HUMEUR
Paris en pointillé
(suite, 3)
par J. Fleuret
Je me souviens de ses rues, ses monuments, squares et impasses, ses
lieux où vécurent des hommes connus dans l’histoire, je me souviens…
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Je me
souviens du n° 17 de la rue
Beautreillis : ici, jusqu'en 1902, il y avait deux maisons datant du
XVIIe siècle ayant le même propriétaire. Cela représentait un vaste domaine
et l'on dit que le jardin recouvrait une partie du cimetière Saint-Paul où aurait été enterré l'homme au masque de fer.
Depuis,
a fait place un très bel immeuble dans lequel on retrouva mort, dans sa
baignoire, Jim Morrison, des "Doors", officiellement d'une
crise cardiaque. C'était le 3
juillet 1971. On appela les pompiers de la rue de Sévigné, mais rien n'y
fit. Mais on raconte aussi, qu'en fait de crise cardiaque, c'est plutôt
d'une overdose dont il fut victime. C'est dans les toilettes d'une boîte de
nuit le Rock’n’roll Circus qu'on
le retrouva…On ne connait pas la vérité. Il avait 27 ans.
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Je me souviens
du 31 de la place Dauphine, la maison
habitée de 1912 à 1934 par le comédien André Antoine (1858-1943),
fondateur du Théâtre-Libre, en 1887. Il fut un extraordinaire metteur en
scène qui ouvrit à cette discipline l’ère du théâtre moderne.
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Une
plaque commémorative est posée au 10, rue
André-Antoine, Paris 18e.
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Je me souviens
de l’église Saint Gervais Saint
Protais et des stalles sur le côté du chœur, deux rangs de stalles du
XVIe siècle, les seules en ce genre qui existent à Paris, commencées
sous François Ier et terminées sous Henri II. Des petits sujets forts
curieux couvrent les miséricordes. Un écrivain à son pupitre ; un
architecte mesurant les pierres, en présence de son appareilleur ; un
boulanger qui met la pâte au four, des croissants enlacés (emblème d’Henri II) ; une tête d’homme accroupi et coiffé d’un
bonnet à oreilles d’âne qui souille le seuil d’une porte ; un
tonnelier ; des vendangeurs dans une cuve ; trois personnages en
prière ; une querelle entre deux hommes ; un cordonnier à son
établi, tout entouré de chaussures ; deux rôtisseurs ; un animal
fantastique ; une salamandre couronnée ; un batelier dans sa
barque ; un porc qui mange avec gloutonnerie.
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Je me souviens
du quai aux Fleurs, au n° 9, devant
un lieu très émouvant : l’ancienne maison d’Héloïse et Abélard
datant de 1118, rebâti en 1849. À cette époque la propriété s’étendait du 9,
quai aux Fleurs au 10, rue des Chantres.
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Pierre
Abélard, théologien et philosophe français était né à Pallet, près de
Nantes, en 1079. Il arrive à Paris en l’an 1100 pour y effectuer des études
auprès de Guillaume de Champeaux. Après cinq ans d’études, il devint maître
ès arts, et put professer la rhétorique et la dialectique. À 30 ans, il
enseigne à la Faculté de théologie de Paris, où ses idées novatrices lui
attirent la dévotion de ses élèves. Beau, poète, musicien et maître
exceptionnel, grand nombre d’« escholiers » suivaient passionnément
son enseignement.
En 1118, il
loge chez le chanoine Fulbert, quai aux Fleurs, qui lui demande d’instruire
sa nièce Héloïse, âgée de dix-sept ans. Un grand amour naît bientôt entre
le maître et l’élève ; Héloïse enceinte, Abélard, afin d’éviter le
scandale l’enleva et la conduisit chez sa sœur Denise, en Bretagne où il
l’épousa secrètement. Un fils naquit, qu’on prénomma Pierre-Astrolabe.
Puis, ils décidèrent de revenir à Paris, où Abélard reprit ses cours avec
un tel succès qu’il suscita la haine de tous ses rivaux. Il enseignait une
forme de conceptualisme combattant à la fois le nominalisme et le réalisme
excessif, ce qui le brouilla notamment avec Guillaume de Champeaux. Parmi
ses élèves se trouvait le futur pape Innocent III. Devant tant de haine, il
partit enseigner en plein air, dans les vignobles de la montagne
Sainte-Geneviève (le Panthéon, aujourd’hui), suivi par près de 3 000
disciples.
