Michèle LIGNEAU
Poème gratuit
Alors le jour diaphane aspire les dernières volutes de ténèbres
Peuplées de râles.
Les oiseaux de la nuit ont fui dans un ultime froufrou.
Les épeires impudiques exposent ici leurs toiles.
Un héron acerbe crève celle du petit matin.
Une brume de silence jette sa poudre aux yeux de l'aube.
Poème d'il y a longtemps
Silence de la nuit limpide,
Ciel enivré d'étoiles.
Quelque chose a frémi sur la dune.
Qu'on ne voit pas.
Qui n'est déjà plus là.
Un souffle venu de loin.
Horizon blafard.
Vibrations de l'aube.
Trêve chez les hommes et les bêtes.
Lumière en majesté.
Le sacré a déserté la nuit.
Crime
Le vent s'effiloche dans la nuit.
Glissade entre les arbres.
Frissons.
Fulgurance d'une lame d'argent.
Un éclair a claqué.
L'insomniaque a-t-il entendu le cri ?
Le dormeur fatigué a t-il frémi?
Brume sur les quais.
Le diable s'est gaussé.
Même les chats n'ont pas trainé́.
Passage furtifs dans les chatières.
Dégringolade dans les gouttières.
La pluie jacasse.
Un rire s'agace.
Blessure dans l'eau du fleuve.
Un corps mort a flotté puis sombré.
Finistère
Rochers...
Mammifères échoués sur leurs viscères de pierre
Oiseaux blancs sur la lande
Toison creusée de rides
Jaspée
Veines de roches rouges où le sang s'est figé
Mâchoires fossiles
Dents de granit
Inutiles
Mer...
Sous la surface couvent des drames
Lignes blanches qui avancent
De front
Arcs d'ombre qui enflent
Leur noirceur
Retour aux profondeurs
Mer...
Rangées de festons ourlant la grève
Chaque lame détache des milliers de navettes Incisives
Dans la trame d'écume.
Mychkine
D'où viens-tu mon voyou fatigué
D'une bagarre
A regard moucheté́
Qui t'as laissé
Barbare
Ce clou de tapissier
Planté
Dans tes yeux d'aube verte
Soudain tu es rentré par la fenêtre ouverte
Tu viens d'un face à face
Avec ceux de ta race
La grandeur des chats
C'est qu'ils ne se battent pas
Ils s'effacent
Et se toisent
Avalent peur et colère
Se pourlèchent
Les babines sèches
Avancent
Et dansent
La transe des hiboux
Muet lourd de silence
Ta tète contre ma tète
Ton coussinet câlin
Qui la griffe retient
Repose sur ma main
Le dehors t'a laissé
Une odeur de grand bois
Parfum de femme parfois
Tu te laves et te laves
D'une amitié́ fugace
Lassé du face à face
Tu roules sur toi-même
Noceur du matin blême
La fermeture éclair
Sur ton regard glisse
Et tu dors d'une paix mystérieuse et complice.
***
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2017
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