
Sentier dans la neige – photo de Gertrude
Millaire
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光の淵源
広大な真白の原野
霧氷をちりばめた木々が
はてしなく続く
それはアイオーンの時
まぶしさに
目を閉ざすことなく
私は光の淵源へと進みはじめる
だれも足を踏み入れたことがない
禁じられた世界
見知らぬ時空の中に
すべり込む
苦しみも喜びも
気化し、浄化され
眼前をまたたくまに過ぎていく
何もなかったように
人間の心が
どれほど徒らに縺れあおうと
生まれたばかりの赤子のように
この地球の美しさに胸ときめいて
未踏の真白の世界へ
さくさくと踏み入っていく
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Genèse de la Lumière
Sur la vaste plaine toute neuve et
blanche
Une allée d’arbres parsemés de
givres
continue interminablement
C’est le temps de l’Éon
Tout éblouie
sans fermer les yeux
J’avance maintenant vers la genèse
de la Lumière.
Le monde interdit où personne ne
peut entrer
Je me glisse dans ce temps spatial
inconnu
De la peine, de la joie,
tout s’évapore et se purifie
passe rapidement devant moi
comme si de rien n’était
Même si les cœurs humains
s’embrouillent en vain.
Mon cœur palpite de la beauté de
cette planète
avec l’innocence d’un nouveau-né
Je marche à friselis
dans ce monde blanc inexploré.
27/04/2020
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夜のシンタグマ広場
真夜中の
シンタグマ広場
わけもなく歩み続ける
旅人の足音が無性に響く夜
季節風のごとく
巡り会う人
賢者のことば
ふとみせる微笑の
限りない親愛が
この存在の根底で安らぎを与えてくれる
苦しみも
悲しみも
癒され
この白い書物をたよりに
いつしか遠くまで
歩いているのだろう
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La Place Syntagma à
minuit
À
minuit
à
la Place Syntagma
on
continue à marcher sans raison
le
pas d’un voyageur se répercute dans la nuit
Comme
la mousson
on
se rencontre et on se sépare
les
murmures d’un derviche
Son
sourire infini et
son
affection pour l’humanité
me
rassurent au fond de cette existence.
Souffrances
tristesse
seront
atténuées
à
l’aide de ce livre blanc
nous
aurons marché
un
jour, jusqu’au très loin.
27/04/2020
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丘の上
はてしなく続く
緑の道に
再び見出す
忘れていた懐かしい時の香り
今日もまた
プニックスの丘に
男は登り
二人腰を下ろして始る
昔語りに
短髪の少年は 心躍らせ
言葉を 胸に刻み付ける
膝の上に
開かれた手帳には
白い文字が
いつまでも
踊り続けている
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Sur la colline
La route continue à perte de vue
C’est la route verte
On retrouve cette odeur d’antan
Quand donc l’ai-je sentie ?
Aujourd’hui encore
la colline de Pnyx
cet homme la gravit.
Ils sont assis et alors commence
la lecture des histoires anciennes.
Tout palpitant,
le garçon aux cheveux courts
cisèle sa parole dans son cœur.
Dans son cahier ouvert
sur ses genoux
des lettres blanches
dansent
éternellement.
6/05/2020
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Coucher de soleil à Cabourg, photo de Dana
Shishmanian
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神々の黄昏
はてしない大空が
朱色に煌々と輝きわたり
暗き暗雲の遥か向こう
壮大な世界がひろがっている
朱あかと
地平に沈む夕陽に
神々の黄昏がはじまる
未だ人が見たこともない次元の
大気に満ちて
人間たちの感情は
地上のささやかな出来事
彼らの目にも止まらない
この巨大で崇高な広がりと
星辰のダンスのなかへ
一瞬にして消え去ってゆく
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Le Crépuscule des Dieux
Les cieux sans fin
s’illuminent et s’éclairent en
vermillon.
Au-delà des nuages noirs,
lointains,
le monde inconnu, imposant,
s’étend.
Le soleil couchant
incandescent sur l’horizon,
le Crépuscule des Dieux commence.
Personne n’a vu le spectacle
qui remplit l’air d’une dimension
inconnue.
Les sentiments humains,
ces incidents mineurs,
ne s’offrent pas à leur vue.
