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hasard de nos rencontres |
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SALON
DE LECTURE 4e trimestre 2024 Patricio Sanchez Rojas : « Je peux
dire que la poésie m’a sauvé » Entretien et poème (*) Patricio
Sanchez Rojas avec Jean Joubert |
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ENTRETIEN (novembre 2024) Patricio, tu écris quelque
part dans ton recueil « L’exil est une histoire aux nombreuses
pages » : « Quand on voyage, on devrait fermer les yeux ». Cette phrase,
à première vue paradoxale, me semble en dire long sur ta poésie, sur ces
libres enchaînements d’images lumineuses, parfois énigmatiques, comme vues
depuis la fenêtre d’un train, souvent déployées dans tes poèmes. Une
invitation, semble-t-il, au rêve et à l’enfance. Comme s’il y avait un rêve à
reconstruire, une terre à réenchanter. Peux-tu nous
en dire plus sur ton désir de poésie ? Comment est né ton goût pour
l’écriture, d’où vient-il, et pourquoi, au fond, écris-tu ? ooo Tout d’abord, Éric, je voudrais te remercier pour
ton invitation à participer à cet échange sur la page que tu animes pour Francopolis.
Je vais m’efforcer de répondre au mieux à tes questions. Je profite de cette occasion pour te dire combien
j’ai été touché par ta
lecture attentive de mon recueil, L’exil est une histoire aux nombreuses
pages, publié par Mikaël Saint-Honoré aux Éditions L’Aigrette, avec
une couverture signée par l’artiste canadienne Nancy Friedland. * Mon recueil est à la fois un journal de bord et un
témoignage. Sa thématique est un clin d’œil à ma famille, contrainte à l’exil
en France en octobre 1977 après son expulsion du Chili par le régime de
Pinochet. Écrire sur l’exil a donc été une manière de «
remettre les pendules à l’heure ». Tant de personnes écrivent aujourd’hui sur
l’exil alors qu’elles n’ont parfois jamais souffert ni de déracinement, ni de
la violence d’une dictature. * Les exilés quittent souvent un « paradis » où
s’entassent des souvenirs et une géographie souvent extraordinaire. C’est mon
cas. Le Chili que j’ai connu m’a toujours émerveillé par sa flore et sa
faune, ses paysages et ses habitants. J’ai énormément rêvé dans ce pays à la
« folle géographie ». * Entre mes neuf et quinze ans, j’ai beaucoup voyagé
en train, en famille ou seul. J’ai grandi dans les trains chiliens. J’ai pris
toutes sortes de trains, des plus modestes aux plus luxueux. J’ai voyagé dans
des trains bondés où j’avais pourtant toujours une place. Les trains chiliens
d’avant la dictature étaient peut-être les plus modernes d’Amérique latine,
héritage de l’influence anglaise. On y parlait, on y mangeait, une véritable
camaraderie s’y développait. Ces trains spacieux me faisaient rêver. Voir la Cordillère des
Andes tout au long du trajet, les volcans, les rivières, les champs… c’était
pour moi comme être devant un écran de cinéma. Un véritable émerveillement. * Au lycée, à Talca, au centre du pays, j’ai eu des
enseignants qui m’ont transmis le goût de la lecture et de l’écriture. À
treize ans, j’ai eu pour professeure d’espagnol Mme Magda Muñoz.
