ANNONCES
Et aussi quelques liens et trouvailles sur la toile quelques ponts de signes |
ANNONCES DE PARUTION – REVUES ET RECUEILS
FÉVRIÉR 2022 – MARS/AVRIL 2022
Lina
Kostenko, Journal
d’un fou ukrainien. Éditions L’Harmattan,
février 2022, 334 p., 27,5 €
Ce roman se présente comme le journal
d'un programmeur kyïvien trentenaire qui commente
douloureusement la mondialisation de la désinformation et la virtualisation des
sentiments au tournant du millénaire. Né en 1968, année de l'invasion de Prague
par les Soviétiques, ce héros souvent impuissant décrit le crescendo de
catastrophes qui a marqué les années 1999 à 2004.
Plus encore qu'une chronique, ce
roman est un avertissement : les tragiques événements des dernières années en
Ukraine y sont annoncés en creux. Et surtout, c'est un livre de combat, car le
héros tente de combler le fossé qui chaque jour se creuse entre l'homme et la
femme, entre les hommes d'hier et d'aujourd'hui, entre l'Europe et une Ukraine
devenue un terrain d'affrontement entre des mondes antagonistes.
Née en 1930 près de Kiev, Lina Kostenko est une grande dame de la poésie et de la
littérature ukrainiennes, connue comme une figure protestataire dans des années
60-70 sous le régime soviétique (elle était interdite de publication à partir
de 1962).
Andreï Kourkov,
Les abeilles
grises. Éditions Liana Levi, février 2022, 400 p., 23 €
Dans un petit village abandonné de la «zone grise», coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte: Sergueïtch et Pachka. Désormais seuls habitants de ce no man’s land, ces ennemis d’enfance sont obligés de coopérer pour ne pas sombrer, et cela malgré des points de vue divergents vis-à-vis du conflit. Aux conditions de vie rudimentaires s’ajoute la monotonie des journées d’hiver, animées, pour Sergueïtch, de rêves visionnaires et de souvenirs. Apiculteur dévoué, il croit au pouvoir bénéfique de ses abeilles qui autrefois attirait des clients venus de loin pour dormir sur ses ruches lors de séances d’«apithérapie». Le printemps venu, Sergueïtch décide de leur chercher un endroit plus calme. Ayant chargé ses six ruches sur la remorque de sa vieille Tchetviorka, le voilà qui part à l’aventure. Mais même au milieu des douces prairies fleuries de l’Ukraine de l’ouest et du silence des montagnes de Crimée, l’œil de Moscou reste grand ouvert
Né
à Léningrad en 1961, vivant à Kiev depuis sa petite enfance, parlant couramment
six langues, Andreï Kourkov
dit de lui-même : « Je suis un Russe ethnique, je suis devenu un Ukrainien
politique ». Voir infos, interviews et prises de positions sur le
site franceculture.
Ukraine, pivot de l'Europe. Éditions Corlevor, mars 2022, 15 €
Ce
« pivot géopolitique » que constitue l'Ukraine n'a pas à retourner
dans le giron de la Russie, tout simplement parce que l'Ukraine n'a pas fait ce
choix, elle a fait celui de l'indépendance, d'une part, et aussi celui de se
tourner vers l'Ouest. Et ce n'est pas une pression américaine qui a pesé dans
ce choix : il existe depuis des siècles en Ukraine une aspiration à
l'autonomie et une haute conscience de sa singularité, héritées de la Rus' de Kyiv, autant que de l'expérience
« proto-démocratique » de la Sitch des
Cosaques. Sommaire :
Réginald
Gaillard : L'Ukraine, ou notre souci d'Europe
Serhiy Jadan : Poèmes
Antoine Arjakovsky :
Russes, Ukrainiens, Européens : cette histoire que nous partageons
Luuk van Middelaar : Le début de
la perte de l'innocence
Eric Fournier : Trois journées particulières au
pays de Gogol
Alain Guillemoles :
Malgré la guerre, peut-être à cause d'elle, l'Ukraine pivote vers l'ouest
Borys Gudziak : Un archevêque de
par le monde. Entretien
Andreï Kourkov : Russie
/ Ukraine, chassé-croisé des clichés
Fedir Vozianov : La tradition de
l'avant-garde. Parcours d'un styliste. Entretien
Viktor Yushchenko :
L'avenir de l'Ukraine est à l'ouest. Entretien
Taras Chevtchenko : Poèmes
Anna de Czaski Canter :
Présentation du Centre culturel Anne de Kiev
Voir aussi : la revue NUNC, n°s 50-51 : Dossier
Ukraine, pivot de l'Europe
Revue Esprit, n°
4/2022 4184) : En Ukraine et en Russie,
le temps de la guerre, 192 p., 12,99 € (format
électronique)
Le groupage mis en avant dans le titre occupe les pages
35-104 de la revue (voir le sommaire sur le lien susmentionné).
