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POEMES DE IRA FELOUKATZI

Présentés par Dana Shishmanian




Le poème cherche sa voix                     

La voix du poème veut sortir
et porter ses offrandes, ses fruits de miel
son souffle d’espoir,
son chant de bonheur.
Mais aujourd’hui rien ne sort de la bouche.
Le poème possible
reste encerclé par les tourments
enfermé dans la prison de l’esprit
scellé dans le béton du chagrin.

Quand au fond du puits
s’ouvre une brèche de lumière
le poème imaginaire frémit, respire, s’agite.
Du tunnel il surgit et demande,
Est-ce le bon moment pour m’accueillir ?

Il suffit de croire encore un peu à cette vie
pour lui permettre de prendre la parole,
de donner de la voix, d’exister.

Si l’ombre l’emporte sur la lumière
mort né le poème
restera dans l’option du possible,
sans jamais renoncer.

Les poèmes non écrits
amassés dans l’inconnu,
tendent la main aux poèmes vivants,
leur transmettent leur messages,
revendiquant sans cesse
leur place dans l’existence.

Voix, voix des poèmes  muselés,
bafoués, libérés, ressuscités,
un jour le dit et le non dit
vont se reconnaître, s’enlacer, s’aimer,
créer à l’unisson
un livre transcendant hors frontière
hors de l’espace, hors du temps.

(Inédit, 7/3/2013)







Corps d’été

Sans toi les hivers.
Ton souvenir s’étale,
remplit mes cahiers.
Où va te mener ce voyage ?

De loin tu me surveilles
tu me mesures.
Du sang blanc
coule sur ma poitrine.
Tu me portes à l’autel
le front couronné de lauriers,
des herbes parfumées sur mon ventre.

Tu m’as enveloppée d’un drap doré
corps sublime de l’été.
Maintenant tu me gardes
comme un dragon
dans sa propre tombe.

(Extrait de Mythologies d’amour, l’Harmattan, 2011)         



Heures brumeuses

Plusieurs jours vides ont passé.
Sans voir venir de nouveaux visages,
ni d’autres joies.
Vêtue de blanc,
restant maintenant seule
devant le miroir.
Gardant les vieux cahiers
pour compter les absences.

La figure de la fuite s’est pétrifiée
au bord du temps.
Surgissent de ma tristesse
des heures ternes
comme les vêpres
lentes comme les embruns des pluies.

J’ignore
quand apparaîtra une étoile
ou quand
des planètes entières s’effaceront
balayées par le vent.

Je marche aveugle, en tâtonnant,
sans boussole
emportée par la résonance du monde
qui chancelle.

(Extrait de Mythologies d’amour, l’Harmattan, 2011)




Insatiable regard

Dans des grottes profondes,
dans des paysages souterrains,
parmi les ombres tu marches
avec le manteau de la nuit
enroulé sur ton corps.

De tes pieds coule le sang noir,
blancs tes cheveux sur les épaules,
millénaires les rides de ton esprit.

Seuls tes yeux sont vivants.
Je n’avais rien d’autre pour languir,
seulement ce regard insatiable
qui me brûlait toutes les nuits,
me cherchais et me repoussait
loin, vers l’autre rive.

(Extrait de Mythologies d’amour, l’Harmattan, 2011)



Transfusion

Bel indifférent
tu dors auprès de moi,
immobile, impassible,
comme enfoui dans le sommeil éternel.

Le corps qui s’étale sur le drap
martyrisé à soupirer,
à aimer et à refuser
est tout ce qui reste de toi
après tant d’accidents,
tant d’hémorragies.
Parfois, tu te laisses aller
appuyé sur mon épaule
avec la confiance d’un enfant.
Crois-tu que je pourrais te ressusciter ?

Je me sers contre toi pour te chauffer,
le matin arrive vite.
Chaque aube
tu retires les tubes de transfusion
de nos artères
et tu pars plus glacial
vers un autre monde.

(Extrait de Mythologies d’amour, l’Harmattan, 2011)



Silhouette dimorphe

Le vent souffle à la folie.
Ne laisse pas la porte ouverte.
J’entends la vague m’appeler
tous les soirs.
Si tu coupes la corde
je vais nager sur le sillon de la lune,
jeter le filet
pour te recueillir des étoiles.

Le navire part lentement
dans la nuit.
Dans la forêt le chasseur
a tué ce soir les oiseaux.
Je me couvre du manteau de l’ombre.

Tu es sorti au jardin.
Tu as fusillé le chien
qui aboyait et nous réveillait.

Je regarde nos ombres
marchant unies
dans la nuit
silhouette dimorphe,
à deux têtes et un seul corps,
monstre ambigu
dans l’amour
et la dichotomie.

(Extrait de Mythologies d’amour, l’Harmattan, 2011)



Femme aux mille visages    
 
Femme transparente, idéale, mythique,
Qui flotte à travers  les siècles
Intouchable par l’ombre,
La violence, la pesanteur,
L’écume des désirs refoulés.
Traversant la rivière des larmes
Des  remords, des regrets.  
Femme Ange, égérie, muse, prêtresse
Règne dans le mystère des songes   
Incarnation d’un rêve inaccessible,
Icône sublime dans le temple du sacré.

