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Jormunrekk  sélection octobre 2006

il se présente à vous.


PORNOCRATIE
(avant que le monde ne s'effondre)


I
Quels sont ces doigts qui tendrement effleurent
le bois du chambranle puis tournent le bouton
Les digues sont brisées & désormais il vente plus que tout
Quel est chaque matin
- longue logorrhée des phares dans l'aube crevée -
ce vent inutile qui me porte
oh tous restent à la croisée & gémissent sans jamais tonner

Mais avant ça les nuits paraissent si longues
avec le chant des loups, puis celui des rossignols
& les matins de givre & les mois qui s’empilent
Mais le rêve empêtré nous garde dans sa bouche
Les déluges & la sueur au cœur de la nuit
ruissellent toujours sur la même poignée de visages
dans un songe d'ermite qui se veut du bien

Des voiles blanches piquetées de pourpre se gonflent
& l'on est jamais sûr de la façon dont tout cela devrait finir
On voit de jolies collines
des talons hauts perchés perdus au ciel dans le dédale des fils électriques
Petite moue vague rouge
Une toge de soie portée par le vent retombe sur l'épaule du lit
plaque les mains sur les tempes avec un regard noir pour la pluie au-dehors
Il y a des ponts mais dans la répétition on oublie trop souvent le carnage
et les mines stupides
sans doute la liberté est-elle là
comme une montgolfière assez âgée mais encore pleine d'air
ballottée par la tourmente de fissures interdites, trop vertes

II
Lèvres de rat et gestes obscènes

la salive brille au coin de la bouche
fait la grimace les joues pleines de foutre
petite fille avec des seins trop lourds
Je me repose sur mon verre pour tout ce qui est accumulation
regret tendresse à minuit puisée dans la tourbe âcre
Les dents sont parfaites pour couper court
mais les yeux sont fermés près des ongles
J'oublie toute convenance et me jette à nouveau dans des brindilles ourlées de rouge
Dans le verre le glaçon a fondu laisse un goût d'eau un regard souffreteux qui exige qu'on le plaigne
Je plonge dans les latrines aux relents de trahisons pas très graves
cette chatte n'est pas si jeune d'où sans doute sa complaisance

III
Le feu danse au fond du réceptacle
Sanguinus christi in excelsis deo

Refrain blues rythme lent tonnerre des cuivres électriques dans le soir de maintes années auparavant
Comme tout cohabitait alors dans la solitude et le chaos
de toujours demeurer sur le fil rêvé de l'attente
mais les souvenirs désormais s'accrochent entre les jambes

Pouvoir s'effondrer sur un ventre tendre et blanc
une fois le sacrilège accompli
ou réveiller l'Europe au son de tambours païens

IV
Souffle encore dans mon nez
des bulles au fond d'une gorge irlandaise sous une cambrure malapprise
Avale mes airs de pas y toucher
je cracherai les tiens sur la poitrine de la vieillesse

Puis je reprends conscience sur le fauteuil de la terre sur les pieds
& sous les ongles des bribes de pétales de rose & de la mousse angélique d'il y a presque dix ans
Comment voulez-vous dessouler avec des cauchemars pareils

V
Au coin du bois la maison dort pendant que la cheminée n'en finit plus de finir de rougeoyer
& les branches attendent sagement à l'abri
& les chats sont tous vivants
Faut-il donc que quelque chose cloche toujours
comme on peut s'en rendre compte dès les premières armes
Une sérénité défaite
peut-être était-ce tout
& rien de plus que cela


***

---------- > la croix dans la brume

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Créé le 1 mars 2002

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