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Cependant la
colère de Fulbert n’était pas refroidie. Pensant qu’Abélard veut se débarrasser
d’Héloïse, il engagea des hommes de main qui, un beau soir, empoignèrent
Abélard et lui « ostèrent les génitoires », à la satisfaction
hilare des chanoines et des philosophes, autrement dit, ils le
castrèrent ! Il avait 39 ans.
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Je me souviens de la rue Le Regrattier, et à l’angle de cette rue et du quai de Bourbon, il y avait une
statue de Saint-Nicolas « patron des mariniers », statue qui fut
décapitée sous la Révolution. Seul l’emplacement subsiste.
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Je
me souviens du n° 19 du quai de Bourbon.
Cet endroit est célèbre grâce au sculpteur Camille Claudel, sœur
du poète et dramaturge Paul Claudel. Elle a habité ici de 1899 à 1914. On
peut lire sur la plaque : Camille Claudel 1864-1943. Vécut et travailla dans cet immeuble au
rez-de-chaussée de 1899 à 1913. À cette date prit fin sa brève carrière
d’artiste et commença la longue nuit de l’internement. « Il y a toujours
quelque chose d’absent qui me tourmente ». Lettre à Rodin. 1886.
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Je me souviens
du square de la Trinité, célèbre
pour avoir été le lieu privilégié de jeu de trois jeunes garçons qui
deviendront : Johnny Halliday, Eddy Mitchell et Jacques Dutronc.
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Je
me souviens de la cellule de Marie-Antoinette
à la Conciergerie de Paris. Elle
y fut transférée du 2 août 1793 jusqu’à son exécution le 16 octobre de la
même année. Un lit de sangle, un vieux paravent, une surveillance de jour
comme de nuit par 2 gardiens, elle n’avait aucune intimité. Dans la pièce
un fauteuil cannelé, deux chaises et une table. Une fenêtre étroite donnant
sur la cour des femmes. A ce moment-là Marie-Antoinette était très
éprouvée, fatiguée, malade, c’est une femme vieillie. L’ombre d’elle-même.
Elle avait 38 ans.
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Je me souviens
du quai d’Anjou, juste en face, sur le parapet, une petite plaque en émail
indique le niveau de la crue de janvier 1901.
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Je me souviens du quai de Béthune, au n° 36,
l’immeuble construit en 1644. Au XIXe siècle, l’immeuble
était la propriété de Jaluzot, fondateur des magasins du
« Printemps ».
Madame Curie,
née Marie Sklodowska, double prix Nobel en 1903 et 1911 pour ses
découvertes sur le radium, morte en 1934, a vécu ici ses vingt-deux
dernières années.
Également le juriste
René Cassin (1887-1976), Prix Nobel de la paix en 1968. On lui doit d’avoir
fait adopter la Déclaration des droits de l’homme. Ses cendres ont été
transférées au Panthéon en 1987.
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Je me souviens
du Passage de la Boule Blanche, au n° 50. Cette rue a été percée au travers d’une maison à
l’enseigne de la Boule-Blanche. En 1700, le roi Louis XIV voulut le
percement d’une rue entre les ateliers de la rue du Faubourg St-Antoine et
ceux de la rue de Charenton afin de les relier directement. Au fil des années
le passage sera investi par des ébénistes de renommée. Actuellement, à côté
des artisans on peut voir d’autres activités, par exemple, la
revue « Les cahiers du
Cinéma » sous une
verrière croulante de verdure qui évoque les noms de Truffaut, Chabrol,
Godard…
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Je me souviens
de la rue de la Verrerie, au n° 67 :
Eugène Labiche naquit ici le 15 mai 1815. Plaque. Il mourut
en 1888. Auteur de pièces à succès, comme Le voyage de M. Perrichon, Le
chapeau de paille d’Italie, entre autres.
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©J. Fleuret – janvier-février 2018
1ère partie : novembre 2017
2ème partie : décembre 2017
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