D'une langue à l'autre...
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Archives : D'une langue à L'autre

 

Été 2024

 

 

Saghi Farahmandpour :

« Dans la froidure du soir… »

 

Cinq poèmes inédits traduits en français par l’autrice

 

(*)

 

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Jacques Grieu, Les iris

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Les autres

L’aube vient d’éclore

Et mes yeux enceints de larmes

Sont toujours éveillés

Le temps est lourd d’indignité

Et l'ombre épaisse et noire de la trahison

Est si connue céans

Qu’elle étale encore une fois

Dans mon cœur serré

La chaîne rouillée des tumultes douloureux,

Des clameurs de ces moi effrontés et toujours aux aguets!

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La nuit

Encore une fois,

La nuit se déploya

Sur le haut toit du ciel

Encore une fois,

Le soupir durable du vent

Souffla à travers le bruit feutré des ramées immobiles

Encore une fois,

La chouette passa

En hululant par le coin noir du ciel

M’annonçant la durée ténébreuse et effrayante de la nuit

Et s’emparant de ma force fragile

Encore une fois,

La fée délicate de ma solitude

Entendit cette nuit

La voix sombre de mon cœur brisé et épuisé.  

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L’ombre

M’accroupissant sur le rivage du fleuve

Dans le soleil ardent de l’été

Mon regard suit la trace ondulante d’une barque errante

Qui s’en va doucement

Et disparaît à la vue ;

Ah !

On dirait qu’il y a un fantôme dedans

Qui agite à distance ses mains débiles en l’air

Et fait entendre de loin

Sa voix frêle, faible et cassée,

Mêlée au chuchotement du flot.

Qui est ce fantôme ?

Je ne sais pas.

Quelle étrange humeur !

L’inquiétude et l’impatience au cœur,

Il me semble qu’il est mon ami fidèle et vrai

Dont une amitié profonde et forte me lie.

Oui, il devrait m’attendre ici

À mon entour.

Me rappelant mon ombre

Je lance soudainement un regard aux alentours

Ah !

Elle s’absente…

Où est-elle donc ? Je me demande.

La cherchant,

Sous les rayons brûlants du soleil d’été

Je lève ma main

Comme un petit auvent

Au-dessus de mes yeux

Et tourne rapidement ma tête vers la petite barque

Pour voir le fantôme de loin une fois de plus

Mais

Il n’y avait aucune trace onduleuse de la barque

Il n’y avait d’autre que l’eau claire, rayonnante et dorée de la rivière 

Et la clarté de la lumière.

Une minute de réflexion

Et puis

Un soupir s’élève en moi 

Hélas !

Le fantôme fragile de la barque

Qu’avait ignoré mon cœur pendant quelques jours

Est mon ombre !

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La chaise de bois

Une écharpe de laine jetée sur mes épaules

Dans la froidure du soir

Je passais dans une rue connue

Parcourant tout de mes regards

Un grand jardin m’a appelé vers lui

Je me suis approchée

Et j’ai vu

L’automne qui dansait dans son air

Et une attraction évidente qui s’était cachée dans son cœur :

Il était rempli de couleurs

De belle feuilles fanées et éparses

Tantôt oranges et jaunes

Tantôt rouges ;

Au milieu du jardin

Sur le tapis coloré de l’automne

À l’ombre claire des vieux arbres à demi nus

Où le vent gémissait

Une chaise de bois fissurée et solitaire

M’a appelé à elle

À pas lents

Un cœur tremblant

Et craignant de découvrir une douleur tangible

Je me suis approchée d’elle

Et je me suis assise dessus

La vieille chaise du jardin

N’a même pas soupiré

Et il ne m’est parvenu aucun son

De ses profondes fissures

Ah !

Elle ne s’est pas cassée

Mais mon cœur larmoyant

A soupiré et s’est fondu

De l’isolement cassant de la chaise

Dans l’étendue du jardin,

De la souffrance de son silence

Et des vieilles cicatrices sensibles sur son corps.

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Le matin

Un matin

Il est parti

Pour toujours

Sans retour…

Sans que la clarté délicate du soleil

Caresse son beau visage.

 

©Saghi Farahmandpour

 

(*)

 

« Je m’appelle Saghi FARAHMANDPOUR. Je suis iranienne, née en 1981 à Téhéran et je suis mariée. Je suis docteure ès lettres françaises et j’écris de la poésie en persan (ma langue maternelle) et en français. J’ai deux articles dans le domaine de l’interprétation de la poésie qui ont été publiés dans les revues scientifiques d’Iran :

-       "La phénoménologie des thèmes du poème Le Déluge d’Alfred de Vigny", publié dans la revue semestrielle La Critique du langage et Les Études littéraires de la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Shahid Beheshti.

-       "La métaphore et la création de sens dans le discours poétique (Étude des idées de Paul Ricœur dans La Métaphore Vive en appuyant sur Le Malheur d’Alfred de Vigny)," publié dans la revue trimestrielle Les Études de langues et de traduction de l’Université Ferdowsi de Mashhad. »

 

Saghi Farahmandpour

***

 

Nous saluons l’écriture sensible et poignante de cette poétesse iranienne francophone qui est aussi une éminente chercheuse en histoire de la littérature française. Qu’elle soit la bienvenue à Francopolis et qu’elle nous honore encore à l’avenir de ses exquises contributions ! (D.S.)

 


Saghi Farahmandpour 

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Créé le 1 mars 2002