Annonces Glanés sur la toile quelques ponts de signes |
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ANNONCES DE PARUTION – REVUES ET RECUEILS
Recueils :
Gérard
Leyzieux, Décortiqué. Éditions Stellamaris,
décembre 2022 (82 p., 17 €)
Tout ce qui constituait notre
existence semble disparaître et conduire à un essoufflement général qui
emprisonne la vie. L’individu est pris dans les filets d’un temps qu’il ne
maîtrise pas, qu’il ne maîtrise plus, d’une activité qui lui échappe. Tout en
lui se trouble, ses mouvements, ses actions, ses pensées, même ses paroles sont
perturbées : « Phrases t’aphasient et t’anesthésient ». À l’entour la nature reste présente face à ces
bouleversements en cours mais elle est autant observatrice que complice de
cet « engourdissement grandissant » qui nous dirige vers l’effacement. Sous un
« tu » indifférencié, le poète s’adresse à tout un chacun, à
nous tous, à notre être, à toi – qui que tu sois – qui es en « Transit » dans « l’espace momentané de ton corps », un simple lieu de passage, un lieu sans
cesse « Évidé de tout / Gratté, râpé, élimé ». Lutter contre ce vide qui,
inexorablement, nous emplit et contre ces éléments extérieurs qui nous
agressent relève de l’inéluctabilité de tout parcours humain menant, à terme, à
« pénétrer l’intemporelle matérialité de l’être ».
Geneviève Catta, La minute passe sur les
épaules de ta voix. Pierre Turcotte Éditeur – collection Magma Poésie,
décembre 2022 (58 p., 9,99 € en Kindle)
Mourir d’aimer. La petite mort
à aimer l’autre qui part. La trace reste forte, et on continue, malgré
cela ; on avance avec son propre cœur. Sur l’implosion de la beauté.
Dans ce premier recueil de
poésies, La minute passe sur les épaules de ta voix, Geneviève Catta propose une suite de courts poèmes
où elle explore l’émiettement de l’amour et son inépuisable réveil.
Laurence Chaudouët, Le cœur concilié. Pierre Turcotte Éditeur – collection Magma Poésie,
novembre 2022 (58 p., 9,99 € en Kindle)
Le cœur concilié c’est le lien retrouvé de soi au monde,
là où bat le plus simplement la vie, quand le cœur s’ouvre enfin après un
profond sommeil. C’est l’appel, vital, de toute chose, les arbres, l’océan, la
nuit et les étoiles, chaque ocellure, chaque vibration, chaque atome, c’est le
chant léger qui vient au petit matin le plus clair délivrer le cœur. Ce sont
des retrouvailles avec soi, comme peut le faire une musique qu’on entend par
surprise dans le silence. Afin que s’ouvre le cœur. La poésie peut, elle doit
faire cela.
Patrick Devaux, Baisers soufflés.
Pierre Turcotte Éditeur – collection Magma Poésie,
novembre 2022 (88 p., 9,99 € en Kindle)
L’Éternité s’accomplirait-elle avec nos
traces de passage invectivant l’oubli ?
Le poème se veut vie dans les reflets
possibles, le poète ne pouvant se satisfaire de l’érosion du temps à laisser
disparaître les gestes.
C’est en cela que Patrick Devaux propose
des « baisers soufflés » entre mémoire, écho, quais de gare et futur
avec, peut-être, ce train qui emmène « la passagère de l’oubli ». Ces
poèmes verticaux où chaque mot pèse, chaque mot compte, chacun a sa manière
propre, le temps d’un arrêt de la pensée, mais aussi où le sens s’élève et
s’échafaude, nous mènent en gare, justement, avec la passagère de l’oubli.
Anne
de Commines, À
l’échelle du vidé. Poésie. Photos de wall°ich. Éditions Unicité, décembre 2022
(86 p., 30 €)
Comment venir à bout
du réel ? Interroge la question chronique. M'a-t-on rêvé dans un livre ? Se
demande l'agitateur conseil. A l’échelle du vide répond à ces curieuses béances
sous la plume d’Anne de Commines et dans l’œil insolite de wall°ich. Auteure et
artiste inventorient de puissants échos pour rivaliser avec les meilleures
allusions d’optique et autres utopies vérifiables. Un autre regard dressant de
son lyrisme les improbables visions écrit Jean-Pierre Simard dans sa préface.
Dans le prestige du noir et blanc, le photographe wall°ich émet des lumières
totems et arque les tensions. Anne de Commines précise les proses dans des
marges inattendues où sévit parfois un néant studieux ! Ondes graphiques
et vers au ralenti, achèvent nos propres densités. Ce opus fait de la vie une
matière désormais compatible, mais, pas d’inquiétude l’existence nous compte
parmi ses Énigmes.
Danièle
Duteil, Aux
côtés de Santōka Les yeux grand ouverts (haïkus). Éditions
Unicité, novembre 2022 (130 p., 15 €)
Chaque haïku du recueil écarte un peu plus nos paupières, chaque ligne de chaque haïku nous fait nous pencher avec plus d’attention (de soin…) sur ces événements du quotidien qui continûment jaillissent sous nos yeux. Mais Danièle Duteil l’a compris (et Albert, finalement, ne disait pas autre chose dans sa théorie de la relativité générale) : arrondir son regard ne suffit pas. Il faut aussi changer (imperceptiblement changer) de perspective ; il faut faire un (petit !) pas de côté ; il faut renverser, inverser, retourner, chambouler, oui ! mais insensiblement... soigneusement.
Les yeux curieux de Danièle nous ont désigné le premier papillon (ne l’aurait-on pas laissé filer sans le voir, sinon ?) ; mais voilà qu’en plus — et avec elle nous nous approchons avec précaution du petit animal qui ne restera pas longtemps —, voilà qu’en outre elle nous pointe du mot cet extrait infime de ciel déposé sur les ailes. Comme une évidence. Et c’est à peine si nous comprenons qu’il y a eu renversement, pas de côté… impalpable abandon de l’angle usuel. (Extrait de la préface de Bernard Dato)
Poésie
en liberté. Anthologie. Éditions Unicité, novembre 2022
(202 p., 16 €)
Poésie
en liberté, ce sont chaque année 4 000 participants de 15 à 25 ans, venant de
60 pays en moyenne, qui écrivent en français.
«
Chaque année, les cent meilleurs poèmes sont publiés en anthologie (...) Ce
concours est l’occasion de nombreuses rencontres avec des poètes et des artistes.
» (Jean-Marc Muller, président fondateur de Poésie en liberté, délégué spécial
de l’association). « Il est étonnant ce concours car il permet à des apprentis,
à des élèves qui suivent leurs études en France ou à l’étranger, à des vies si
différentes, si éloignées, de venir offrir avec la même ferveur leurs poèmes,
leur minerai, à notre attention, puis maintenant à votre lecture et à toute
main qui viendra dans le futur tourner ces pages.» (extrait de la préface de
Francis Coffinet, poète, président du jury 2022).
«
Cet ouvrage vous surprendra car les poètes de 15 à 25 ans qui s’y trouvent ne
se laissent pas aller à la facilité, car tout en étant d’ici et de maintenant,
les sentiments qu’ils transmettent demeurent universels. Malgré les
perturbations que leur génération traverse, ils se livrent avec sincérité, avec
audace, avec douceur aussi parfois. (...) Dans chaque poème, qui reflète leur
place dans ce monde, ils nous livrent, avec ou sans pudeur, simplement ce
qu’ils sont.» (extrait de l’avant-propos de Matthias Vincenot, poète, président
de Poésie en liberté).
Louisa NADOUR, poésie &
Claude MIQUEL, peintures : Un
pinceau et l’étreinte du jasmin. Traduction
de l’arabe et préface par André Miquel. Éditions Unicité, novembre 2022
(132 p., 20 €)
Louisa Nadour réitère, dans cet ouvrage, une expérience bilingue dans un dialogue poético-pictural : une étreinte aux senteurs de jasmin, alliant ses textes et les peintures de son amie artiste peintre Claude Miquel.
Voir
une ample présentation et des extraits dans ce même numéro à notre rubrique D’une langue
à l’autre.
Anne-Emmanuelle
Fournier, L’offrande
aux fantômes.
Suivi de Il y a longtemps que je t’aime. Éditions
Unicité, octobre 2022 (68 p., 13 €)
Dans ce livre, la mémoire
s’écrit en fulgurances. La vision est amorcée par des touches rapides et
expressives, qui tentent de saisir l’évanescence de l’instant. Une conscience
enregistre les sensations, les images, les atmosphères, afin de pouvoir, une
fois ces impressions incarnées dans les mots, mieux les déposer aux pieds de
ces fantômes qui l’accompagnent depuis toujours, présences intimement attachées
à la vie sensible. La maison les contient tous, ces morts et ces vivants dont
Anne-Emmanuelle Fournier tente de s’approcher par fragments successifs.
L’écriture est cette offrande tendue vers eux comme une porte vers notre
dimension, dans l’espoir de préserver cette filiation fondatrice qui aboutit,
dans le second ensemble du recueil, à l’avènement de l’enfant. Lui aussi est
une offrande, d’une autre nature, que l’étreinte de l’homme aimé a fait éclore
dans l’intimité de la poète. Intensément charnelle, l’offrande réunit ainsi
toutes les origines : l’enfance vécue, celle partagée par bribes avec d’autres,
celle du lecteur, peut-être – s'il trouve écho à ses propres fondations – et
celle que l’on donne, dans une temporalité affranchie de toute servitude, dont
le centre de gravité est l’amour.
Katty Verny-Dugelay, Le
chant de l'être. Éditions du Cygne, novembre 2022 (58
p., 10 €)
Les
voyages de Katty Verny-Dugelay nous conduisent tout autant vers des pays
lointains que vers les confins de l’âme. C’est dire combien son imaginaire
nourrit la source poétique, combien l’enchantement est l’unique voie qui permet
de vivre. La parole qui est la sienne donne à ses poèmes une note non pas
exotique mais intime, comme l’annonce le titre du livre tout en résonances avec
le monde intérieur de son être toujours à l’écoute, « avide », qui
colore sa vision d’une « moisson de signes ». On y reconnaît son
écriture porteuse de promesses. On y reconnaît sa voix, douce, la sagesse qui
s’immisce dans ses mots, son aspiration à l’amour et à la joie, à la beauté.
Éric
Allard, La
blessure du blé. Éditions du Cygne, octobre 2022 (52
p., 10 €)
La blessure du blé, c’est ce qui fait retour vers l’enfance, cette saison d’une vie où l’on engrange des moissons de sensations, où l’insouciance fait écho à l’insensé, où se recharge le char à foin de la nostalgie, où se fondent toutes les nuances de bleu et de blond.
Dans la préface, Philippe Leuckx écrit :« Éric Allard est un poète rare. Il est aussi un magicien du verbe, du jeu de mot, de l'émotion contrecarrée par le style. […] Voici donc, dédiés à ses parents, quarante poèmes de toute beauté : maîtrisés sur la longueur et parfaits sur le ton dont use avec grâce le poète de Jumet. […] C'est une âme qui, ici, se livre, fait naître sous le poème, une effusion sans pareille. La langue y est surprenante de malice, de vertige et d'émotion ; elle chante un paradis "blessé", un père parti. »
Valérie Poussard-Fournaison, Et puis on a compté les jours. Échappée belle édition (collection Ouvre-boîtes), novembre 2022 (30 p., 10 €)
Conçus comme des poèmes en diptyques, les textes de cet ensemble évoquent différents moments de présence au monde brisés par les effondrements du corps. Le corps divisé, attaqué et souffrant est toujours là, aux aguets, prompt à faire voler en éclat tout sentiment de plénitude. C’est cette fulgurance qui laisse sans voix que ces petits textes tentent de saisir.
Mathieu Tulissi Gabard, Rien
que le corps. Échappée belle édition (collection
Ouvre-boîtes), octobre 2022 (36 p., 10 €)
« Chaque matin l’oiseau donne un sens au chemin en lui barrant la route. Ne fais pas de bruit. Tes cheveux m’entourent. C’est un torrent béni. Mes lèvres m’en tombent. Ta peau d’abeille. Le regard neuf. Tangue. Déshabillée. L’échafaudage que le maçon burine. Couds-lui des yeux sous les paupières et cache le miel sous les roches. Je cherchais. Un vieil incendie. Comme si tu étais avec. Je crois que je porte un terrain de mouettes à l’envers exact de ma mémoire. Quelques détails. Un sursaut. Traîne. Ce pétard flambant sous tes yeux de cristal. Danse ça te va bien, même quand tu ne danses pas. C’est ton moment, ton manque, ton empreinte dans l’air. » (extrait)
Claude Minière, L’année 2.0. Éditions Tinbad -
poésie, octobre 2022 (92 p., 15 €)
« Durant
l’année 2.0, j’ai étudié l’histoire de la Mésopotamie, j’ai médité le combat du
« Zéro » et j’ai passé des heures dans le jardin public où les
enfants s’étonnent des statues.
Puis
je suis revenu à la civilisation. J’ai pensé à Orphée. »
Voir
la chronique
de Lieven Callant, sur le site de la revue Traversées (14 novembre 2022).
Pierre Perrin, Des jours de pleine terre. Poésie (1969-2022). Al Manar éditions, 2022 (170 p., 23 €). Couverture de Sophie Brassard.
Structuré en cinq parties – la naissance, les doutes, les amours, les horreurs, la paix –, ce recueil essaie de conférer un sens à l’existence. En s’attachant à la vie, à l’amour, au monde, par un regard sans concession, Pierre Perrin déplore, vitupère, loue et console – sans leurrer. Si l’enfance est une fenêtre, que le grand amour confine à la prière, la guerre n’épargne personne. C’est pourquoi, à lire ces pages, la poésie voudrait rester, sinon vitale, au moins vivante.
