TERRA INCOGNITA

 

 

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Archives : Terra incognita

 

Nouvelle rubrique depuis 2019 : découverte…

 

Printemps 2024

 

Louise Guersan :  Poèmes inédits.

 

(II)

« L'ennui de Dieu »

 

 

Retour à :

(I)

« Le grand voyage »

 

(*)

 

 

L’ennui de Dieu

Dieu s’ennuyait

Dans l’espace infini

Et le temps lui semblait bien long.

Pourquoi était-il là ?

Qu’y faisait-il ?

Il ne le savait pas.

Alors Dieu s’ennuyait à mourir.

 

Sauf qu’il ne peut pas mourir.

 

Occuper le temps

Jouer au ballon avec les planètes

Jeter au loin les comètes

Voir si elles vont revenir

Comme des boomerangs.

Occuper le temps

Feux d’artifice avec les étoiles

Hurler dans l’univers

Écouter la musique des origines.

Occuper le temps

Allumer des brasiers

Chauffer son cœur de glace.

 

Puis lassitude

De tout

Même du meilleur.

Manque.

Mais de quoi ?

Manque cruel.

Mais de qui ?

D’un compagnon ?

Impossible, Dieu est unique.

Il ne pouvait y avoir deux dieux

Dans les mêmes cieux.

Deux dieux

Aux idées opposées :

CHAOS.

 

Donc Dieu était seul

Triste

Morose

Désespéré

Baladant son ennui dans l’univers.

Il n’avait plus envie de

RIEN.

Il regardait le monde d’un œil morne.

Le temps qui passe.

Qui passe encore.

Aucun événement.

Accablement.

Il songeait.

Assez de la chimie

Et de l’alchimie.

Assez des luminaires

Qui m’empêchent de dormir.

Assez de

TOUT.

 

Colère qui gronde

Devient fureur.

Bouillonnement furie  rage.

Dieu donna des coups de pied

Dans quelques planètes.

Aie ! Mal aux orteils !

Manquait plus que ça.

Paroxysme de la colère divine.

Alors il créa des trous noirs

Pour y engloutir ses peines.

Mais il faillit y être aspiré

Lui-même.

Incompréhension.

Comment être à la fois le contenant

Et le contenu ?

Monde absurde

Où je m’ennuie à mourir

Sans pouvoir disparaître.

 

Qui suis-je ?

Qui m’a créé, moi le créateur ?

Serais-je fou ?

Fureur devant l’inintelligibilité des choses.

Abîme où je me suis perdu.

Colère qui enfle,

Irrésistible, impérieuse,

Indomptable.

Fureur et déchaînement

Des quatre éléments

PARTOUT.

 

L’air sibyllin et calme,

Stabilité de l’univers

S’agita.

Doucement d’abord.

Ondes plates

Manque d’énergie.

Dieu balança sa main de haut en bas

Et de bas en haut

Et souffla dessus.

Amplitude progressive des ondes.

Secousses jaillies de leurs rencontres.

Apparition des vents stellaires.

Vents de glace

Typhons monstrueux

Sur des planètes effrayées

Ouragans balayant tout sur leur passage.

Même la colère de Dieu qui s’apaisa.

Et Dieu se radoucit.

Et les vents se calmèrent.

Et les doux zéphyrs s’entraînèrent

Pour le jour où ils caresseraient

La joue des enfants.

 

Dans le même temps

Les mers houleuses avaient enflé.

Vagues gigantesques

Plus hautes que des montagnes.

Hurlement des océans en furie

Répandus sur la terre.

Grondement intense

Profond lugubre

Échappé dans l’espace.

Et Dieu qui était fureur

Pensait que c’était

La plus belle musique du monde.

Une formidable symphonie spatiale,

Bom bom bom bom !

Tout à la fois les cors, les bassons

Les hautbois, les trompettes.

Colossale puissance.

Tremblements de l’espace.

 

Et la terre à son tour se convulsa.

Ébranlement saccades secousses

Spasmes et soubresauts.

Souffrance dans le fracassement.

Montagnes qui s’élèvent

Crevasses engloutissant les matières

Transformations dans le jaillissement

De ce qui deviendrait la vie.

 

Et le feu était partout dans l’univers

Vorace

Insatiable

Gigantesque terrifiant

Dévorant des mondes entiers

Le feu de Dieu.

Et le feu de Dieu consuma la colère de Dieu.

Apaisement.

Sérénité dans l’espace.

Beauté de l’univers et ballet des étoiles.

Couleurs à l’infini,

Scintillements,

Éblouissement.

Mais le manque perdurait.

Alors Dieu inventa l’homme

En qui il plaça toute son espérance.

 

Et dans l’absurdité cosmique

L’homme créa Dieu. 

 

©Louise Guersan


 

 

(*)

 

 

Pas grand-chose à dire sur moi. Grande banalité. Une simple femme très désabusée par une vie qui n’est qu’une longue suite de trahisons et de souffrances. Mais bourrée de résilience.

Docteur en Histoire de la Sorbonne, et diplômée du Conservatoire des Arts et Métiers de Paris, passionnée par l’Égypte ancienne, j’ai enseigné un temps la langue égyptienne ancienne et son extraordinaire écriture hiéroglyphique.

Je suis également passionnée par l’histoire des religions et fais depuis 20 ans des recherches. J’ai écrit un gros pavé de 700 pages mais impubliable si je ne veux mourir de la main de fanatiques de tous poils, toutes religions confondues. (Mais au moins je mourrai moins idiote).

En 2020 et 2021, avec la crise Covid et les obligations de retrait imposées aux populations bâillonnées, l’ennui prédominant, je me suis lancée dans l’écriture de nouvelles et de poésie avec des amis et nous avons décidé de concourir dès 2022 pour voir ce que cela donnerait. Pour l’instant j’ai obtenu les récompenses suivantes (bien sûr la liste des rejets doit être plus longue, mais chut !!! je la tiens secrète pour ménager mon ego) :

-                2022 : Dijon, Poètes de l’amitié, 1er prix de nouvelles

-                2022 : Dijon, Poètes de l’amitié, 3è prix de poésie

-                Mai 2023 : Oye Plage, 1er prix de poésie

-                juin 2023 : festival du prix de Trégastel, 1er prix de nouvelles

-                juin 2023 : Médiathèque Simone Veil , 1er prix de poésie

-                juillet 2023 : Paris,  prix Arthur Rimbaud,  ouvrage collectif de poésie

-                juillet 2023 Béziers,  festival du fantastique,  demi-finaliste

-                octobre 2023 :  Arras, rose d'or du prix Anacréon de poésie

-                octobre 2023 :  Arras, rose d'or du prix de la ville d’Arras de poésie

-                octobre 2023 : Orléans, amitiés littéraires d’Orléans ; 1er prix de nouvelles

-                novembre 2023 : Les Sens retournés, ouvrage collectif, Haikus

 

Rien à dire de plus si ce n’est : lecteur qui t’égares dans ces pages, couche sur le papier tes propres émotions, tu en seras le premier surpris. Ton esprit recèle des trésors que tu y as enfouis profondément et que tu as voulu oublier. Déterre-les, navigue sur les sentiers vierges de ta propre pensée, laisse-toi aller au gré de ton envie du moment. Carpe Diem.

 

Louise Guersan

 

***

PS « Rien à dire de plus si ce n’est… » disait-elle dans sa présentation : oui, si ce n’est qu’elle vient de se faire décerner le prix de la Fondation des poètes français, prix Campion-Guillaumet pour le poème Un Violon dans la Nuit !...

(D.S.)

 

 

Louise Guersan

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