Une escale à la rubrique "Coup de
cœur"
découvrir un poème qui nous a particulièrement touché
par sa qualité, son originalité, sa valeur
Nous redonnons vie ici aux textes qui nous ont
séduits,
que ce soit un texte en revue, en recueil ou sur le web.
***
Poèmes « Coup de
Cœur » des membres du Comité
Automne 2024
Béatrice Bonhomme, choix Dominique Zinenberg
Héloïse Cerboneschi, choix Éliette Vialle
Danielle Fournier, choix
François Minod
Daniel Morvan, choix Mireille Diaz-Florian
Jalel El Gharbi, choix Dana Shishmanian
Patricio Sánchez-Rojas, choix Éric Chassefière
Pierre Wattebled, choix Michel Ostertag
Marie-José Pascal, choix Gertrude Millaire
Jamila Abitar, choix Louisa Nadour
choix Dominique Zinenberg :Béatrice Bonhomme C’est ce moment Dans les strates du cœur Ce qui devient poignant Presque une souffrance Des larmes retenues Comme la pierre marquetée Là ils attendent dans le temps Confiés à la perpétuité du
silence Dans le paysage D’un échiquier de tombes Comme une histoire d’enfance Enracinée au cœur. Extrait de : Béatrice
Bonhomme, Monde, Genoux couronnés, éd. Collodion, 2022, 167 p. (Prix
Mallarmé 2023). |
choix Éliette Vialle :Je dîne seule Dans la nuit artificielle Des stores baissés Des silences flottent sur la table basse Comme des flocons de granit Les bruits se sont échappés Dans d’autres nuits réelles L’obscur est toujours beau Plus caressant que la clarté Mais je dîne seule… (Juin
2019) Quelque part Là où les nuques ployaient basses Dans la ville sans fenêtres On attendait Assis sur des trottoirs pleins d’étoiles On attendait comme des chiens La caresse de la Lune un peu soûle On pleurait parfois Quand rien ne venait Puis on repartait La nuque ployée basse Des étoiles sous nos pieds On repartait Vers autre part Les
exilés (2006) Je n’ouvre plus mon courrier J’ai cessé de guetter les oiseaux migrateurs Durablement, l’hiver s’est incrusté Quand passe l’hiver, l’hiver revient Et cet enchaînement immuable Trace une ligne ascendante vers plus tard J’ai compté les pas de la chambre au couloir Puis les jours du couloir au quai de la gare A quoi
bon torturer mon corps sur des machines ? Farder mon regard dont le bleu s’assombrit Dangereusement. Le noir dévore le cobalt Et je maigris à chaque coup de semonce Chiens de pluie, samouraïs, gladiateurs… Plus rien ne s’ébat dans mes no man’s lands Le métro, mon hussard mécanique, piaffe et
renâcle Immobilisé (pour un temps indéterminé
disent-ils) Quand cesserai-je de louvoyer verticalement Pour échapper à ce qui m’attend demain ? lls me
diront : Madame ! Qu’attendiez-vous de la vie ? Vous n’étiez qu’un squelette joliment empaqueté Une sultane de bazar au revers de main saharien Une louve égarée au milieu des chevaux de
labour - Mais mon cœur ? Ce n’était qu’un accessoire dont vous avez
abusé… (12
juin 2020) |
choix François Minod :
Aujourd’hui, je suis icis et
ce périple s’avère audacieux ; Je ne ferai que passer bien que j’aspire
à ce que quelque chose de moi reste sur cette terre inhospitalière, ce
territoire aux frontières lourdes, aux portes blindées aux multiples serrures
fermées à clef. Cet univers dépossède et je ne m’y soumettrai pas. Les glissements
comme les intermittences entre espaces et lieux, immobiles ou fracassés, me
réinventent en une série de variations sur un même thème laissé pour sourd et
aveugle. Désassemblés, les corps en exergue, ou les parties de corps