Andonis Fostiéris, Le
Tha
et le Na de Thanatos. Édition bilingue. Traduit du grec par Kostas Nassikas et Hervé Bauer. Éditions L’Harmattan
(collection Levée d’ancre), novembre 2022 (130 p., 14,5 €)
« Andonis Fostiéris est une grande voix de la poésie
contemporaine grecque. Dans une écriture dense et claire, qui n'en demeure pas
moins énigmatique, comme toute grande oeuvre, il confronte le Tha et le Na, en quelque sorte les promesses futures qui
seront tenues ou pas. Sa lucidité à toute épreuve, Incapables d'immortalité les mortels, met en relief la brique élémentaire du sens et des émotions
que véhiculent les mots. Vie brève et art durable, l'action est la seule théorie qui compte, chez Fostiéris la culture grecque ou autre est toujours à
l'épreuve du réel, elle permet aussi d'échafauder des projets pour le passé. Laissons le lecteur découvrir l'ampleur, la souplesse et la
beauté de ces poèmes ! » (Michel Cassir)
Pierre Yang, De
ciel en ciel. Éditions L’Harmattan (collection Levée
d’ancre), novembre 2022 (128 p., 14,5 €)
Les poèmes de Pierre Yang – exilé qui unit dans son identité le ciel de Chine d'où il vient et celui de Paris sous lequel il vit désormais – sont des poèmes lyriques, ceux de la lyre d'Orphée qui fait résonner le ton de l'élégie. Mais cette référence à la Grèce n'oblitère nullement la tradition lyrique chinoise multimillénaire dont l'auteur est nourri. Écrits en vers libres, les poèmes de cette « âme errante » ont trouvé refuge dans un pays étranger, le nôtre. Il nous importe de lire, nous lecteurs français, ce poète venu d'un pays à la tradition poétique immense et qui a rejoint désormais la nôtre.
Giovanni Dotoli,
Paris
poésie. Éditions L’Harmattan
(collection
« L’Orizzonte »), novembre 2022 (392 p., 30 €)
« Paris est mon cœur. Paris est
ma ville. Paris est la cité de mes rêves. Paris est le lieu de ma liberté. Ses
poètes me rendent fou. Tous ceux qui l'ont aimé. Tous ceux qui le traversent en
flâneurs, en rêveurs, ...en poètes. Moi aussi je le traverse en poète. (…) La
poésie de Paris est mon élixir et mon baume. À Paris je guéris, chaque fois que
j'y arrive. (…). Paris est pour moi une chanson, une symphonie, une musique,
une femme que j'aime. Je le regarde comme un paradis, j'ausculte sa voix, je le
lis comme un livre de sagesse. »
Jamal Kitel, Oracles
et délires. Éditions L’Harmattan (collection : Poètes
des cinq continents), octobre 2022 (120 p., 14 €)
Ce recueil-essai, original dans son écriture même, sait
convoquer en mémoire poètes et philosophes les plus illustres. L'auteur y
déploie une forte intuition poétique qui sait nous faire appréhender au plus
intime, nos temps modernes et leur antique héritage dont nous mettons trop
souvent entre parenthèses les traces qui pourtant nous animent au quotidien.
Eva-Maria Berg, Hommage
à Rosemarie Bronikowski "und immer wieder das gespräch".
Éditions du Petit Véhicule (collection Chiendents n° 170), octobre 2022 (38 p.,
8 €)
« À l’occasion du centenaire de la naissance de
Rosemarie Bronikowski, j’aimerais évoquer son souvenir en appréciant sa personnalité
et sa poésie, et en la remerciant tout particulièrement pour son accompagnement
littéraire et poétique de longue date et pour l’amitié qui nous lie
profondément » (préambule de l’autrice). Ce livre-hommage est un collage
de poèmes, en version bilingue, évoquant des rencontres et échanges
littéraires.
Nathalie Lescop-Boeswillwald, Des mots pour seule berceuse. Le monde de Thalie, octobre 2022 10 €)
« Avec Des mots pour seule berceuse, Nathalie nous
fait redécouvrir l’efficacité radicale en me temps que la beauté épurée de la
forme brève. On se croit transporté dans un recueil d’haïkus, mais Nathalie,
qui ne se laisse jamais enfermée ni dans la forme ni dans le fond, nous demande
soudain : "L’amour est tout / Alors pourquoi ce jeu de dupes ?"
et ne manque pas de nous rappeler que "Liberté est [sa] saison
préférée". La forme poétique employée se fait alors bel et bien liberté… » (extrait de la préface d’Amandine
Gouttefarde-Rousseau).
De et sur cette
autrice, voir le groupage de poèmes et la présentation qui l’accompagne dans ce
même numéro, à la rubrique Francosemailles.
***
Revues
Les cahiers de Tinbad, n° 13. Éditions Tinbad, novembre 2022 (127 p., 16 €)
Une revue mêlant
littérature et art, avec, dans ce numéro notamment, deux dossiers principaux.
L'un est consacré à la crise politique née de la pandémie de Covid-19, l'autre
au totalitarisme numérique.
Nous signalons au
sommaire l’article "Écrire
aux éclats", de Mireille Diaz-Florian, à propos de l’ouvrage Sans
Transition de Cyril Huot.
Revues
présentées par Éric Chassefière :
Revue Portulan bleu,
n°39, octobre 2022
Le revue Portulan bleu est publiée par l’association Voix Tissées, qui rassemble poètes et artistes autour de la promotion de l’écriture poétique, sous la direction de Martine Rigo Sastre. L’association publie également des livres dans différentes collections : rencontre entre un poète et un artiste, carte blanche à un poète-artiste, littérature, poésie pour la jeunesse… La revue a été lancée en 2003 sur l’idée d’André Lagrange, dont elle prend le titre de l’un de ses recueils - Portulan(s) -, de la poète Martine Magtyar et du poète et dramaturge Jean Laugier, dont une citation figure systématiquement sur la page de couverture, ici pour ce numéro : « Sans rêve à partager, les vivants n’ont plus d’âme / Ils cherchent vainement qui les pourrait sauver ». Elle paraît trois fois par an, en février, mai et octobre.
Chaque numéro développe un thème, ici la Consolation, alimenté par les textes de vingt-cinq poètes, parfois accompagnés d’œuvres plastiques, ici de Fabienne Nuyttens-Perin, Rebecca Gruel, Dominique Le Tricoteur et Walter Jagueneau. Citons Francine Caron, avec ce magnifique poème d’amour : « tu m’as guérie de moi / avec ta bouche, / mon sang s’illuminant / comme un vitrail // À coup de pierres douces, / tu édifies dedans mes gouffres - // et moi j’ai léché la plaie / de ton visage / dans le très pur silence qui convenait ». Marie Cayol exprime l’impuissance à aimer ceux qui souffrent et honorer leur mémoire, les sentant pourtant si proches : « quand le matin / la rosée sur les feuilles me dit / la soif des hommes du désert / quand les pétales de la rose / parlent des saris aux couleurs / chatoyantes / quand les épis de maïs bien dorés / chantent et dansent / avec les Katsinas / là-bas chez les Hopis / et quand les armes russes / aux confins de l’Europe / écrasent / les peuples de l’Ukraine ». L’amour, nous dit Ingrid Ley, est étincelle : « N’être que soi / Mais si important à l’autre // La surprise du geste attendrit l’instant / Où apparaît l’amour ».
L’entretien est consacré au poète d’origine gabonaise Stève-Wilifrid Mounguengui, qui nous confie écrire en marchant, flâneur comme l’adolescent qu’il était, longeant rivières et ruisseaux, maintenant écrivain nomade : « j’écris pour voyager et je voyage pour écrire », dont un poème issu de son recueil Crue des nuits des songes d’automne est reproduit, commençant par ces trois strophes : « J’ai avalé des nuits / Si tristes d’automne / Pour accoucher mes soleils // Au bord d’une nuit d’automne / J’ai brodé des sourires de toi / Avec la lumière pâle du soleil // J’écris sur les chemins / Sur les bords de la nuit / Et j’ai griffonné graffiti / Aux flancs du ciel ». La rubrique Des livres et vous est ensuite consacrée à de courtes recensions, écrites par Chantal Couliou ou Martine Maktyar, d’une quinzaine de livres de poésie récemment parus.
Revue Coup de
soleil n°116, octobre 2022
La revue triannuelle Coup de soleil dirigée par Michel Dunand et Marie-Françoise Payet-Saliesiani, et publiée par la Maison de la Poésie d’Annecy, a été lancée en 1984. Ce numéro consacre une section spéciale à la poésie roumaine, avec des poèmes de cinq poètes roumains, Ana Blandiana, Nichita Stanescu, Paul Vinicius, Dana Novac et Corina Dasoveanu, traduits en français par Radu Bata.
Suivent des poèmes de Radu Bata, Claude Burine, Morgan Riet, Gilles Lades, Éric Chassefière, Tom Saja et Marie-Ange Sebasti. Cette dernière, décédée au début de l’année 2022, fait l’objet d’un hommage par Jacques André, son éditeur, qui loue son amour de la langue et des mots : « Jamais elle n’aura quitté la poésie, jamais la poésie ne l’aura quittée. Une production lente, sobre, jamais forcée », une vingtaine de recueils en presque soixante ans d’écriture, dont les six derniers publiés par Jacques André Éditeur entre 2007 et aujourd’hui : Marges arides, Villes éphémères, Bastia à fleur d’eau, Venise février, Hautes pages, Cette parcelle inépuisable, La connivence du marchand de couleurs, La caravane de l’orage. De l’avant dernier des recueils cités, ce poème disant l’espoir reproduit dans la revue :
« Il ne réclame rien
au bout des terres
qu’un peu d’écume
un estuaire
un embarcadère
un simple ponton
une coque de noix
pour piéger l’azur »
Suivent, comme dans chaque numéro, une petite dizaine de chroniques, dont nous mentionnerons plus particulièrement ici celle de Jacques Ancet sur la poésie de Jean de Breyne, dont la bibliographie est riche d’une trentaine de titres, et plus particulièrement son recueil Adresses. « Chez Jean de Breyne marche et poème se confondent […] Cette confusion fait du chemin une phrase et de la phrase un chemin, au bout de quoi commence l’inconnu à venir – demain ou la lumière : vous voyez déjà je pense à demain, / je sais que devra être la première phrase / et c’est à la lumière de m’adresser […] On marche on suit le chemin du poème, une phrase lente qui donne à cette écriture sa tonalité méditative ou pensive ». Il s’agit chez De Breyne, par l’écriture du poème, d’ « enlever leur nom au choses pour qu’elle puissent apparaître », « dé-nommer » donc plutôt que « nommer ». Les extraits fournis par Ancet et son analyse donnent envie de lire cette poésie de l’innommable et de la lumière.
Revue L’arbre parle
n°7, Automne 2022
Cette revue « sauvage et poétique », une vingtaines de pages simplement agrafées au format A4, paraissant deux fois par an, a été créée en 2019 par Didier Ober dans le cadre de son association L’arbre barde. Voici comment, dans le numéro 1 de la revue, Didier Ober entamait son éditorial :
« Comme le dit Bison qui marche, les arbres parlent et ils ont tant de choses à nous raconter… Cette revue essaiera de recueillir leurs paroles, ainsi que celles de poètes, de penseurs, d’amoureux de la nature… Nous rendons aussi hommage au peuple amérindien qui a vécu un des plus grands génocides de l’histoire.
L’arbre est un compagnon indispensable. Il nous donne l’oxygène, il nous donne la lumière par son feu et l’ombre quand il fait chaud. C’est l’arbre qui nous permet de transmettre la connaissance grâce au papier dont sont faits les livres… Comme l’eau, l’arbre est indispensable à la vie sur terre. La survie de l’humain dépend de l’arbre. Nous sommes étroitement liés ».
La guerre, la peur, le saccage des ressources naturelles et de la biodiversité, constituent le décor chaotique sur lequel la revue installe le garde-fou de la poésie, dont bien sûr l’efficacité ne peut être que limitée, les poètes en sont conscients. « Cependant, il faut bien continuer d’écrire, ne serait-ce que pour nous sentir vivants… C’est pour cette raison également que l’arbre parle », ainsi Didier Ober conclut-il l’éditorial du numéro 7. Comme dans chaque numéro figurent au verso de la page de garde l’extrait d’un chant comanche, et un proverbe amérindien, ici :
« Quand le dernier arbre aura été abattu,
quand la dernière rivière aura été empoisonnée,
quand le dernier poisson aura été pêché,
alors on saura que l’argent ne se mange pas »
Ces thèmes de la destruction, et la colère qu’elle font naître en nous, reviennent de manière frontale dans les poèmes de Rebecca Lorand, Didier Ober, Janine Sabatier, Jean-Marc Couvé, Jean-Michel Bongiraud, Ferruccio Brugnaro, Béatrice Gaudy, Alain Jean Macé, Kiko, Jean-Pierre Lesieur, Alain Clastres. D’autres textes sont d’une tonalité plus méditative, que l’on doit en particulier à Michelle Caussat, ou Nathalie Lescop-Boeswillwald, l’amour de l’arbre et la révolte contre la destruction de la nature et de l’humain constituant souvent dans l’ensemble de ces textes les deux faces du même poème. Sans oublier les pages scientifiques de Sylviane Congnard sur le cycle de vie des arbres.
