TERRA INCOGNITA

 

 

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Archives : Terra incognita

 

Nouvelle rubrique depuis 2019 

 

Hiver 2024

 

Cécile Ossant

 

(*)

 

 

 

Une image contenant noir et blanc, dune, sable, nature

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Avant mon prochain voyage

j’écoperai la voie d’eau

de chacun de mes chapitres

l’océan patiente

 

***

 

Le pigment feutré des pierres

resserre les marges de l’immensité

et les yeux pleins

convient l’espérance

 

***

 

Le sens passe souvent

par quatre chemins

pour rejoindre le point sublime

où habitent

la lumière d’une marelle

et le cloche pied d’un jardinier

 

***

 

Je voudrais reborder le monde

rester assise sur la banquette d’herbe

d’un printemps à peine là

faire de ma main une perche

aussi grande que ce branche en branche

dont les oiseaux s’amusent

je voudrais

qu’une seule volée de pollen

redresse les jours

 

***

 

Le visage est un album

dans lequel l’illustration

fait la courte échelle

à un autre visage

 

***

 

Plus tard

bien plus tard

quand nos temps seront

venus repriser

la peau trop tendue du tambour

le son à l’oreille

donnera la juste mesure

à ce qui se dérobe

 

***

 

Sont un visage

ce brin tenant au creux de la main

ce beau de chaque lieu

tant

quand le regard à la pointe

du désir

de voir

et de savoir

s’incline

au peu

au plus juste

au premier mot

 

***

 

Une image contenant nature, nuage, noir et blanc, plein air

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ont des narrations

à fleur de peau

ces lieux

infiniment

sensibles

la ligne de partage

d’un

donne

deux

au corps entier

 

***

 

La pierre fume la brume

l’interdit devient

l’évidente trace familière

au réveil des paupières

de plein droit

elle invite le vent

d’où montera le paysage

pendu à son cou

l’oreille au silence

 

***

 

L’imprévu

appartient à un épisode

pas encore diffusé

rassemblant

l’instant

le silence

et ainsi de suite

 

il sort pour aller chercher

la mise à nu

d’une source

le fil de soie

d'une brume

jusqu’à un certain point

il est une grande affaire de la vie

une feuille tombant trop tôt

une pluie trop forte

un fruit mûr plus tard

le bruissement d’un dialogue

 

pour certains

pas encore pour d’autres

il invite l’étranger

avant la récolte

ou arrache la terre

d’un seul coup de vent

pousse le duel de l’ombre et de la lumière

d’un hiver

retranché sous la neige

d’un été

de sève trop liquide

partie dans l’estuaire

dans un espace-temps inconnu

se tenant dans le surplus

d’une crue

ou d'un désert

 

l’imprévu

se raccroche à un sens

en faisant

de grandes brassées

ou de petits riens

 

une lettre arrive

toujours vers midi

des mots inattendus

 

Une image contenant nuage, nature, plein air, paysage

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©Cécile Ossant

Photos par l’autrice

 

 

 

(*)

 

Nous avons découvert Cécile Ossant en tant que jeune éditrice : sa maison, Toi édition (avec sa collection Des lieux et des visages) a fêté 1 an en mai cette année et elle a déjà une réputation bien établie parmi les poètes (voir notre rubrique Annonces).

Nous la découvrons maintenant comme poète. Une écriture toute en finesse et en recherche « des mots inattendus », ce qui est une définition sui generis de la poésie… (rappelons-nous la meraviglia de Giambattista Marino et l’ingenio de Baltasar Gracián, comme secrets majeurs de l’art poétique). Le miracle est, ici, le naturel, le spontané du jaillissement, comme si la recherche était elle-même une découverte, déjà donnée dans cette « écriture en jachère ».

Mais pour nous présenter son approche, mieux vaut lui donner la parole :

« Au fil du temps, j’ai pris des chemins de traverse, des bords de Loire au massif des Écrins, du plateau Ardéchois au plateau de Millevaches… Je suis aujourd’hui Pyrénéenne d’adoption. J’ai passé une grande partie de mon parcours professionnel à travailler sur des projets naissants dans les herbes hautes des campagnes ou des montagnes, en lien étroit avec les habitants d’ici et d’ailleurs. Le reste de mon temps, j’ai dévoré les magazines de montagne, j’ai appris le nom des vallées ou des pics dessinés sur les cartes IGN.  Aujourd’hui, sur le sentier des mots et en toute humilité, j’ai toujours autant de plaisir à inviter des lieux et des hommes, à partager avec elle, avec lui, avec vous. 

J’aime l’écriture à l’intersection des disciplines, une écriture en jachère qui prend le temps de germer dans les plis et les silences de la terre.

J’aime le mot itinérance qui porte en lui une charge émotionnelle toute particulière. Il dit tout à la fois : notre enfance, la mémoire des espaces et le charme de leur découverte, le beau, la ligne d’horizon, les vacances, les rencontres, le quotidien…le tout dans la mosaïque de nos ancrages et de nos existences. »

Et un « aveu » occasionné par nos échanges : « J'aime l'idée que le regard est un lieu et le lieu une conversation. Peut-être avons-nous là quelque chose à apprendre à réapprendre. » Oui, certainement !

Pour la suivre : voir sa page Facebook ; son blog : Arpenter les mots (d’où est extraite la présentation ci-dessus).

(D.S.)

 

 

Cécile Ossant

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Créé le 1er mars 2002