Septembre-Octobre 2021
Une Vie, un
Poète :
Malcolm de
Chazal – 40 ans après.
Hommage par
Jeanne Gerval ARouff

Jeanne Gerval
ARouff, Un basalte nommé Malcolmsmok - à l’exposition Autour
de Malcolm (Malcolm de Chazal Art Gallery,
Lake Point – Curepipe, 8-26 mars 2006).
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MALCOLM de
Chazal, L’HOMME-FEE
« Je
suis l’homme créé pour lier l’homme, l’univers et Dieu. »(1)
1er octobre
1981. Malcolm de Chazal s’est éteint. La télévision locale vient de
l’annoncer. Le peintre, poète et philosophe mauricien, visionnaire de
génie, n’est plus. Celui-là même qui explora les cartilages lémuriens de
nos montagnes ; celui qui donna à l’île Maurice sa mythologie première,
rassemblant, au-delà de toutes dissensions, son peuple pluriel. Le poète
est retourné au Grand Tout. J’interroge la nuit. Les nocturnes australes
sont parmi les plus belles d’octobre. Mais ce soir, La Croix,
indique-t-elle toujours le Sud ? Les étoiles, scintillent-elles comme
aux soirs où le poète lisait dans leur Grand Livre ? Ce Mage unique,
ce Mage-Mutant, peut-il se retirer sans que l’univers en soit
bouleversé ? Voici le constat sentencieux de celui dont la vie et la
Poésie furent indissociables :
« la
poésie seule
peut sortir
l’humanité
de l’abîme où
elle se trouve
car elle est
la seule
puissance
rédemptrice
ayant seule
la clé de
tout. »
C’est la
route à suivre pour atteindre la Connaissance. « Le but de mes
recherches poétiques n’est autre chose que de trouver la Connaissance »,
confie Chazal. « À mon sens c’est stupide de croire que l’on peut
connaître l’homme si l’on ne connaît pas la fleur, que l’on peut connaître
Dieu si l’on ne connaît pas le sens occulte de la pierre. La connaissance
est indivisible et cette connaissance indivisible a été perdue. Pour la
retrouver, il faut sortir de la poésie courante. »(2) Et parvenir aux noces mystiques
du conscient et de l’inconscient. Sa méthode sera le sixième sens : le sens
de perception.
En ce
centenaire de sa naissance, qu’il me soit permis de rappeler la
participation immensurable de ce génie méconnu à l’œuvre créatrice
universelle. Cet homme-fée qui sut faire « retour à la vie magique
(…) dans l’harmonie de l’Univers »(3),
toujours. Il n’aura certes pas failli à ses responsabilités de créateur :
faire avancer l’humanité. De plus, tout au long de sa quête, il revitalise
le langage, d’une envoûtante singularité. Puissante à rappeler l’âge où la
parole était miracle. « Les enjeux symboliques et surnaturels que
les anciens avaient perçus dans la poésie se retrouvent conservés dans la
pensée chazalienne, sous leur forme la plus
pure », écrit Christophe Chabbert(4).
Hommage à cet
homme qui sut être conduit dans toute la magnificence de l’énergie divine
en lui.
(1) In Bernard Violet, Malcolm
de Chazal. L’Ombre d’une île. – L’Ether
Vague (Patrice Thierry Éditeur), 1994, pp.18-19
(2) Ibid.
p.19.
(3) In :
Malcolm de Chazal, L’Homme des Genèses, L’Harmattan
2001, p.208.
(4) Ibid.
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©Jeanne
Gerval ARouff
Ile Maurice –
12 septembre 2002
(texte
inédit, revu en septembre 2021)
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(*)
Le texte
de Jeanne Gerval ARouff
reproduit ci-dessus – écrit le 12 septembre 2002, pour l’anniversaire du
centenaire de Malcolm de Chazal, et publié ce jour, pour commémorer ainsi,
inopinément, les 40 ans de la disparition du grand artiste et homme de
lettres mauricien (12 septembre 1902 – 1er octobre 1981) – est
inédit. Il fait suite à ses précédentes contributions que nous avons publiées
dans cette rubrique même (septembre
2014, et mars-avril
2021), faisant par ailleurs partie d’un ensemble de
textes d’elle (édits et inédits) autour de
Malcolm de Chazal.
D.S.
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