***
Ágnes Nemes Nagy, Les
Chevaux et les Anges, Rumeurs éditions (Collection Centrale / Poésies),
avril 2022, 288 p., 18 €
Édition établie sous la direction d'Anna Tüskés avec le concours de Guillaume Métayer
Ágnes Nemes Nagy (1922-1991), l'une des plus grandes voix de la
poésie hongroise de l'après-guerre, source d'inspiration de générations de
poètes, n'avait jamais bénéficié d'un recueil entier en français. La jeune
chercheuse Anna Tüskés a réuni de nombreuses
traductions introuvables, dont cinq traductions inédites de Bernard Noël, et
d'autres testes disséminés en revue ou jamais publiés dus à Guillevic, Pierre
Emmanuel, Bernard Vargaftig, et bien d'autres poètes
encore. S'y ajoutent près d'une trentaine de poèmes nouvellement retraduits
pour cette édition par Guillaume Métayer. La préface est due à la grande
poétesse et romancière contemporaine Krisztina Tóth. Un hommage éclatant à Ágnes Nemes
Nagy, poète de l'exploration intime et de la résistance intérieure pendant les
années sombres, l'année de son centenaire.
Pour faire
connaissance avec cette poétesse, voir par ex. son interview de 1967 dont des
extraits ont récemment été publiés en ligne sur le site Littérature
hongroise.
Quant à la jeune
chercheuse Anna Tüskés, lire son entretien avec Maria
Mailat dans Francopolis de mai-juin 2021 (rubrique
Gueule de mots : Dialogue
Maria Mailat-Anna Tuskes sur les relations artistiques et littéraires
franco-hongroises).
Edgar Morin, Réveillons-nous ! Éditions Denoël, mars 2022,
84 p., 12 €
« Nous
ne savons pas ce qui nous arrive et c’est précisément ce qui nous
arrive », écrit José Ortega y Gasset.
Que nous arrive-t-il ? Qu’arrive-t-il à la
France ? Au monde ? Notre impéritie vient-elle d’une myopie à l’égard
de tout ce qui dépasse l’immédiat ? d’une perception inexacte ? d’une
crise de la pensée ? d’un somnambulisme généralisé ?
Tant de certitudes ont été balayées !
Comment naviguer dans un océan
d’incertitude ? Comment comprendre l’histoire que nous vivons ?
Comment admettre enfin que, en dégradant l’écologie de notre planète, nous dégradons
nos vies et nos sociétés ? Comment appréhender le monde qui se transforme
de crise en crise ? Comment concevoir l’aventure inouïe de notre
humanité ? Est-ce une course à la mort ou à la métamorphose ?
Serait-ce à la fois l’un et l’autre ?
Réveillons-nous ! »
Ce
livre d’un centenaire fait écho à un autre, d’un vieux sage aussi :
Stéphane Hessel, Indignez-vous ! (2011). Et pour cause : Edgar
Morin nous dit que nous sommes tellement endormis actuellement, qu’il est
question, avant toute indignation possible, d’un franc réveil !
Michel Jourdan, Notes
de ma grange des montagnes et des bois. Éditions
Unicité, avril 2022, 146 p., 15 € (collection Spiritualité)
« De ces dix ans de vie
dans une grange des Pyrénées ariégeoises, je ne regrette rien, au contraire
j’ai plutôt la nostalgie de ces dix ans, de 1973 à 1983, et d’avoir pu vivre
avec le Tao, en autonomie à 50 % : énergie du bois mort et du feu, cueillettes
de fruits sauvages (surtout myrtilles et framboises) et de champignons,
nourriture de jardins et fromage de chèvre six mois par an — sans oublier les
châtaignes sauvages et le pain cuit chaque jour. (…)
Méditer était le guide. La montagne était le maître. »
Eva-Maria Berg, Étourdi
de soleil / von sonne betäubt,
illustration
Yannick Bonvin
Rey.
Éditions L’Atelier des Noyers
(Dijon), avril 2022, 15 €
Traduction
de l’allemand : Eva-Maria Berg, Max Alhau,
Olivier Delbard. Voir les actualités de l’autrice sur
son site.
Claudine Bohi, Regarde, avec des peintures d’Anne Slacik. Éditions L’herbe qui tremble, avril 2022, 88 p., 20
€
Lors d’une
exposition, Claudine Bohi découvre quelques œuvres
bleues d’Anne Slacik, elle est bouleversée. Elle
écrit une série de poèmes réunis sous le titre Regarde. De ces poèmes sont nés une exposition à la
galerie Papiers d’art consacrée aux Bleus d’Anne
Slacik, et ce livre.
