D'une langue à l'autre...
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Archives : D'une langue à l'autre

 

Automne 2025

 

 

Saghi Farahmandpour :

« mon cœur… est devenu un lieu de chagrin »

 

Trois poèmes inédits traduits par l’autrice

(bilingue persan/français)

 

(*)

 

Une image contenant nature, neige, plein air, noir et blanc

Le contenu généré par l’IA peut être incorrect.

  ©Saghi Farahmandpour, Raid

 

 

گُمگشته

 

بازهم گُمگشته و شوریدهحال

در محنتِ خوابِ نکبتبارِ پُرتکرار

در حصارِ وحشتِ خانهی غولِ کَریه

سرگشته و آسیمهسر 

در پیِ راهِ فرار

زِ آن حالِ مَخوف

زِ آن دردِ پیوسته

دردِ تلخِ پُرآزار؛

دستهایش امّا

از هر طرف بسته به دیوارِ آهنینِ ستم

و پاهایش، سُست

به‌ دام افتاده و محصور

در میانِ ریسمانِ بلند و ستبرِ عذاب

در میانِ تیغ و خار؛    

بازهم فریادهایش بیصدا

نالههایش در گلو خاموش

بازهم مژگانِ اشکآلود و آن

غول بیرحم و حریص

که میآید

نزدیک و با دستانِ پُرقدرت

لجنآلود

گردنِ نازکش را میفشارد سخت

حریرِ جامهی پاکیزهاش را

میدَرد با خشم

تنِ بیتاب و باریکش

میشود پُردرد و خونآلود.

...

میپَرَد از خواب

امّا

همچنان گُمگشته در

ویرانههای خوابِ پُرتکرار

خسته از تقّلای بیپایانِ بیحاصل

عرقکرده

نفسهایش کوته و تبدار

اسیرِ چنگهای مجنونِ بیرحمی است

و میداند که تا آخر

غولِ قویهیکل

این هیولای جابرِ شبهای طولانی

در پارههای قلبِ او بیدار

میخَراشد هربار و بیش

تار و پودِ نازکِ روحِ بیطاقت و پژمانِ او

میکَنَد مستان و پیش

گودالِ مرگ

میکُند

لرزانفروغِ مانده در چشمانِ تاریکِ او را

برگ‌ برگ. 

 

Égarée

 

Elle est encore égarée et agitée

Dans la misère du sommeil répétitif et abominable

Dans la geôle d’effroi de la maison du géant hideux

Éperdue et confuse

Cherchant la voie d’évasion

De son état atroce

Des affres durables

Des afflictions amères et déplorables;

Mais ses mains

Se sont fermées des deux côtés au mur de fer de l'oppression

Et ses jambes faibles

Sont piégées et ligotées

Avec la longue corde épaisse de la torture

Parmi les épines et les lames;

Ses cris sont une fois de plus sourds

Ses gémissements sont étouffés dans sa gorge

Ayant les yeux éplorés

Elle voit encore une fois

Le géant féroce et avide

S’approcher

Serrer fortement son col délicat

Avec les mains puissantes

Et boueuses

Déchirer avec fureur

Sa robe blanche et soyeuse

Rendre son corps fragile et chancelant

Douloureux et sanglant.

Elle se réveille

Mais

Elle est encore perdue

Dans les ruines de son sommeil itératif

Fatiguée par sa lutte infructueuse et incessante 

Trempée de sueur

Haletante de fièvre

Elle se sent retenir captive

Dans les folles griffes de la cruauté

Et sait que jusqu'à son dernier souffle

Ce géant gros et puissant

Ce monstre tyrannique de longues nuits

Sera éveillé dans les morceaux de son cœur

Et blessera à chaque fois et plus qu'avant

Les fils fragiles de trame et de chaîne de son âme flétrie et triste

Elle sait qu’il creusera précocement avec ivresse

La fosse de la mort

Qu’il effeuillera

La lumière tremblante et restante dans son regard sombre.

 

جنگ

 

میانِ شعلههای آتشِ خون و جنون

کودک

بیپناهیِ خویش را تَنگ

در آغوش کشیده و خیره به پارهپارههایِ خونینِ درد

به پیکرهای درهمشکستهی سرد

در ویرانههای بیمارِ کاشانهها

تنها نشسته است

کودک

ناله میکند

شبحِ غولپیکر و پلیدِ جنگ

در آسمانِ تاریکِ شهر

پرواز میکند

کودک

یک مُشت خاک میخورد

صدای آهِ غریبانهاش

ناپدید در غرّشِ جنگندههای بزرگ

قطرههایِ درشتِ حیات

آرام

میچکد از زخمهای بیشمارِ او

...

