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Jormunrekk  sélection juin 2008

il se présente à vous.


         Quatre saisons / trois bûchers


Le soir se délite aujourd’hui
comme un peu de cendre au fond d'un verre
et les anges partent déjà
pendant que les étoiles murmurent chacune leur nom
sur des livrées de pourpre
(le baiser de Judas)

Quelle  est cette lueur de vengeance
dans le regard après l’averse des crocs
Aidez-moi à combattre
ceux qui défient la Mort
la fragile demoiselle
qui tresse de lauriers
nos existences
car Mars ne sert plus à rien si l’on ne part pas en guerre
or il pleut des serpents depuis votre départ (Ô Woden)
et la vie paraît si lointaine si improbable
Quels chants étranges nous avions chantés
pour nous souvenir
des armes rouillées du soleil sur les toits
du sexe à l’aube et de l’alcool du soir
le feu qui échappe au partage des lèvres
dans cet horrible rêve
tout empli de meubles qui avaient bougé
d’escaliers qui butaient contre le plafond
et l’absence de voiture dehors dans la rue
On n’envoie pas un tigre apeuré
dans les hautes herbes
faire le travail d’un homme
fuir les lumières
puis comprendre qu’il en a besoin
Comme c’est triste au fond
Gâcher une nuit dans un fatras d’amour
avec les violons qui se taisent
ou jamais ne démarrent

(Tu te réveillais
mordais la poussière avec haine
et maintenant sens la pierre
sens la pierre sous tes paumes
et deviens la
deviens la pierre
de ta prison
Murs
que nous ne voyons pas
Imaginer que nous aurions pu finir ainsi
aveuglés
loin des murs
oubliant la fumée bleue)

Froide parure des étoiles
Miséricorde gercée
Notre malheur vient de là

Le souvenir n’est qu’un état d’esprit et je le transcende en dormant
comme le froid et la faim et le chaos
C’était bien
c’était doux
Je dors quand il me plaît
j’accepte de la brume à tous mes repas je l’invite à ma table
je prends une goulée de montagne
(j’avais hâte de revenir on s’enfonçait dans la nuit c’était grandiose)
Je serai toujours là pour
les mains sur le ventre vide
puis près du vagin
Je relie tout
on ne rate rien
et c’est parfait de s’en persuader

II
Le soir s’endort facilement quand Mai vient
des oiseaux passent en boucle
les printemps se suivent et se singent
du bout des doigts
perdus dans des cheveux courts
Valseurs fantômes en parcours de gouttes
enchevêtrement des os dans la comptine des cendres
Rien n’est triste vraiment mais tuer n'est qu'un détail
quand les vignes commencent à se mirer
dans des fleuves de seize ans
Des écharpes d'ombre murmurent l’Ave Maria
tout est figé comme du verre
Les anges repassent derrière la vitre
un peu plus gris
un peu moins purs
C’est du poison - peut-être un peu de chair
dans le lit sablonneux d’une rivière asséchée
le bois se fait veule sous la hache si l’on cherche encore
à parfaire les détails
Je nous imagine assez surpris par l’hiver
et le goût de l’huile sur la berge
Je crois que je remontais l’allée bordée de platanes
avec aux lèvres
un quatrain pour la pluie
un salut pour ceux qui sont partis
on crache mais on espère
quatre saisons à nouveau

et pourtant je ne me souviens de rien d’autre
qu’une lente et brusque mort
et cette saison-là
entre toute douce-amère comme un amour qui s’en va en souriant
un doigt posé sur les lèvres pour étouffer le rire
Quelle est cette fissure secrète qu’elles entretiennent si bien
Une nuit contient parfois juste assez
de violence d’amour et de mort
pour que la joie prenne place dans le lit
et que tout retrouve un sens
Privés de guerre on s’invente
des victoires sans importance

Mais le froid nous rappelle
ces courants d’air si durs à oublier
de décembre à janvier
Il y a parfois de quoi réduire
à l’aide d'un marteau
les blocs de pierre en blocs plus petits
les blocs plus petits en gravats
les gravats en poussière
Au meurtre
Macbeth n’a pas assassiné le sommeil
c’est sa femme

III
Le clavier fait comme un piano sous le souffle lourd chargé
d’éther de papillons de nuit terrifiants
Au loin quelqu’un s’emballe
surprend tout le monde
Ce lieu est-il sûr on espère
Apprendre les pertes
dans la lumière pâle qui tombe sur des yeux de craie

Vous ne dites rien et je ne parle plus
et qu’est-ce qui empêche maintenant
ces mains étranges de se faufiler
Il y a un temps pour vénérer
un autre pour avoir peur   
Ça se traîne déjà dans les antichambres
où la mêlée n’est pas la même
Pourtant les membres subsistent
des sons bas envahissent l’image
la jambe pend négligemment d’un muret
l’attitude est parfaite
la pose flatteuse
et les joues lisses
mais elles se chevauchent tant
ces saisons de disparitions
On n’en sort plus n’est-ce pas

Les arbres se relèvent enfin
abasourdis par tant de morsures
puis un temps mort
chargé de trois hivers
Les premières ivresses
destruction et création
un cercle est tracé

Les rêves reviennent
Le piano s’estompe et laisse la place à d’autres
moins subtils
Nous avons tous besoin de divertissement, pour cruels qu’ils soient
la roue solaire tourne et nous broie si l’on n’y prend garde
Mais que peut-on faire pour s’ennuyer ici-bas
entre deux vagues ou deux automnes
Occuper une renaissance
en lui imaginant des tresses de lauriers épineux
ou commencer une année
aux premières pluies
si le calendrier
une fois seulement se taisait.


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------ >  Sans titre (elle)

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Créé le 1 mars 2002

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