Ils disparaissent à toute vitesse
dans cette sublime étendue
et danse des astres.
6/05/2020
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Edward
Burne-Jones, Hesperus. The Evening Star (I870), reproduit du site Wikiart.org. (1870
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流れ
ああ、なんて心地よい
清らに澄み切った流れのなかに
せせらぎにたゆたい
ういてはしずみながら
こんなに息が楽だ
懐かしい調べ
いつか見たバーン=ジョーンズの絵にも似て
いや違う
蘇生する川の流れのままに
今 私はかえって行く
自然のみなもとの中
せせらぎからいつか大河に
大洋にながれこむ
だれもとめられない
しずかに おだやかに
流れて行くだけ
この透明感のなか
平安とはこのような気持ちであると
はじめて本当に知り得て
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Le fleuve
Ah, comme il fait calme
au courant d’un fleuve vierge et
transparent
flottant sur les hauts et les bas
de l’eau,
Je respire à l’aise infiniment
Une mélodie que je me rappelle
La scène ressemble à un tableau de
Burne-Jones ?
Non,
à la merci du fleuve où l’on se
régénère et qu’on revit.
Je rentre maintenant
au sein de la Nature
Un ruisseau coule et afflue
dans l’Océan infini.
Personne ne m’arrête.
Tranquillement, sereinement
je ne fais que flotter
dans cette transparence,
et comprends pour la première fois
ce que c’est que la Paix.
13/05/2020
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その男
語り部は奏でる
その男 冥途の河を
めざし続けて
海抜0メートルの渓谷を
怯えもせずに 進んでゆく
日々携えた水嚢だけを頼りに
ただ心に刻み続ける
書かれた文字を
辿る指の懐かしさが
途切れそうな危うさを救い
靴の重力が身を守る
ときに
三千年目の夏の日
男はふと振り返り
レーテーの河の深さに
息を呑むだろう
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Cet homme
Le narrateur raconte une histoire.
Cet homme,
À la recherche du Styx
Avance sans trembler
Dans une vallée à 0 mètre d’altitude.
À un seul appui de sa gourde,
On ne fait que graver dans son cœur
Des lettres écrites,
La nostalgie du geste des doigts
qui les suivent
le sauve du danger de se perdre,
Et la pesanteur de ses bottes le
protège.
Or,
Un jour de l’été de l’année 3000,
Cet homme se retournera,
Et la profondeur du Léthé
lui coupera le souffle.
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Atsuko Ogane est
professeure à l’Université Kanto Gakuin (Yokohama, Japon). Docteur ès
lettres (thèse de doctorat de l'Université de Keio,
Tokyo, 2005), elle est spécialiste de l'œuvre de Gustave Flaubert
(1821-1880). Ses recherches portent principalement sur « la femme
fatale et la fatalité » dans les œuvres et les manuscrits de
Flaubert ainsi que sur la formation du mythe d’Hérodias-Salomé dans
la littérature européenne.
Elle est l’auteure de plusieurs livres sur ce sujet
dont : Rêve d’Orient, Plans et scénarios de Salammbô,
Droz, 2016 (préface et édition).
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Publications récentes : Les Mémoires
d’un fou, édition
diplomatique : Transcription: https://flaubert.univ-rouen.fr/jet/public/outils/aff_manus.php?g=31,
présentation: https://flaubert.univ-rouen.fr//article.php?id=80.
La Tentation de saint Antoine, version de
1856, édition
diplomatique intégrale : Transcription : https://flaubert.univ-rouen.fr/manuscrits/tsa56_ms.pdf ;
Présentation : https://flaubert.univ-rouen.fr/manuscrits/tsa56_pres.pdf.
Atsuko Ogane est aussi
poète, auteure d’un recueil publié à Tokio en
2007. Les poèmes récents inédits publiés ici, traduits par l’auteure,
font suite à un premier groupage paru dans Francopolis
en juin 2017.
Elle a écrit aussi des lettres-pastiches à la manière de Flaubert
qu’on lit avec délice : https://www.facebook.com/Librairie-Droz-394663260590969/?pageid=394663260590969&ftentidentifier=3086741074716494&padding=0
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