Luchon
Air
transparent
Le
soleil irradie la montagne
dessine
ses contours au scalpel
Un
parapente cabriole dans l’azur
dans
une ivresse de plaisir
Un
planeur grimpe dans le ciel
au
bout d’un câble tendu de la terre
puis
dans un feulement il glisse dans la profondeur des cieux
Dans
la salle polyvalente de Saint-Mamet
la
veille
deux
hommes embarrassés d’une trop longue expérience
ont
conjuré les dernières apocalypses des inondations
n’ignorant
rien de leurs causes
de
leurs effets et de leurs prophéties
Le
matin les avions labourent le ciel
de
leurs fils d’araignée
Un
ancien encore
nous
a appris à connaître
par
le dieu Internet
leur
identification leur vitesse leur altitude leur destination
La
technologie fait fi de tous les secrets
Elle
est en soi le rêve sans limite
vendue
comme la seule entrave au temps
De
mon balcon incendié de soleil
je
guette des silhouettes courbées par l’astre majeur
apportant
leurs lots de détritus
dans
des poches de deuil
aux
bennes à ordures
qui
trônent dans la rue
Et
nous qui nous rêvions solaires !
©Christian
Saint-Paul
Ce poème accompagne la chronique de Christian Saint-Paul au
roman Les yeux de l’oursonne de Michel Cosem (2019), dont l’action
se passe à Luchon : à voir dans ce même numéro, à la rubrique Francosemailles
(où figure aussi une présentaiton de l’auteur). Le poème fut, nous dit son
auteur, retrouvé dans ses notes de voyage :
« Michel Cosem m'a appris à prendre des notes, comme des
croquis, sur les lieux marquants. J'ai retrouvé une de mes notes sur
Luchon, lors d'un séjour de printemps où je lus avidement Kenneth White. » (Christian Saint-Paul).
Merci pour ce partage ! Et en signe de solidarité
poétique, je me permets de citer également un passage de son éditorial du
21 janvier 2021 sur lespoetes.site :
« Dans
cette société du spectacle où tout converge vers le marché infini de la
communication, nul répit à ces mauvais orateurs qui s’affichent sur les
inévitables écrans qui polluent notre vie.
Ils
officient doctement, députés, sénateurs, élus locaux, journalistes,
politologues, les « spécialistes » que chantaient Jean-Roger
Caussimon et Léo Ferré.
Ils
encombrent les conversations de leurs clichés, ils s’embourbent au marécage
des lieux-communs, récupérés dans cette savante communication qui n’ose
plus s’appeler propagande.
Pour
échapper à cette emprise funeste, pour retrouver des figures inattendues
naissantes qui régénèrent le langage, les poètes répondent à l’appel. Leurs
images sont les visages d’une réalité qui n’a plus rien de factice. » (Christian Saint-Paul)
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