Carole Carcillo
Mesrobian, L’ourlet
des mots. Éditions Unicité, mars 2022, 44 p., 13 €
… Que faire de nos maturités dissidentes lorsque nous sommes appelés à l’intensité ? Dis-moi / est-ce renaître / est-ce ceci de su, nous demande l’écrivaine éprise et aux prises avec une substance indomptable. Les rêves grandissent-ils entre des mains usées … ? interroge-t-elle. À renfort de mots charriés dans les veines comment ajouter une suite au ciel lorsque la terre nous gave et nous grave ? La poétesse pose l’espérance comme l’ultime équation après infini réversible. Sa plume somme les genèses et institue les oublis, dernier refuge avant la nuit. Vers définitifs et symptômes irrémédiables de cette échéance qui ne nous a pas comptés.
L’air rompu / Insiste à étouffer / son incantation vibratoire / sur l’inimaginable / qui nous sépare /et recommence, écrit l’auteure à bout d’oxygène.
Paul Sanda, La
précession des sphères. Éditions Unicité, mars
2022, 82 p., 14 €
Auteur, éditeur,
vociférateur proche des surréalistes, Paul Sanda est
aussi mélomane. En témoignent ces surprenants poèmes, où l’auteur célèbre le
jazz, et plus particulièrement Patricia Barber, puis le classique, à travers
plusieurs figures tutélaires, méconnues du grand public, tel Louis Marchand
(1669-1732). Orné des œuvres de Klervi Bourseul, ce
petit recueil témoigne de l’éclectisme propre au créateur et de son goût,
profond, pour la musique, pour les musiques. Toutes harmonies le menant vers les
sphères, ces nobles espaces qu’évoque si justement Odile Cohen-Abbas en
avant-propos. - Étienne Ruhaud
Chantal Couliou,
Une traversée de soi. Éditions
Sauvages, mars 2022, 76 p., 12 €
Chantal Couliou est la
lauréate du prix Paul-Quéré 2021-2022, un prix créé
en 2015 par Les Éditions Sauvages pour prolonger l’œuvre et la démarche de Paul
Quéré, poète, critique et peintre, fondateur des
revues Ecriterres et Le Nouvel Ecriterres.
Active dans l’univers du haïku, elle a publié une trentaine de livres, comme Légers frissons (éditions Donner à Voir, 2 019), Dans les coulisses du jardin (Voix Tissées, 2020), Du soleil plein les yeux (Unicité, 2020), La clé des mots (éditions Buissonnières.
Xavier Frandon,
Fiefs.
Éditions du cygne, mars 2022, 60 p., 10 €
“Le peuple est souverain seigneur de sa langue, et la tient comme
un fief de franc alleu, et n’en doit recognoissance à
aulcun seigneur.”
Le monde actuel place chacun au centre de sa vie, une vie
responsabilisée, contrainte dans sa liberté, son corps et son esprit. Les
individus constituent des fiefs, où chacun a le devoir de protéger son
intégrité contre les règles qui assaillent, mais aussi de mettre en culture son
propre bonheur : “sa langue”. Naïvement, le poète ne cessera d’exercer ses
forces à relier les micros-fiefs, non à les dissoudre, mais à les rendre
perméables, et solidaires. Le poète s’adresse aux individus.
Alexandra Anosova-Shahrezaie, La
petite utopie anarchiste. Éditions du cygne, janvier/février 2022,
60 p., 10 €
Il y a de toute
évidence une urgence à vivre. La vie n'est pas ce qu'elle est : il faut l'écrire,
la transformer. Fuir un pays où tout s'effondre et qui ne se relèvera pas de
son vivant. Accepter de tout défendre, de tout endosser, de tout endurer.
Partir, c'est vivre et vivre, c'est partir. Parce que ce n'est pas la vie, ce
n'est pas vivre, ce n'est pas soi. C'est se réinventer à chaque instant. Dans
le langage et la vie. Pour que rien n'ait lieu sans cela. Il ne suffit pas de
parler pour dire quelque chose. Dire ce qui a réellement lieu dans une vie. Son
histoire fictive et furtive. Comme s'écrit et se lit un poème. Un
court-métrage. Comme s'écoute une musique. Se regarde une peinture ou un film.
Comme se traverse une ville que l'on aime et que l'on ne fait que passer dans
un café. Ou lorsque l'on se rend dans un aéroport pour voir décoller un avion
derrière la vitre en fuyant la folie ordinaire. Comme s'écrit La petite utopie
anarchiste.
Alexandra Anosova-Shahrezaie est née en 1982 à Novgorod (URSS) en
Russie. Elle habite au Grand-Duché de Luxembourg. Sa vie et son écriture sont
intimement liées à la musique et à la poésie. Elle a publié dans les revues
Traversées et Les cahiers luxembourgeois. Son premier recueil, Roman !,
est paru aux éditions Le Coudrier en 2021.