Une autre femme cachée derrière son ombre,
Ses croyances, ses fantômes.                            
Femme soumise, prisonnière des limitations
Des interdictions, des devoirs,
Rétractée dans son refuge, dans son cocon,
Couverte par sa pudeur
Enfermée dans un jeu de rôles imposés,
Interdite, funambule
Qui évolue en marge de sa propre vie.

Elle, créatrice, libérée, dynamique, combative,
Compagne, amante, sœur, mère, amie.
Elle vit les pieds sur terre
Dans le présent, dans la lutte et le partage.
Ose revendiquer l’amour,
Le bonheur, au détour des épreuves
En forgeant son destin.

Femme fatale,
Femme - enfant, séductrice, courtisane.
Adulée, consommée, rejetée.
Fantasme masculin qui fascine et inquiète,
Incarne désir et répulsion,
Tremplin pour le paradis ou l’enfer.

Femme aux multiples visages
Forte et faible à la fois.
Dans chacune vit une autre
Dans chacune s’interroge l’autre
Chacune accomplit sa part
Dans le processus de l’évolution.

Elle et lui
Face à face, côte à côte.
Portant ensemble sur leurs épaules
Le poids du temps, du vécu, de l’histoire
Des chimères, des déceptions,
Des tragédies et des résurrections.

Elle et lui
Fusion, séparation, retrouvailles,
Incessante recomposition.
Couleurs qui se mêlent
Au tableau de la vie, notes de musique
Qui se complètent, s’harmonisent,
Dans la symphonie de l’orchestre.
Elle et lui
Traversant les ombres en quête de lumière
A travers les siècles,
Jusqu’au bout du monde
Eternellement.

(Inédit, 30/1/2010)





Née sur l'île de Samos en Grèce, Ira Feloukatzi a fait des études de journalisme en France.
Depuis 1966 elle vit à Paris. Elle travaille comme journaliste, correspondante de presse et de télévision grecque. Elle a également collaboré avec des journaux, revues, télévisions et radios françaises.
Spécialisée dans les questions européennes et helléniques, et dans l'analyse de l'actualité politique et sociale, elle aborde aussi des sujets de civilisation, d'art, de culture et de réflexion spirituelle.

Ira Feloukatzi fait partie du mouvement des poètes français et participe régulièrement à de nombreuses manifestations littéraires à Paris ; elle accompagne depuis une dizaine d’années le Printemps des poètes.

Sa bibliographie poétique s’articule sur les deux volets de son univers linguistique : la poète écrit en grec, et traduit elle-même ses poèmes en français. Il y a dans son œuvre une urgence de l’expérience ultime, celle de l’amour, celle de l’initiation, celle de la mort : la poète vit dans l’extrême lumière, là où rien ne peut plus être caché, soustrait, menti ; son être s’offre tout entier à la présence de l’autre, voire à son absence se découpant dans les ombres d’une tragédie intime, sublimée, sous l’action d’un Dieu inconnu qui, on dirait, remodèle l’être, tel un sculpteur sa matière. Une grande flamme consomme cette âme vibrante, qui se révèle puissante par la charge mythique qu’elle porte, tout en la transformant, fragile dans sa quête jamais assurée, meurtrie par des épreuves auxquelles elle a la force de ne pas se soustraire.  Une écriture faite de saillis violents et de douceurs lumineuses, de brusques lames de fond surgissant à l’improviste, entrecoupées des reflets vivaces d’un quotidien qui surprend le rêve ; une grande variété de tons et de timbres, qui vous enveloppent et vous portent, en toute simplicité, comme au travers d’un labyrinthe, pour vous clouer, à chaque détour, aux abords d’une arène où l’on vous fait témoin d’une tauromachie rituelle.
La poète confesse dans un petit poème intitulé Amour : « C’est de toi / que commence mon chemin. / De tes épaules / s’ouvrent mes ailes. »

Bibliographie :

- Mythologies d'Amour, Poésie bilingue Grec-Français, Préface de Philippe Tancelin, L'Harmattan, 2011
- Le Dépassement - voyage intérieur vers la lumière (signé Argenta Estrella), éd. Lanore 2005, éd. Livanis 2006
- Résonances, édition bilingue, co-édition l'Harmattan – Livanis, 2001
- Paysages vibrants, poèmes accompagnés de dessins originaux de Alekos Fassianos ; préfacé de Vassilis Vassilikos, traduit du grec par Michel Volkovitch, L'Harmattan, 2000

Quelques Liens:
Site de Ira Faloukatzi: présentation, ses livres, ses poèmes...
Le printemps des poètes : extraits de sa poésie...
Marché de la poésie : poèmes en chansons...et plus

Elle sera ce 12 Juin 2013 à 20:00 en Sorbonne  :
ESCALE POÉSIE ET CHANSON, avec les poètes Ira Feloukatzi et François-Xavier Maigre, et les chanteurs et groupes Céline Ollivier et Et Maxence.-
Amphithéâtre Guizot (17, rue de la Sorbonne, Paris 5ème).
Entrée gratuite sur réservation obligatoire au 01.40.46.33.72 ou par courriel: agenda-culturel@paris-sorbonne.fr


Ira Feloukatzi
recherche Dana Shishmanian
Francopolis juin 2013



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Créé le 1 mars 2002

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