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GUEULE DE MOTS

Où les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage...
Cette rubrique reprend vie en 2010 pour laisser LIBRE  PAROLE À UN AUTEUR...
libre de s'exprimer, de parler de lui, de son inspiration, de ses goûts littéraires, de son attachement à la poésie,
de sa façon d'écrire, d'aborder les maisons d'éditions, de dessiner son avenir, nous parler de sa vie parallèle
à l'écriture. etc

Ce mois de mars 2010

  Libre parole à… Hélène Soris

Ce mois-ci la parole est donnée à Hélène SORIS. Son royaume est la poésie. Une poésie limpide, fluide, naturelle, instinctive, sans heurt ni opposition. Elle est poète comme d’autres peuvent être fleuriste ou aquarelliste. Sa poésie se nourrit de la nature, de la douceur de vivre, de l’amour entre les êtres ; sa poésie  repose, apaise, réconcilie avec soi-même. Avec des mots simples mais choisis, un style qui lui est propre, pendant des années, Hélène Soris a été un des piliers de plusieurs sites littéraires sur le Net
où de nombreux fidèles n’ont cessé de la lire et d’aimer son inspiration et sa manière d’écrire. Elle est aimée par ceux qui la lisent. (Michel Ostertag)


HÉLÈNE SORIS : UNE VIE DE POÉSIE

J'aime écrire, mais pourtant pas de façon régulière.  Depuis longtemps je noircis des feuilles, en désordre.  Après les quelques  petits poèmes d'amour de l'adolescence, comme  j'aimais écouter  de la musique classique, symphonies ou concertos,  souvent  Tchaïkovski  j'écrivais au compositeur je pourrais dire  en prose poétique . Sans respect aucun je le tutoyais. Je ne pourrais pas vous montrer ces débordements car je les  mettais au panier très vite. Personne chez moi ne s'intéresse  vraiment à la poésie.
Je préférais éviter les moqueries.

Mon fils  ne devait pas avoir les yeux dans  sa poche. Il  a appris le piano et l'harmonie et  il composait  un peu  pour  s'amuser avec des amis guitaristes  et une jeune chanteuse. Un jour, il me dit  qu'il avait depuis longtemps repéré mon manège et il me demanda de lui écrire des paroles. Il me  donnait  la cassette de ses musiques composées sur  synthétiseur.  Je devais en extraire moi-même la mélodie  et la faire parler... Mais  ce  « client » si spécial  fut insatisfait. Il trouvait que c'était trop poétique.  J'ai dû adapter  mes écrits à  un style  se rapprochant davantage de la chanson.

Mes « poèmes »  étaient classés j'y avais mis mon enthousiasme,  alors je n'ai pas eu le courage  de les  mettre au panier. Ils y ont dormi  quelques années. Un peu plus tard, je suis tombée malade. Je m'ennuyais à la maison  et  me suis mise à « taquiner la muse » de nouveau.  C'était l'époque du minitel  et j'ai trouvé  là l'occasion de  participer à quelques concours :  je voulais m'assurer que  ce que j'écrivais  était lisible. J'ai encore quelques diplômes et  livres en souvenir dans un fond de tiroir. Et j'eus l'occasion de publier dans une revue créée par les frères Cuffi !!! :   « DISSONANCES »,  c'est ainsi que je connus d'autres poètes, Xian  entre autres  le webmaster de poésie  du site : Florigène de la poésie francophone.

Lorsque j'ai eu un ordinateur, j'ai cherché  comment je pourrais  cultiver ce hobby et j'ai découvert un forum  animé par  l'ambassade de France au Canada  qui d'ailleurs publie une anthologie  mise en ligne par Xian.

Un des participants m'invita à  participer au  site Ecrits vains .Un peu plus tard j'ai  connu d'autres  sites comme Anplus, Espace poétique,  La poésie que j'aime…et plusieurs autres  m'ont invitée à leur envoyer des textes. J’ai aimé participer activement  à Ecrits vains,  Anplus et  Francopolis … mais les années passent vite,  pendant que  moi je ralentis le rythme.
Je n'ai *jamais eu l'envie de créer un site parce que je suis trop paresseuse pour apprendre le langage HTML,  mais j'ai été ravie  de  l'avènement des blogs.  Quelle facilité,  quelle spontanéité  et  quelle occasion d'être, parfois commenté, d'y trouver même quelques amis fidèles.


Et publier  un recueil me direz vous?