William Heinesen, Élégies
arctiques. Éditions du
cygne, janvier/février 2022, 82 p., 12 €
Les Élégies
arctiques rassemblent ici des poèmes issus de l’ensemble de l’œuvre poétique
de l’auteur féroïen, tout en prenant le titre de son premier recueil. Cosmique
et tourmentée, à l’image de cet archipel danois situé au nord de l’Écosse et à
quelques centaines de kilomètres de l’Islande, cette poésie oscille entre
introspection intérieure, description des paysages et questionnement engagé sur
le monde, dans une dimension universelle évidente.
William Heinesen (1900-1991) est bien certainement l’un des plus
importants écrivains des Iles Féroé, du Danemark et même de Scandinavie. Son
œuvre est en effet considérable : poète, romancier, nouvelliste, il fut
également compositeur et peintre. D’expression danoise (il n’écrivait pas en
féroïen), il a été reconnu au niveau international (son nom circula notamment
pour le Prix Nobel de littérature).
Françoise Coulmin, Et advint le silence.
Avec les encres originales de Maria Desmée. Éditions La Feuille de thé, février
2022.
11 exemplaires confectionnés à la main, numérotés et
signés par les autrices.
Claudine
Helft, L'Outrage
du plaisir. Éditions
Le Manteau & la Lyre / Obsidiane,
janvier-/février 2022, 80
p.
« Ces carnets bruts ouvrent au genre
poétique de l'œuvre de Claudine Helft une voie
nouvelle. L'essence du poème est la notation. Loin de le renier, elle lui donne
au contraire une place prépondérante, en glissant de la prose poétique au poème
en prose. Claudine Helft renoue ainsi avec ses grands
aînés le lien qui relie les écritures. Il y a là des vérités qui ne sont pas
bonnes à dire, de faux mensonges, un roman dont les acteurs sont à la mesure du
quotidien, et une nature à la hauteur du sacré. Il y a là aussi une femme qui
ose dire ce que d'autres taisent, une femme qui n'accepte pas les codes et
refuse les "étiquettes". D'amours en humour, elle promène la pluie et
ses tristesses dont elle sait faire des joies dans "l'invention du
vivre", et salue les gaîtés de la vieillesse en outrageant le
plaisir. »
La mer, tellement au-delà
des hommes, porte l'épave en errance. On
finit par vivre / sur les berges du vertige / horizon sans l'avenir/ figé. Ce fond de noirceur et de désespoir est traversé
par des incantations lumineuses qui révèlent toute la vigueur poétique de
Michel Cossec. Il
faut refaire le monde (...) s'enfermer d'exil à brasle-corps/
sur un fin fond d'étoiles vives (...) Alors l'aube serait d'un recommencement.
Mais tour à tour resurgit l'ambivalence entre vie et mort, entre femme idéale
et femme faste/tueuse. Michel Cossec expose
des champs associatifs riches qui apportent au lecteur images et sonorités
exotiques. (Préface d'Antemanha).
Michel
Cossec est lecteur d'horizons extrêmes, arpenteur des
terres mémorielles, l'alentour est nécessairement pour lui une bibliothèque
universelle. Poète, mais aussi peintre et photographe, rêveur ...
Barbara
Auzou, La Réconciliation. Cinquante variations autour de La Vague de Camille Claudel. Éditions L’Harmattan,
janvier/février 2022, 64 p., 10 €
« La poétesse entreprend d'entrer en résonance
avec l'œuvre de la sculptrice Camille Claudel intitulée La Vague sans pour autant entrer jamais dans l'illustratif.
Elle s'inscrit au contraire dans une relation sculpturale à l'écriture où le
verbe est martelé, taillé, ciselé... L'ensemble est saisissant et vibre d'une
fièvre à l'autre... » Philippe Tancelin
« "... Je dérive avec toi à chair de ciel et à fleur d'orage...", voici qui pousse les personnes qui entreront dans ce livre à "dériver" à leur tour, avec Auzou et Claudel dont les œuvres ici sont suffisamment accomplies, étranges et prenantes pour qu'il soit inutile de spécifier leurs prénoms. » Xavier Bordes
Tigrane Yegavian, L’adieu
au Levant. Éditions
L’Harmattan, janvier/février 2022, 84 p., 12 €
(collection Accent tonique)
Comment dire la perte quand le monde dont vous êtes issu se défait ? Quand concilier un présent chaotique avec la tentative de l'absolu réveille l'urgence de la poésie ? Dans ses poèmes, Tigrane Yégavian donne vie à un réel de plus en plus fragmenté. Il se souvient de ce qui a été et de ce qui n'est plus. Chante l'Amour et ses saisons, la mémoire d'un Orient délesté de toute fioriture exotique où l'enfant, l'adolescent et le jeune adulte a reçu une part de son éducation ; Lisbonne et le Portugal, sa terre d'Enfance ; la représentation plurielle d'une Arménie de plus en plus insaisissable. Tous ces lieux sont autant de territoires poétiques inviolables qu'il se plaît à revisiter mêlant gravité et légèreté, en témoin amoureux. Lucides sur la tragédie, ses poèmes n'en demeurent pas moins porteurs d'une espérance.