C’est elle qui a éveillé en moi ce plaisir pour l’écriture. Bien sûr, à cette
époque, mon niveau d’espagnol était assez modeste, mais elle nous motivait à
lire la littérature espagnole du Siècle d’Or, celle du XIXe siècle, ainsi que
le théâtre classique. Elle nous faisait aussi écrire de la poésie. Souvent, mes poèmes (d’amour) n’étaient pas d’une
grande qualité, mais j’osais parfois les offrir à une jeune fille. C’était
aussi l’époque où j’écrivais des histoires amusantes que je lisais à ma
famille et à mes amis. Nous étions en pleine dictature, la répression était
à son comble, les morts se comptaient par centaines. Les militaires étaient
partout dans les rues. C’est à ce moment que j’ai découvert Gustavo Adolfo
Bécquer, Gabriela Mistral et Pablo Neruda. J’écoutais aussi Violeta Parra, Víctor Jara et d’autres
artistes de la Nueva Canción
latino-américaine. * Lorsque je suis arrivé à Paris, ma famille et moi
avons habité à la Maison de France, à Fontenay-sous-Bois, un foyer réservé
aux réfugiés d’Amérique latine. La vie dans ce lieu était complexe, marquée
par les difficultés personnelles et psychologiques de chacun. La musique, la
lecture et l’écriture étaient alors d’excellents passe-temps. Je me suis acheté un beau cahier et un stylo à
encre, que j’utilisais surtout pour écrire des lettres à des amis ou à la
famille. Parfois, j’y écrivais aussi des poèmes. De mauvais poèmes, sans
doute, mais que j’aimais bien. * Le vendredi soir, la mairie de Fontenay-sous-Bois
organisait des rencontres littéraires, et nos lectures étaient diffusées à la
radio. J’y allais avec plaisir. Un soir, j’ai même eu l’occasion de lire
quelques poèmes en direct. Cela m’a beaucoup plu. Plus tard, le service culturel de la mairie m’a
invité à participer à une soirée au Centre Pompidou, en 1984. Ce fut un
déclic dans mon modeste parcours de poète débutant. *** Ton goût pour la
poésie est donc né dans ton pays, à l’adolescence, au plus fort de la
répression par le régime de Pinochet. Tu mentionnes que tes poèmes étaient à
l’époque « d’amour » (et me semble-t-il ils le sont restés), et
cela me rappelle la phrase placée en exergue de « L’exil est une
histoire aux nombreuses pages » : « Mon pays natal sera
toujours une femme ». Comme si tu naissais de l’amour même que tu portes
à ton pays, comme si le poème écrit pour la femme aimée était précisément ton
acte de naissance. Naissance donc contre la dictature, contre la mort… Mais
ta phrase dit plus, me semble-t-il : que le pays natal n’est jamais
figé, qu’il est sans cesse à réinventer, mais que l’amour (natal) lui demeure
le même. Est-ce bien cela ? L’amour me semble être l’âme de ta poésie,
est-ce que je me trompe ? Dirais-tu, en réponse à l’une de mes
interrogations, que tu écris pour aimer ? ooo En effet, mon goût pour la poésie est né au Chili,
bien avant la dictature de Pinochet. Ma mère était passionnée de poésie et de
folklore latino-américain. Comme de nombreuses femmes chiliennes, elle
portait une grande admiration à Gabriela Mistral et aux poètes hispanophones.
Elle était également une lectrice avisée depuis sa jeunesse, possédant une
bibliothèque assez complète, avec tous les classiques de la littérature
universelle. Elle connaissait, en particulier, les œuvres de García Márquez,
ainsi que celles de Cortázar et de Borges. Elle récitait les poèmes de Juana
de Ibarbourou, tout comme ceux d'Alfonsina Storni ou de Neruda.
Son influence fut très importante pendant mon enfance. Mon frère aîné jouait,
par ailleurs, à la guitare les œuvres des poètes de la génération Lorca. J’ai
donc baigné dans ces deux univers. C’est pour cette raison qu’avant mes dix
ans, je connaissais par cœur plusieurs poèmes d’Antonio Machado, le poète des
Campos de Castilla. * À cette même période, je suis parti vivre dans le
sud du Chili, précisément dans la ville de Valdivia, une région mapuche à la
nature exubérante. C’était l’époque où je prenais une locomotive à vapeur
depuis Temuco. Et je l’avoue : je suis tombé amoureux de ces paysages, comme
je l’avais été auparavant de la découverte de l’océan Pacifique ou de la Cordillère des Andes. J’éprouve un amour immense pour
cette nature indescriptible : ses rivières, ses lacs et ses cascades. C’était aussi l’époque où je lisais les poèmes
d’amour de Pablo Neruda, qui ne cessent de m’émerveiller par leur beauté. * Toutefois, j’écris pour récupérer un espace perdu.