Le numéro se termine sur des notes de lecture et une page consacrée aux revues « amies » : Éclats de rêves, Verso, Rose des temps, Libelle, Comme en poésie, Fragments / Revue de littérature prolétarienne, Mot à maux, Les amis de Thalie, Florilège, La vie secrète des mots. Puis vient pour clore l’ensemble un poème d’Alain Clastres, qui se termine ainsi, comme en écho à l’éditorial : « Poésie déracinée ! / Humanité terminée ! / poésie / rempart de l’irréductible / mystérieux de la vie / rempart de la liberté de l’humanité ! ».
Mensuel de poésie LIBELLE, n°345,
septembre 2022
Cette petite revue, composée d’une double feuille et d’un feuillet intercalaire (« un bloc-notes en six pages »), paraît mensuellement depuis 1991, année de sa création par Michel Prades et Bernard Rivet, publiée par l’association du même nom. Suite au décès de Bernard River en 1994, Michel Prades en assure seul la coordination. La revue, dont chaque numéro se présente comme un recueil de courts poèmes, auquel est adjoint une page de chroniques consacrée à quelques livre récemment parus, est ouverte aux jeunes, 80% des poèmes reçus provenant d’auteurs pas ou peu connus. Elle est distribuée à un millier d’abonnés. Michel Prades la présente comme « une histoire d’amitié, d’amitiés, un cas d’écriture non installé, volontairement non installé ». Les poèmes s’enchainent. Voir au-delà des mots, parler à l’infini du monde (Chantal Godé-Victor) : « La rose est-elle vraiment une rose ? / Et la servante près de la lampe / ne va-t-elle pas devenir reine dès que la lumière aura brisé / le trop plein de l’ombre ? » ; écrire et écrire encore (Michel Prades) : « Je suis bien à être parmi les choses, / À savoir que là tout vit / À sentir la nuit. / Le sommeil près de moi. / Entre chaque ligne » ; marcher, s’élever (Jacques Gauthier) : « Les pas du marcheur / s’égrènent à la verticale / l’horizon recule » ; se laisser émerveiller par l’instant (Damien Gabriels) : « Café brûlant - / le givre des toits / poudré de pleine lune. »
Revue Rose des temps,
n°43, mai-août 2022
La revue Rose des Temps, conduite par Patrick Picornot et Aumane Placide, est publiée par l’association Parole & Poésie, créée en 2009, dont le but est de promouvoir la dimension orale et écrite de la poésie française et francophone. Elle paraît trois fois par an, en mai, septembre et janvier. Signature de la revue, un court poème placé sur la couverture dans lequel apparaît le mot « rose », ici : « L’une de vous, jetant entre les durs barreaux / Une rose, a souri, tandis qu’une autre pleure… » (Cécile Périn). Le présent numéro est placé sous le signe de la femme, « Origine du monde », pour reprendre le titre du fameux tableau de Gustave Courbet, que Patrick Picornot développe dans son éditorial en opposant les sociétés matriarcales égalitaires et respectueuses de la vie de l’antiquité au patriarcat résultant des logiques de guerre et de l’installation du capitalisme industriel, et en prônant une société dans laquelle la femme serait reconnue à l’égal de l’homme, mais forte de sa spécificité de femme, incarnant paix et respect de la vie et de l’environnement.
Les rubriques Jadis et naguère, et Sources vives, consacrées respectivement à des poètes du 20e siècle dont un poème est reproduit (ici Daniel Boulanger et Cécile Périn) et à un poète particulier dont est retracé le parcours de vie et d’écriture (ici le poète guadeloupéen Karibé Mamba), présentement accompagnées d’une étude sur l’art du sonnet chez Rimbaud, introduisent le numéro, dont la partie centrale, le Cahier de création, présente une trentaine de poèmes, un par auteur, allant de la poésie rimée à la prose poétique, souvent accompagnés d’informations biobibliographiques fournies. Quelques extraits glanés au fil de ces pages : « je garderai pour toi au dernier crépuscule / Une pleine lune verte / Avant que le soleil nous fasse ses adieux » (Karibé Mamba) ; « Femme pleine de force et de feu / Tu es le poème qui traduit le chant des étoiles / En une poésie de résistance » (Françoise Tchartiloglou) ; « Main caressant l’eau / Rêverie de jeune fille assise à une rive. / Mélancolie d’un moment, / Pause de l’espoir, / Tristesse souriante. // Calme du laisser voguer sur vague grise » (Michel Paume) ; « J’AFFIRME / l’éclatante beauté / d’un sexe parsemé d’étoiles // J’affirme / l’indicible force / du cloître matriciel / peuplant large la Terre » (Francine Caron).
Suivent des rubriques consacrées à Jorge Luis Borges, à la promenade poétique organisée par Parole & Poésie au printemps dans le 15e arrondissement de Paris, aux bibliothèques-conservatoires de poésie créées ici et là (la Bibliothèque conservatoire des revues de poésie de Carmaux dans le Tarn, la Cave littéraire et la Poéthèque de Villefontaine dans l’Isère, la Poémothèque d’Ethe en Wallonie créée par l’animateur de la revue Traversées, Patrice Breno), au concours « Prendre le temps » et aux rencontre EHPAD-Collège qui voient collégiens et résidents interagir autour de l’écriture poétique. Puis vient le Carnet de notes présentant des recensions, certaines étoffées, de recueils récemment parus, au nombre d’une quinzaine, suivi par les recensions de plusieurs revues de poésie (L’agora, L’arbre parle, Jeux d’épreuves, Poésie 13, Verso) et deux comptes rendus de spectacles (musique, expression théâtrale pour de jeunes handicapés).
Andreea-Maria
Lemnaru, Équinoxe. Éditions du Cygne,
octobre 2022 (60 p., 10 €)
Équinoxe est le quatrième recueil de poésie d’Andreea-Maria Lemnaru. Ses vers, mystiques et païens, encensent une Nature reine et magique, peuplée d’êtres invisibles, de l’orage surgi de terre aux nuées d’oiseaux ressuscitées par la lumière. Le style est à la fois oraculaire et épuré, la veine symboliste. Dans Équinoxe, le monde des rêves est seul à exister véritablement, tandis que celui des sens, illusoire, nous trompe.
La poésie d’Andreea-Maria Lemnaru, tour à tour pythie et ermite, est un voyage passionné aux confins de l’âme, du Styx au Caucase, du désert aux volcans glacés.
Andreea-Maria Lemnaru est docteur
en philosophie des religions à la Sorbonne, spécialiste dans le néo-platonisme.
Conférencière internationale, elle intervient régulièrement à Cambridge, Oxford
et à l’École Normale Supérieure de Paris.
Isabellé Camarrieu, Des
nouvelles du moi. Éditions Unicité, octobre 2022 (134 p., 14 €)
À travers Des nouvelles du moi, Isabelle Camarrieu
imbibe ses mois en différé ! Désormais ils seront décentralisés, inter- actifs,
transversaux, participatifs, rhizomiques, proliférants, intertextuels,
propulsifs et inachevables dans tous les sens du derme !! Saisissant les ondes
dans de petits boitiers portables pour givrer les paroles / Nous avons créé des
données toutes numérotées, voilà à quoi panse notre poétesse ! Dans quel État
du Moi, réside la Question ?!! Nous en recevons la réponse à grands jets
d’interrogations cocasses et si fines !! Sur leurs scènes en terreaux
d’hypothèses / Nous interrogeons leurs trésors d’invention, écrit-elle sur un
Plan séquence muet /Sur étirement noir pour Faire la lumière sur cette histoire
! Le cerveau de l’auteure conclut à une litanie de questions auxquelles elle
répond et éternue par une escadrille d’exclamations ! Mais l’air dément tous
ceux qui ont de bonnes raisons de n’a pas avoir tort !! La poésie est un pouls
… Pirouette, elle sourit et la voici disparue ! Vous pensiez vraiment l’avoir
vue ? Isabelle Camarrieu fournit les réponses mais vous êtes-vous munis de
questions ?
Décharge.
N° 195, septembre 2022 (152 p., 8 €)
Sélection du sommaire :
Dossier Jean-Paul Klée (Jacmo) ; Phare dans la nuit (Georges
Cathalo) ; Florence Saint-Roch : Une poésie en mouvement (Christian Degoutte) ; Dans
l’atelier du poète : Jean-Pierre Otte ;
Voix nouvelles : Anne Barbusse, Bertrand Gaydon ; Les
Ruminations (Claude Vercey) ; Des voix venues d’ailleurs (Yves-J.
Bouin) : Violeta Barrientos.
Le poète
et critique Jacques Morin est bien sûr immanquable avec : Diaphragme
- Notes de lecture (Jacmo).
Pour la création, le Choix de Décharge pour ce numéro se porte
sur les poètes : Muriel Denis, Anna Civert, Erwan
Gourmelen, Arthur Fousse, Bernard Plouzennec, Nicole Barromé, Laure Escudier,
Kevin Broda, Juliette Bargès, Audrey Avanzi, Isabelle Garreau, Alain Brissiaud.
Poésie/première.
N° 83, septembre 2022
Extrait de l’édito de Martine
Morillon-Carreau, posant la question de l’identité de la voix
poétique – « le proférant (pour ne pas dire le prophète) … non
seulement anonyme, mais comme surgi de la seule voix de l’humanité entière » :
« Qui parle en effet
au poème, à travers les je / tu / il / nous, voire l’indéfini on,
ces pronoms, grammaticalement nommés personnels ? Telle est,
aussi ancienne que très contemporaine, la problématique animant nombre des
interventions du n° 83… »
Sélection du sommaire : Je / Tu / Il, essai par Gérard Mottet, et un échange avec
Frédéric Tison ; Portraits : Pierre Perrin, entretien conduit par Claire Boitel ; Christian
Viguié, propos recueillis par Alain Lacouchie ; Dossier : Kathleen Raine par Claire Garnier-Tardieu ; Carnets de Voyages (1) par Alain Duault ; Gravure et poème de
Danièle Corre ; Au théâtre : Deux représentations de Cendrillon, par Bernard Fournier.
Poésie : Béatrice Libert,
Anne-Marie Bernad, Marc de Dommartin, Christophe Pineau-Thierry, Philippe
Mathy, Philippe Monneveux, Sabine Alicic, Éric Bouchéty, Édith Chafer, Charles
Senard, Gérard Leyzieux, Vincent Gispert, Arnaud Vendès, Chem Assayag, Gaston
Vieujeux, Anne Bihoreau, Christophe Schmit, Éline Guez, Christian Moroy,
Patrice Blanc.
Notes de lectures sur (entre autres) : Luc-André Sagne, Anne Mounic,
Richard Rognet, Alain Duault, Eva-Maria Berg, Mathias Lair, Gaëlle Josse.
Verso. N°190, septembre 2022
Ce
numéro, comme tous les numéros de la revue (4 numéros par an depuis 1977), est
introduit par un sonnet de Shakespeare, traduit par Mermed. Alain Wexler,
s’inspirant a posteriori des poèmes publiés dans le numéro, en a composé le
titre suivant : « Bois profonds comme la mer ».
Une
trentaine de poètes sont au sommaire. Glanés au fil des pages, quelques
extraits : « Les routes sont de l’encre en nos yeux / des pétales
respirent / Instant où le paysage fustige le vent / Dans mes murmures je
m’assois sur les branches de mon corps. » (Tristan Allix) ;
« Tu es comme un enfant / Rieur qui saute / À pieds joints // Dans une
flaque / Immense / De lumière // Et qui tente de saisir / À la gorge le soleil/
Qui coule entre ses doigts » (François Teyssandier) ; « Elle
arbore un livre sous les frondaisons adorées / Confondue dans son désir qui
doucement s’effeuille / Les pages s’écartent au lieu des jambes / à jamais
ignorante de mon regard aimanté. » (Clara Jezewski) ; « Lumière
/ main lasse sur la pierre / à tâtons / tamisée de fumée / ou de brume /
s’assoupir. » (Alain Guillard).
Puis
Alain Wexler et Armelle Chitrit nous rendent compte de leurs lectures de
recueils récemment parus, et Christian Degoutte livre « en salade »
les fruits de ses recherches dans pas moins d’une quinzaine de revues de
poésie. À noter la très belle lettre-hommage de Isabelle Poncet-Rimaud à Marie-Ange Sebasti, spécialiste de littérature
grecque et poète, disparue en janvier 2022, dont les derniers livres ont été
publiés chez Jacques André Éditeur.
Comme en poésie. N°91, septembre 2022
Voici une revue de poésie trimestrielle, éditée depuis
maintenant 22 ans, que Jean-Pierre Lesieur fabrique seul, un
poète-ouvrier en quelque sorte dans sa « fabrique du poème » (comme
il le sous-titre joliment sur la page de couverture), dans les Landes à
Hossegor, où il anime également le Garage au poème, lieu de lecture et de
présentation de poètes. La revue est ouverte à de nombreux styles d’écriture,
et se présente comme lieu d’expression de « la révolte, la fronde, le
ras le bol », ainsi qu’il est mentionné sur la couverture de chaque
numéro, contre toutes les formes d’oppression et d’exploitation.