Tigrane Yégavian est né à Paris. Il a grandi entre le Portugal, la
Suisse, la Syrie et la France.
Michel Ostertag, Jean Sébastien Bach, musicien de Dieu, suivi de : La vieillesse est un exil, éditions Le Lys Bleu, janvier/février 2022, 112 p., 12 €
« Deux volets que tout
semble opposer composent ce nouveau recueil : un hymne exalté dédié à la
musique de Bach, le Johann Sebastian – musicien de Dieu, et des
pseudo-aphorismes élégiaques sur l’isolement dû à l’âge – la vieillesse
est un exil. Des styles et des registres d’écriture complètement
différents, des thèmes sans rapport apparent… Et pourtant. En rentrant dans
cette double écriture jusqu’au plus profond on y découvre un cœur unique et
indivisible : ce cœur, c’est l’humain originaire, l’humain qui est en exil
sur cette terre dès la naissance, un exil dont seule la vieillesse fait prendre
connaissance et ressentir le mors au quotidien. (…) Cette lecture me remplit de bonheur, car au bout du parcours, il y a
l’amitié, il y a le "Penser à
l’autre comme on penserait à soi un jour de pluie", il y a l’Amour… » (préface de Dana
Shishmanian)
DÉCEMBRE 2021 - JANVIER/FÉVRIÉR 2022
Salah Al Hamdani, L’arche de la révolte, éd. Le Nouvel Athanor,
janvier/février 2022
« Ce poète est un
"homme-loup" à nul autre comparable. C'est à jamais un enfant égaré
de Bagdad. Un enfant volant. Il chante, s'élève et ne baisse jamais la tête
devant personne. Il se situe à l'absolu contraire de toute mondanité de la
"gauche caviar"!... » (extrait de la préface de Jean-Luc Maxance).
Recueil de poèmes en français,
dont plusieurs sont traduits de l’arabe avec Isabelle Lagny. Voir le site du poète.
Jean-Pierre
Rousseau, Sertão mystique
et autres poèmes,
éditions Unicité, février 2022, 78 p., 13
€.
Ce recueil nous mène à travers différents paysages : le sertão brésilien, zone semi-aride, dont la religiosité du petit peuple inspire le poète ; la campagne angevine, dont de courts poèmes – les trovas – saisissent des choses vues. Il nous mène aussi à travers différentes rencontres qui ont marqué durablement l’auteur.
Arnaud
Villani, Petites
vignettes érotiques, éditions Unicité, février 2022,
64 p., 13 €.
Dans ce recueil, Arnaud Villani investit une écriture dans l’érotisme comme nul autre. Il s’empare magnifiquement du quotidien et le replace dans une sensation réfléchie qui lui est propre. Le lecteur se sent comme multiplié par des chemins où tout se dit avec pudeur, tant les mots cherchent, inventent, puis trouvent l’érotisme dans le recoin des choses et des sentiments. Ici la femme est multiple, elle mène le jeu devant le poète jouant de toutes vibrations et intuitions pour nous donner à voir ce qui se donne en se voilant.
Yvon Le
Men, Les
Épiphaniques, avec
des œuvres de Richard Louvet, éditions Bruno Doucey
(collection Soleil noir), février 2022, 160 p., 16 €.
Ils
se nomment Anne-Laure, Asma, Cathy, Chris, Emmanuelle, Jérôme… Leurs noms ne
nous disent rien, mais sans eux ce livre n’aurait pas vu le jour. Les
Épiphaniques, ce sont eux, des hommes et des femmes qu’Yvon Le Men a rencontrés
dans les marges de notre société, faisant poème de leurs vies et de leurs
histoires. Ils se disaient invisibles et les voici mis en lumière dans des
poèmes. (…) D’un pont, d’un foyer, de la rue, d’une caravane, du froid,
du bruit. Ils connaissent ce que nous évitons de voir. Ils se nomment Louna,
Marc, Mickaël, Myriam, Thomas, Tiago et ont des choses à nous dire. Sur eux,
autant que sur nous.
L’éphémère
– 88 plaisirs fugaces.
Anthologie établie
par Bruno Doucey et Thierry Renard. Avant-propos de
Sophie Nauleau, éditions
Bruno Doucey (collection Tissags),
février 2022, 240 p., 20 €.
L’ comme L’instant, E comme Envol, P comme Passion, H
comme Humanité… C’est sur le mode d’un acrostiche que les Éditions Bruno Doucey ont conçu l’anthologie de la 24e édition du
Printemps des Poètes. L’éphémère et son unique voyelle invoquée quatre fois,
l’inachevé, le fugace, le passager...