Oui,  quand j'étais malade, j'avais un ami poète  et écrivain qui voulait créer  un lieu de lectures poétiques  accompagnées de musique  dans la banlieue où j'habite. Pour cela il me fallait faire partie d'une société d'auteurs  et celle ci exigeait  la présentation d'un recueil... Je me suis laissée tenter.  Le système du  recueil à l'unité  n'existait pas  encore et il fallait  s'adresser à un imprimeur.  Un investissement que je n'aurais pas fait sans l'insistance de cet ami et l'envie  de participer à la création d'un lieu  ouvert à la poésie . Je me suis trouvée à la tête de 250 exemplaires. J'en ai vendu  une centaine  lors des  spectacles que nous avons exportés quelquefois dans des  villages. J'en ai déposé quelques uns  dans les librairies, en ai offert  par-ci par-là et  certains se sont perdus. L'opération n'a pas été rentable du tout. Même pas de quoi  recommencer l'aventure !
Un peu plus tard j'ai  gagné le prix du recueil en poésie libre à la  SPAF Bugey Savoie. Je ne suis pas du tout faite pour  rentabiliser!  En effet, cette année-là le président est décédé  et l'imprimeur qui  éditait les recueils  a fermé  son entreprise…. !   La nouvelle présidente  a  conçu ma récompense  par ordinateur… fabrication maison… un poème tronqué,  une mise en page  maladroite. Je n'ai jamais osé en vendre. Quand je tentais d'écouler le reste de ceux de  ma première tentative  j'ajoutais  celui là en prime  en demandant un euro.

Quand   mon groupe de poètes  s'est étoffé, (vous pouvez d'ailleurs vous promener sur le blog que je tiens à jour  pour  le promouvoir),  nous avons  recommencé quelques spectacles  dans le département. Alors j'ai  décidé de faire un dernier essai  avec le recueil « Vagues d'ancre » dont Gertrude Millaire a fait la présentation  sur francopolis. Prudente, j'en ai  demandé 25 exemplaires.  J'en ai depuis vendu deux, et distribué  trois à des amis.  Il m'en reste  une  vingtaine. Ils dorment dans mes placards. Je ne sais pas vendre. Je serais incapable d'oser envoyer  des  demandes de souscription à des amis.  Je dis  souvent que la poésie est mon amie !! alors la vendre,  mêler l'argent à mes mots… L'argent est un mal nécessaire,  je ne le méprise pas trop mais il ne me passionne pas et  j’ai honte d'en demander. Hé oui, j'ai des réactions bizarres je ne suis sans doute pas tout à fait comme les autres. La vie m'a faite comme ça, difficile de se changer. Je ne pense pas que cette façon d'être soit une qualité  mais… !!!

Je n'ai aucune illusion, un éditeur qui distribuerait mes recueils ne se présentera jamais! Peut être moins encore en ce XXIe siècle! On dit que la poésie est morte  !! Quelle erreur !!  Elle ne se vend que difficilement, mais elle  fourmille sur le Net  plus encore maintenant avec  les blogs, My Space, Face Book et autres multiples liens de convivialité.

Les poètes se multiplient !! Les muses  sont  surchargées de travail. Qui veut lire de la poésie  devient aussi  effaré que s'il entre dans une bibliothèque, conscient qu'il ne pourra jamais tout connaître.
Plutôt  que des recueils je pense que  les curieux et amateurs débutants  préfèrent « Poésie Gallimard »  qui  publie des œuvres complètes ou du moins plusieurs recueils groupés de poètes  confirmés sans  oublier les anthologies conçues par des  célébrités  ou groupées par thèmes :  l'eau, l'humour, l'amour, la mer etc… Restent les revues qui ont le mérite  de nous aider à découvrir quels sont les auteurs  que nous  aimerions approcher  un peu plus en achetant un recueil.
Je connais un poète qui a beaucoup publié et dans d'excellentes maisons d'éditions.  Je n'ai pas la prétention d'avoir son talent ni sa culture. Je le connais bien, je l'ai aussi beaucoup lu et l'ai un jour présenté sur francopolis. Il s'agit de Jacques Ancet qui vient de publier « L'identité obscure » Il  en fera la lecture  près de chez moi en mars,  j'aurai le plaisir  de le revoir très bientôt. Mon ambition s'arrête là.  Je suis assez  lucide pour  savoir que jamais aucun éditeur digne de ce nom ne s'arrêtera sur mes  créations seulement   habitées  de nature  de simplicité ou de tendresse.

Si une association lit cet article, je propose de faire cadeau d'une quinzaine d'exemplaires de « Vague d'ancre » 
pour  qu'ils soient si possible vendus au profit  de qui en aurait besoin avec une  préférence pour les Sans-logis surtout s'ils  sont  en activité et dorment par exemple dans leur voiture !! 
Rester présentable, retrouver ses forces  pour le lendemain dans un bon lit, quand on n’a pas de logement reste une gageure.

Voilà comment je vis  l'écriture… 
Non je ne pense pas à l'immortalité (sourire.)  de toute façon croyez- vous qu'un ange lise  quelquefois la presse ou regarde la télévision pour venir m'en faire part ???


Un peu poète ?  Un peu  folle peut être…* Aime rêver, planer… échanger  et lire la poésie.


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Visiter son blog : Ombres contre vents

Quelques écrits  d'Hélène Soris :

dans la librairie Francopolis

et au Salon de lecture :

sur les traces de notre fourmi

Haïkus et moments poétiiques






         pour Gueule de mots mars 2010
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