détachées de l’ensemble, ne cherchent pas, ne cherchent rien d’autre qu’à
disparaître fatalement d’eux-mêmes. Que nous arrive-t-il au juste pour imaginer trouver ailleurs qu’en
soi ce qui donne la vie ? Importe peu le changement d’heure, l’orientation de la lune, du
soleil, de l’étoile Polaire, les marées ou le trajet des nuages, aujourd’hui,
je suis icis à laisser couler le silence qui
gonfle avec les arrivées et les départs qui troublent ce qui ne l’avait été
jusqu’à maintenant. Là les secrets : sur eux se posent les doigts des
fées et celui des marraines célestes. Il n’y a pas de bilan à faire, ni de
colombe à sortir d’un chapeau haut de forme – il n’y a que le présent au plus
près du présent. Chambre vide, portes ouvertes, rideaux tirés, les ombres ont pris la
fuite. Sur le bord de la grève, les roches ressemblent à des coquillages, les
scarabées à des fossiles. Sur la table, les restes de la veille et la
vaisselle, les verres, et les bouteilles. Tout est intact, mais sali et
abîmé. La trilogie de l’abandon. Dans le jour à peine commencé, les enfants jouent comme si c’était
l’été. Rien ne s’est passé. Une heure perdue. 17h04. Il semble que le jour aille vers le couchant. Que derrière le
clocher de l’église, le ciel se teinte de mauve, d’orangé et de rose.
Quelques passants. Des écoliers qui rentrent. Personne en réalité. Un vide,
le trou noir du vide. La brunante, son évocation plutôt, la tombe du jour au
moment où un chevreuil traverse l’horizon. Entre les branches glacées, une traînée de lumière. Aujourd’hui, je suis icis, image
devenue inconnue. La musique de l’hiver tourne autour de la maison. Il y a
des flammes rouges, jaunes, bleues. Les flammes bleues, les plus cruelles,
offrent une chaleur brûlante. Dans la voix, un hoquet, un toussement étouffé. Le quatuor augmente
dans cette fin du jour qui n’en finit pas de sans cesse recommencer. Debussy.
Un prénom emporté par les vagues. Nous sommes des louves blanches endormies par le gel de septembre
dans un pays sans nom. Extrait de : Icis, je n’ai
pas oublié le ciel. Les Lieux-Dits (collection Cahiers du
Loup bleu), 2022, 40 p. Danielle Fournier a publié une
vingtaine de livres au Québec et en France. Membre de l’Académie des Dernier
soupir. |
choix Mireille Diaz-Florian :Daniel Morvan J’ai plaisir à partager
avec vous ce coup de cœur pour ce recueil qui « croise des approches diverses,
prose, document, complainte de l’exil, catalogue de sons et de
biographèmes ». Extraits de : Daniel Morvan (*), Quitter la terre,
Edition Le temps qu’il fait, janvier 2024. I Les longs
sillons Fraisiers Fraisiers repiqués
sous la pluie retour de façons d’être qui remontent
le cours du sang sur le tranchant de la houe et gestes qui
reviennent dans les terminaisons nerveuses tes racines
tes racines dit la vieille complainte de l’ortie
neuve et de la grande consoude qui fait
résurgence dans ce poème neuf rien n’y manque voici même le
gardien des propriétés sacrées des arômes des fumiers -
voici le fantôme l’homme du
tour des terres en bout du sillon une rumeur de
mer en angle de parcelle un bruit de
sabot un rêveur dans les arbres lui le
saltimbanques à ses manchons attaché - et plus
tard aux modernes quadrisocs tracteurs Someca
Mc Cormick Nuffield John-Deere - offrant à toute dépense son inépuisable réserve et son rire
bref aux promesses vaines La voix de
mon père m’accompagne dès qu’un peu de terre se trouve
sous mon pas - il est là qui lâche quelques syllabes d’une voix