88 poètes parmi lesquels : Katerina Apostolopoulou,
Margaret Atwood, Édith Azam, Nawel Ben Kraïem, Hélène et René-Guy Cadou, Louis‑Philippe Dalembert, René Depestre, Ananda
Devi, Patrick Dubost, Jin Eun-young, Nancy Huston,
Charles Juliet, Yvon Le Men, Jean-Michel Maulpoix,
Hala Mohammad, Ada Mondès, Paola Pigani,
André Velter, Sapho, Fabienne Swiatly, Carmen Yáñez, Hyam Yared…
Jeanne
Benameur, Le
pas d’Isis,
éditions Bruno Doucey (collection Soleil noir),
janvier 2022, 72 p., 13 €
Elle est seule et avance. Elle ne laisse aucune empreinte sur le sable, mais sa pensée « recoud les fragments du monde ». Elle chemine d’un mot à l’autre et trace des signes dans la poussière des lendemains. Pour tous, cette figure mythique porte le nom d’Isis, déesse funéraire de l’Égypte antique qui rassemble les morceaux épars d’un amour défunt. Mais pour Jeanne Benameur, qui signe là son livre le plus personnel, elle est une sœur qui marche sur la terre, en bordure d’océan, sur un étroit chemin ou sur « le sable humide encore de la dernière marée ».
Bruno
Doucey, 22 –
Bureau des longitudes,
éditions Bruno Doucey (collection Soleil noir),
janvier 2022, 160 p., 16 €.
«
Nous voici embarqués dans un voyage qui nous fera traverser non seulement des
années, mais aussi des horizons. Car le temps déploie l’espace, et le visage de
l’amour s’accorde comme une marée à celui de la vie. Les poèmes deviennent des
pierres qui jalonnent le passage, délimitent un territoire poétique où la
détresse de notre monde dialogue avec cet amour qui demeure vif, inaltérable
comme dure l’espoir en un demain habitable. De la Sardaigne à la Crète, du
Maroc à la Nouvelle-Calédonie, du Péloponnèse au Québec, le souffle de ce livre
porte la beauté de chaque lieu, rappelle que gravir une montagne ou naviguer
sur la mer permet d’aller à la rencontre du passé, et cette remémoration est
une invitation à pénétrer dans la chair du présent. » (extrait de
la préface d’Hélène Dorion)
Carole Mesrobian, De Nihilo Nihil, éditions Tarmac, janvier 2022, 54 p., 12,50 € (avec un dessin de Schmidt Iglesias).
L’auteure
fait suite avec ce recueil à son précédent NihIL, paru en octobre 2021 aux éditions Unicité.
Dans la même veine aphoristique de haut vol, elle nous avertit, pour
présenter ce nouvel écrit :
« Nos
pas mesurent la profondeur d’une immatérialité théâtrale. Nos personnages
tournent autour d’un vide scriptural. Notre dialogue résonne sur un mur
hypothétique. Nous regardons l’absence des spectateurs parce que nous avons
enfermé le visage de nos rôles dans le mutisme d’une lecture itérative.
La
vanité de nos gestes disparaît lorsque nous alignons nos mouvements avec la
durée de notre immobilité. Nous incarnons nos rôles parce que nous espérons que
l’envergure de nos pieds dépasse le périmètre de nos pas.
Une
résonance manichéenne soutient la durée de notre représentation. Nos gestes
s’identifient sur la résistance de l’air. Nous avançons à travers une
chronologie momentanée qui restitue la symétrie d’un aveuglement compensatoire. »
Éphémérides,
feuilles détachées,
éditions "Pourquoi viens-tu si tard ?", janvier 2022
Anthologie
de poésie initiée par l’association Jeudi
des mots, animée par Marilyne Bertoncini, Patrick Joquel et Franck Berthoux, directeur des éditions "PVTST". Elle
fait suite à celle publiée en 2021 par les mêmes comparses, intitulée Je dis
désirs. Les éditeurs organisent une rencontre de lancement le jeudi 24
février, à Nice, pour présenter cette Éphémérides, feuilles détachées et
la revue Cairns.
