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Ali Iken
  sélection  septembre 2007

il se présente à vous.



Izlans de la résistance



De  ma collection "Amarg n Tnezbayt " je vous livre ces courts poèmes (izlans)  qui relatent un pan de l’insurrection des amazighs du sud-est du Maroc contre le pouvoir central et leur résistance à l’invasion française dirigée dès 1901 depuis l’Algérie par le général Hubert Lyautey.
Ce sont des chants que j’avais  glanés entre 1985 et 1987 auprès des femmes d’Almou; un petit  hameau de la vallée des Ayt Aissa dans la province de Figuig.

 Bonne lecture !
Ali Iken

* * *
Voyez ce feu !
C'est Ouàissa qui l'a déclenché :
embrasant les tribus,
il a brûlé vif le roi.

***
Gouvernant Lachaud,
nous sommes sous ta tutelle.
De nous, fais ce que tu désires :
le roi nous a cédés à vous.

***
Jusqu'à la fin du monde
jamais je ne t'oublierai,
Ô Lemnabha !
où Ali le brave a trouvé la mort.

***
Ô Redoutable Lebel,
au bel ornement de cuivre !
même ceux contraints à fuir la mort,
tu ne les dispenses jamais de tes balles.

Ô mon Dieu, ta clémence !

* * *

Ô Boudnib !
aux fêtes de noces
grandiose est ton renom.

Que de fosses pour nos hommes!

* * *

Ô minaret endommagé !
Tu es couvert de suie.
Que d'hommes ont été tués !

Dans le désert, les autres
tels des fourmis, sont parsemés !

***

Que Dieu ramène le tireur
sur le bon chemin, afin qu'il oriente,
de temps en temps au moins,
ses tirs vers les derniers.

Qu'il laisse en paix les braves d'avant-garde !

* * *
Où est Hsayn ?
Où est Guellouza ?
Dites à Heddou de nous rejoindre,
et l'épris des tapis, Saîd, où est-il ?

***
Effaré tel un lièvre
sous le regard de l'aigle,
Ali Ouakka sous de l'alfa
avait creusé un repaire !

***
Souillé est l'honneur des Aït Aïssa,
puisqu'il s'est avéré, hélas,
qu'aujourd'hui, Ô Ali Oumzala,
tes troupes au combat sont inaptes !

***
Ô Amhawch !
où sont-elles tes armées
pourquoi n'arrivent-elles pas à temps
pour défaire ce tissage des porcs !?

* * *
Ô ! Bouarous, mont assassin !
à l'ennemi tu as offert tes vaux
et à nos jeunes toute une fournaise.

* * *
C'est le fils d 'Azeggagh
qui a redonné vie au val d'Aït Aïssa :
bardé de son arme,
du fond d'une grotte,
il abattit le chef et savamment s'évada !
 
***
Depuis l'avènement des roumis,
même le commun des mortels
se prend pour un héros
et prétend, ô malheur,
être un bon cavalier !

* * *
 Il y a Lahbib.
Il y a Omar.
Il y a Guellouza tel un malheureux pigeon
perché sur une fenêtre.
Ô geôliers veillez bien sur vos portes !

***
Dieu seul est éternel,
Ô ! salon blanc d 'Oulàidi,
tout noirci de suie
par les cigarettes des roumis !

* * *
Maintenant qu'ils ont jeté
leurs armes, conduisez-les
Ô roumis! vers les routes
pour y casser pierres et rocs !

* * *

Ô Roumis !
donnez-nous nos linceuls pour habits
tant que nous sommes encore en vie.
Morts, il y aura toujours des dalles
pour couvrir nos corps !

* * *

Ô Roumis !
vous n'êtes que des menteurs !
Nos femmes ne sont pas malades,
c’est la nudité qui d'elles
fait son aire de battage !!

***
Je suis au fond du puits,
que de ténèbres !
Prière ! Ô Dieu !
ramène-moi à la surface.

traduction Ali Iken


à lire aussi:

Introduction à la poésie Amazigh
par Cécile Guivarch, suivi d'un entretien avec Ali Iken 

À la découverte des izlans
 

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Créé le 1 mars 2002

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