D'une langue à l'autre...
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Archives : D'une langue à l'autre

 

Hiver 2025

 

 

Saghi Farahmandpour :

« l’illusion d’un temps de paix »

 

Trois poèmes inédits traduits par l’autrice

(bilingue persan/français)

 

(*)

 

Une image contenant peinture, fleur, Peinture artistique, Art moderne

Le contenu généré par l’IA peut être incorrect.

  ©Saghi Farahmandpour, Purgatoire

 

 

وَهم

 

نَفَسِ شب که روی تنِ مهربانِ آسمان

میلغزد و دِرَفشِ چشمهی روانِ نور 

میشود خَموش

من در کنارِ خود

جایی در بیوزنیِ میانِ حیات و مرگ

پیِ سرابِ کهنهی افسوسهای تَنگاتَنگ

بارِ گرانِ وَهمِ زمانهی سازش را  

تا انتهای صبح

میکشم بَر دوش.

 

 

Illusion

 

Lorsque le souffle de la nuit

Glisse sur le doux corps du ciel

Et que l'éclat de la fontaine coulante de la lumière

S’éteint

Moi, à côté de moi-même

Quelque part dans l'apesanteur entre la vie et la mort

En cherchant le vieux mirage des regrets entrelacés

Je porte sur mes épaules

Jusqu’à la fin du matin

Le pesant fardeau de l’illusion d’un temps de paix.

 

 

صورتکهای خاموش

 

هر شبانْ هنگام

که ماه

آسوده خوابیده است

که صدای نَفَسهای گرم و پارهپارهی مُردگان

در هر گوشه و کنار

پیچیده است

تصویرهای سیاه و سرخِ صورتکهای بِهَمآمیختهی خاموش

نَهان

در پشتِ خاکروبهها

چَشمها میگشایند

وَز میانِ شکافهای عمیق و ناخراشیدهی سکوت

بر روی دیوارهای خاکآلودهی کاشانهها

دَرمیخزند

به کالبدهای بیخواب مانده و

نگرانِ فرمانهای ناگزیرِ پنهانی،

صورتکهای سیاه و سرخِ بِهَمآمیخته‌

هر شبانْ هنگام

میسوزند

در آتشِ بیشعلهی بیآخرِ بیداد

لبها میگشایند

زِ دَردهای انباشتهی بسیار

امّا

بیصدا

میکنند فریاد؛

...

هر شبانْ هنگام

ماه

بهناگه میپَرَد از خواب

آرامِ نیمههای شب

میشود در هر گوشه و کنار

شوریده و بیتاب. 

 

De petits visages taciturnes

 

Toutes les nuits

Lorsque la lune

A dormi paisiblement

Et que le souffle des respirations chaudes et saccadées des morts

S’est répandu

Dans tous les coins et recoins

Les dessins en noir et rouge de petits visages confus et taciturnes

Cachés

Derrière les ordures

Ouvrent leurs yeux

Et rampent

À travers les lézardes profondes et raboteuses du silence

Aux murs poudreux des foyers

Dans les corps insomniaques

Qui attendent des ordres inéluctables et secrets,

De petits visages confus, noir et rouge 

Brûlent

Toutes les nuits

Dans le feu sans flamme et sans fin de l'oppression

Ils ouvrent leurs lèvres

À cause de nombreuses douleurs accumulées

Mais

Crient

Silencieusement;

Toutes les nuits

La lune

Se réveille en sursaut

Et l’apaisement du minuit

Devient agité

Dans tous les coins et recoins.

 

 

یک دَم

 

پلکْ نَهادم برهَم

که برآرم نَفَسی با دلِ خود

که پریشاننظر از حالِ نَمآگینِ خزان بازبگیرم

دَمی آسوده شَوَم

لحظهای آرام بگیرم،

لیک آن دَم

برگِ تُرنجیدهی زرد

زیرِ پایم لغزید

آسمانْ بانگ برآورد

بادِ فرسودهی سرد

خلوتِ دُردانهی من را لرزاند 

ابرِ طوفان

آشفته برآمد   

سخت بارید؛

حال

زیرِ این طاقِ بلند

زیرِ دیبای کبود

چَشمدرچَشمِ هوسبازی این روزِ خزان  

این هوای پُرفریب

در تمنّای همان خلوتِ جانان  

منم و غربتِ این حالِ غریب.  

 

Un instant

 

Je fermai mes paupières

Pour détourner mes yeux inquiets

Du temps d'automne mouillé  

Pour passer un instant insoucieux

Et quelques minutes de calme et d'apaisement,

Mais à ce moment-là

La feuille jaune et sèche

Glissa sous mes pieds

Le ciel tonna

Le vieux vent froid  

Secoua ma solitude agréable

Le nuage orageux

Brouilla partout

Et il plut de grosses gouttes;

Maintenant

Sous cette haute voûte du firmament

Sous cette soie azurée  

Contemplant le caprice de cette journée automnale

De cet air trompeur

Je suis restée dans l’étrangeté de cet état bizarre

Aspirant à la même solitude désirée.

 

(*)

 

La poétesse iranienne francophone Saghi Farahmandpour honore de sa plume sensible et poignante cette rubrique de notre revue, depuis le numéro de printemps 2024. Elle se présente à nous :

« Je m’appelle Saghi FARAHMANDPOUR. Je suis née en février 1981 à Téhéran, en Iran. Tout mon enseignement universitaire avait été en discipline de la langue et de la littérature française et j’ai le doctorat ès lettres françaises. J’ai fait des recherches dans le cours de la maîtrise sur la réalité dans la diégèse. Ma thèse de doctorat porte sur l’interprétation des poèmes d'Alfred De Vigny basée sur l’herméneutique phénoménologique de Heidegger. Maintenant, je suis poétesse et j’écris de la poésie en persan et en français ; je fais également de la traduction et de l'interprétation littéraire. »

Voir désormais aussi son livre numérique dans notre Bibliothèque Francopolis (n° 13) : Saghi FarahmandpourNoirceur vagabonde. Petit recueil de poésies bilingues (Persan/ Français).

 

 


Saghi Farahmandpour 

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