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elle se présente à vous.
Le front contre la vitre j'observe les âmes nues.
Cruellement clouées sur des corps rescapés tellement détruits qu'il est impossible de discerner les bourreaux des victimes...Obsession. Scène dérisoire pourtant…silhouettes émouvantes de solitude dans un espace de totale a-communication. Comment exprimer la force de tuer et la force de survivre ? Je ne sais pas. Il fait si froid… Demain le fleuve sera gelé. Dans ma tête ils tournent ...inlassablement...
Lui, vieil homme, imposant d'indifférence, torse nu sous sa veste,
Elle, femme sans âge, aux cheveux rouges, silhouette déformée, boitillant
Et puis cet autre… si frêle, dénudé, le regard au raz du froid, Et tous ceux... qui ...inlassablement... dans les brumes ou ailleurs.
Inlassablement?…que peut bien cacher ce mot qui de toute éternité
Fantômes aux idéaux désabusés, hachés par la violence exécutrice de l'histoire,
la froidure.
Ils ne résistent pas, ils ne contournent pas. Ils restent là…plantés au beau milieu...
Leurs démons avides de neutralité se révolteront peut être une nuit.
Qu'un regain de mémoire ramène leurs printemps, leurs étés, leurs nuits où les filles étaient belles et disaient "oui" sans l'ombre d'un kopeck.
Je voudrais étreindre leurs phantasmes, arracher le drapeau écarlate fiché dans leurs cœurs, qui ne demandent qu'un chemin de traverse et des eaux libérées, pour semer les graines d'une moisson qui ne sera jamais achevée, mais où leurs nuits pourront enfin se vider des ombres torturées de la barbarie.
Tu peux rêver… toi qui brûle tes rêves avec l'acharnement de celui qui adore le feu, caresse les flammes et marche sur les braises. Fenêtre cadenassée. Je suis toujours gardienne de mes secrets. Aucun des hommes qui ont croisé ma route ne m'était destiné, mais je garderai toujours au cœur une passion d'enfance pour les loups.
Il faisait si beau le jour ou j'ai ouvert les mains, pris la vie comme on prend une grenade, avec précaution, sans intention de dégoupiller. Est-il possible d'avoir de la compassion pour ces spectres qui ...inlassablement... traînent dans leurs propres ruines? La réponse ne m'appartient plus.
Mais si trop misérables, ils ne devaient jamais revoir la lumière, que leur soit accordée la défense des nuits sans lune…celles qui protègent les guerriers de l'ombre... ->
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Créé le 1 mars 2002
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