Une trentaine de poètes s’expriment dans ce numéro. Citons,
dans le registre de la révolte : Joëlle Petillot, évoquant la guerre
« bouffeuse d’espoir » : « je vis je ris je danse
/ je drape de joie mes silences / il fait froid à l’ombre d’un doute / mais
viennent les notes égrenées / la harpe d’enfance / haut perlée / et son pouvoir
d’effacement / dont tu ne veux rien savoir » ; Ferrucio Brugnaro,
criant la souffrance du peuple kurde : « Le cœur des enfants
kurdes / à genoux en ces heures / brûle / dans un martyr / et une solitude /
cruels » ; ou encore Jean-Marc Couvé : « Pourtant,
il n’existe aucun mot, aucun adjectif pour mieux clouer au pilori la guerre
que… guerre ». Mentionnons encore les poèmes marqués au sceau de
l’espérance de Jean Chatard : « Nous avions pris pour habitude de
té- / moigner face au couchant et le regard / des dieux morcelait à plaisir /
nos gestes légendaires posés et déposés / sur de nouveaux rivages » ou
Mireille Podchlebnik : « Paroles d’antan / rencontre hors du temps
/ Mots tendresses / jeux en miroir / Aux carrefours de l’espoir ». De
nombreuses pages sont consacrées à des textes de réflexion de Pierre Mironer
sur des sujets variés : l’environnement, la musique, l’art…
Le numéro se clôt sur la rubrique intitulée La Cité
critique, « pour le plaisir de lire de la poésie », que
Jean-Pierre Lesieur consacre à rendre compte de ses lectures des revues de
poésie, ou de recueils récemment parus.
Florilège. N°188, septembre 2022
La revue trimestrielle Florilège, créée en 1974 par
l’Association Les Poètes de l’Amitié – Poètes
sans Frontières
présidée par le poète et écrivain dijonnais Stephen Blanchard, présente
un sommaire très riche, allié à une présentation de fort belle facture.
Près d’une centaine de poètes ont fourni la matière de la
section Les Créations consacrée aux poèmes proprement dit, occupant une
moitié du numéro, sur le principe d’un poème par auteur, dans une grande
diversité de formes allant de la poésie rimée au vers libre. Cette partie se
clôt par l’édition des textes lauréats du Concours de poésie et du Concours de
nouvelles de la revue Florilège. Citons la dernière strophe d’un poème lauréat,
celui de Jean-Marc Delaye inspiré par un monochrome de Yves Klein :
« Elle admire un bateau que nul ne pouvait voir, / Tout bleu sur le fond
bleu de ce bleu monochrome / Et qui vogue sur l’eau tel un vaisseau fantôme, /
Un bateau que l’artiste a peint sans le savoir. » Puis viennent deux
poèmes de François Cheng, issus des recueils « La vraie gloire est
ici » et « Double chant », illustrés de deux œuvres de l’artiste
allemande Catrin Welz-Stein, dont Caroline Clément dresse le portrait en
dernière page.
L’autre moitié du numéro est consacrée aux chroniques et
notes de lecture, très nombreuses et détaillées, portant sur des recueils
récemment publiés ou des revues de poésie. Une somme impressionnante
d’informations sur l’actualité éditoriale de la poésie, à laquelle se mêlent
notamment un hommage de France Brel à son père Jacques, ou encore, « sous
le soleil de poésie », une réflexion de Kathleen Hyden-David sur la
question du jugement qu’on peut émettre sur l’œuvre poétique d’autrui
s’appuyant sur les « Lettes à un jeune poète » de Rainer Maria Rilke,
qui donne notamment ce conseil au jeune poète Franz Xaver Kappus :
« Demandez-vous à l’heure la plus silencieuse de votre nuit : dois-je
écrire ? [et si la réponse est oui] alors construisez votre vie
selon votre nécessité », et encore : « il suffit […] de sentir
qu’on pourrait vivre sans écrire pour n’avoir aucun droit à le faire ».
Des pages d’une diversité et d’une richesse exceptionnelle, traduisant le
travail de longue haleine des Poètes de l’Amitié dans la diffusion et
l’animation de la poésie.
Sylvestre Clancier – dans les revues
Accessible
intégralement et gratuitement à partir du site Poezibao, en format électronique
(.pdf), le numéro 77 (septembre 2022) de la revue de poésie contemporaine NU(E)
est consacré à l'étude de l’œuvre poétique de Sylvestre Clancier, à
l'occasion de la parution aux éditions La
Rumeur libre du tome 3 de ses œuvres.
Cette publication
précède le nouvel essai consacré à l'analyse de son œuvre poétique que
Christine Bini (E.N.S. Lyon) fait paraître très prochainement chez le même
éditeur, la Rumeur libre, qui a un site sur lequel on peut se procurer
toutes les publications du catalogue.
Pendant l'été est
paru un numéro spécial de la revue Intuitions consacré lui
aussi à son œuvre et qui contient un long poème inédit de Sylvestre Clancier, Arbrassements, dédié
au peintre Jacques Damville. (La Revue est dirigée par Éric Sivry). Vous pouvez
vous procurer ce numéro vendu 15€ auprès des éditions d'ICI et d'Ailleurs
(29 rue Louis Bougard, 77100 Meaux et dicietdailleurs@wanadoo.fr).
Sylvestre Clancier, Poèmes
de la Baie, avec des encres
marines de Anne Ar Moal. Éditions
Henry (collection Les Écrits du Nord : courriel), septembre 2022. Livre de
bibliophilie sur beau papier et sous emboitage tiré à 40 exemplaires, numérotés
et signés, format 22,5 x 25,5, prix 50 €.
Jacques Ancet, Le temps des voix. Éditions Publie.net, septembre 2022
(numérique : 6,99 € ; papier : 25
€)
Le dernier livre de l’année 2022 : le second volet du
diptyque L'Amitié des voix
de
Jacques Ancet. Intitulé Le temps des voix,
il complète
et achève cette remarquable étude sur les écritures poétiques de référence,
couvrant cette fois un pan plus contemporain que le premier tome.
Dans son cycle critique L’amitié
des voix, Jacques Ancet réunit moins un panthéon d’auteurs qu’une colonne
vertébrale, nécessairement subjective, d’œuvres ayant soutenu sa voie : « une
géographie de préférences personnelles qui s’étend sur près de quarante ans ».
Car on n’écrit pas sans l’autre, et dresser la carte de ses voix d’écriture,
c’est livrer un peu de soi-même.
Ce
second tome réunit des auteurs contemporains vivants — ou presque, comme
Philippe Jaccottet, Bernard Noël et Michel Deguy récemment disparus —, dont la
naissance s’échelonne, en gros, dans la décennie des années 20 et 30, et 30 et
40. D’autres auraient pu figurer ici, notamment de plus jeunes, mais il fallait
se donner des limites et c’est bien arbitrairement que ce parcours s’achève
finalement avec trois auteurs nés dans les années 50 : Andrés Sánchez Robayna
pour son importance dans le panorama des lettres hispaniques actuelles et, par
l’effet des circonstances, en l’occurrence leur disparition prématurée, Thierry
Metz et Antoine Emaz.
Louise Dupré, Exercices de joie. Éditons Bruno Ducey, septembre 2022 (144 p., 15 €)
Après Plus haut que les flammes et La main hantée, Louise Dupré livre le troisième volet d’un
triptyque voué aux ressources du poétique face à la détresse et la dévastation
du monde. Avec ce recueil, la romancière québécoise se définit comme « la
mendiante de minuscules joies arrachées à la détresse ». Elle consent à la
fragilité, célèbre la caresse et prend « le risque de la tendresse », refusant
à jamais de se situer du côté des cœurs endurcis. Face à la catastrophe que
constituent les guerres, la souffrance des enfants ou l’insidieuse persistance
du mal, elle pratique au quotidien ses « exercices de joie », comme d’autres se
livrent à des exercices spirituels, des mantras ou une activité physique. Et
l’on ressort de ce livre avec une conscience aiguë de la nécessité de protéger
la vie, ce miracle fragile.
Lea Nagy, Le
chaos en spectacle. Éditions du Cygne, septembre 2022 (68 p.,
10 €)
Traduit du hongrois par Yann Caspar. Préface
de Patrice Kanozsai :
« Après deux premiers recueils publiés en
langue hongroise Turbulences et Chute de pierres dans lesquels les poèmes
de Lea Nagy insinuaient une direction d’un « quelque part » vers un « quelque
chose », nous terminons ici le voyage au milieu d’un chaos en spectacle. Ce chaos y est littéralement
exhibé en aboutissement des turbulences et des chutes
de pierres vécues par le poète.
Les événements, les intentions, les
objets, les personnages du passé sont désormais accrochés aux murs, encadrés.
Plus rien ne tourbillonne, c’est la fin du voyage. Et c’est le chaos lui-même
qui nous donne une chance de passer à autre chose même si le passé restera
toujours vivace dans la conscience du poète. Au fil du temps, ces fils
invisibles se dénouent lentement et le silence atteint notre conscience.
Les poèmes du
chaos de Lea Nagy s’agglomèrent ainsi en fusion intense du passé et du présent.
On y ressent l’intensité des couleurs, des actes, des sons et des personnages.
Chaque bruit suit le silence et tout silence est un bruit.
Après la dernière scène, après la fin du
spectacle, chacune des images de l’exposition y est démontée, laissant une
surface murale blanche et propre. C’est l’occasion de repartir sur de nouvelles
bases… et de redessiner. »
En dédicace samedi 1er octobre 2022 à
la librairie « Les lettres du temps », Paris.
Francis Gonnet, Sang
de nos racines. Éditions du Cygne, septembre 2022 (56 p.,
10 €)
Préface
d'Anne-Marielle Wilwerth. L’homme
grandit à la force de ses racines. « On avance adossés à d’autres regards, mais
au fond du vent, tremble encore, l’empreinte des premiers mots ». Le socle de
l’enfance, libère la sève qui jaillit dans nos branches. Parfois déraciné, «
L’arbre, mis à nu » attend que « la lumière grave ses initiales » qu’un « feu
lèche les plaies de l’ombre. ». Mais face au vent « En regardant le ciel, la
terre court sous nos pieds. Seules, les racines résistent au glissement ».
Martine Rouhart, Il
faut peu de mots.
Éditions
du Cygne, septembre 2022 (52 p., 10 €)
Saisir une pensée, la légèreté
grave d’un instant, nouer un chapelet de mots qui se donnent dans un souffle.
On le sait, il faut peu de mots pour réveiller des mondes
endormis au fond de nous, faire lever quelque chose d’essentiel dans le cœur.
France Burghelle Rey, Le Roman de Clara (roman).
Éditions
Unicité, septembre 2022 (160 p., 16 €)
« C’était toujours la même chose quand il écrivait.
La lecture lui devenait quasiment impossible. Ses propres mots interféraient
avec ceux qu’il lisait, ses personnages se substituaient à ceux du livre et il
mettait un quart d’heure pour lire une simple page. Parfois, n’en pouvant plus,
il se relevait et rallumait l’ordinateur qu’il avait pensé éteindre jusqu’au
lendemain. Il arrivait alors qu’inspiré par un mot, mené par un personnage, il
écrivît plusieurs pages d’affilée… » (extrait du roman).
François Minod, De choses et d’autres. Éditions Unicité, septembre 2022 (88 p., 14 €)
Papiers collés de
Catherine Seghers. Préface de Patrick Quillier.
Loin de tout lyrisme, de
toute poétique dont les mots feraient sens par leur pouvoir de suggestion,
François Minod interroge les choses comme pour combler l’abîme d’un réel
intériorisé, à la lisière de soi, qui pose autant de questions qu’il y a en
nous de couches qu’on ne peut pas superposer. François Minod interroge le
concret qui nous échappe, il déjoue nos mécanismes de pensée, tue le
poétiquement correct et nous réenchante en ouvrant d’autres portes, d’autres
champs d’investigation atemporels.
Comme le dit Patrick
Quillier dans sa préface : « Cette parole n’est pas seulement prise dans la
tension qui s’installe entre mots et choses d’une part et vouloir se taire
d’autre part, elle l’est aussi dans celle non moins intense qui existe entre le
dedans et le dehors, le vertige douloureux du for intérieur et l’ouverture
problématique à l’autre. »
Ana Blandiana, Clair
de mort. Éditions Unicité, août 2022 (78 p.,
13 €)
Traduction de Mihai
Zaharia. Adaptation de Gérard Bayo. Avant-propos de Jean Poncet. Préface de Ion
Pop
Présentation par Francis
Coffinet : « Nous sommes heureux de republier aux Cahiers Bleus
cet ouvrage d’Ana Blandiana. Ainsi les Cahiers restent fidèles à la poésie
roumaine qu’ils ont tant soutenue depuis leur création.
Poète emblématique,
inscrite dans l’histoire de la Roumanie, Ana Blandiana porte dans son écriture
une flamme fragile que rien ne parviendra à éteindre.
Clair de mort revient
vers nous comme un objet stellaire sensible ayant traversé plusieurs fois le
temps. C’est un peu l’œuvre secrète d’Ana Blandiana, sa structure profonde, qui
nous est donnée là : refaire le voyage amont, revisiter les jours et offrir son
viatique.
Devenir, par la douleur,
plus lumineuse,
Puis quitter la branche
De cette enfantine manière
Dont on meurt
Chez les feuilles (A.B.) ».
Flavia Cosma, D’une
humeur à l’autre. Éditions du Cygne, août 2022 (74 p., 12
€)
« C’est le désir de vivre qui a
le dernier mot dans ce recueil. Désir de vivre, oui, mais sans se faire d’illusions,
avec le courage de regarder l’abîme en face, de marcher vers lui comme on
avance vers une fatalité devant laquelle il serait inutile de se rebeller.
Mieux vaut se laisser aveugler par le soleil, qui, en riant, fait venir aussi
des éclats de rire aux lèvres. » Extrait de la préface
de Louise Dupré, poète, Montréal, QC, Canada.
