L’ennui
de Dieu
Dieu
s’ennuyait
Dans
l’espace infini
Et
le temps lui semblait bien long.
Pourquoi
était-il là ?
Qu’y
faisait-il ?
Il
ne le savait pas.
Alors
Dieu s’ennuyait à mourir.
Sauf qu’il
ne peut pas mourir.
Occuper
le temps
Jouer
au ballon avec les planètes
Jeter
au loin les comètes
Voir
si elles vont revenir
Comme
des boomerangs.
Occuper
le temps
Feux
d’artifice avec les étoiles
Hurler
dans l’univers
Écouter
la musique des origines.
Occuper
le temps
Allumer
des brasiers
Chauffer
son cœur de glace.
Puis
lassitude
De
tout
Même
du meilleur.
Manque.
Mais
de quoi ?
Manque
cruel.
Mais
de qui ?
D’un
compagnon ?
Impossible,
Dieu est unique.
Il
ne pouvait y avoir deux dieux
Dans
les mêmes cieux.
Deux
dieux
Aux
idées opposées :
CHAOS.
Donc
Dieu était seul
Triste
Morose
Désespéré
Baladant
son ennui dans l’univers.
Il
n’avait plus envie de
RIEN.
Il
regardait le monde d’un œil morne.
Le
temps qui passe.
Qui
passe encore.
Aucun
événement.
Accablement.
Il
songeait.
Assez
de la chimie
Et
de l’alchimie.
Assez
des luminaires
Qui
m’empêchent de dormir.
Assez
de
TOUT.
Colère
qui gronde
Devient
fureur.
Bouillonnement
furie rage.
Dieu
donna des coups de pied
Dans
quelques planètes.
Aie !
Mal aux orteils !
Manquait
plus que ça.
Paroxysme
de la colère divine.
Alors
il créa des trous noirs
Pour
y engloutir ses peines.
Mais
il faillit y être aspiré
Lui-même.
Incompréhension.
Comment
être à la fois le contenant
Et
le contenu ?
Monde
absurde
Où
je m’ennuie à mourir
Sans
pouvoir disparaître.
Qui
suis-je ?
Qui
m’a créé, moi le créateur ?
Serais-je
fou ?
Fureur
devant l’inintelligibilité des choses.
Abîme
où je me suis perdu.
Colère
qui enfle,
Irrésistible,
impérieuse,
Indomptable.
Fureur
et déchaînement
Des
quatre éléments
PARTOUT.
L’air
sibyllin et calme,
Stabilité
de l’univers
S’agita.
Doucement
d’abord.
Ondes
plates
Manque
d’énergie.
Dieu
balança sa main de haut en bas
Et
de bas en haut
Et
souffla dessus.
Amplitude
progressive des ondes.
Secousses
jaillies de leurs rencontres.
Apparition
des vents stellaires.
Vents
de glace
Typhons
monstrueux
Sur
des planètes effrayées
Ouragans
balayant tout sur leur passage.
Même
la colère de Dieu qui s’apaisa.
Et
Dieu se radoucit.
Et
les vents se calmèrent.
Et
les doux zéphyrs s’entraînèrent
Pour
le jour où ils caresseraient
La
joue des enfants.
Dans
le même temps
Les
mers houleuses avaient enflé.
Vagues
gigantesques
Plus
hautes que des montagnes.
Hurlement
des océans en furie
Répandus
sur la terre.
Grondement
intense
Profond
lugubre
Échappé
dans l’espace.
Et
Dieu qui était fureur
Pensait
que c’était
La
plus belle musique du monde.
Une
formidable symphonie spatiale,
Bom
bom bom bom !
Tout
à la fois les cors, les bassons
Les
hautbois, les trompettes.
Colossale
puissance.
Tremblements
de l’espace.
Et
la terre à son tour se convulsa.
Ébranlement
saccades secousses
Spasmes
et soubresauts.
Souffrance
dans le fracassement.
Montagnes
qui s’élèvent
Crevasses
engloutissant les matières
Transformations
dans le jaillissement
De
ce qui deviendrait la vie.
Et
le feu était partout dans l’univers
Vorace
Insatiable
Gigantesque
terrifiant
Dévorant
des mondes entiers
Le
feu de Dieu.
Et
le feu de Dieu consuma la colère de Dieu.
Apaisement.
Sérénité
dans l’espace.
Beauté
de l’univers et ballet des étoiles.
Couleurs
à l’infini,
Scintillements,
Éblouissement.
Mais
le manque perdurait.
Alors
Dieu inventa l’homme
En
qui il plaça toute son espérance.
Et
dans l’absurdité cosmique
L’homme
créa Dieu.
©Louise Guersan
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