Dona
eis requiem
J’ai espéré en vain les bienfaits du
Seigneur
Inventé le lac où j’ai trempé mes os
Personne n’est venu m’apporter le
bonheur
Pourquoi m’a-t-on toujours traité en
pauvre sot
Mais tant d’autres que moi sont bien
plus malheureux
Affamés décharnés les spectres qui me
hantent
Les ventres ballonnés des petits
Noirs peureux
Les squelettes debout les bonnes
sœurs qui chantent
Ailleurs dans les ghettos les
cloportes croupissent
Ça fume des joints enfile les shots
se pique
Des relents de malbouffe de merde et
de pisse
Ça viole qui ça peut Obligé c’est la
trique
Et ces pauvres gamins partis pour le
jihad
Des jeunes-gens naïfs adorant le
prophète
Qu’espèrent-ils trouver à Syrte ou à
Bagdad
En fait de salut c’est la mort qui
les guette
Je pense à tous les pères privés de
travail
Aux gosses violentés et au chagrin
des mères
À tous les prisonniers d’un enfer
familial
À toutes les victimes d’une injuste
misère
Connais-tu cet homme au-delà du
désespoir
Qui dort sur un trottoir près de
l’entrée du square
Te fait-il si peur que tu ne veuilles
le voir
Ou est-ce simplement crainte qu’il te
rembarre
Et ceux qui sont couchés sur un lit
d’hôpital
Ceux qui n’ont pas compris qu’ils
vont bientôt mourir
Tandis que les soignants tout le
corps médical
Ont tous abandonné l’espoir de les
guérir
Les bancals les tordus les gras et
les obèses
Tous les disgraciés les privés des
plaisirs
Qui resteront toujours comme entre
parenthèses
Qui ne pourront jamais révéler leurs
désirs
Et tous les enfermés ceux qui rongent
leur frein
Entre les quatre murs d’une geôle
sordide
Des ratés du destin qui n’espèrent
plus rien
Prêts à vendre leur corps pour un
gramme d’acide
Et ceux dont la prison se trouve dans
leur tête
Ceux qui se croient un dieu ceux qui
se croient démon
Les idées folles qui dans un crane
tempêtent
Les prêcheurs hirsutes qui crachent
leur sermon
Ceux-là sont innocents Que dire des
méchants
Ceux qui polluent qui pillent qui
tuent qui torturent
Les exploiteurs les méprisants et les
puissants
Qui sans un seul remord les miséreux
pressurent
Et vous qui êtes jeunes libres et
sans soucis
Vous ne faites dites-vous de mal à
personne
C’est que vous êtes déjà assez
endurcis
Pour ignorer ce que la charité
ordonne
Dieu est mort tout est permis c’est
chacun pour soi
Il nous faut des costards et la
grosse bagnole
C’est comme ça Ne me demandez pas
pourquoi
On ne croit qu’en Mammon et le diable
rigole
©Michel
Herland (février 2021)
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