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GUEULE DE MOTS

Où les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage...

Cette rubrique reprend vie en 2010 pour laisser LIBRE  PAROLE À UN AUTEUR...
libre de s'exprimer, de parler de lui, de son inspiration, de ses goûts littéraires, de son attachement à la poésie,
de sa façon d'écrire, d'aborder les maisons d'éditions, de dessiner son avenir, nous parler de sa vie parallèle
à l'écriture. etc

Ce mois de février 2010

  Libre parole à… Eric Dubois

Aujourd’hui la parole est donnée à Eric Dubois, poète bien connu dans le petit monde de la poésie. On le connaît sur le Net, facebook, où il se montre, se fait entendre et voir avec des vidéos, parle de ses nombreux recueils de poésie, de son désir de reconnaissance. Ici, il nous parle de lui, dans une longue confession intime et pour mieux parler de ses problèmes et prendre une certaine distance avec lui-même, nous parle de lui à la 3e personne, puis revient, à la fin, au je qui trahi une inquiétude dévoilée de sa personnalité. Un texte lourd de vérité et qui pose le problème de la société actuelle et de la place de la poésie, place refusée par les médias.  (Michel Ostertag)



LES TRIBULATIONS D'ERIC DUBOIS


Eric Dubois aimerait écrire un roman plutôt court, un récit. Eric Dubois pense que l'écrire et plus tard le publier l'aidera à sortir de l'anonymat que tout poète connait quand il s'agit du grand public.

Un écrivain se doit d'écrire aussi bien des poèmes que des romans ou bien des essais. A notre époque, seul le romancier a droit de cité. On le lit plus facilement parce que c'est un créateur d'histoire, un conteur.

Mais Eric Dubois ne sait pas. Parler de lui ? Ça peut paraître prétentieux et complaisant. Tout inventer? Eric Dubois n'a pas beaucoup d'imagination ! Pour lui l'imagination est une coquille vide s'il n'y a pas rapport au réel. Il est là, tapotant nerveusement, pourquoi nerveusement? Il est là, sur le clavier de son ordi, à essayer de camper des personnages ou tout du moins un protagoniste qu'il appellera Eric Dubois. Eric Dubois n'est pas content des lignes écrites. Ça commence bien pourtant! Il regarde machinalement sa fenêtre, le soleil, il entend les bruits des travaux, le vis-à-vis d'en face, des ouvriers sur le toit de l'immeuble. Il se souvient de tous les récits qu'il a pu écrire, avortés, abandonnés, oubliés, détruits. A seize ans, il se rêvait écrivain et écrivait des poèmes. Il n'a pas changé sur ce point.
Depuis une dizaine d'années, il publie des recueils de poèmes.

Il sait qu'il va l'écrire ce roman. Toutes ces années de souffrance et de doute. Il sait comment il va commencer.
Les premiers mots." Eric Dubois aimerait écrire un roman plutôt court, un récit. Eric Dubois pense que l'écrire et plus tard le publier l'aidera à sortir de l'anonymat que tout poète connait quand il s'agit du grand public." Le sort en est jeté. Tout comme il a décidé de passer certains après-midi en oisif dépressif à la terrasse du café Au Père Tranquille, face au Forum des Halles, à jouer à l'écrivain, un carnet à la main et à parler aux jolies ou moins jolies inconnues.

Depuis quelques jours il met en ligne des vidéos sur Dailymotion et YouTube, des CV et clame dans un article sur un blog qu'il veut être célèbre. Cette méthode Coué réussira-t-elle? On peut bien entendu en douter. Certains vont rétorquer que seuls le talent et le bouche à oreille font accéder à la   reconnaissance, d'autres parlent des médias et des relations. De toute façon la Poésie souffre d'un manque de visibilité, avec des tirages confidentiels et un public limité à des universitaires, enseignants et poètes.

Octobre annonce un automne gris, intemporel. Une amie a filmé Eric Dubois en train de discuter avec un écrivain célèbre pendant une séance de dédicace dans une grande surface parisienne. La vidéo est diffusée sur le Net. Comme si le buzz faisait le succès d'un écrivain !

Il a beau discutailler avec le jury du Prix Apollinaire, se montrer courtois, sympathique, à l'écoute des autres, avec toujours une carte de visite dans la poche. Être "reconnu" par certaines personnes, à force d'écumer le Salon du livre, le Marché de la poésie et moult mondanités...

Il faut être sérieux et écrire! Eric Dubois cherche pourtant à établir un réseau de connaissances et d'amis. A-t-il la bonne manière?

Pour vivre heureux, il faut vivre caché dit-on. Un jeune romancier lui a demandé un jour si l'anonymat ne le rendait pas triste. Il a répondu que non, pas vraiment, un peu certes, mais pas tout à fait. C'est sa situation sociale qui le rend triste. Cette impression de ne servir à rien.

Mais Eric Dubois rebondit très souvent et doit son salut toujours à l'écriture, vaille que vaille. Et pourquoi ce besoin maladif de reconnaissance? lui dit-on très souvent. Il ne sait que répondre.

Eric Dubois écume souvent les grands cafés de St Germain des Près et de Montparnasse. Il prend la consommation la moins chère et passe des heures entières à regarder les visages des gens riches. Il reconnaît certaines célébrités, un chanteur à la mode dont il serre la main nerveusement en lâchant un « J'aime bien ce que vous faites », un journaliste, quelques écrivains mondains. Bien évidemment tous sont surpris par sa manière d'entrer en contact. Imaginez votre réaction entre la peur et l'incompréhension si un inconnu vient vous parler de façon abrupte. A  la Brasserie Lipp, aux Deux Magots, au  Flore. A la Coupole, au Dôme, au  Sélect. A la Closerie des Lilas, assis entre les places de Samuel Beckett et de Guillaume Apollinaire.


