A sessant’anni ho generato un
figlio
nella metropoli italiana della
moda.
Non mi conosco come padre:
è passato un millennio in pochi
anni
e la lingua ha perso ogni contatto.
Ero ritto a fissare la città:
i monti sullo sfondo,
la chiesa sulla via principale,
il teatro, le vetrine
con gli atri della scuola
la piazza e il palazzo comunale.
Gli uffici li trovi al pianterreno,
come le banche,
le nuove cattedrali.
Lui gira per le strade come in
casa:
noi viviamo universi paralleli
tra la metro, le piazze ed i viali
là dove ti disperi di un posteggio.
Eppure non mi sento così vecchio:
è come se la macchina del tempo
avesse accelerato i ritmi suoi
e mi avesse lanciato tra gli Eloi*.
***
À soixante ans j’ai donné naissance
à un fils
dans la métropole italienne de la
mode.
Je ne me connais pas en tant que
père :
un millénaire s’est écoulé dans
quelques années
et la langue a perdu tout contact.
Je restais debout à regarder la
ville :
les montagnes en arrière-plan,
l’église dans la rue principale,
le théâtre, les fenêtres
avec les couloirs de l’école,
la place et la mairie.
Les bureaux sont au
rez-de-chaussée,
comme les banques,
les nouvelles cathédrales.
Il se promène dans les rues comme à
la maison :
nous vivons des univers parallèles
entre le métro, les places et les
avenues
où l’on désespère une place de
parking.
Pourtant je ne me sens pas si vieux
:
c’est comme si la machine à
remonter le temps
avait accéléré son rythme
et m’avait jeté parmi les Eloi*.
* Dans le roman The Time Machine de Herbert George
Wells (1895), les Eloi sont les descendants de la classe dirigeante
victorienne, des hommes pris en charge dans de véritables fermes qui ne
manquent de rien : les Morlocchi, au contraire, sont les descendants au
contraire des ouvriers exploités de la même époque, qui vivent encore
dans les entrailles de la Terre et
sortent la nuit pour rassembler les meilleurs Eloi à utiliser pour se
nourrir.
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