Le Salon de lecture

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SALON DE LECTURE - JANVIER 2016
les derniers-poèmes, sélection

Luc-André Rey

« Qui écrit un poème ne tente pas d’aller en terre de poésie.
Il en revient.
»


https://www.facebook.com/lucandre.rey
(photo accompagnant le poème brume du 14 juillet 2015)


[l’horizon]


l’horizon

ne cesse de

ce matin se dépose au bord de la fenêtre
je ne peux aller plus loin

et j’attends tout le jour qu’elle efface son nom

ne plus être ces regards qui m’expulsent de mon corps

la nuit se fera corps
et mon corps cela qu’on ne peut que la nuit
 

ils seront les pas où la nuit me viendra
si lents je ne saurai pas ce que la nuit m’en sera

et l’aube à la fenêtre,
cette aube dont je ne sais rien
là,
au creux de mes mains à tout ce que je ne suis pas

                            (Dernier texte et dernière présence sur Facebook, le 20 juillet 2015)



le corps de

le corps de
mille détours s’y accorder
et un jour
désarticulé
ne reste corps
que le corps de
on aura beau mille tenter
détours ne sont que dépassés

le corps de
celui qui nous garde de la mort
disloqué n’est plus que le corps
assis au bord de ce qui est
on est là ce qui est sans fin
nos corps un à un disparaissent
ne reste plus
que le corps de

ce corps on n’en sait pas le nom
le nôtre n’était lui qu’un habit
l’entendre le dire ne sert plus
se redresser
même pour rien

et on le sait, un proche matin
ne sera là que le corps de
dans le corps de

                  (Enfin un bon texte ! – email du 18 juillet 2015)


***


marcher

marcher
et marcher pour se perdre

à la juste vitesse où on ne connaît plus rien
des choses
du quotidien

il suffit de bien peu
quelques pas
quelques pas

à la juste vitesse

on se perd. on se perd

enfin
on redevient

ce qui nous est humain

marcher pour cet amour dont le corps m’échappe toujours à cet instant où je le tente caresses

marcher
à perte de chair

au flanc de ce vertige qui nous invente chair


marcher
pour simplement se taire

se taire
ce qui nous est
ces mots
où on s’invente
le monde
à nos pieds


marcher
pour les tuer
sueur
ces dieux qui nous inventent

sueur
les adorer


marcher pour cet amour qui ne cesse d’échapper


marcher
pour là ce lieu
où enfin je m’arrête

le silence
me chair
ces cris
que je ne peux plus

là plus rien de mon souffle


marcher pour cet éclair à l’extrême des fatigues

la chair là n’est plus
pourtant

on continue


marcher pour rattraper cette étoile, unique, qui nous montre ce chemin qu’on ne peut que le corps


marcher parce qu’est ainsi
le monde

tout, en mouvement


marcher pour cette étoile
qu’on perd

à s’arrêter


marcher car de marcher ne reste que l’essentiel

le corps
évidemment

et autour le corps ce qu’on peut un dedans


marcher
pour cette musique

que chante
sous nos pieds

ce corps
ce corps ce monde ces hautes harmonies où nous sommes vivants


marcher pour s’abrutir
s’assourdir
s’aveugler

à chaque pas risquer le gouffre s’y engloutir

et chaque pas la merveille l’étoile sur la nuque,
celle qu’on ne verra jamais

nous empêche la chute en ce que nous sommes ce monde


marcher à perdre chair
perdre cœur
 
se taire

et là, nous vient le monde
entier

n'en savons rien


marcher
pour la fatigue

l’extrême où le corps lâche enfin les amarres

et là
là l’océan

le vaste de la matière avant toutes les choses


marcher
pour la rencontre

de cela
que parfois
on peut enfin

visage


marcher, pour la rencontre, de cela, que souvent, on n'ose plus
espérer

(marcher, Facebook et email du 17 juillet 2015)


****


au bord de l’étang




                                    (au bord de l’étang, envoyé par email le 1er juillet 2015)






les poètes

ils forgent
à l'aube
toujours à l'aube
dans le feu que les yeux ne peuvent qu'aveuglés

ils forgent
la peau sueur et le cœur animal
 
ils forgent à grands coups d'âme les lames de nos rêves
 
les saurons-nous brandir ?
déchirer l'irréel où nous rêvons
dormants
cette aube qui nous est chair avant nos yeux perdus

les saurons-nous, dressés, dans l'éclat du soleil ?




une promenade dans la forêt

c’est une forêt obscure
de celle qu’on n’ose pas sans y aller clarté

mais ne vous y trompez pas
aucune de ces clartés qui viennent du dehors ne peut y éclairer

c’est une forêt obscure
de celle qu’on ne peut clarté que ce qu’elle est clarté

un pas tout disparaît
tout disparaît son seuil de ce qui est dehors et s’élève tout autour
ce qui l’a fait forêt
les vieux
les vieux arbres qui se taisent où passe l’aveuglé

il arrive qu’ils parlent
en une langue que les hommes ne savent plus leurs lèvres
ils parlent les écorces, les branches dans le vent
la splendeur du soleil qu’ils adoucissent feuillage
et qui sait les entendre
les vieux arbres
se taire
sait sa peau une écorce où l’homme change de chair

devient
dans la forêt
dans la forêt obscure l’enfant d’une lumière qui éclaire le monde
depuis les premiers temps

                    


Pour avoir une idée de la manière dont l’auteur concevait la lecture du dernier texte reproduit ci-dessus, visualiser le fichier



(les 3 derniers textes sont extraits du recueil inédit Palimpsestes,

version définitive par l’auteur le 22 juin 2015)


Luc-André Rey
  recherche Dana Shishmanian
janvier 2016


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Créé le 1 mars 2002

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