« Comment peut-on être triste quand on découvre
une poète qui apporte un monde avec elle ? Comme il n’y a pas de monde sans
épreuves, nous apprenons que ce sont précisément les épreuves difficiles, les
expériences parfois traumatisantes qui nous construisent et nous donnent de la
force, nous apprennent à valoriser l’instant. Vous, le lecteur, entrant dans ce
monde, comprendriez mieux votre propre miroir. » Rodica Gabriela
Chira—membre USR, Alba Iulia, Roumanie.
Stella
Vinitchi Radulescu, Vocabulaire du silence.
Éditions du Cygne, août 2022 (94 p., 13 €)
« Avec constance et bonheur Stella
Vinitchi Radulescu poursuit son cheminement poétique. Forte d’une œuvre
trilingue pertinente et déjà importante. Notre poétesse va à l’essentiel, pas
d’effets dithyrambiques, le mot juste, la phrase brève, concise, voire
cinglante parfois, incisive ! Elle demeure fidèle à un certain hermétisme qui
insuffle plus de force à ses textes, dont la forme souvent mystérieuse bat au
rythme de la vie. » Michel Bénard
« La langue est mouvante avec grande
agilité parmi les intervalles qu’elle crée sans cesse comme autant de dires de
l’in-dit, de nommer de l’innommé. Cette écriture permet une incursion plus
grande dans les profondeurs des sens telle une aisthésis de la
relation corps-nature depuis laquelle l’auteur – Stella Vinitchi Radulescu –
exprime une sensualité dans son rapport au verbe. » Philippe Tancelin.
Imasango, Ce pays
dans mes veines. Éditons Bruno Ducey, août
2022 (120 p., 15 €)
« Nous tressons à nos gestes les semences de paix », murmure
cette poétesse venue de Nouvelle-Calédonie. Car face à la violence du monde, à
l’histoire coloniale qui a laissé de profondes empreintes, aux déchirures qui
persistent dans son pays, Imasango oppose la force de l’espérance. De sa poésie
solaire et sensuelle naît un chant offert à celles et ceux qui, comme elle,
veulent bâtir l’avenir sur leurs racines métissées. Pour cette « femme-lieu »
qui appartient aux paysages de son île, l’histoire de demain se lit entre les
ramures des arbres, dans le flamboiement rouge des coraux, dans le souffle des
vents qui la traversent. Et au fil des vers se dessine la promesse de matins
neufs : « il est temps de bâtir un présent aux contours apaisés », nous
dit-elle enfin.
Ukraine
– 24 poètes pour un pays. Éditons Bruno Ducey, août 2022 (256 p., 20 €)
Anthologie
établie par Ella Yevtouchenko et Bruno Doucey. Bilingue ukrainien/français.
« Ce livre naît de la guerre en Ukraine, comme une fleur
parvient à s’extraire des décombres pour dire son droit à la lumière et à la
vie. ». C’est par ces mots que s’ouvre cette anthologie conçue sur le terreau
de l’actualité la plus immédiate. Elle rassemble des poètes ukrainiens engagés
dans la résistance. À l’image de Taras Chevtchenko, héros national, les uns ont
affirmé l’identité d’une nation face à l’agresseur. D’autres comme Vassyl
Stous, écrivain martyr de la dissidence, ont connu la lutte contre le nazisme,
le stalinisme et la guerre froide. À l’image d’Ella Yevtouchenko, les plus
jeunes appartiennent à cette génération de la Dignité née après l’effondrement
de l’URSS, qui a toujours connu une Ukraine indépendante. À travers eux, c’est
l’esprit de Maïdan qui respire en ces pages : celui d’hommes et de femmes qui
veulent choisir librement l’avenir de leur pays.
Voix Vives 2022. Anthologie Sète 2022.
Éditons Bruno Ducey, août 2022 (232 p., 20 €)
Préface
de Maïthé Vallès-Bled. Plus de 80 poètes parmi lesquels des auteurs des
Éditions Bruno Doucey, dont : Jeanne Benameur (France), Imasango (Nouvelle-Calédonie),
Sapho (France/Maroc), marraine du festival, ainsi que Brigitte Baumié, Paul de
Brancion, Marianne Catzaras (Tunisie/Grèce), Murielle Szac et Bruno Doucey,
eux-mêmes animateurs du festival.
Dana Shishmanian, Le
sens magnétique. Éditions L’Harmattan (collection Accent tonique),
juillet 2022 (116 p., 13 €)
Ce recueil s'est nourri d'écoutes musicales en confinement. Mais aussi de toute la matière psychique accumulée lors d'une vie qui, inconsciemment, cherchait une structure, un sens... Des retrouvailles lointaines, enfouies en mémoire depuis l'enfance, des découvertes récentes, des expériences intérieures, ont orienté ce magma tellurique vers le « sens magnétique »... Au lecteur de le sentir ou pressentir dans ces textes bruts issus tels quels sans façonnage.
Jamila Abitar, Chemin d'errance. Éditons Traversées, juillet 2022 (55 p.,
25€)
Extrait de la chronique de Lieven
Callant (revue Traversées,
29 août 2022) :
« Le cheminement poétique de Jamila
Abitar est fait de lumière, est porteur d’images qui rendent les rêves
plus tangibles. Le monde sensible semble à portée de main. C’est sur des notes
profondément positives que s’ouvre ce recueil. Dans la noirceur ambiante, face
à l’ironie désabusée de certains, ces brins de fraîcheur d’esprit et
d’optimisme volontaire apportent un peu d’espoir mais surtout nous invitent à
focaliser notre attention sur ce qui importe le plus pour chacun d’entre
nous.
La vie est une errance et pour réussir à en saisir
l’ardente beauté, il nous faut passer par le poème. La quête du poète est
spirituelle et outre-passe les frontières. Il ne s’agit pas d’une longue
traversée du désert mais au contraire d’un voyage qui va d’oasis en oasis. »
CeeJay, La matière
noire. Poèmes d’au-delà de la fin.
Éditions L’Arbre à paroles
(courriel), juillet 2022 (314 p., 18 €)
CeeJay est né à Bruxelles le 10 septembre 1946, nous a quittés le 20
novembre 2020. Il a fait ses études à l’Académie Royale des Beaux-Arts de
Bruxelles. Peintre, sculpteur, graveur. Il a été styliste de mode à Paris et
professeur d’art en Belgique et aux USA. En 2011, il reçut le prix de la Maison
de la Francité et se dédia de plus en plus au slam et à la poésie. Il participa
à de nombreux festivals de poésie dans le monde entier. Il a publié chez
maelstrÖm reEvolution les recueils Bombe voyage bombe voyage et Le prophète du néant et à l’Arbre à paroles Derrière les paupières… l’immensité.
Extrait de la chronique
de Daniel Simon dans Le
Carnet et les Instants. Le blog des
Lettres belges francophones du 22
août 2022 :
« Matière noire est
un livre posthume, un livre magnifique que nous a laissé Jean-Claude Crommelynck alias Ceejay et que les éditions L’arbre à paroles
ont publié presque deux ans après le décès (1946-2020) du poète et de
l’artiste. Peintre, sculpteur, graveur, styliste, …ses activités ont été
innombrables sur plusieurs continents…
Sa gouaille était à l’égal de sa faconde
mais aussi de sa délicatesse. Il savait que tout devait être intense en regard
de la brièveté de nos pérégrinations sur terre. (…)
Ce livre, comme toute son œuvre se fonde dans une poésie de
l’enchantement, de la révolte contre la violence du monde et, dans le même
temps, d’une compassion infinie pour le vivant. Ceejay n’a cessé de croire en
l’Homme, en ce qu’il recèle de contradictions et de subtiles variantes et
contradictions, en ce sens il est un Poète-Monde. »
Olivier Tomazyk, Dérivrances. Éditions
L’Harmattan, juin 2022 (116 p., 13 €)
Destinés dès notre conception à disparaître un jour, ne
sommes-nous pas hantés par l'étrange impression de n'être jamais
« vraiment » nés ? Notre venue au monde nous appartient et nous
échappe aussi à jamais : miracle ? Traumatisme ? Mémoire, venue d'où et de qui
? Inquiétude... Promesse... La parole convoque les choses dans les mots. Or, la
poésie, c'est le langage nouvellement venu au
monde et, avec lui, la venue au monde des choses, appelées,
convoquées. Ici, la poésie nous fait suivre dérives et inquiétudes, mais pour
trouver une délivrance, un certain art de renaître dans l'aventure des mots.
Martin Melkonian, Diaspores. Éditions
L’Harmattan, juin 2022 (146 p., 15,5 €)
Avec Diaspores, Martin Melkonian recueille les restes d'une « lignée
incertaine », échos brisés de voix essentielles. Un personnage qui se
déclare « maillon et jalon » y prend corps et se confie à un proche. « Son
identité est vague, laisse entendre ce dernier. Pour autant, ce qu'il énonce
mérite d'être retenu. »
Martin
Melkonian est essayiste, poète et romancier. Parmi ses publications : Monsieur Cristal (Le Bois d'Orion), Le Miniaturiste (Le Seuil ; réédition Parenthèses), Le Corps couché de
Roland Barthes (Séguier ; réédition Armand Colin), Un petit héros de
papier (Le Félin) et Arménienne (Maurice Nadeau), Arménie noire, Arménie
blanche en quintilingue (L'Harmattan).
Bernard Fournier, Dits de la
pierre. Éditions
La feuille de thé, juin 2022 (184 p., 22 €)
Présentation sur le site du Marché
de la poésie, 40e édition - 2022 : Sensible aux pierres et
en particulier aux pierres aveyronnaises, Bernard Fournier nous dit ce qu'elles
cherchent à nous faire savoir et ce, quelle que soit leur forme et le lieu où
elles se trouvent.
Natif de l'Aveyron et vivant en région
parisienne, Bernard Fournier a la nostalgie du pays. A la tête d'une œuvre
comprenant biographies, poésies et roman, Bernard Fournier est aussi critique à
la revue Poésie Première, secrétaire de l'Académie Mallarmé ... Dits de la
pierre est le 2e recueil publié par La Feuille de thé.
Sanda Voïca, Les nuages caressent la terre. Éditions Les Lieux-Dits (collection Les parallèles croisées, mail roesz@unistra.fr), juin 2022 (95 p., 18 €)
Avec 12 1illustrations par : Véronique Sablery, Philippe
Boutibonnes, Liviu Șoptelea,
Danièle Massu-Marie,
Sylvie Durbec, Clara Pop-Dudouit, Ghislaine Lejard, Maurice Marie, Jean-Pierre
Stevens, Caroline François-Rubino, Samuel Dudouit, Sanda Voïca.
Extrait de la chronique de Jean-Paul Gavard-Perret, dans Lelittéraire.com
du 2 juillet 2022 : « Un entretien infini suit son cours, surgit
entre douleurs et parfois une forme d’apaisement provisoire. Clara ne sera
jamais l’étrangère et continue de grandir sans ce texte puissant qui bouscule
lectrices et lecteurs.
Rien n’a lieu que cette absence irréversible
mais que l’auteure transcende au sein de sa fatigue, même si rien ne peut abolir
“le bagne de sa vie”. Restent les champs déserts qui se traversent là où
“jamais le sommeil de la raison / Ne lissera les plis de la folie” qui soudain
se partage. »
Michel
Ostertag, À deux pas de la
nuit. Le Lys Bleu Éditions, juin
2022 (116 p., 12,40 €)
Michel poursuit le chemin fertile de son inspiration avec un
nouveau recueil, paru à quelques mois d’intervalle par rapport aux deux
précédents, chez le même éditeur (voir ci-dessous). Enchantement, mélancolie,
un lyrisme sublimé, un esprit de sagesse qui emprunte le style aphoristique, un
parcours de vie et d’amour qui donne toute sa valeur à l’âme vivant en Poésie.
(Voir des extraits dans notre présent numéro, aux rubriques Humeurs
et Aphorismes).
(D.S.)
Marilyne
Bertoncini, Mots de
PaiX et d’Espérance, anthologie. Éditions Oxybia, juin 2022.
Marilyne Bertoncini a réuni plus d'une centaine de poèmes envoyés depuis le monde entier, publiés sur le site jeudidesmots, témoignage que nous sommes nombreux à désirer cette terre fraternelle et pacifique. Poètes et lecteurs sont cette preuve flagrante que les agissements de certains ne correspondent plus au désir du nombre !
L’anthologie est parue aux éditions Oxybia et a été lancée
lors d’une lecture publique dans le cadre du Marché de la poésie, à Paris, en
juin 2022.
Les Amis de Thalie
La revue littéraire et picturale trimestrielle Les Amis de Thalie existe depuis 28 ans et a obtenu en 1998 le Prix de la Presse Poétique décerné par la Société des Poètes Français. Fondée en 1994 à Limoges par Nathalie Lescop, poète, critique, artiste collagiste, et son frère Thierry, rédacteur technique de l’époque et mécène, elle poursuit avec enthousiasme et passion son chemin, malgré la disparition précoce en 1996 de Thierry, son maître d’œuvre. Aujourd’hui, c’est le poète et chroniqueur Christian Boeswillwald qui a pris la relève en tant que rédacteur technique.
Au sein des Amis de Thalie aucun sectarisme : poésie classique, libre, prose poétique, nouvelle chaque forme littéraire y trouve place. Des concours sont également proposés, des numéros thématiques etc.
Articles de fond, poèmes, chroniques, recensions de livres et revues ainsi que de nombreuses illustrations de qualité émaillent la revue. En première de couverture, une œuvre en couleur donne le ton, plus un dossier de 4 pages intérieures couleur consacré à son auteur – un artiste différent chaque trimestre.
Les Amis de Thalie est une revue totalement indépendante, sans aide ou subvention aucune, n’existant que grâce à ses abonnés et créateurs. Un fait demeure établi : la gratuité d’insertion des textes.
