Les mensonges ne sont plus de mise
dans la brume
Seulement
il y a du coton entre les murets
& autour des pieds un salpêtre coulant de parfums récents
de doigts qui s'enfoncent dans des hanches
de cheveux noirs qui tombent bas au bas des reins
de sourires dans les draps
& le froid semble incapable
de les convaincre de s'arracher

Je vais vers la croix à tâtons le rêve est encore impuissant
sans emprise aucune ceci expliquant cela
le village dort même les croisées s'en moquent
le souffle est à peine plus rapide, la peau à peine voilée
comme dans le noir
je l'atteins
elle est si jalouse plantée là
je ne la touche pas
mes étreintes sont réservées aux anges
de pierre de mousse de cuir qu'importe

si je te tiens la nuque
prendras-tu le sable sous l'oreiller

mais voyez comme un rien l'habille dans sa solitude abandonnée
comme elle exhale
ardeur pute lèvres noires
dents jaunes à l'époque
soir comme une toile cirée dans une pluie molle malgré le soleil
tout revient dans la brume les voitures passent font parfois demi-tour
le poing part comme une éjaculation ou l'inverse
mais tout était si calme
comment ne pas s'avachir non loin
et prendre conscience

les atroces banalités à venir
j'en ai joui à ce moment
clair comme le matin

de grâce
ne regarde pas
doigts qui tremblent mots gelés
quand je revenais
de la croix dans la brume
je l'ai emportée avec moi
autant que faire se peut
l'air inquiet
cachant une moue de tranquille horreur.

***

--------  > La détresse de Roméo

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