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Jormunrekk  sélection octobre 2006

il se présente à vous.

LA DETRESSE DE ROMEO

Le Prologue
Juliette gît à demi-nue sur l'épais tapis à côté du lit
Roméo reste à la porte
Elle brosse ses cheveux jusqu'à ce qu'ils soient d'or rouge
Les amants se tiennent là debout
portés par un petit morceau de piano
L'eau bouillonne insolite entre trois rochers
puis ils se retrouvent
à deux contre un
les bras grêlés
Musique électronique
L'âme en grève
& les rêves sont perdus
dans les draps
dans les remous d'amoureux égarés
Puanteur humaine et mécanique du métro
Les cheveux retombent comme des rideaux
sur les poignets

Le soleil a des relents de traître
ce soir dans la brume
A l'aube Juliette déserte enfin le lit

La Tragédie
I Repos
Roméo est fatigué il s'assied sur les marches d'une maison
dans un hameau désert
(il a dans les mains un couteau
que nous avons déjà vu)
Il remue les pierres sur le chemin
avec un air de profonde inutilité

Juliette revient
ses yeux sont blancs
elle lui consent un air de profonde inutilité
Il l'arbore
sans rancune ni gloire
il sait
que les saules portent chacun un chat en berne
que telle est la magie
Les bracelets se heurtent
au son d'une musique dérisoire
sous un souffle inodore
Position faussée

Tu n’as jamais dit
Ce que tu en avais vraiment pensé
Pas même en rêve

Elle montre ses jambes et son cul aux murs de pierre grise
ses mains sont striées de vin
ça fait des renflements sous sa peau blême
Elle sourit au ciel
elle est complètement nue à présent
le vent fait vaciller la maigre étoffe rouge
qui la dissimule encore
Il a beau jeter sa cognée sur son épaule
& essayer de penser à autre chose
à des arbres à couper
en forme de petites filles
il se souvient

Elle rit avec une obscénité prononcée
Roméo coule lentement hors de sa bouche

Mais il retourne
en ce lieu où l'on s'agenouille sans fin
où la vérité est un péché
Il entend Chopin
L'Adieu qui lui dit
souviens-toi

Toujours choisir
Il remonte le cours de la rivière jusqu'à cet instant précis
où l'eau s'effrite entre ses mains

II Contemplation & souvenance
Il peut frôler Juliette sur une branche d'arbre le long des feuilles
& murmurer une berceuse secrète
entre les bras obscènes d'un rire gras
On frôle l'absence
L'heure n'est plus à la culpabilité

Si je fais ceci
Cela me rachètera-t-il
Sur les rotules encore
Ça n'a rien de personnel tu sais
On entre dans le secret
Toi non plus d'ailleurs
Le blé garde des stigmates
en forme de poison
Mais la danse recommence
la sueur près des murs de pierre
& l'alcool renversé
fait des mandalas de vingt ans dans la sciure

Tu ne
Un violon parfois s'égare en Inde
Tu ne dis jamais
On danse encore sur des ponts XVIIIe soupçonne-t-il
Quel est ce rire qui parfois agite
Une brise nocturne aux forts parfums de chèvrefeuille
Pas même
S'il laisse entrer le soleil
& l'été
que perd-il?
Qu'importent les clopes & l'alcool
En rêve

Tomber dans de plus noirs abysses
Serait-il d'actualité
Ou invoquer parfois le soleil
Sur un parterre de jonquilles
Une joie imbécile & violente en jaillit-elle sans prévenir
Frapper jusqu'à ce que les dents tombent & le sang se taise
Les veines ne sont jamais assez vastes
Pour recueillir les errances d'un dieu imbécile
On peut se demander
Qui est coupable
Pas même en rêve

Coda
Roméo se sent trop sale pour dormir, à présent
Il hésite
les doigts serrés comme si c'était la fin du monde
pour la dernière fois
Droit dans le mur seul dans le vent
une main sur les yeux l'autre entre les cuisses
On rampe un peu le long d'une voie ferrée abandonnée
près d'une tour vaguement gothique
un peu byzantine peut-être
Roméo garde de ces manières d'écolier mécréant
Face à des lèvres gonflées un petit animal mort des yeux grands comme le suicide
Des valseurs fantômes lui murmurent
Comme ils lui ont manqué
les hivers lui ont pesé & les étés aussi
Nul ne revient jamais
Pourtant le rituel était prêt les danses exécutées les tangages achevés
Revoir tout cela en restant pur est hélas désormais impossible croit-il
Mais tant qu'il serrera un couteau contre son cœur
Se rappellera le piano
Avec un rictus aussi sauvage que pathétique

Que reste-t-il
Les larmes se confondent avec le foutre
Tout s'efface tellement
avec la pluie

***

---------- >   texte sans titre - Longtemps

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Créé le 1 mars 2002

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