Elle se tenait, là, debout, aussi immobile qu’un arbre blanc. Elle se tenait
là, debout. Elle était à bout. "Il faut en finir..." pensait-elle alors avec
rage. Cependant, la tenue de son hôtesse trouvait si bien le chemin de son
ventre, tout en broyant les réserves de son être… mais en tournant la tête, elle
se regardait dans le vent et se trouvait pitoyable, à côté de cette étoile
déplaisante.
"C’est comme deux corps de pluie," souffla-t-elle.
Quant à moi je n’avais, à aucun moment, parlé de réconfort, avant de lui
en servir un verre. Elle en était abasourdie, mais me concédait la noblesse du
silence. Et elle continuait de gémir dans cette éclipse de son sexe. Cela
atténuait la douleur. Un peu. Au hasard, dans la musique jaillissant de son
souffle, comme si elle allait mourir. Ou non ?
Quel meilleur rappel que
la contingence des choses n’est, somme toute, qu’une Apocalypse quotidienne ?
Encore que beaucoup d’esprits aient découvert, en regardant les pics de
l’ignorance, ce que signifiait "être mortel". L’histoire prendra donc fin – et
c’est ce qu’on appelle la destruction. Mais refermons la parenthèse.
Or,
elle regardait obliquement la porte noire, et la montagne. Et les spectres
devenaient des cavaliers tentants pour quelque valse mathématique. Oh, comme
elle se perdait, de ce côté de l’océan, en balançant les hanches au rythme
naturel de cette musique qui ne venait que de dedans, jamais de
dehors.
Elle n’avait plus l’impression de traverser cette vie comme un
mauvais rêve ; au contraire : elle devenait l’objet du rêve, en même temps que
le rêveur, et son décor – et tout retournait à sa place. Elle se tenait là,
debout, comme un arbre blanc.
***
---------- > Poumon
d'acier (2010)
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