Ma poésie est ma fenêtre ouverte sur le Cap Horn,
d’où je vois passer les navires et tous ces paysages que j’évoque à ma
manière, sans la moindre nostalgie. Une sorte de rêve qui s’entrelace avec la
géographie où j’habite désormais. Il m’arrive, parfois, de dénoncer les tortionnaires
et les militaires qui ont brutalement mis fin à la vie démocratique du Chili.
Cependant, je reste une personne pragmatique, car je sais parfaitement que
mon pays d’adoption est la France. Un pays que j’aime profondément. C’est le
pays de mes enfants et de mon épouse, où je me sens bien, malgré les
difficultés d’intégration que j’ai pu rencontrer. La France m’a offert une
famille, la liberté, des amis. Cela m’a permis de me reconstruire, d’exister
à nouveau après avoir vécu sous une dictature sanglante. *** Patricio, tu nous
en a dit déjà beaucoup sur ta démarche de poète, en
lien avec ton histoire particulière d’exilé qui a su reconstruire une terre à
habiter, et cette question sera donc la dernière. Tu écris quelque part dans
ton recueil: « Il s’agit de reconstruire /
l’endroit où nous vivons / près d’un nuage », nuage qui est peut-être
cette fenêtre dont tu nous parles, ouverte sur tous ces paysages aimés, que
tu contemples néanmoins sans nostalgie, nous dis-tu, car, si j’interprète
bien, ton passé est complètement intégré à ton présent. J’ouvre un autre de
tes recueils, « Les Disparus », publié à La rumeur libre en 2017,
et tombe sur cette strophe : « Tu passes tes journées / à écrire /
des poèmes d’amour / à des personnes / que tu ne connais pas ». On sent
à quel point l’écriture est pour toi acte de vie, et d’intégration. Cette
passion, la poésie, qui t’accompagne depuis l’enfance, quel rôle a-t-elle
joué dans ta reconstruction ? Lui dois-tu quelque chose ?
T’a-t-elle aidé à surmonter les difficultés de l’exil ? Voilà, nous
sommes au terme de cet entretien, et je tiens à te remercier pour tes
réponses riches et précises. ooo Pour répondre à ta troisième question, je peux dire
qu’en arrivant en France, en octobre 1977, la poésie a toujours occupé une
place essentielle dans ma vie. Auparavant, au lycée, on m’avait demandé quel
métier je souhaitais exercer plus tard. J’avais répondu que mon rêve
d’adolescent était de devenir basketteur. Mais je pensais gagner ma vie comme
professeur d’anglais ou journaliste. Finalement, la dictature militaire a
décidé autrement. À Paris, j’ai travaillé pendant plusieurs années à
l’Institut Claparède de Neuilly, auprès d’adolescents en difficulté. Je me
souviens de mes trajets à travers la ville, un carnet de poèmes à la main et
un sac en cuir rempli de livres que je dévorais. Mes amis latino-américains savaient que j’étais un
jeune poète. Très souvent, je leur lisais mes poèmes. La communauté chilienne
en exil m’a énormément encouragé dans cette démarche. Ils ont publié certains
de mes textes dans des revues d’exilés qui circulaient en Europe. Par la suite, j’ai eu l’honneur d’être invité à
faire connaître mes poèmes dans une anthologie éditée par deux professeurs
latino-américains de l’université de Perpignan. À l’université de Montpellier, des professeurs
d’espagnol ont publié mes poèmes dans leurs revues de recherches
ibéro-américaines. Parallèlement, j’animais des ateliers d’écriture au sein
de l’université. Plus tard, mes poèmes et recueils ont été mis en lumière
lors d’un colloque international en France, grâce aux professeurs Alejandro Canseco-Jerez et Pablo Berchenko. Il est vrai que la poésie m’a aidé à me
reconstruire. Heureusement, j’ai pu m’appuyer sur cette passion dans les
moments difficiles. Dans ce parcours, des amis très chers m’ont soutenu, mais
surtout ma famille, qui a toujours été présente pour m’encourager. Une
véritable boussole. Ils ont financé mon retour au Chili après la chute de
Pinochet pour que je puisse m’y établir. Là-bas, les poètes chiliens m’ont
accueilli au sein de la Société des Poètes Chiliens. Mais, après plusieurs
années en France, un retour définitif était devenu impossible. Mes parents adoptifs – ma sœur et mon beau-frère –
ont toujours été à mes côtés pour m’aider à avancer. J’ai une grande
admiration pour leur courage et leur intelligence, tant pendant la dictature
que par la suite, ainsi que pour leur engagement politique et scientifique. Tous deux étaient de jeunes professeurs à
l’université Austral du Chili lorsqu’ils se sont engagés sous le gouvernement
de Salvador Allende. Malheureusement, la poésie ne suffit pas toujours à
se reconstruire. En France, j’ai perdu mon neveu, mon frère. L’exil a été,
sans doute, un fardeau trop lourd pour lui, malgré ses talents de brillant
professionnel et d’excellent musicien. * Pour conclure cet échange et ce témoignage, je
souhaiterais évoquer les ateliers d’écriture que j’anime depuis de nombreuses
années, principalement dans la région Occitanie, mais aussi ailleurs. Ces ateliers, ouverts à tous, me permettent de
transmettre ma passion pour l’écriture – cette passion qui m’a sauvé – à des
groupes de personnes désireuses de partager un moment autour de la poésie.