کودکِ بیسرپناهِ شهر

تنِ رنجورِ خویش را

زیرِ آوارهای خانها‌ی ناآشنا

خاک میکند.

 

Guerre

 

L’enfant

Au milieu des flammes du sang et de la folie

Serre fortement son impuissance entre ses bras

Regardant les morceaux sanglants de la douleur

Les corps désintégrés et froids

S’est assis seul

Dans les ruines malades des foyers anéantis

L’enfant

Gémit

Le spectre géant et dégoûtant de la guerre

Vole

Dans le ciel sombre de la ville

L’enfant

Mange une poignée de terre

Son étrange soupir

Disparaît au rugissement des grands avions de guerre

De grosses gouttes de vie dégouttent

Lentement

De ses innombrables blessures

L'enfant sans-abri de la ville

Enterre

Son corps fragile

Sous les décombres d'une maison inconnue.

 

 

هوایِ دلم خوب نیست

 

حالوهوای دلم چه بیرمق است

در این ناتمامْ روزهایِ ملالآورِ تابستان

در این سرگشتهایّامِ پیچدرپیچِ بیشتاب

گویی

پیِ خنکایِ سُکرآورِ پاییزان است 

پیِ آرامِ خفته در نوای برگریزان؛

...

شاید

لحظههای حال

زخمیِ سرخوشیهای غافلانهی گذشته است!

کنجِ خلوتِ دلم

این روزها

رمیده از تلاطمِ احساسِ پریدهرنگ

غمکدهای است

پُر زِ نغمهی تارهایِ درهمتَنیدهی ناکوک

روحم

در بندِ پیچوخمِ پسکوچههای این روزهای بلند

در گذرِ سختِ این ثانیههای سرکشِ پایدار

این لحظههای تار و کُند و تَنگ

خسته و کلافه است

انگار

این گهوارهی بیمارگونِ رخوتآلود را هیچ

گاهِ گریزی نیست

حالِ دلم

چه بیرمق است روزها

هوای دلم خوب نیست.

 

 

Je ne suis pas en bonne humeur

 

Mon cœur a l’air si harassé 

En ces jours ennuyeux et inachevés de l’été

Ces jours turbulents et confus

Qui se passent sans hâte

Comme si

Il cherchait la fraîcheur enivrante de l’automne

Et la tranquillité endormie dans la mélodie de la défoliation;

Peut-être

Les moments présents

Sont-ils blessés par les ivresses négligentes du passé!

Ces jours-ci

Le coin solitaire de mon cœur

Affolé par le chaos des émotions mornes

Est devenu un lieu de chagrin

Plein du chant des cordes désaccordées et emmêlées

Mon âme

Fatiguée et anxieuse 

Est enfermée dans les méandres des ruelles de ces longs jours

Dans la fuite difficile de ces secondes rebelles et prolongées

De ces moments sombres, pesants et serrés

Comme si

Il n’y avait aucun temps pour s’évader

De ce berceau maladif et léthargique

Mon cœur

A l’air si atone ces jours-ci

Je ne suis pas en bonne humeur.

 

©Saghi Farahmandpour

 

(*)

 

La poétesse iranienne francophone Saghi Farahmandpour honore de sa plume sensible et poignante cette rubrique de notre revue, depuis le numéro de printemps 2024. Elle se présente à nous :

« Je m’appelle Saghi FARAHMANDPOUR. Je suis née en février 1981 à Téhéran, en Iran. Tout mon enseignement universitaire avait été en discipline de la langue et de la littérature française et j’ai le doctorat ès lettres françaises. J’ai fait des recherches dans le cours de la maîtrise sur la réalité dans la diégèse. Ma thèse de doctorat porte sur l’interprétation des poèmes d'Alfred De Vigny basée sur l’herméneutique phénoménologique de Heidegger. Maintenant, je suis poétesse et j’écris de la poésie en persan et en français ; je fais également de la traduction et de l'interprétation littéraire. »

Voir désormais aussi son livre numérique dans notre Bibliothèque Francopolis (n° 13) : Saghi FarahmandpourNoirceur vagabonde. Petit recueil de poésies bilingues (Persan/ Français).

 

 


Saghi Farahmandpour 

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Créé le 1er mars 2002