Revue Poésie première, n° 81, janvier
2022
Ce nouveau numéro porte
en filigrane le thème de l’association peinture-poésie, auquel Gérard Mottet
consacre un essai aussi fouillé en termes de documentation qu’inspiré et
inspirant. S’y relient également les analyses critiques de Dominique Zinenberg
sur Michaux en regard avec Zan Wou-Ki et sur le jeune Proust écrivant sur
Chardin et Rembrandt, de Jaqueline Persini sur Pierre
Delcourt, ou enfin, de Marilyne Bertoncini sur les « jardins-femme »
- vaste et étonnante incursion dans l’histoire littéraire et artistique d’un
motif mythique, devenu aussi esthétique, érotique, voire mystique : celui
du jardin d’Eden, vu au féminin… Mais le numéro nous fait (re)découvrir aussi
des auteurs restés un peu dans l’ombre – Jean-Michel Maulpoix,
par Alain Duault, Maurice Chapelan, par Bernard
Fournier – ou des aspects inédits d’un auteur – les essais critiques de Jean
Ancet, révélés et commentés pertinemment par Martine Morillon-Carreau.
Enfin la poésie est à
l’honneur avec entre autres, Françoise Vignet, Chem
Assayag, Eva-Maria Berg, Francis Gonnet, Christophe Pineau-Thierry, Martine Rouhart. Parmi les auteurs chroniqués dans les notes de
lectures, signalons Françoise Trocmé, Michael Krüger,
Eva-Maria Berg, Jean-Louis Bernard, Béatrice Marchal, ainsi que la note dédiée
à la revue Spered Gouez
éditée par Marie-Josée Christien.
Revue Nouveaux
délits, n° 71, janvier 2022
Cette revue artisanale,
conçue, confectionnée à la main, et éditée par Cathy Garcia Canalès, sous les
auspices de l’association éponyme, est une pépite : en peu de pages des
textes poétiques de grande qualité – ici, Jean-Charles Paillet, Stéphan Riegel,
Martin Zeugma, Stéphane Amiot, Bernard Pikeroen, Clo Hamelin, Cartographie Messyl.
Note de lecture de l’éditrice au recueil Feux de Perrine Le Querrec.
Pour la diffusion, voir
sur le Net : le site de l’Association Nouveaux
délits ; le site arpo-poesie ; le site lacavelittéraire.
Fabien
Marquet, Le
poète anonyme. Poèmes pour la dernière modernité. Petit manifeste à l’usage de son
auteur (avec des illustrations de Patrick Levasseur),
éditions Unicité, janvier 2022, 58 p., 12
€.
Quelle perspective pour une pensée ultra-moderne ? Au temps
des grandes ruptures induites par le progrès technique et du retour du refoulé,
peut-on encore révolutionner, ou simplement, pris dans le jeu de tensions des
forces qui nous dépassent, faire bouger les lignes ? C'est ainsi qu'on est
entrés sans le savoir, et bien modestement, dans le sillage de
l'expressionnisme...
Né en 1974, Fabien Marquet vit actuellement à Perpignan.
Après un bref passage dans l'enseignement, il se consacre au théâtre et à
l'écriture. Il publie ses premiers textes en revue (Europe, Les Cahiers de
l'Université de Perpignan, Les Cahiers du Sens, Verso, Poésie/Première). (…). On
ne prévient pas les grenouilles quand on assèche les marais, plaidoyer
contre le nucléaire, y reçoit cette année-là le Prix Tournesol du spectacle
engagé.
Éliane Biedermann, 109
haïkus, éditions
Unicité, janvier 2022, 88 p., 13
€.
« Aujourd’hui, avec ce recueil, la poète, dans la
tradition, enchante le banal pour le métamorphoser en poésie. Elle nous montre
ce détail qui ouvre le monde de notre mémoire, de notre imaginaire. L’image
cligne de l’œil et disparaît, nous laissant rêveurs. Le lecteur s’évade alors
dans une émotion furtive comme un frisson de bonheur. Il aime la simplicité de
la langue, connait la difficulté de créer des choses simples. » -
Extrait de la préface d’Alain Lacouchie.
Georges de Rivas, Orphée
- Eurydice. Dialogue,
éditions
Unicité, janvier 2022, 116 p., 16
€.
Qui n’a jamais imaginé cette histoire d’amour entre Orphée
et Eurydice. Georges de Rivas donne chair par son lyrisme flamboyant à cette
mémoire imaginaire... En lisant ce texte, le lecteur se sentira enivré parce
dialogue, tout enveloppé de la magie ondulatoire des mots. (…)
Anny Pelouze accompagne magnifiquement par ses peintures ce
dialogue et cette poétique hors du temps. Une alchimie se produit tout au long
de l’ouvrage par le choix des motifs et des couleurs qui semblent sonder
l’invisible et exprimer l’au-delà de la vie.
Manon
Godet, Peau, éditions du Cygne (collection Le
chant du cygne), janvier 2022, 118 p., 13 €.
Le premier livre de Manon Godet nous offre sa
"Peau" à la manière d'une "Maladie de la mort" de
Marguerite Duras plus contemporaine. Un brillant jeune talent venu de
Normandie.
