Le Salon de lecture

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LAURENT CHAINEUX



Quand sert au logis

Quand sert au logis
Le froid mordant de l'hiver,
Que le vieux poêle s'époumone
D'une buche encore verte
Crachant sa sève mousseuse
Aux flammes chancelantes,
Les corps se resserrent
à la chaleur des jours
Qu'on a laissés fuir
Et prolifèrent des mots
Qui ne se diront plus.
Des mots en trop
Des moribonds
à couvrir le silence
Qu'enserrent déjà
Les ombres des jours
Sans partage.

(tiré du recueil : zardes et Murmures)






Les beaux jours arrivèrent

Doucement
évaporant le froid.
Les recroquevillés s'étirant
Incendièrent, ventre creux,
Leurs paillasses de carton
Puis vinrent alimenter
Le cours grossissant de la rue.
Ce fut une éclosion
Il en venait de toute part
Et de mémoire de fleuve
De crue similaire
On ne connut point.
Les rues se mirent à enfler
Inondant les places
Les boulevards
D'une marée humaine colorée,
Souriante.
Partout déjà
Les molah, les molosses
Les seigneurs de la pub
Et les princes du négoce
S'étaient éclipsés.
Les faux philosophes
Et les prêcheurs se turent.
Brongniart déserté
S'écroulait, les banques
S'éteignirent.
Toi
Triomphale
Toute à l'ivresse de ces heures
Tu accourus vers moi
Dégrafant ta chemise.
C'est là,
à cet instant précis
Que mon réveil sonna
"Révolution"...

(tiré du recueil : zardes et Murmures)



L'écorchure


Un silence à tout rompre envahissait les jours,
Ou bien était-ce le tumulte de l'ennui
Assourdissant la chambre blanche horizontale ?
Le temps s'était figé, privé d'heures et de nuits
Sous un plafond mité, blafard, imaginal
Où je traçais des yeux d'improbables contours.
Jeanne avait déposé sur la table des fleurs,
Un glaïeul méprisant dans un bouquet d'iris.
Mais j'ignore qui est Jeanne, ou bien était-ce Blanche ?
Du bout des cils j'allongeais mes pâles esquisses,
Le galbe d'un sein ou la courbe d'une hanche,
Des corps enchevêtrés, des creux et des rondeurs,
Puis le plafond céda, comme une déchirure
Silencieuse et sournoise, d'une totale impudeur.
Alors une larme coula puis les corps churent.



Je marcherai léger

Fruit confus
Extirpé
Violé
Je suis mort
Au jardin
Des funérailles de l'infante
Assassinée.

J'ai
Dans le crâne
Un grenier
Que je promène
Avec ses toiles
Ses pinceaux de poussière
Coulés de la lucarne
Et
Dans le sac qui me courbe l'échine
Des années de plomb
Des siècles de silence
Et quelques brassées d'or.

Je dépose aujourd'hui mon bagage
Je marcherai léger
Sur la fin
De l'histoire.

Celle qui m'attend
Foule le raisin
Du vin
De nos épousailles.
   



Juste avant l'aurore

D'un métissage bleu
Aux yeux grands ouverts,
La nuit dilue son encre noire
A l'eau de l'aube, à l'heure blanche.
J'aime cette nuit qui flanche
Sous l'horizon d'ivoire
et la chambre qui s'éclaire
et réveille les feux,
L'ambre chamoisé de ton corps
et ton corps qui se cambre
juste avant l'aurore.
J'attends l'or de tes yeux
et ton sourire de nacre
et le sacre du jour
accroché dans les branches
où mille visages chiffonnent
Mes brouillons de mémoire.
Sous mes yeux entrouverts
Une biche à la roseraie vint boire
pour qui Sisera plus qu'Hever,
oserait, perdant la tête,
Le divin breuvage
D'un métissage bleu.






Textes  Laurent Chaineux


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Salon de lecture
Francopolis décembre 2011

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Créé le 1 mars 2002

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