Format A4, 70 pages. Abonnement : France 60 € – Étranger 67 € ; à l’unité : 18 € envoi inclus. Pour tout
contact : lesamisdethalie@hotmail.fr.
Noria - Révue littéraire et
artistique.
N° 4 – 2022
Cette
revue annuelle, grand format (344 p., 40 €), dirigée par Giovanni Dotoli et Mario Selvaggio et
éditée aux éditions de
L’Harmattan, est un véritable carrefour des arts et des lettres des pays
méditerranéens.
« Noria c'est construire, avoir confiance en l'homme,
suivre les chemins multiples qui sont devant nous, entre l'horizon et les
lignes à perte de vue. Et surtout être unitaires, ne pas séparer poésie et
science, et donc sciences humaines et sciences soi-disant exactes. Art et
nature sont inséparables. Poussée novatrice entre tradition et avant-garde, en
dialogue perpétuel avec l'homme. C'est pourquoi Noria est "littéraire et
artistique". Nous suivrons la route de l'art total, pour le nouvel édifice
de l'avenir que nous espérons contribuer à édifier. »
Jeanne Gerval ARouff, Pour Malcolm de Chazal. Autoédition,
juin 2022 (378 p.)
« Ce livre est une vie. Toute une vie d’artiste, qui débute – avant même de commencer une carrière – avec la découverte, par l’étudiante de 23 ans qu’était alors Janine Arouff, de la peinture de Malcolm de Chazal. (…) En 1959, lors de l’ouverture de l’une de ses premières expositions de gouaches – il n’en vendit pas plus qu’aux trois ou quatre autres qui allaient suivre, espacées sur plus de deux décennies – l’écrivain-philosophe mauricien, déjà célèbre à Paris, mais ignoré et moqué dans son propre pays, est découvert et compris comme peintre, par la jeune Janine Arouff. Elle écrit un texte de grande acuité sur cette peinture « des couleurs pures » – « un impressionnisme d’un nouvel ordre » – alors qu’elle est encore loin de se projeter elle-même dans l’artiste pluridisciplinaire reconnue qu’elle allait devenir. (…)
On lira à bout de souffle les pages d’analyse empathique et
percutante que Jeanne Gerval ARouff dédie à Malcolm de Chazal dans ce
livre-témoignage, qui couvre plus de six décennies. Elle y décortique la
symbolique de quelques éléments fondateurs – l’eau, la pierre, la fleur, le
feu, dont Malcolm fait état dans toute son œuvre, tant écrite que picturale (« par
la couleur j’ai le verbe immédiat ») – à la lumière de la grande
« révélation » du « Principe-Homme » et de sa conséquence immédiate, la
transfiguration du monde par l’Art, que le Mage-Mutant, comme elle l’appelle,
nomme « la féérisation ».
On ne s’étonnera pas alors de découvrir, comme en retour, ce
que le Maître avait pensé de la jeune artiste, en visitant son exposition de
début en 1972, quand interrogé par un journaliste sur la façon dont il
résumerait son art, il répondit : « Jeanne Gerval est la totale
ambitieuse. Elle vise à l'absolu, c'est-à-dire à une peinture des
quintessences. Pour tout dire, elle veut peindre l'âme. À mon sens, il n'y a
qu'une seule et unique manière de peindre l'âme des choses, c'est par la
féérisation. »
Alors, ce livre est à lui seul un témoin et un guide de féérisation.
Qu’il nous soit propice, et peut-être même, à la mesure de chacune et de
chacun, salvifique, ou du moins, guérisseur. » (extrait de la préface par
Dana Shishmanian ; pour commander le livre : monadresse.)
Brèves. Anthologie permanente de la nouvelle, n° 120, éditions Atelier
du Gué, juin 2022 (158 p.)
Brèves est une revue qui existe depuis 40 ans. Parution
semestrielle. Se commande en librairie ou chez l’éditeur : Atelier du Gué,
1 rue du Village 11300 Villelongue d’Aude.
Parmi les auteurs
publiés dans ce dernier numéro : Mireille Diaz-Florian.
Dominique Zinenberg, Carnet d’incertitudes,
éditions Unicité, juin 2022 (198 p., 16 €)
« Dire la précarité de la vie et l’émerveillement
qu’elle procure n’est pas une mince tâche, mais il est des créateurs qui font
oublier leur labeur, tant ils épousent toute existence dans l’instant et le
vivant dans sa palpitation et son infinie diversité. Le dernier recueil de
Dominique Zinenberg est de ceux qui nous enchantent comme Papageno, l’oiseleur.
Toute apparition y scintille de sa fragilité même, de son inévitable et
prochaine éclipse. Pourquoi ce miracle que ne laisserait pas supposer le titre
général du recueil, Carnet d’incertitudes, ni sa dédicace à un ami disparu, ni
aucun titre des trois sections : « Précarité des lignes », « Labilité des
signes », « Porosité des traces » ? À moins que justement ces titres, tristes
et magnifiques, n’aient absorbé la mélancolie, voire la tragédie du monde, pour
libérer les poèmes qu’ils enclosent non de toute inquiétude, mais de toute
mièvrerie chagrine…. » (Extrait de la préface
d’Agnès Adda)
Pierre Kobel, Écrire à dessin, avec les
dessins de Jean-Louis Guitard, éditions Unicité (collection Le vrai lieu), juin
2022 (104 p., 15 €)
On les croirait nés l’un pour l’autre. Le mot et le trait, le
noir et le blanc, le visage de l’insondable et la voix du poète saisis avec une
précision d’orfèvre. Pierre Kobel et Jean-Louis Guitard accordent leurs plumes
et entraînent entre ombre et lumière le lecteur dans une conversation intime
que la Nature et le Désir abreuvent pour notre plus grand ravissement.
Anne Barbusse, Les accouchantes nues,
éditions Unicité, juin 2022 (222 p., 18 €)
Ce recueil est issu d’un journal écrit en 2004 lors d’un
séjour à l’hôpital psychiatrique. Après Moi
la dormante, publié aux éditions Unicité en 2021, qui retraçait la
descente aux Enfers de la dépression avec repli sur soi et plongée dans la
psychiatrie en fin d’hiver, entre médicaments et enfermement, ce recueil amorce
la remontée, la sortie hors de la confrontation aux autres malades avec toutes
leurs fêlures essentielles, la naissance de soi à soi, la réalisation d’avoir
donné naissance. Dans une progression non linéaire et heurtée de doutes et
retours en arrière, ce journal interroge part de soi, part de l’autre et part
du monde, afin d’accoucher d’une vie possible et d’une écriture maïeutique,
fragile mais avançante, en vers ou en prose, quêtant délivrance et juste
adéquation entre un soi défaillant, tronqué, hospitalisé, et le monde plein du
printemps dissonant d’avril hors hôpital. (…) S’enfanter comme on s’écrit.
Peinture de couverture : Amertude, 2000, Éric Dubois ©
Carlos Humberto Santos, L’autel du sacrifice/ El Altar de sacrificio,
éditions Unicité (Cahiers bleus), mai 2022 (114 p., 14€)
À la pointe du compas où
se tiennent en équilibre les Amériques, le poème veille et insuffle.
Carlos Humberto Santos
est né dans ce tourbillon des cultures en feu.
Même si en lui coule un
fluide venu du « jardin des délices », ce jeune poète marche sur une ligne de
pensée à la fois ciselée et déchiquetée.
Carlos Humberto Santos
s’allonge lui-même sur l’autel du sacrifice, il en prépare les ornements et en
aiguise le poignard.
L’esprit manie ici la
dague et apprivoise la colombe - Venu de la mythologie Maya, il se tient à la
croisée des traditions.
André Ughetto, Les attractions inéluctables,
éditions Unicité, mai 2022 (126 p., 14 €)
« … Hypothèses au scalpel, effondrements pour voir,
convivialités vertigineuses – tout dans cette poésie est raisonnablement, mais
radicalement considéré et dévisagé. On entend partout comme un tragique et
serein « Et si ... soudain ? » (si nous n’avions plus que des gestes pour
outils, des cris pour discours, des clics pour jugements ...). Mais à tout
ceci, chez ce poète, des réponses sans mensonges se pressent, s’élaborent et
nous touchent… » (Extrait de la préface de Marc Wetzel)
Évelyne Morin, Une lumière incertaine,
éditions Unicité, mai 2022 (118 p., 13€)
Avec ce nouveau recueil, Évelyne Morin met en mots ce qui, au
plus intime d’elle, lui permet d’accéder à cette profondeur fondatrice : Voir
et sentir ce qui est au-delà de nous dans un silence qui nous amène à une
compréhension intuitive de ce qui nous dépasse. Mouvement, lumière, solitude,
présent et passé s’enchevêtrent pour nous inviter, sans qu’elle le sache
peut-être, à une joie tellement profonde lorsque le temps n’a plus lieu d’être
parce qu’il a déjà couru…
Guénane Cade, Pas de côté, éditions
Sauvages (collection Askell), mai 2022 (62 p., 11,50 €)
Regarde, renifle, écoute, goûte… La poésie invite aux pas de
côté. Des estrans aux chemins creux, aux sentiers de la vie qui bifurquent,
elle ruse avec l’horizon, élargit l’univers, elle flirte avec le rêve. Des pas
de côté pour mieux avancer.
Marc et Catherine Sourdillon, Le seigneur de la pénombre,
éditions Illador (collection Couleur), mai 2022 (64 p., 20 €)
Quel est ce seigneur
dans la pénombre ? C’est le merle, le merle qui nous réveille, le merle qui
nous interroge. Le chant de cet oiseau nous donne de l’assurance, « sa vérité
nous concerne ».
Voilà ce qu’on découvre
dans la prose délicate et allègre de Jean Marc Sourdillon admirablement
soulignée par les aquarelles de Catherine.
Ronan Moysan, Poésies sous un échiquier,
éditions Jets d’encre, mai 2022 (62 p., 12,60 €)
Si Richard Mutt, le pseudonyme utilisé par Marcel Duchamp
pour signer son célèbre urinoir nommé « Fontaine », existait… à quoi
ressemblerait sa vie ? Cette question, Ronan Moysan se l’est souvent posée. Il
a beaucoup réfléchi à la personnalité de cet être fictionnel dont le nom
signifie « abruti ». Quant à la réponse, elle est à découvrir dans ses vers.
Ronan Moysan signe un recueil de poèmes audacieux et résolument moderne et
livre une oeuvre tout aussi conceptuelle et originale que celle qui l’a
inspirée.
Isabelle Lévesque, Je
souffle, et rien, éditions L’herbe qui tremble, mai 2022 (152 p., 18
€)
Je souffle, et rien est le poème du pays où vit Isabelle Lévesque. La description du fleuve, des falaises, du vent, de la faune et des oiseaux nous emmène dans les boucles de la Seine, là où celui à qui s’adressent les poèmes se rendit souvent pour y rêver et dessiner ses rêves.
Il me semble que
l’écriture tourne chez Isabelle Lévesque autour d’un secret. Le secret étant
cette façon de mettre à part, de séparer des lieux, des domaines, l’intime et
le monde des autres par exemple, les morts et les vivants, et ainsi de
réserver, de préserver. Le secret a tout à voir avec la poésie. (Jean-Marc
Sourdillon)
Éric Chassefière, La part d’aimer, éditions Rafael de Surtis, mai 2022 (92 p., 17
€)
« Depuis un tel voyage, ce qui semble apparaître
au-delà de la musique même (qui est au premier plan émotionnel) c'est la
lumière, une lumière subtilement filtrée qui se déploie à travers la substance
d'une émotion qui s'interroge. (…) Éric Chassefière continue d'irriguer le
champ de son œuvre profonde, toute entière faite de spirales ascendantes, et de
nombres d'or. Le silence, le clavier, le jardin, l'effacement : une sorte
de foi réelle qui s'élève, invariablement. Au creuset prochain des harmoniques
: la voix, la fleur, une aspiration, qui bientôt inversent le travail du rêve.
À ces lignes se trouve l'essentiel vertige qui porte, escaladant les abruptes
parois d'un monde devenu extérieur. C'est sur l'appui de la source du cœur,
pourtant inexplicable, que va se sculpter une vérité nouvelle, celle de
l'insondable sens, de la mémoire accordée, enfin, à l'espace des mots qui
s'effacent : La Part d'Aimer. » Paul Sanda
Revue Poésie/première, n° 82, mai 2022 (112 p/ ; 16 €)
Dans la tradition
des numéros thématiques, cette édition est dédiée à un sujet éternel : Nature et poésie, avec un éditorial de
Martine Morillon-Carreau, un article de Gérard Mottet, suivi d’un texte de
Philippe Tancelin : Indéfectible présence de la nature, et un essai
de Dominique Zinenberg : L’unique poète de la nature. Suit un
dossier sur la « géopoétique », discipline que tout poète pratique
nativement… avec quelques plumes de prestige venues de différents horizon
(Écosse, Bretagne, Chili, …), sous la coordination de Pascal Mora. Par
ailleurs, Martine Morillon-Carreau poursuivit (des numéros précédents) son
exploration des « voix du temps » chez Jacques Ancet, dans
« l’amitié des voix » évoquées ici (dont Unamuno, Reverdy, Borges,
Ritsos).
Un groupage intitulé Créations
(poésie) réunit : Anne Barbusse, Claude
Cailleau, Alain Duault, Pierre Maubé, Béatrice Pailler, Ara Alexandre
Shishmanian, Sonia Zin El Abidine.
Nous remarquons tout particulièrement aussi les Hommages,
notamment à René de Obaldia, Michel Deguy, Anne Mounic, qui nous ont
quittés ces derniers mois (en toute discrétion…).