Peau est une vague de mots
dansant pour faire parler les corps. Depuis la racine des cheveux jusqu’au bout
des orteils, nos peaux ont des histoires à raconter. De déchirements, de cris,
de joies, de fusion. La vie naît et meurt entre les violettes et les
clémentines. Déployez les pétales, écartez les quartiers, ouvrez ces pages.
Sentez le désir de vivre flamber entre vos veines. Volez l’espace et le temps.
Sentez la peau. Peau est un foyer pour les chairs abîmées,
déchirées, oubliées. Retrouvées. À l’abri.
William Heinesen, Élégies
arctiques. Traduit du
danois par Piet Lincken, éditions du Cygne (collection Poésie
du monde), janvier 2022, 82 p., 12 €.
Les Élégies arctiques rassemblent
ici des poèmes issus de l’ensemble de l’œuvre poétique de l’auteur féroïen,
tout en prenant le titre de son premier recueil. Cosmique et tourmentée, à
l’image de cet archipel danois situé au nord de l’Écosse et à quelques
centaines de kilomètres de l’Islande, cette poésie oscille entre introspection
intérieure, description des paysages et questionnement engagé sur le monde,
dans une dimension universelle évidente.
Neekeea Ramen, Pour
quelques brins de soleil, éditions du Panthéon, janvier 2022, 64 p., 10,90 €
Neekeea Ramen est
originaire de l’île Maurice. Banquier, il fait une incursion dans le monde de
l’écriture à travers la traduction du « Tirukural »
(classique millénaire tamoul) en créole mauricien. « Lamur
en Ekri » (L’amour en écrits), traduit
conjointement avec Kavinien Karupudayan,
a paru en 2018. Il est aussi récipiendaire du Prix de Poésie Édouard Maunick 2020-2021, prestigieuse récompense instituée en
l’honneur du grand poète mauricien, pour son poème Renaissance. Pour
quelques brins de soleil… est son premier recueil en français.
Lionel
Mar, L’archipel
du vivant, L’Harmattan (décembre
2021, 124 p., 14 €).
L'Archipel
du vivant se dévoile en un récit en plusieurs
fragments. Ceux-ci décrivent dans des poèmes courts l'immédiateté de la vie.
Les poèmes de ce recueil expriment les différentes expériences et émotions
traversées par l'auteur. La réalité côtoie l'imaginaire à travers des chemins
où la mémoire est essentielle. Le vivant est une ivresse en mouvement perpétuel
face à la beauté du monde. L'Archipel
du vivant ouvre des paysages
pluriels et mystérieux.
Michel
Ostertag, Éloge à
l’épouse défunte.
Éditions Le Lys Bleu (décembre 2021, 100 p., 11,70 €)
« S’il y a une impression
dominante qui se dégage de la lecture de ce recueil singulier – non pas tant
par son thème, le deuil d’un être aimé, thème poétique par excellence, mais par
l’humilité de l’auteur, justement face à ce sujet déclencheur de tant d’œuvres
majeures dans toutes les littératures – est la grâce avec laquelle est comme
enveloppé le souvenir de l’aimée dans la parole du ressouvenant. Elle naît
telle une apparition immatérielle avec « l’amour avant l’amour »…
Dans « l’amour pendant l’amour », elle persiste telle une fragrance
subtile en faisant éclore la lumière du jour du corps de l’aimée (…) Enfin,
dans « l’amour après l’amour », elle œuvre à retisser, à rebâtir un
avenir pour l’homme triste, l’homme seul, comme amputé d’une aile, d’une partie
de l’âme, d’une partie du corps. (…) Alors, c’est
cette grâce du dire seule qui fait réellement revivre en nous l’être
aimé. » (Extrait de la préface de Dana Shishmanian)
Alena Meas, Les
arbres lui semblaient pivoter. Récit. Éditions Unicité
(décembre 2021, 80 p., 12 €)
« (…) Elle voudrait dire au revoir à cette fiction, déserter les pages, mais il y a encore quelque chose d’indéfinissable qui la retient, peut-être que cette fin nécessite d’elle encore un peu de patience, une confidence inattendue ou une résolution de deus ex machina, qui pourrait enfin poser le point final à son errance à travers ces pages qui ne veulent pas dire, hormis les observations météorologiques quotidiennes et l’anecdote de sa vie, de choses prodigieuses... »
Davide
Napoli, Les
ombres du vide. Éditions
Unicité (décembre 2021, 58 p., 13 €)
«
(…) À traits effacés et d’une plume détachée, Davide Napoli nous livre la
profondeur d’un souffle amnésique. (…) Langues plastiques ensorcelées par un
même corps dans les marges de l’écho où règne « l’intension
» du vide. (…) Écrivain et plasticien, Davide Napoli explore les formes
fulgurantes de la pensée, à travers les "in-tensions"
de l’encre de chine et de l’écriture. Sa recherche sur le geste du vide et sur
le temps explore la chute et le vertige du chemin de l’intime. »