LECTURE - CHRONIQUE
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LECTURES – CHRONIQUES – ESSAIS Été 2025 Catherine Andrieu, Ce qui pousse dans le silence.
Rafael de Surtis,
mai 2025 (97 p., 17 €) Brève note de
lecture par Dana Shishmanian |
Poétesse
mais aussi critique de poésie (voir son espace de publications dans la revue
en ligne RAL,M
et aussi, dans nos Annonces,
son récent recueil Constellations
critiques), Catherine Andrieu nous présente mieux que quiconque
les deux cycles de poèmes qui composent ce livre. Qui, nous avertit-elle
d’emblée ; « n’est pas un recueil » : il est vivant tel
un corps, « un seul organisme, qui respire ». Voilà
donc avant tout un extrait de l’« avant-dire » au Ce qui pousse
dans le silence : « Il
fallait le silence pour que cela pousse. Le silence, non comme absence de
bruit, mais comme milieu matriciel. Le silence comme humus du verbe. Comme
l’espace où les morts écoutent, où les dieux se retirent, où le poème enfin
peut devenir bête. Et semence. » Et
pour preuve, deux extraits des poèmes 6 et 7 de ce cycle qui en comporte
11 : Et j’ai compris que le silence n’était pas une absence, mais une forme aiguë de présence. Une présence retournée, comme un
gant. Le poème s’est mis à battre sous mes
côtes. Il ne disait rien. Il devenait. Un pur devenir, comme un fruit qui éclate de trop
mûrir. Les
9 Chants d’une
femme-transfiguration, dont l’avant-dire nous révèle que chacun « est une
métamorphose » – « pas du corps-désir, du corps jouissance, du
corps-image », mais « du corps-séisme, du corps-matrice, du
corps-totem » – témoignent en effet, dirait-on, de quelques magiques
transformations. Elles nous font penser aux anciens mythes célébrés par
Ovide, mais ici, dans un vécu presque mystique : la femme au
Corps-arbre, la Pierre Amante, la femme-flamme brûlant d’un Feu
Transfigurant, la Bête, le Corps-Fontaine, la Parole Cendre… Et
quand le feu retombe – car
il retombe – tu
n’es pas morte. Tu
n’es pas vide. Tu
es pleine de
quelque chose de rare. Un
silence dense. Une
lecture en empathie de ce
livre vivant vous transforme vous-même, lecteur, lectrice, tant l’écriture en
est envoûtante, entraînant l’esprit et les sens dans une commune expérience
au cœur de l’âme du monde…
© Dana Shishmanian |
(*)
Voir aussi les chroniques à ce recueil de Jean-Paul
Gavard-Perret dans RAL,M
(1er juin) et dans Lelitteraire.com
(18 mai), |
Note de lecture de Dana Shishmanian
Francopolis – Été 2025
Créé le 1er mars
2002