D'une langue à l'autre...
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Archives : D'une langue à L'autre

 

Printemps 2024

 

 

Marco Antonio Campos : Arbres - Aphorismes.

Présentation et choix de textes par François Minod

 

(*)

 

Une image contenant plante, arbre, plein air, trompe

Description générée automatiquement

El Árbol del Tule (l'arbre du Tule) devant l'église de Santa María del Tule dans l'État mexicain d'Oaxaca 

 

 

Somos sombras del tiempo y al pensar en nosotros y los otrosayer, hoysomos sombras en movimiento.

 

Nous sommes des ombres de temps, et en pensant à nous et aux autres ‒ hier, aujourd’hui ‒ nous sommes des ombres en mouvement.

*

El espacio es real pero nosotros estamos hechos de tiempo. El espacio se transforma y nosotros somos sombras o fantasamas en el espacio. Desaparecemos y el espacio sigue transformàndose.

 

L’espace est réel mais nous sommes faits de temps. L’espace se transforme et nous sommes des ombres ou des fantômes dans l’espace. Nous disparaissons et l’espace continue de se transformer.

*

El pasado es un montón o amontonamiento de escasas imàgenes que interrogadas, apenas explican una vida.

 

Le passé est un tas ou l’entassement de quelques rares images qui, interrogées expliquent à peine une vie.

*

La juventud, en sus mejores momentos, es como aire fresco que se respira y se toca en un bosque después de la tormenta.

 

La jeunesse, à ses meilleurs moments, est comme l’air frais qu’on respire et qu’on touche dans une forêt après l’orage.

*

La juventud es el don màs grande que se da bajo el sol. Y se sabe esto pero se lo olvidado trabajando siempre para ser alguien. Y cuando se llega a la madurez, cuando aparecen las primeras canas o vemos a la muchachas ligeras y epléndidas que lentamente van diciendo adiós, el mundo se ve con la calma cruel de la experiencia. Comprendemos que el mayor don que puede darse bajo el sol es la juventud, pero que ésta la perdimos absurdamente, que no fuimos capaces de saber vivirla y comprenderla pero que tampoco teniamos las armas necesarias para saber vivirla y comprenderla.

 

La jeunesse est le plus grand don qui soit donné sous le soleil. Nous le savons, mais nous l’oublions en ne cessant de travailler à devenir quelqu’un. Parvenus à la maturité, lorsqu’apparaissent les premiers cheveux blancs ou que nous voyons les jeunes filles légères et splendides nous dire peu à peu au revoir, nous voyons le monde avec la quiétude cruelle de l’expérience. Nous comprenons que le plus grand don qui puisse nous être donné sous le soleil est la jeunesse, mais nous l’avons absurdement perdue, nous n’avons pas su la vivre ni la comprendre, il est vrai que nous n’avions pas non plus les armes nécessaires pour la vivre et la comprendre.

*

¡Cuantas  advertencias se tienen  y sin embargo una juventud puede ser triste y desdichada ! ¿Por qué lo màs hermoso y intenso resulta un manantial de angustia, de tribulaciones y de aflicción ? Cuando a la juventud se le ve desde la perspectiva de los cuaranta años nos decimos que si hubiéramos controlado un poco el torrente del rio, la verde edad hubiera sido la edad dichosa del oro quintaesenciado. ¿Porque entonces lamentarse de algo que fue menos un bien que un mal?

 

Combien d’avertissements reçoit-on, et pourtant la jeunesse peut être triste et malheureuse ! Pourquoi la plus belle, la plus intense chose qui soit se révèle-t-elle une source d’angoisse, d’épreuves et de chagrin ? Lorsqu’on voit la jeunesse du haut de ses quarante ans, on se dit que si on avait un peu dompté l’impétuosité du fleuve, l’âge vert aurait été l’âge heureux de l’or parvenu à la quintessence. Pourquoi regretter alors ce qui fut moins un bien qu’un mal ?

