Ou les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage.

 

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GUEULE DE MOTS



Où les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage...

Cette rubrique reprend un second souffle en 2014 pour laisser LIBRE  PAROLE À UN AUTEUR... Libre de s'exprimer, de parler de lui, de son inspiration, de ses goûts littéraires, de son attachement à la poésie, de sa façon d'écrire, d'aborder les maisons d'éditions, de dessiner son avenir, nous parler de sa vie parallèle à l'écriture...etc.

Mars-Avril 2021

 

Libre parole à

Michel Herland

 

Graffiti de Da Cruz (Paris 19ème - photo D. Shishmanian 2014)

 

 

Dona eis requiem

 

J’ai espéré en vain les bienfaits du Seigneur

Inventé le lac où j’ai trempé mes os

Personne n’est venu m’apporter le bonheur

Pourquoi m’a-t-on toujours traité en pauvre sot

 

Mais tant d’autres que moi sont bien plus malheureux

Affamés décharnés les spectres qui me hantent

Les ventres ballonnés des petits Noirs peureux

Les squelettes debout les bonnes sœurs qui chantent

 

Ailleurs dans les ghettos les cloportes croupissent

Ça fume des joints enfile les shots se pique

Des relents de malbouffe de merde et de pisse

Ça viole qui ça peut Obligé c’est la trique

 

Et ces pauvres gamins partis pour le jihad

Des jeunes-gens naïfs adorant le prophète

Qu’espèrent-ils trouver à Syrte ou à Bagdad

En fait de salut c’est la mort qui les guette

 

Je pense à tous les pères privés de travail

Aux gosses violentés et au chagrin des mères

À tous les prisonniers d’un enfer familial

À toutes les victimes d’une injuste misère

                  

Connais-tu cet homme au-delà du désespoir

Qui dort sur un trottoir près de l’entrée du square

Te fait-il si peur que tu ne veuilles le voir

Ou est-ce simplement crainte qu’il te rembarre

 

Et ceux qui sont couchés sur un lit d’hôpital

Ceux qui n’ont pas compris qu’ils vont bientôt mourir

Tandis que les soignants tout le corps médical

Ont tous abandonné l’espoir de les guérir

 

Les bancals les tordus les gras et les obèses

Tous les disgraciés les privés des plaisirs

Qui resteront toujours comme entre parenthèses

Qui ne pourront jamais révéler leurs désirs

 

Et tous les enfermés ceux qui rongent leur frein

Entre les quatre murs d’une geôle sordide

Des ratés du destin qui n’espèrent plus rien

Prêts à vendre leur corps pour un gramme d’acide

 

Et ceux dont la prison se trouve dans leur tête

Ceux qui se croient un dieu ceux qui se croient démon

Les idées folles qui dans un crane tempêtent

Les prêcheurs hirsutes qui crachent leur sermon

 

Ceux-là sont innocents Que dire des méchants

Ceux qui polluent qui pillent qui tuent qui torturent

Les exploiteurs les méprisants et les puissants

Qui sans un seul remord les miséreux pressurent

 

Et vous qui êtes jeunes libres et sans soucis

Vous ne faites dites-vous de mal à personne

C’est que vous êtes déjà assez endurcis

Pour ignorer ce que la charité ordonne

 

Dieu est mort tout est permis c’est chacun pour soi

Il nous faut des costards et la grosse bagnole

C’est comme ça Ne me demandez pas pourquoi

On ne croit qu’en Mammon et le diable rigole

 

©Michel Herland (février 2021)

 

 

Sur l’auteur, voir l’article de Sonia Elvireanu dans notre précédent numéro, à la rubrique Francosemailles.

Michel Herland

Francopolis – Mars-Avril 2021

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