Les jours passent sans qu'un événement de réelle importance ne vienne mettre un terme à sa petite vie monotone.

18 novembre 2009

Je ne sais pas comment mener mon récit. Il me faudrait un plan. Et je n'ai pas choisi la facilité en usant et en abusant de la troisième personne du singulier.
Répéter à chaque ligne mon prénom et mon nom peut fatiguer le lecteur.
Pourquoi de tels artifices? Un écrivain ne porte pas de masque. Il dit.
Il ne dit pas toujours la vérité mais peu importe, l'essentiel est dans la manière.
J'écris cela sans être sûr de moi. Un regard du cinquième étage d'une HLM de banlieue pour constater que tout bouge autour de moi, les saisons, les disparitions, les amours, les moments de joie et de tristesse de ces gens ordinaires que je côtoie chaque jour sans qu'ils n'aient de  réelle prise  sur moi.
J'ai questionné mon psy à ce sujet. Les médicaments que je prends et qui aplanissent mon humeur font que je suis moins sensible. On anesthésie mes émotions en quelque sorte. Cela dit, un oubli ou une dose moins forte et toute mon émotivité refait surface.


Eric Dubois passe trop de temps à son ordinateur à regarder toujours les mêmes sites et à penser que c'est le lieu où les réputations se font et se défont. A quarante-trois ans, il regrette un peu sa jeunesse, ses histoires d'amour fulgurantes, ses virées nocturnes, ses errances existentielles. Cependant, il se préfère maintenant, à son âge, plus assuré dans la vie, comme si la maladie avait solidifié ses bases et étrangement  l'avait rendu plus serein par l'expérience des épreuves. Il se protège du monde dans les taies d'oreiller, les édredons, les programmes télévisés aseptisés et le ressassement continu de souvenirs perdus.

29 Décembre 2009

Hier, j'ai fait une brève apparition à St Germain des Près. Au Bonaparte, j'ai regardé des jeunes femmes étrangères vaguement jolies et sophistiquées engloutir de la nourriture bien grasse, tout en tournant une cuillère dans mon café bien noir et bien serré comme toutes ces idées cachées dans mon cerveau d'oiseau. Je suis allé ensuite acheter quelques revues littéraires à la librairie L'Ecume des Pages. J'ai pris le métro, emporté par le mouvement de ceux qui n'ont pas de visage, les badauds, les touristes, les actifs qui sortent du bureau, toutes ces silhouettes qui ne marquent pas la mémoire, condamnées déjà à s'éteindre dans l'époque consumériste et indifférente.
Aujourd'hui, je fais du sur-place. Pourtant, je ne comprends pas. Je m'appelle Eric Dubois, je ne suis pas un peu connu, non? Je plaisante bien entendu !


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ERIC DUBOIS-POÈTE
Auteur de plusieurs recueils aux éditions Le Manuscrit, Encres Vives, Hélices, Publie.net.
Membre de l'association Hélices. Responsable de la revue "Le Capital des Mots"
Il participe également à un certain nombre de revues poétiques  et met en ligne des vidéos sur Youtube et Dailymotion ( lectures de poèmes, de textes décalés sur la célébrité, CV, performances bruitistes). Il écrit des articles sur la situation catastrophique de la Poésie Contemporaine en France ( les poètes ghettoïsés et ignorés du grand public par manque de relais des grands médias)

Bibliographie:
« vague à l’âme  » décembre 2001
« acrylic blues » janvier 2002
« incidences » janvier 2002
« pavé mouillé »mai 2002
«  poésies complètes » mai 2002
« récurrences » mai 2004
« le canal » septembre 2004 aux éditions le manuscrit
( prix de 10,90 à 17,90 € pour les livres et de 4,25 à 7,9 pour les fichiers Pdf téléchargeables)
« l’âme du peintre » octobre 2004
« catastrophe intime » mars 2005
« laboureurs » janvier 2006
« poussières de plaintes ( suivi de poèmes d’automne)  » mars 2007
« robe de jour au bout du pavé » janvier 2008
« allée de la voûte » avril 2008
« les mains de la lune » janvier 2009
« estuaires » ( seconde édition) avril 2009
« le projet » octobre 2009 aux éditions Encres vives, collection Encres blanches 
( à commander chez Michel Cosem, Encres Vives, 2 allée des Allobroges, 31770 Colomiers-Prix de chaque volume : 6,10€ )
«  estuaires » éditions Hélices, collection Poètes ensemble ! Septembre 2006- Prix : 9€  
« C'est encore l'hiver » éditions Publie.net  avril 2009 - Prix : 5,50 € ( livre électronique)
- Entendre des extraits sur my space  et d'autres lectures de ses poèmes sur Agora Vox.TV

et le complet de sa bibliographie


POUR LES VIDÉOS
Entendre son CV
Plusieurs vidéos sur Youtube et sur Dailymotion

Eric Dubois, un poète en quête de lecteurs - " Je veux être célèbre"
Il est partout, vous ne pouvez pas le manquer - suivez ses liens sur son blog
Sa poésie se trouve aussi chez Francopolis et dans L'Anthologie poétique Francopolis 2008-2009 aux éditions Clàpas.

RADIOGRAPHIE
( extrait, Eric Dubois) à paraître


Nous
quelques uns

Dans le champ de vision
à demander

Sur la photo
la route

Une famille
quelle route?

Nous voilà réunis
oui

Pour la circonstance
c'est jour d'été

Il faut se serrer
le jour est liquide

Un peu plus
c'est poisseux

Pour la photo
ah la poisse

Qu'on ne prendra pas
on ne fait pas de photo

Le jour des obsèques
dans une banlieue métallique


....
        
pour Gueule de mots février 2010
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