Ces rencontres ont beaucoup de succès auprès des participants, qu’ils
s’expriment en français ou en espagnol. On m’invite, par ailleurs, très
souvent dans des librairies ou des médiathèques pour des lectures publiques
ou ateliers d’écriture. Lorsque j’enseignais la littérature
latino-américaine à l’université de Nîmes, on m’a également proposé d’animer
une unité d’enseignement en deuxième année, consacrée à l’écriture. Je garde un très beau souvenir de ces ateliers. Les
étudiants y créaient des textes, des poèmes ou des livres-objets, dans une
ambiance fraternelle et créative. Pendant de nombreuses années, j’ai également animé
bénévolement l’atelier d’écriture de la Maison de la Poésie Jean Joubert et
celui du Musée Paul Valéry. Le partage, la fraternité et la quête de la beauté
ont toujours été mes objectifs. Les participants et les poètes qui y ont pris
part s’en souviennent encore. *** POÈME Je peux dire que la poésie m’a sauvé Les
villes d’Europe sentent la bière et la frite et dans chaque train vas viajando para no volver jamás à ton
enfance Les
flammes de Notre-Dame llegan al cielo et ta solitude ressemble à une île du Pacifique Pays,
où les moaïs
sont en pierre et leurs visages semblent indescriptibles como el infinito, Tu
es venu en France para nacer en los suburbios de París sans dire au revoir à personne Pues la gente allá en Santiago en Valdivia en Valparaíso souffraient de la répression, de la torture... enfin, Ton
père adoptif avait laissé les entrailles dans une prison du sud
la torture / l’obscurité de la cárcel El
ruido de las rejas metálicas ont
ciselé à jamais ce chemin où tu marches maintenant, vagabundo del alba, Tu peux te dire que la poésie t’a sauvé, mon vieux, voyageur immobile de las sombras Pour
revenir à un endroit inexistant de cette ville où les militaires los pacos hoy siguen apaleando Matando asesinando torturando les
gens disparaissent encore comme aux temps de
Pinochet (ce voleur de poules) Aujourd’hui
encore matan a la
gente por las
calles comme jadis en los barrios en las esquinas À
nouveau on assassine les gens dans les rues, ils font disparaître les cadavres des étudiants des photographes Des
employés des mapuche on tire à bout portant, y nadie
dice nada, et personne ne dit rien, Tu
disais récemment que la poésie t’a sauvé, gurise, y escribes este poema en esta vieja
Europa où La
felicidad es un arbre mas tú vives pensando en tu patria que te matan, los canallas Patria perdida, pays perdu, es extraño imaginer un volcán lointain Un
visage un aljibe car l’exil est un cercle inexistant, Tu
manges ton pain : ce n’est pas ton pain, A veces quisieras escribirle un poème a una piedra Pero te duele la sangre por las
calles, ce sang de ton peuple qui se déverse dans les rues Cual un río infinito por las
calles il n’y a pas de mots à tout cela no hay
palabras, Dices, comme un arbre de fuego te estás desvaneciendo, Comme
un arbre en feu hoy despiertas gritando en este cauce Il
te faudra –bien sûr- respirer treize fois par minute Y escuchar ese llanto por las
calles ces cris ces pleurs cette révolte, Tu
vivais dans une rue du Chili qu’auparavant on appelait rue de la Fraternité, Ta
ville était un huerto un caballo una montaña nevada un volcán Ton
pays se réveille maintenant tu maudis la poésie conçue comme un luxe culturel por los
neutrales Mas
quisieras arrancarle las sombras a tu patria y devolverle las manos à ton pays perdu A
