis
13 novembre 2021
***

Sur le site Île en île on peut bénéficier
d’informations et ressources diverses (dont une bibliographie), et lire /
écouter des textes de et sur Monchoachi :
·
« L’Aleph », « La Danse au lieu vide » et « Sosthène »,
trois poèmes de Monchoachi du recueil L’Espère-geste, lus par l’auteur.
·
« La beauté noire » et « La fille à la calebasse », deux
poèmes extraits du recueil Lémistè.
·
La Case où se tient la lune, extrait du poème de Monchoachi, lu par l’auteur.
·
Monchoachi, 5 Questions pour Île en île,
entretien vidéo (2011), avec notes.
·
Partition noire et bleue (Lémistè 2), extraits du recueil de poésie (2016).
Des chroniques à ses recueils
précédents peuvent se lire sur les liens suivants :
« Lémistè
2 » de Monchoachi.
Par Michel Lercoulois,
publié le 06/06/2016 :
https://mondesfrancophones.com/espaces/afriques/lecon-decriture-6-lemiste-2-de-monchoachi/
Monchoachi, Partition
noire et bleue (Lémistè 2). Éditions
Obsidiane, 2016, 155 pages. Par Georges-Henri Léotin :
https://www.cheminscritiques.org/425
Enfin, d’amples extraits de chroniques et notes
de lecture sur son œuvre – dont Claude Roy, François Boddaert.
Patrick Kéchichian, Marie-Claire Bancquart, Charles Dobzynski,
Jean-Pascal Dubost
–, ainsi
que d’autres ressources, également, sur la page qui lui est dédiée sur le
site Potomitan.
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