Pour Katia
Les gens dans la rue, comme tu les
sens, comme une pâte,
secrétés
par une impulsion sans niveau, éloignés et terriblement inhumains,
avec
des voix sortant d’un état
déplorable
de l’imagination, ils sont la fin, le jour mort, la réalité sans appels,
faite
de choses de dehors,
tu
les trouves parmi les morts, tu les regardes avec de vieilles envies, ils
apparaissent
dans
le flux ophidien des sens, dans les contorsions, les apparitions embuées,
comme
les sens longtemps non-exercés,
il
vient un moment où tu as honte de ton propre corps, quand tu ne supportes
plus
la
lumière sur ta peau, quand de tes bras glisse
une
bête qui abandonne,
le
monde en nous, si on pouvait le soulever avec nos veines,
si
on pouvait, dans l’impudeur, ressentir des clapotis et des tons
en
résorption,
on
regarderait avec notre peau,
on
revient à la matière pure, sans lèvres,
avec
de la terre et des propositions dans la bouche,
on
devient un avec le mot de passe noir,
au
début d’un jour qui ne peut plus naître,
après
des transactions défigurantes les visages
produisent
une
lumière illicite, comme le milieu du jour des morts, là,
une
terre ondulée comme l’émotion
nous
dit notre vrai nom
***
Biographies éjaculées,
des
voix sorties d’une bouche effondrée, je reste dans mon propre âge
comme
dans une corde, mes veines et mes propositions sont des cordes,
un
soleil coule dans les fins des langages.
Les instincts fument, des chœurs de
femmes,
la
mort passe et s’oublie.
Regarder au cœur du mal, là
il
n’y a pas de cœur, seule une sérénité sulfureuse,
elle
mange mon poème
***
Un vieil homme s’installe en moi,
il occupe peu à peu tous les coins,
pour
l’instant on vit ensemble, on a les mêmes vices, on aime les mêmes
femmes,
mais
il grandit des choses auxquelles je renonce, à certains moments,
quand
le langage même a une ombre, j’entends des
souffles fatigués
et
alors je dis :
Mon Dieu me digère, mon Dieu a
faim,
mon
Dieu se drogue, mon Dieu insulte, il ne fait pas de raisonnements,
c’est
un type direct, il te crache au visage, souffre, ses langages immédiats sont
le
mépris, l’amour, la vengeance,
il
ne fait pas de politique, il la supporte et la défie, mon Dieu reste avec
toutes les
putains,
il
reste avec les poissons et il les aime tous, et il dit que tous
ressusciteront, et tous
auront un peu
moins peur quand ils mourront, mon Dieu fait tous les jours
des
exercices de mort et de ressuscitation sur ma peau, et je l’aime
follement,
encore
faut-il aimer, n’est-ce pas,
de
mon Dieu la plupart parle avec supériorité, c’est un
Dieu plus difficilement à
supporter, parce que, parfois, il pue,
et
en plus, il a beaucoup de morts sur Sa grande conscience, et tous ne sont
pas réconciliés,
mon
Dieu me ressemble, il peut être laid et agressif, il est vraiment violent
et
vicieux, en parlant de lui je le fais comme moi, ce serait un péché, mais
c’est
ainsi que je le sens plus près, il naît dans mes faiblesses, d’habitude,
le
rien y habite ou quelque chose si désintéressée de signification,
que
ça ressemble à rien, mais il aime mon rien,
ça
m’a toujours ébahi, il sait que mon rien
est
la semence du destructeur qui veut me connaître muet
***
À Cis et au berger Ioan Moldovan
Le grain de la conscience de la
mort tombe profondément en nous,
toi
et moi, nous sommes très loin et nous regardons
les
champs de blé et les moissonneurs,
dans
la grande mort la débauche augmente
la
fleur prédatrice
***
Aujourd’hui, j’ai vu mon cœur, il
battait très loin,
il
me semblait que ce n’était pas mon cœur, à côté, près d’un appareil
sophistiqué,
la
femme médecin aux yeux bleus m’a laissé écouter un instant
ses
rythmes, j’ai entendu de gros torrents et un sifflement,
le
temps se tourmentait en grandes fleuves, ce serait vrai,
a
dit la femme médecin, si on était au milieu,
si
on revenait dans son cœur, on verrait les souterrains
d’où
vient le destructeur
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