Marilyne BERTONCINI
L’arbre
porte l’Ombre dans son nom
elle en est la matière secrète, la
sève d’encre légère qui fluctue sur le monde et nous le donne à lire.
Le
monde se révèle à l’ombre de ses arbres, qui la tirent du fond de la terre,
la puisent et la répandent sur le
ciel,
qu’ils assombrissent de leur nuit,
profonde,
sans aube,
car sans yeux.
***
L’ombre
des arbres répand un silence murmurant des secrets de la terre,
de la vie,
de nos songes les plus lointains.
Il
suffit de fermer les yeux qui nous servent à voir le réel pour entendre la
voix de l’ombre nous parcourir :
elle nous effleure de la langue des
feuilles, et l’on frissonne…
Et
les frissons de l’âme émeuvent et font surgir des perceptions inhumaines,
des perceptions d’arbre, de terre, de
ciel ou de vent.
***
L’âme
touchée par l’ombre de l’arbre se déploie
elle ne nous appartient plus, elle
nous dépasse
elle touche au passé, s’affranchit des
distances,
devient voyante par-dessus la canopée
moutonnante des choses.
Tout
prend sens pour qui écoute le langage de l’ombre.
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