*

En allemàn, la palabra Angst significa a la vez o aisladamente  angustia, miedo, ansia. Entre eso y la locura hay una hoja en la rama del árbol que puede no caer.

 

En allemand le mot Angst signifie à la fois ou séparément angoisse, peur, anxiété. Entre cela et la folie il y a une feuille sur la branche de l’arbre qui peut tomber ou non.

*

En la madurez caminamos sobre las sombras de nuestro grandes sueños.

 

Dans la maturité nous marchons sur les ombres de nos plus grands rêves.

*

En la juventud se sueña que se pude soñar pero en la madurez sólo enfrentamos nuestra realidad marchita repidiendo para engañarnos la palabra utopia.

 

Jeune, on rêve qu’on peut rêver, mais à l’âge mûr nous n’affrontons notre réalité flétrie qu’en nous répétant, pour mieux nous abuser, le mot utopie.

*

Un hombre golpea un muro toda su vida. Lucha por romperlo. Logra al fin abrir un boquete, y pasa : descubre que el otro lado era igual o peor que el sitio espantoso donde estaba. Pero se consuela diciéndose que el menos lo intentó.

 

Un homme se heurte à un mur toute sa vie. Il lutte pour le briser. Il parvient finalement à ouvrir une brèche, et il passe : il découvre que l’autre côté était pareil ou pire que l’épouvantable lieu où il se trouvait. Mais il se console en se disant qu’au moins il a essayé.

*

Yo aprendi màs de la vida caminando en las calles y plazas del mundo que en la pàginas de los libros. Mi obra està hecha màs de pasos que de palabras.

 

J’ai davantage appris de la vie en marchant dans les rues et sur les places du monde que dans les pages des livres. Mon œuvre est fait de plus de pas que de mots.

*

¿Por qué la contemplación de los lagos me hace sonreír, y ala poco tiempo saltar de alegría, y las montañas me tornan melancólico y cerrado, y me dan simultáneamente la profunda oscuridad de su fuerza.

 

Pourquoi la contemplation des lacs me fait-elle sourire, et peu de temps après sauter de joie, pourquoi les montagnes me rendent-elles mélancolique et renfermé, et me donnent-elles en même temps l’obscurité profonde de leur force ?

*

El golpe y el golpeto de las olas en el muelle, el golpe y el golpeteo de las olas en mi corazón.

 

Les coups et le battement des vagues contre le quai, les coups et le battement des vagues contre mon cœur.

*

El vuelo de las palomas como ràfaga blanca nos da la imagen de la fugacidad melancólica y un instante de la belleza del mundo.

 

Le vol des colombes comme une rafale blanche nous donne l’image de la fugacité mélancolique et un moment de la beauté du monde.

 

 

(*)

Marco Antonio Campos, Arbres. Cahier d’aphorismes. Édition bilingue Fédérop et Éditions du Noroît (collection Paul Froment), 2009. Traduits de l’espagnol (Mexique) par François Michel Durazzo (épuisé chez les libraires, à commander chez l’éditeur Le Noroît au Canada ou sur Amazon)

 

Né à Mexico en 1949, Marco Antonio Campos est poète, essayiste, romancier et traducteur. Il est chercheur en littérature à l’université de Mexico (UNAM). Traducteur entre autres de Baudelaire, Rimbaud, Gide, Munier, Ungaretti, il a publié de nombreux recueils de poésie et est lauréat de divers prix littéraires au Mexique, en Espagne, en Israël, au Chili où il a reçu du gouvernement chilien la médaille présidentielle Pablo Neruda.

Extrait de la quatrième de couverture de Arbres rédigée par l’auteur : « Le poète québécois Paul Marie Lapointe a décrit une admirable forêt surréaliste où croissent et se multiplient les arbres dans un vaste poème ; je m’imagine que dans la forêt des mots, les aphorismes croissent, se multiplient dans notre âme, sortent un jour avec leur racine, leur tronc et leur feuillage et nous les portons comme une vérité pure sur la page blanche du cahier. »

 


Marco Antonio Campos

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Créé le 1 mars 2002