faite pour héler de versant à colline quand l’œil
mesure les pluies brèves de mars qu’il rallume
la cigarette en coin comme dans les films
avec John Wayne et sort l’une
de ses phrases Hollywood Tu peux creuser plus profond que la bêche mais pas faucher plus large que la faux je m’imagine
l’entendre en ce parler intérieur qui est
parole des morts et pain perdu. Dans sa cour Cette cour de
ferme où vécut ma mère n’était pas courtoise antichambre cette place
bourbeuse où elle eut froid et chaud et fut
d’humeur gaie ou plaintive a-t-elle rêvé
comme la Lyonnaise élégiaque d’embellir
ces flaques Afin qu’elles
mirent une vie heureuse Reine d’une
société brillante Au premier
plan de cette coterie lyonnaise Louise
chantait odes et carmes comme Dante et Pindare Mère le fit
aussi - à ses poules et ses pintades - à la basse-cour je m’ajoute ayant appris à lire dans ses yeux l’histoire du
monde ne s’y apprend-elle pas mieux- elle aussi
fredonna des succès de Tino Rossi En cette
courbe fangeuse qu’elle traversait déhanchée par
luxation congénitale cloître
fermier délimité par étable – hangar fumier – silo Sale resta la
cour il eût fallu goudronner mais je crois que cela coûtait – Il reste l’image vive D’elle encore
Ô rires Ô soupirs mère seule
oscillant dans son corridor de terre pour aller
traire à l’étable la tête
contre le flanc pour éviter la ruade de même que
Louise Aimait
abstraire ses tourments sur une table - Ô ses larmes aussi Puissent-elles
recouvrir nos mémoires et lui offrir
un décor plus digne qu’une cour boueuse (*) Daniel Morvan est né en 1955 de parents agriculteurs à Plougasnou (Nord
Finistère). À l’École Normale de Saint Cloud, il tourne un film de fin
d’études sur la disparition de la paysannerie : L’Assolement (1978).
« Partant d’un goût premier pour la poésie » il passe à la prose.
Son roman Lucia Antonia, funambule, publié
chez Zulma, obtient le prix Charles Oulmont et le
prix Loire Atlantique en 2013. Il vit à Paimboeuf depuis peu. Il a exposé ses
premières peintures avec ses amis artistes en 2021 sous le titre :
« Né à Painboeuf comme tout le monde ».
Il a publié en 2022 un roman aux éditions Le Temps qu’il fait : La
main de la reine. |
choix Dana
Shishmanian :
À l’heure du limoncelloÀ l’heure du limoncello Il me souvient encore d’un
jour Sous la porte sculptée par Finelli. Il eut la force de lever son
verre C’était le dernier, il le savait Il n’était plus qu’un regard
attardé Sur la dernière cerise éteinte Morte comme une vraie nature
morte. Un verre tremblant en appela
un autre Attendez-moi, je serai de retour Sur le nuage le plus empressé Je me serai défait de tout
désir Seuls me resteront tes mots,
ton image. Tu arpentais les rues les plus
désertes Et ta voix parvenait jusqu’à Sorrente « Ces dames parlent-elles
notre langue ? » Âpre, le vin frémit dans ton
verre. Suis-je triste ? Pourtant ce n’est pas toi que
la mort cherche Mais quelqu’un qui me ressemble fort. Il me souvient Il me souvient du jour où j’ai
suivi L’oiseau voletant seul de
palme en palme Il haletait, comme moi
essoufflé. Je voulais juste le nom de
l’oiseau Trop essoufflé pour cingler
vers Faris Poursuit-on autre chose que
son âme ? J’ai marché… J’ai marché dans la rue des
étrangers Où pour sécher, le linge met
du temps J’ai songé au vieux
livre de Behzad, Par quel chemin vient-on
mourir ici Après avoir sué toutes ses
larmes Ces murs atteints de scorbut
