Aussi
étrange que cela puisse paraître, je ne sais trop
pourquoi, peut-être parce que l’on vit dans un monde de violence
et que la télé, la radio et internet nous déverse
à longueur de jour cette violence à
répétition, ce recueil arrive tout frais, bien qu’il ait
traversé l’océan et cheminé sur des routes
glacées et enneigées sans la moindre éraflure,
même pas un froissement de feuilles, ce serait donc que les mots
ont tous les pouvoirs.
Oui,
ce recueil, plein d’une tendresse désarmante traîne une
certaine nostalgie et pourtant tout est douceur. Oui, souvent le temps
court par en avant et nous échappe… mais ici le temps nous
accompagne. Le poète semble bien ancré dans cet instant
du présent.
« vieillir ma douce n’est rien
si c’est pour mieux vivre sa vie
…
Vieillir, c’est se reconstruire avec d’autres
matériaux
Disposés autrement, l’optique n’a plus la même focale,
Le zoom arrière est de rigueur! »
Et
c’est justement, cette prise de conscience de la fuite du temps qui
donne à ce recueil un arrêt sur image. Vieillir ici, loin
de faire l’effet de prendre les bouchées doubles et filer dans
cette course contre la montre, ici le poète visite ses
souvenirs, non pas comme du papier jauni mais plutôt comme si
chaque instant était peint sur le mur de sa galerie
privée et que l’auteur prend le temps d’habiter chaque tableau.
L’auteur
troque sa plume pour un pinceau et il dessine chaque mot, trace sa
courbe, adoucit les angles et comme il dit si bien : « Vieillir,
c’est se reconstruire avec d’autres matériaux »
et ainsi trouve la ligne idéale.
«Trouver la ligne idéale
Hors de la géométrie connue
S’incurver pour mieux
En dessiner la perfection;
S’assurer que la main ne tremble
Et que les yeux fermés
S’ouvrent sur des horizons sans fin.»
On y découvre en même temps, une prise de conscience du
temps et de ces courbes de vie.
Le poète renifle cette urgence…
« Tous les amours humaines
Un jour ou l’autre’
mène à l’exil. Oui à l’exil. »
mais… même ouvertes, ses mains tremblent un peu et la flamme
vacille… on y rencontre une fragilité… à fleur de peau.
« À la toute fin du chemin
Aux crépuscules des mots
Sur la pierre roulée
Au détour du halage
L’illusion de l’infinie
La flamme de l’exil
…
et il termine ainsi
À la lumière de la bougie vacillante
Et qui va bientôt s’éteindre
Je m’exile en moi. "
Cette fragilité bien
ressentie laisse le lecteur sans voix
sans mot, habité par cet exil...
le livre reste ouvert sur la table.
comme une présence...
***
Des mots comme des caresses, chez Édilivre
J.Fleuret (nom de plume de Michel Ostertag)
Auteur de poésie, de Nouvelles, Récits historiques,
Aphorismes
Membre
du Comité Francopolis
depuis 2007
**
Présence active sur Francopolis:
Fables
Aphorismes et Billets d'humeurs
Chroniques
littéraires : Revue Les tas de mots
- Le Mokafé
de Christiane Lévesque -
Un léger passage
à vide de Nicolas Rey - de sel et de pain
de Paul Badin
et plus...