ta fenêtre australe dans une vague égarée du Pacifique Quand
ton figuier ouvre un oeil Quand
ta montagne pense à toi De
repente te abraza la muerte de ton frère la guitarra de Víctor Jara El
corazón de Neruda bate en tus entrañas comme une hélice de sable Il
bat dans tes entrailles qui cherchent un chemin dans les ailes du colibri Dans
cet exil qui n’est plus ton exil car l’exil n’existe pas dans la poussière des siècles En
otoño il est parfois étrange que l’on meure d’amour de ne pas avoir un pays Je
disais qu’au Chili la sangre corre por las calles te acuerdas Federico ?, te acuerdas Rafael ?, te acuerdas Antonio ?, Ta
valise a traversé les Pyrénées Collioure Rivesaltes Nîmes Arles Tout à coup tu te souviens du camp d’Argelès-sur-mer, Tu te souviens du camp du Barcarès Tu te souviens du
camp de Saint-Cyprien Tu te souviens du
camp du Vernet d’Ariège, Tu te souviens du
camp de Septfonds, Tu te souviens du
camp de Rieucros, Tu te souviens du
camp de Gurs, Tu te souviens du
camp de Bram Tu te souviens du
camp d’Agde Tu te souviens du Stade National Tu te souviens de Chacabuco Tu te souviens de Villa Grimaldi de Tres Alamos De Dawson Bizarrement
ta valise reste toujours fermée en souvenir de tous ces hommes en souvenir de toutes ces femmes en souvenir de tous ces enfants en souvenir de tous ces jeunes torturés détruits massacrés exilés Todo ese sufrimiento
es el mío todo ese sufrimiento es el
tuyo Toutes
ces luttes se ressemblent hier aujourd’hui l’artisan le poète... le combattant... En
Espagne le ciel lourd et sombre portait le visage du tyran Avez vous entendu parler du Winnipeg ? El Winnipeg era un barco con anclas y banderas comme un refuge d’acier Pendant
la guerre subieron en este
barco hombres y mujeres con la espalda en el vacío Des
ouvriers des professeurs des femmes enceinte des enfants de l’Espagne toute entière Subían en aquel barco para no volver jamás por el Atlántico Iban les refugiés en pleurs comme l’oranger Ouvrant
un chemin dans les ténèbres d’un nuage sur les vagues d’un pays que je connais si bien Dans
chaque port chilien on vous disait bonjour cette année 1939 sur les vagues immenses de Valparaíso Pays
perdu refuge des pélicans de loups marins et de navires blessés aujourd’hui ces mains te rappellent Como el agua transparente entre les rochers et le sable arena brûlant comme une forge Comme
un volcan qui cherche dans ses veines la lumière oiseau phare blessure chair de la chair carne de la carne Arbre
bleu oiseau bleu Géographie
en échasses Je
te nomme ici un instant, pays perdu Tel
le souffle du volcan sur la cendre Quand
la neige de l’exil brûle éternellement à la racine Entre
la pierre et cette montagne des Andes Entre
ton regard et le monde Comme
cet arbre qui laisse que ses branches brûlent sous l’orage du mois de mars Juste
pour se réinventer juste pour resurgir sous les pierres du chemin Pierres
petites pierres du chemin pequeñas piedras del camino Juste para re-in-ven-tar el
mundo Solo
pour ré-in-ven-ter le monde Este
mundo donde vivimos entre la sangre de tus muertos tan amados y la de los míos Ce
monde où nous vivons entre le sang de tes morts si aimés et celui des miens Pays
perdu patria perdida Volcán que te dibujas en la memoria de los días En
todo lo que tú puedes y lo que puedo Parmi
tout ce que tu peux et ce que je peux Pays
perdu pays perdu pays perdu En
todo lo que tú puedes y lo que puedo Parmi
tout ce que tu peux y lo que puedo Pays