sont parents Des mots que nous n’avons pas
échangés Des confessions de mon ami
l’Afghan : « Par deux fois, j’ai escaladé
ces dunes Je n’ai pas eu soif ni versé
de larmes Mais quand je pense à l’ombre
de la fille Qui n’avait pour tout fiancé
qu’un spectre, J’ai une meurtrissure au côté
gauche. » Je n’ai rien dit. « Viens un jour à Balakh, Tu verras comme nos matins
sont beaux » Il ne m’a pas invité à prier Mais j’ai psalmodié comme lui
en silence Priant je ne sais plus dans
quelle langue Prières d’un homme de peu de
foi Montent toujours plus loin que
le cœur du zénith. Dans ton hiatus… Dans ton hiatus O oasis Je me suis enivré de l’ombre
des fruits Dans ton hiatus O oasis J’ai marché vers le prélude du
désert. Jalel El Gharbi, À
l'heure du limoncello Suivi de Dialogues du Maître soufi. Edern
Éditions, juin 2024 (voir la présentation dans nos Annonces) |
choix
Éric Chassefière :
Patricio Sánchez-Rojas 10
poèmes extraits de L’exil est une histoire aux nombreuses pages
(Éditions de l’Aigrette, juin 2024) Quand on voyage on emporte nos souvenirs dans un papier journal Puis, la ville brûle comme un gant de jeune femme que le petit matin récupère près d’un arbre invisible * Plusieurs siècles auront suffi à écrire ce poème, Rien n’a été dit à l’ombre du cèdre. La lumière ouvre les yeux quand le papillon passe. * La lune danse sous ta peau de lave quand je creuse la terre de tes entrailles en
feu avec mon souffle d’arbre : miroir de forge, racine infinie. * Retourner, repartir ? Le seul chemin est en toi. La plume crève la pupille de la nuit. Celle qui connaît les noms de maints coquillages. * Le jour viendra où ton visage aura la forme d’une vague. Comme un pays silencieux qui dessinera ton ombre dans un cahier empli seulement de papillons. * Il s’agit de reconstruire l’endroit où nous vivons près d’un nuage. Il faudra commencer par ranger les pierres qui somnolent face à la mer. Notre imagination fera le reste, ainsi que les saisons. * Inventer un arbre, un passage, un chemin. Seulement pour effacer le ciel sombre qui nous oblige à être un ruisseau sous la brume froide. * Tu chantes les villes et les faubourgs pleins d’ouvriers qui rêvent à un monde meilleur, quand le serpent mute face au soleil, car sa peau est un miroir transparent après le dernier frisson de l’aube. * à Paul Éluard Le ciel est bleu et je mange une orange pour me souvenir d’une image oubliée. Peut-être un moineau dort encore derrière le clocher de cendre ? * En perdant mon pays j’ai perdu aussi beaucoup d’amis D’autres sont venus après. D’autres… portaient sur
leur visage la trace des miroirs et des boussoles Patricio Sánchez-Rojas
est né en 1959, au Chili où il a passé son enfance et une partie de son
adolescence. Il s'installe à Paris en 1977, lorsque sa famille est expulsée
du Chili sous la dictature Pinochet. Naturalisé français en 1993, il séjourne
quelques années à Madrid et à Portland. À son retour, il enseigne l’espagnol
en collège, au lycée et à l'université. Poète, enseignant, traducteur et
animateur d’ateliers d’écriture, ses poèmes figurent dans diverses revues et
anthologies françaises, italiennes et hispanophones. Il fut remarqué par Jean
Joubert, qui écrira la préface de son livre Le Parapluie rouge (Domens, 2011). Il est animateur du Festival Voix Vives de
Sète. |
choix Michel Ostertag :Pierre Wattebled Pour te dire t'aime Trois petites notes de musique pour dire Avant de les écrire simplement en :« je t'aime