Enfin, de nombreuses chroniques et notes de lecture par les
membres du comité de rédaction de cette riche revue, de grande tenue
littéraire.
Victor Saudan, Lieux-dits,
avec
des peintures de Annegret Eisele, éditions du Petit Vehicule (Chiendents n° 169),
avril 2022 (44 p., 11 €)
Par les vallées
Lire le paysage
tout autour de moi
pour chercher les indices énigme du pli et de la rupture chaque butte une
respiration chaque crevasse un souvenir
couche par couche
dévoiler le vide traversé voyager l’espace
vers d’autres moments la vie d’autres horizons
couche par couche
le souterrain devenu surface l’infini
abîme simultané …
« Dire les lieux au moment de leur expérimentation –
une verticale dans l’horizontalité de l’être. » (l’auteur)
Lina Kostenko, Journal
d’un fou ukrainien. Éditions
L’Harmattan, février 2022, 334 p., 27,5 €
Édition bilingue. Traduit de l'ukrainien par Nikol Dziub et
Sonia Philonenko. Préface de Radomyr Mokryk
Ce roman se présente
comme le journal d'un programmeur kyïvien trentenaire qui commente
douloureusement la mondialisation de la désinformation et la virtualisation des
sentiments au tournant du millénaire. Né en 1968, année de l'invasion de Prague
par les Soviétiques, ce héros souvent impuissant décrit le crescendo de
catastrophes qui a marqué les années 1999 à 2004.
Plus encore qu'une
chronique, ce roman est un avertissement : les tragiques événements des
dernières années en Ukraine y sont annoncés en creux. Et surtout, c'est un
livre de combat, car le héros tente de combler le fossé qui chaque jour se
creuse entre l'homme et la femme, entre les hommes d'hier et d'aujourd'hui,
entre l'Europe et une Ukraine devenue un terrain d'affrontement entre des
mondes antagonistes.
Née en 1930 près de
Kiev, Lina Kostenko est une grande dame de la poésie et de la littérature
ukrainiennes, connue comme une figure protestataire dans des années 60-70 sous
le régime soviétique (elle était interdite de publication à partir de 1962).
Andreï Kourkov, Les abeilles
grises. Éditions Liana Levi, février 2022, 400 p., 23 €
Dans un petit village abandonné de la «zone grise», coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte: Sergueïtch et Pachka. Désormais seuls habitants de ce no man’s land, ces ennemis d’enfance sont obligés de coopérer pour ne pas sombrer, et cela malgré des points de vue divergents vis-à-vis du conflit. Aux conditions de vie rudimentaires s’ajoute la monotonie des journées d’hiver, animées, pour Sergueïtch, de rêves visionnaires et de souvenirs. Apiculteur dévoué, il croit au pouvoir bénéfique de ses abeilles qui autrefois attirait des clients venus de loin pour dormir sur ses ruches lors de séances d’«apithérapie». Le printemps venu, Sergueïtch décide de leur chercher un endroit plus calme. Ayant chargé ses six ruches sur la remorque de sa vieille Tchetviorka, le voilà qui part à l’aventure. Mais même au milieu des douces prairies fleuries de l’Ukraine de l’ouest et du silence des montagnes de Crimée, l’œil de Moscou reste grand ouvert
Né à Léningrad en 1961, vivant à Kiev depuis sa
petite enfance, parlant couramment six langues, Andreï Kourkov dit
de lui-même : « Je suis un Russe ethnique, je suis devenu
un Ukrainien politique ». Voir infos, interviews et
prises de positions sur le site franceculture.
Ukraine, pivot de l'Europe.
Éditions Corlevor, mars 2022, 15 €
Ce « pivot géopolitique » que constitue l'Ukraine
n'a pas à retourner dans le giron de la Russie, tout simplement parce que
l'Ukraine n'a pas fait ce choix, elle a fait celui de l'indépendance, d'une
part, et aussi celui de se tourner vers l'Ouest. Et ce n'est pas une pression
américaine qui a pesé dans ce choix : il existe depuis des siècles en
Ukraine une aspiration à l'autonomie et une haute conscience de sa singularité,
héritées de la Rus' de Kyiv, autant que de l'expérience
« proto-démocratique » de la Sitch des Cosaques. Sommaire :
Réginald Gaillard : L'Ukraine, ou
notre souci d'Europe
Serhiy Jadan : Poèmes
Antoine Arjakovsky : Russes, Ukrainiens, Européens
: cette histoire que nous partageons
Luuk van Middelaar : Le début de la perte
de l'innocence
Eric Fournier : Trois journées particulières au
pays de Gogol
Alain Guillemoles : Malgré la guerre, peut-être à
cause d'elle, l'Ukraine pivote vers l'ouest
Borys Gudziak : Un archevêque de par le
monde. Entretien
Andreï Kourkov : Russie / Ukraine, chassé-croisé
des clichés
Fedir Vozianov : La tradition de
l'avant-garde. Parcours d'un styliste. Entretien
Viktor Yushchenko : L'avenir de l'Ukraine est à
l'ouest. Entretien
Taras Chevtchenko : Poèmes
Anna de Czaski Canter : Présentation du Centre
culturel Anne de Kiev
Voir aussi : la revue NUNC, n°s 50-51 : Dossier
Ukraine, pivot de l'Europe
Revue Esprit, n° 4/2022 4184) : En
Ukraine et en Russie, le temps de la guerre, 192 p., 12,99 €
(format électronique)
Le groupage mis en avant dans le titre occupe les pages
35-104 de la revue (voir le sommaire sur le lien susmentionné).
***
Ágnes Nemes Nagy, Les Chevaux et les Anges,
Rumeurs éditions (Collection Centrale / Poésies), avril 2022, 288 p., 18 €
Édition établie sous la direction d'Anna Tüskés avec le
concours de Guillaume Métayer
Ágnes Nemes Nagy (1922-1991), l'une des plus grandes voix de
la poésie hongroise de l'après-guerre, source d'inspiration de générations de
poètes, n'avait jamais bénéficié d'un recueil entier en français. La jeune
chercheuse Anna Tüskés a réuni de nombreuses traductions introuvables, dont
cinq traductions inédites de Bernard Noël, et d'autres testes disséminés en
revue ou jamais publiés dus à Guillevic, Pierre Emmanuel, Bernard Vargaftig, et
bien d'autres poètes encore. S'y ajoutent près d'une trentaine de poèmes nouvellement
retraduits pour cette édition par Guillaume Métayer. La préface est due à la
grande poétesse et romancière contemporaine Krisztina Tóth. Un hommage éclatant
à Ágnes Nemes Nagy, poète de l'exploration intime et de la résistance
intérieure pendant les années sombres, l'année de son centenaire.
Pour faire connaissance avec cette poétesse, voir par ex. son
interview de 1967 dont des extraits ont récemment été publiés en ligne sur le
site Littérature hongroise.
Quant à la jeune chercheuse Anna Tüskés, lire son entretien
avec Maria Mailat dans Francopolis de mai-juin 2021 (rubrique Gueule de mots :
Dialogue
Maria Mailat-Anna Tuskes sur les relations artistiques et
littéraires franco-hongroises).
Edgar Morin, Réveillons-nous !
Éditions Denoël, mars 2022, 84 p., 12 €
« Nous ne savons pas ce qui nous arrive et c’est précisément ce qui nous arrive », écrit José Ortega y Gasset.
Que nous arrive-t-il ? Qu’arrive-t-il à la France ?
Au monde ? Notre impéritie vient-elle d’une myopie à l’égard de tout ce
qui dépasse l’immédiat ? d’une perception inexacte ? d’une crise de
la pensée ? d’un somnambulisme généralisé ?
Tant de certitudes ont été balayées !
Comment naviguer dans un océan d’incertitude ? Comment
comprendre l’histoire que nous vivons ? Comment admettre enfin que, en
dégradant l’écologie de notre planète, nous dégradons nos vies et nos
sociétés ? Comment appréhender le monde qui se transforme de crise en
crise ? Comment concevoir l’aventure inouïe de notre humanité ?
Est-ce une course à la mort ou à la métamorphose ?
Serait-ce à la fois l’un et l’autre ?
Réveillons-nous ! »
Ce livre d’un centenaire fait écho à un autre, d’un
vieux sage aussi : Stéphane Hessel, Indignez-vous ! (2011). Et
pour cause : Edgar Morin nous dit que nous sommes tellement endormis
actuellement, qu’il est question, avant toute indignation possible, d’un franc
réveil !
Michel Jourdan, Notes
de ma grange des montagnes et des bois. Éditions Unicité, avril
2022, 146 p., 15 € (collection Spiritualité)
« De ces dix ans de vie dans une grange des Pyrénées
ariégeoises, je ne regrette rien, au contraire j’ai plutôt la nostalgie de ces
dix ans, de 1973 à 1983, et d’avoir pu vivre avec le Tao, en autonomie à 50 % :
énergie du bois mort et du feu, cueillettes de fruits sauvages (surtout
myrtilles et framboises) et de champignons, nourriture de jardins et fromage de
chèvre six mois par an — sans oublier les châtaignes sauvages et le pain cuit
chaque jour. (…) Méditer était le guide. La montagne était le maître. »
Eva-Maria Berg, Étourdi de soleil / von sonne
betäubt, illustration
Yannick Bonvin Rey. Éditions L’Atelier des Noyers
(Dijon), avril 2022, 15 €
Traduction de l’allemand : Eva-Maria Berg, Max
Alhau, Olivier Delbard. Voir les actualités de l’autrice sur son site.
Claudine Bohi, Regarde,
avec des peintures d’Anne Slacik. Éditions L’herbe qui tremble, avril 2022, 88
p., 20 €
Lors d’une exposition, Claudine Bohi découvre quelques œuvres
bleues d’Anne Slacik, elle est bouleversée. Elle écrit une série de poèmes
réunis sous le titre Regarde. De ces poèmes sont nés une exposition à
la galerie Papiers d’art consacrée aux Bleus d’Anne Slacik, et ce livre.
Pierre Dhainaut, Préface à la neige,
éditions L’Herbe qui tremble, mars 2022 (94 p., 14€)
Peut-être n’écrivons-nous des poèmes que pour reprendre
inlassablement certains mots, « neige » par exemple. Un soir,
enfants, nous voyons la neige qui commence à tomber : le jour suivant,
nous nous éveillons dans un monde que nous reconnaissons à peine, élargi, aimé,
à l’image des rêves, le nouveau monde. Aucun miracle ne dure, aucun pourtant ne
disparaît, les mots dans les poèmes en raniment le désir et en rouvrent
l'horizon. Nous écrivons une perpétuelle préface à la neige. (Pierre Dhainaut)
Carole Carcillo Mesrobian, L’ourlet
des mots. Éditions Unicité, mars 2022, 44 p., 13 €
… Que faire de nos maturités dissidentes lorsque nous sommes
appelés à l’intensité ? Dis-moi / est-ce renaître / est-ce ceci de su, nous
demande l’écrivaine éprise et aux prises avec une substance indomptable. Les
rêves grandissent-ils entre des mains usées … ? interroge-t-elle. À renfort de
mots charriés dans les veines comment ajouter une suite au ciel lorsque la
terre nous gave et nous grave ? La poétesse pose l’espérance comme l’ultime
équation après infini réversible. Sa plume somme les genèses et institue les
oublis, dernier refuge avant la nuit. Vers définitifs et symptômes irrémédiables
de cette échéance qui ne nous a pas comptés.
L’air rompu / Insiste à étouffer / son incantation vibratoire
/ sur l’inimaginable / qui nous sépare /et recommence, écrit l’auteure à bout
d’oxygène.
Paul Sanda, La
précession des sphères. Éditions Unicité, mars 2022, 82 p., 14 €
Auteur, éditeur, vociférateur proche des surréalistes, Paul
Sanda est aussi mélomane. En témoignent ces surprenants poèmes, où l’auteur
célèbre le jazz, et plus particulièrement Patricia Barber, puis le classique, à
travers plusieurs figures tutélaires, méconnues du grand public, tel Louis
Marchand (1669-1732). Orné des œuvres de Klervi Bourseul, ce petit recueil
témoigne de l’éclectisme propre au créateur et de son goût, profond, pour la
musique, pour les musiques. Toutes harmonies le menant vers les sphères, ces
nobles espaces qu’évoque si justement Odile Cohen-Abbas en avant-propos. - Étienne
Ruhaud
Élisa Ka, La porte du dedans,
Jacques Flament éditeur, mars 2022 (122 p., 12 €).
La porte du dedans est un chemin qui nous traverse. Une audacieuse avancée vers la
rencontre de soi, de ses failles, ses turbulences et ses réconciliations.
Par sa plume sensible et pénétrante, Elisa Ka nous prouve que
la poésie, cet art de la mémoire et de l’oubli, a plus que jamais son mot à
dire. En nous entraînant dans son monde qui est aussi le nôtre, elle nous
restitue cette part enfouie de nous-mêmes que nous n’osons pas voir, tant cette
introspection peut s’avérer chaotique.
Puissant recueil, où la lumière est celle de l’eau, qu’elle
soit colorée comme le fut son enfance en Algérie, ou plus sauvage et
changeante, comme les ciels des côtes de Normandie où elle vit aujourd’hui.
Dans cet espace clos et authentique, Élisa Ka nous révèle l’envers de
l’invisible.
