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Yves Béal         sélection mai 2006

il se présente à vous

  Tendrement l’hirondelle…

"Tu serais le fleuve,  
Le fleuve éclaboussé
Tu serais la laideur  
Tu serais la beauté. »

Il faut avoir senti les larmes d’un grain de blé, ressenti la douleur de la rouille jusque dans la moindre articulation, supporté jusqu’à l’os la pierre à dingue, bégayé le jour si salé qu’un triangle écartèle, deviné la vibration intime du coquillage qu’une douce liqueur absinthe.

Que sommes-nous d’humanité lorsqu’une nuit âcre nous amarre à la voix – devrais-je dire la voie – comme écho claudiquant, pire, hoquet de barbarie qu’alimentent nos mensonges.

Nous boitillerons longtemps, bancroches béquillards de la mémoire, infirmes de l’histoire, louchant d’âme en même temps que de jambe, de nos lâches esquives, de nos compromissions, de nos basses faiblesses, de nos peurs.

Que sommes-nous d’humanité dégradée, avilie, échouée sur le galbe naissant du sein d’une fillette à peine assassinée.
Saurons-nous un jour, une minute, un instant, penser tzigane, juif, communiste, homosexuel, indien, noir, tamoul, kurde, handicapé…
Dans la pâleur de l’aube, la parole hésite entre silence et résistance. Chaque homme pourtant, chaque homme qui aime vraiment, chaque homme qui meurt vivant, est une victoire, une promesse de rose, une espérance.

Que sommes-nous d’humanité quand le monde obscène accroche à ses chemises brunes nos ultimes étreintes. Les loups lentement équivoquent.
Nous les crabes finissons par nous taire. Seuls nos yeux damiers pourpres recomposent nos villes malades. Demain, aujourd’hui déjà, mille utopies claires et brutales alluvionnent nos âmes.

Tendrement l’hirondelle se distingue du vautour…



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Créé le 1 mars 2002

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