» ; Mélodie du cœur qui devrait te suffire : Trois petits temps délicieux et suprêmes. Je voudrais que tu la reçoives en un bouquet De roses odorantes et essentielles, Dont le parfum initial pourrait t'enivrer : Tel le pourrait l'offrande préférentielle. Mélodie du cœur qui devrait te suffire Pour ouvrir l'espace de la plénitude Que me promet l'esquisse de tes sourires. Trois petits temps délicieux et suprêmes Emportant en sa ronde ce bonheur inédit : Mes lèvres chantant passionnément : « je t'aime
» (le 6 septembre 2024) Reproduit
de la page Collectif
Francopolis (sur Facebook) |
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choix Gertrude Millaire :Soir
d'écume Soir d'écume,
le ciel est une page brune Où se
reflètent les cœurs brisés Tout s'écrit
dans le silence Sans une
plainte, sans un mot. Prière d'une
nuit sans éclat Où les
étoiles brûlent leurs cierges Pour implorer
une réponse qui tarde A se
manifester, soir d'écume, Le ciel est
une page immense Qui réserve
bien des surprises A ceux qui
refusent la nuit Et cherchent
sans jamais accepter Que les
ténèbres s'épaississent. (poème
d'avril 2023) Reproduit
de la page Collectif
Francopolis (sur Facebook) |
choix Louisa Nadour :Jamila Abitar J’entrevois le silence à
travers la vitre, la nature résignée
m’émerveille. Elle semble embrasser l’azur. Je l’implore pour qu’elle me délivre de ses
branches pour me donner au divin comme un souffle au cœur. Ô poème, vide-moi de ces
émotions qui ne trouvent figure à la
face du vent. De cette contemplation, de
cette passivité, je puise les raisons de mon
passage. 21
août 2024 *** Viendra la pluie et ses
tonnerres d'argent. Viendra la pluie et
l'éblouissement de l'âme. Viendra le temps des
confidences mûres sur l'épaule du bien-aimé. J'ai fait de Lui le berger de
mes nuits. Et c'est ainsi que j'ai
retrouvé la raison. 20
juillet 2024 *** Je ne distingue plus le jour
de la nuit je ne vois plus la limite du
ciel, j’existe dans ce fou vent que
nul ne retient. Que de folies n’avons-nous pas
faites pour trouver le poème ? Que de folies n’avons-nous pas
connues pour écouter le murmure de
l’ombre ? Chemin d’errance, Quelle main habile relèvera le
vol de l’oiseau ? Quelle empreinte ouvrira en
nous les couleurs du ciel ? L’éternel regard du soleil
levant. 14
juillet 2024 *** J’ai embrassé ta voix, d’innombrables luttes m’ont
portée. Discours, synthèses de
mélancolie, liqueur des vergers. J’ai passé la soirée à tenir
un proverbe debout pour dire le parent assis près de
l’olivier à attendre son heure, pour dire le temps perdu à se chercher dans des bruits
de hasard, pour nouer la voix aux mots, l’extraire pour un temps de sa
médiocrité. Mesurer la parole jusqu'au
revers de la plume et raturer les lignes bavarde de legs sanglants. Quel inconnu fidèle me
soufflera à l’oreille les couleurs de la phrase
magique ? 25
juin - A Marrakech, derrière la Koutoubia ©Jamila
ABITAR sur sa page Facebook |
Coups de cœur des membres :
Béatrice Bonhomme, choix Dominique Zinenberg
Héloïse Cerboneschi, choix Éliette Vialle
Danielle Fournier, choix
François Minod
Daniel Morvan, choix Mireille Diaz-Florian
Jalel El Gharbi, choix Dana Shishmanian
Patricio Sánchez-Rojas, choix Éric Chassefière
Pierre Wattebled, choix Michel Ostertag
Marie-José Pascal, choix Gertrude Millaire
Jamila Abitar, choix Louisa Nadour
Francopolis Automne 2024
Créé le 1er mars
2002