Je
m’arroge le droit d’écrire des mauvais poèmes
Je
n’apparais que dans l’œil d’un observateur périphérique
Extérieur
à la matrice
Oui
Je
participe à l’effondrement des masses critiques
Je
collabore à la chute des anges désignés perdants
Car
seuls les enfants vont plus vite que la lumière
Vont
plus loin que les mots aussi
J’évoque
un retour possible en poésie moderne
J’écris
mais je n’y suis pas encore
Je
n’ai pas la phrase entière
J’arrive
après mes mots je crois
Oui
Je
m’absente dans le temps des autres
Non
Il
n’y a pas d’heure quand on est un enfant
Pourquoi
cette partie-là du poème est-elle perdue
Aliénée
C’est
le premier regard du monde qui compte
Je
refuse d’être le plus heureux des hommes
Et
pourquoi le monde est trop beau pour moi
Pourquoi
les mots s’écrivent sans moi
Je
suis vu par ce que je vois de l’intérieur
Les
anges se mettent à prier désormais
Oui
Tout
ce que j’écris se retournera contre moi un jour ou l’autre
La
poésie n’est pas ce qu’on croit
Cette
garce
Elle
ne fait que plagier mes mots vainqueurs
Me
fait perdre mon génie créatif d’auteur de génie
De
géant
Pour
mon talent d’auteur on verra bien après
Écrire
on doit pouvoir
Pourquoi
je refuse d’être le plus heureux des hommes
L’illusion
d’un retour au bercail réapparaît
Pourquoi
Dieu me bombarde de tant de lumière
Alors
qu’une lueur suffit
Et
j’appartiens au siècle où la terre était plate
Je
n’ai pas de rival en poésie moderne
Pas
un seul
Ne
voyant pas plus loin qu’après moi
Jusque-là rien d’anormal
Mes
prières ont une faible empreinte carbone
Je
n’ai que mes deux mains pour prier
On
dit que les poètes leurs agents se réactivent entièrement tous les cents ans
Absurde
Et
ce génie des mots doit bien me venir de quelque part
J’arrête
la lumière dans ma vie
Est-ce
le monstre le tyran en moi qu’il faut éclairer
L’oracle
ne le mentionne pas
Troubler
un temps soit peu les lois de l’univers sans
pour autant chuter
S’appesantir
L’œuvre
désormais s’accomplit sans moi
Sans
ce lapin blanc en mots numériques
©Stéphane Casenobe
|