perdu pays perdu pays perdu Entre
Collioure et Patagonie. Entre
mon exil et ton exil. Pequeña piedra del camino. Petite pierre du chemin. Pequeña piedra del camino. (inédit) ©Patricio
Sanchez Rojas |
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(*) BIOBIBLIOGRAPHIE Patricio SANCHEZ-ROJAS est né au Chili en 1959, où il a passé
son enfance et une partie de son adolescence. En 1977 sa famille s’installe à
Paris, puis il séjourne quelques années à Madrid et à Portland. Il est poète,
enseignant, traducteur et animateur d'ateliers d'écriture. Il enseigne
l’espagnol au collège, au lycée et à l’université. Naturalisé français en
1993. Il fut remarqué par Jean Joubert, qui écrira la préface de son livre Le Parapluie rouge (Domens, 2011). Ses
poèmes figurent dans diverses revues de littérature et anthologies
françaises, italiennes et hispanophones. Il a obtenu plusieurs récompenses
littéraires au Chili, en Espagne et en France. En 2014, il participe au Festival Voix Vives de
Toledo, la même année il rejoint l’équipe des animateurs du Festival Voix
Vives de Sète. En 2018 il est poète invité au
Ramallah-Poetry Festival, en 2023 il participe à la
Rencontre International de littérature hispano-américaine à l’Institut
Cervantès, Paris, et au Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges (FIG).
Il collabore également avec le groupe de musique VIDALA, autour de la Nueva Canción de l’Amérique
latine. Il réside dans un village proche de Montpellier. Bibliographie : —Poèmes du bout
du monde, Éditions Unicité, 2024. —L’exil
est une histoire aux nombreuses pages, Éditions de l’Aigrette, 2024. —Et
pourquoi le chemin.../ Y por qué
el camino…, La rumeur libre, 2021. —Cahiers
de la Méditerranée/ Cuadernos del
Mediterráneo, Domens,
2019-2021. —Les Disparus, La
rumeur libre, 2017. —Journal d’une seconde, avec préface de Jean Joubert, L’Harmattan,
2015. —Terre de feu, suivi de Nuages, Domens, 2013. —Le Parapluie rouge,
avec préface de Jean Joubert, Domens, 2011. —Le
Parapluie rouge, Encres Vives, 2011. —Nuages, Obsidiana Press, 2008. —El Calendario de la Eternidad, Sociedad Internacional
de Escritores (S.I.E), 2007. —Breve Antología Personal y otros poemas, Los Andes, 2000. —Montpellier, trois minutes d’arrêt, Los Andes, 1996. —Poèmes écrits dans un Café, Imprimerie Université Paul-Valéry de Montpellier, 1991. —Sea la
luz, Nueva Poesía de Chile, Editorial
Marana-Tha, 1990, (co-auteur). Livres, revues et
colloques universitaires : —Conférence-rencontre
avec les étudiants de L2 et L3 LLCER, Université de Grenoble Alpes, 2021. —Paul Valéry et la Méditerranée, Musée Paul Valéry, Editions Fata Morgana, 2019. —Peinture et Poésie, Musée Paul Valéry, Sète, 2018. —Le livre pauvre, autour de Paul Valéry, Musée Paul Valéry, Donations
Daniel Leuwers, Sète, 2018. —Colloque Écologie de la
création, Centre de recherches LASI et LLACS, Université Paul Valéry de
Montpellier, 2013. —Colloque International,
Centre d’Etudes de la traduction, « Les
stratégies des écrivains des Amériques pour faire connaître leurs œuvres en
France », Université de Metz, 2001. —Revue IRIS, Centre de
Recherche sur les Littératures Ibériques et Ibéro-Américaines, Université de
Montpellier, 1988. —Revue de Création et de
Critique Littéraire, Ventanal N°12, Université de
Perpignan, 1987. —Revue Rastro, Université Paul Valéry de
Montpellier, 1986. |
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le 1 mars 2002