Chantal Couliou, Une traversée de soi. Éditions
Sauvages, mars 2022, 76 p., 12 €
Chantal Couliou est la lauréate du prix Paul-Quéré 2021-2022,
un prix créé en 2015 par Les Éditions Sauvages pour prolonger l’œuvre et la
démarche de Paul Quéré, poète, critique et peintre, fondateur des revues
Ecriterres et Le Nouvel Ecriterres. Active dans l’univers du haïku, elle a
publié une trentaine de livres, comme Légers frissons (éditions Donner à Voir, 2 019), Dans les coulisses
du jardin (Voix Tissées, 2020), Du soleil plein
les yeux (Unicité, 2020), La clé des mots (éditions Buissonnières.
Michel Bénard (Préface et poèmes) / Daniel Convenant (artiste peintre), Sur
les pas du silence, éditions Les Poètes
Français : stepoetesfrancais@orange.fr (35 €)
Bon de commande sur le site Couleurs-poésie.
Xavier Frandon, Fiefs.
Éditions du cygne, mars 2022, 60 p., 10 €
“Le peuple est souverain
seigneur de sa langue, et la tient comme un fief de franc alleu, et n’en doit
recognoissance à aulcun seigneur.”
Le monde actuel place
chacun au centre de sa vie, une vie responsabilisée, contrainte dans sa
liberté, son corps et son esprit. Les individus constituent des fiefs, où
chacun a le devoir de protéger son intégrité contre les règles qui assaillent,
mais aussi de mettre en culture son propre bonheur : “sa langue”. Naïvement, le
poète ne cessera d’exercer ses forces à relier les micros-fiefs, non à les
dissoudre, mais à les rendre perméables, et solidaires. Le poète s’adresse aux
individus.
Michel Cassir, A feu tenu, éditions
Unicité, février 2022 (94 p., 13 €)
Dans À feu tenu, Michel Cassir pose des yeux de vapeur
à grands remous de dieux croissants du Mexique et d'ailleurs. Les dessins de
Saad Ghosn hissent nos vertiges comme des rituels aux altitudes magiques. Il
arrive toujours un moment / qui suit l’éclosion des couleurs /où tout devient
net et uniforme/ comme l’arrivée / dans un grand livre d’images, écrit le poète
dans l’émoi d’une sphère ajourée et corpusculaire. De nos ancêtres travaillés
par la sueur du temps à nos hauts lignages Michel Cassir et Saad Ghosn
traduisent de divins mirages en kaléidoscopes hypnotiques. Dans ce recueil nous
éprouvons avec maturité la force du désert, d’ingénieux trafics d’icônes et
d’amulettes, nos lignes de fuite deviennent figures fondatrices comme les
promesses étranges des perspectives. Orientés par des éclairs assoiffés, nous
usons nos ombres et cherchons de petites ruses comme autant de miniatures
inventives. Suivons ce feu tenu où les démons du corps flambent, nous
reconnaitrons cette beauté, collision de la couleur. Nous émettrons ce mystère
de l’univers / affranchi par la vitesse. (Anne de Commines)
Gaëlle Josse, et recoudre le soleil, Éditions
Notabilia/Noir sur Blanc, février 2022 (96 p., 10€)
« J’ai écrit ces textes dans des carnets, des cahiers, sur
des pages volantes, des agendas, des tickets, des listes, des enveloppes, des
marque-pages ou dans mon téléphone ; je les ai écrits dans les gares, les
trains, les hôtels, les cafés, chez moi, dans le métro, en ville et en d’autres
lieux.
La poésie demeure pour moi comme une apparition, une
attention portée à l’infime, comme le surgissement d’un éclat fugace au cœur de
nos vies. L’éclosion d’invisibles soleils. Peut-être, à cet instant-là, les
mots peuvent-ils saisir quelque chose de ce jaillissement.
Elle est le regard nu, débarrassé de ce qui pèse, de ce qui
encombre, elle est le retour à la source, la lumière qui s’attarde sur un mur,
le frémissement qui parcourt un visage, la chaleur d’un corps aimé, elle est le
mot que l’on attend et qui nous sauvera peut-être.
J’ai eu envie de vous offrir aujourd’hui cette moisson de
mots cueillis jour après jour, qu’ils aient été d’orage ou d’allégresse. Mais
vivants. Vivants, oui, et vibrants, toujours. » Gaëlle Josse
Éric Chassefière, Le jardin d’absence, éditions Sémaphore, février
2022 (92 p., 12 €)
« Œil éclatant profond unique, creusant l'espace de la
matière même du regard qui vient s'y détacher de la paupière, prendre peau et
sang à cette caresse de présence qu'offre la rose libérée de sa nuit, puissante
dans sa fragilité, aveugle dans sa lumière, ciselée dans l'absence même de la
forme. La rose au soir garde tout son éclat, c'est de son obscurité qu'elle
brille quand autour d'elle le damier des lignes peu à peu s'estompant devient
ciel, quand au seuil de se lier à la terre plus rien ne nous sépare de
nous-mêmes que le nœud de présence de cette fleur repliée dans le pur envers
d'exister. » (quatrième de couverture)
Alexandra Anosova-Shahrezaie, La
petite utopie anarchiste. Éditions du cygne, janvier/février 2022,
60 p., 10 €
Il y a de toute évidence une urgence à vivre. La vie n'est
pas ce qu'elle est : il faut l'écrire, la transformer. Fuir un pays où tout
s'effondre et qui ne se relèvera pas de son vivant. Accepter de tout défendre,
de tout endosser, de tout endurer. Partir, c'est vivre et vivre, c'est partir.
Parce que ce n'est pas la vie, ce n'est pas vivre, ce n'est pas soi. C'est se
réinventer à chaque instant. Dans le langage et la vie. Pour que rien n'ait
lieu sans cela. Il ne suffit pas de parler pour dire quelque chose. Dire ce qui
a réellement lieu dans une vie. Son histoire fictive et furtive. Comme s'écrit
et se lit un poème. Un court-métrage. Comme s'écoute une musique. Se regarde
une peinture ou un film. Comme se traverse une ville que l'on aime et que l'on
ne fait que passer dans un café. Ou lorsque l'on se rend dans un aéroport pour
voir décoller un avion derrière la vitre en fuyant la folie ordinaire. Comme
s'écrit La petite utopie anarchiste.
Alexandra Anosova-Shahrezaie est née en 1982 à Novgorod
(URSS) en Russie. Elle habite au Grand-Duché de Luxembourg. Sa vie et son
écriture sont intimement liées à la musique et à la poésie. Elle a publié dans
les revues Traversées et Les cahiers luxembourgeois. Son premier recueil, Roman !,
est paru aux éditions Le Coudrier en 2021.
William Heinesen, Élégies
arctiques. Éditions du cygne, janvier/février
2022, 82 p., 12 €
Les Élégies
arctiques rassemblent ici des poèmes issus de l’ensemble de l’œuvre
poétique de l’auteur féroïen, tout en prenant le titre de son premier recueil.
Cosmique et tourmentée, à l’image de cet archipel danois situé au nord de
l’Écosse et à quelques centaines de kilomètres de l’Islande, cette poésie
oscille entre introspection intérieure, description des paysages et
questionnement engagé sur le monde, dans une dimension universelle évidente.
William Heinesen (1900-1991) est bien certainement l’un des
plus importants écrivains des Iles Féroé, du Danemark et même de Scandinavie.
Son œuvre est en effet considérable : poète, romancier, nouvelliste, il fut
également compositeur et peintre. D’expression danoise (il n’écrivait pas en
féroïen), il a été reconnu au niveau international (son nom circula notamment
pour le Prix Nobel de littérature).
Françoise Coulmin, Et advint le silence. Avec les encres
originales de Maria Desmée. Éditions
La Feuille de thé, février 2022.
11 exemplaires confectionnés à la main, numérotés et signés
par les autrices.
Claudine Helft, L'Outrage
du plaisir. Éditions Le Manteau
& la Lyre / Obsidiane, janvier-/février 2022, 80 p.
« Ces carnets bruts
ouvrent au genre poétique de l'œuvre de Claudine Helft une voie nouvelle.
L'essence du poème est la notation. Loin de le renier, elle lui donne au
contraire une place prépondérante, en glissant de la prose poétique au poème en
prose. Claudine Helft renoue ainsi avec ses grands aînés le lien qui
relie les écritures. Il y a là des vérités qui ne sont pas bonnes à dire, de
faux mensonges, un roman dont les acteurs sont à la mesure du quotidien, et une
nature à la hauteur du sacré. Il y a là aussi une femme qui ose dire ce que
d'autres taisent, une femme qui n'accepte pas les codes et refuse les
"étiquettes". D'amours en humour, elle promène la pluie et ses
tristesses dont elle sait faire des joies dans "l'invention du
vivre", et salue les gaîtés de la vieillesse en outrageant le
plaisir. »
Michel
Cossec, Dédale des songes & incantations. Suivi de Non-lieu. Éditions
L’Harmattan, janvier/février 2022, 105 p., 12,5 €
La mer, tellement au-delà des hommes, porte l'épave en errance. On finit par vivre / sur les berges du
vertige / horizon sans l'avenir/ figé. Ce fond de noirceur et de désespoir est traversé
par des incantations lumineuses qui révèlent toute la vigueur poétique de
Michel Cossec. Il faut refaire le monde (...) s'enfermer
d'exil à brasle-corps/ sur un fin fond d'étoiles vives (...) Alors l'aube serait d'un recommencement. Mais tour à
tour resurgit l'ambivalence entre vie et mort, entre femme idéale et femme faste/tueuse. Michel Cossec expose des champs associatifs riches qui
apportent au lecteur images et sonorités exotiques. (Préface d'Antemanha).
Michel Cossec est lecteur d'horizons extrêmes, arpenteur des terres
mémorielles, l'alentour est nécessairement pour lui une bibliothèque
universelle. Poète, mais aussi peintre et photographe, rêveur ...
Barbara Auzou, La
Réconciliation. Cinquante
variations autour de La Vague de Camille Claudel. Éditions L’Harmattan, janvier/février
2022, 64 p., 10 €
« La poétesse entreprend d'entrer en résonance avec l'œuvre
de la sculptrice Camille Claudel intitulée La Vague sans pour autant entrer jamais dans l'illustratif. Elle s'inscrit
au contraire dans une relation sculpturale à l'écriture où le verbe est
martelé, taillé, ciselé... L'ensemble est saisissant et vibre d'une fièvre à
l'autre... » Philippe Tancelin
« "... Je dérive avec toi à chair de ciel et à fleur
d'orage...", voici qui pousse les personnes qui entreront dans ce
livre à "dériver" à leur tour, avec Auzou et Claudel dont les œuvres
ici sont suffisamment accomplies, étranges et prenantes pour qu'il soit inutile
de spécifier leurs prénoms. » Xavier Bordes
Tigrane Yegavian, L’adieu au Levant.
Éditions L’Harmattan, janvier/février 2022, 84 p., 12 € (collection Accent
tonique)
Comment dire la perte quand le monde dont vous êtes issu se défait ? Quand concilier un présent chaotique avec la tentative de l'absolu réveille l'urgence de la poésie ? Dans ses poèmes, Tigrane Yégavian donne vie à un réel de plus en plus fragmenté. Il se souvient de ce qui a été et de ce qui n'est plus. Chante l'Amour et ses saisons, la mémoire d'un Orient délesté de toute fioriture exotique où l'enfant, l'adolescent et le jeune adulte a reçu une part de son éducation ; Lisbonne et le Portugal, sa terre d'Enfance ; la représentation plurielle d'une Arménie de plus en plus insaisissable. Tous ces lieux sont autant de territoires poétiques inviolables qu'il se plaît à revisiter mêlant gravité et légèreté, en témoin amoureux. Lucides sur la tragédie, ses poèmes n'en demeurent pas moins porteurs d'une espérance.
Tigrane Yégavian est né à Paris. Il a grandi entre le Portugal, la
Suisse, la Syrie et la France.
Michel
Ostertag, Jean Sébastien Bach, musicien de Dieu, suivi de : La vieillesse est un
exil, éditions Le Lys Bleu, janvier/février 2022, 112 p., 12
€
« Deux volets que tout semble opposer composent ce
nouveau recueil : un hymne exalté dédié à la musique de Bach, le Johann
Sebastian – musicien de Dieu, et des pseudo-aphorismes élégiaques sur
l’isolement dû à l’âge – la vieillesse est un exil. Des styles et
des registres d’écriture complètement différents, des thèmes sans rapport
apparent… Et pourtant. En rentrant dans cette double écriture jusqu’au plus
profond on y découvre un cœur unique et indivisible : ce cœur, c’est
l’humain originaire, l’humain qui est en exil sur cette terre dès la naissance,
un exil dont seule la vieillesse fait prendre connaissance et ressentir le mors
au quotidien. (…) Cette lecture me
remplit de bonheur, car au bout du parcours, il y a l’amitié, il y a le "Penser à l’autre comme on penserait à soi un
jour de pluie", il y a
l’Amour… » (préface de Dana Shishmanian)
Salah Al Hamdani, L’arche de la révolte, éd. Le Nouvel
Athanor, janvier/février 2022
« Ce poète est un "homme-loup" à nul autre
comparable. C'est à jamais un enfant égaré de Bagdad. Un enfant volant. Il
chante, s'élève et ne baisse jamais la tête devant personne. Il se situe à
l'absolu contraire de toute mondanité de la "gauche
caviar"!... » (extrait de la préface de Jean-Luc Maxance).
Recueil de poèmes en français, dont plusieurs sont traduits
de l’arabe avec Isabelle Lagny. Voir le
site du poète.
Jean-Pierre Rousseau, Sertão mystique
et autres poèmes, éditions Unicité, février 2022,
78 p., 13 €.
Ce recueil nous mène à travers différents paysages : le
sertão brésilien, zone semi-aride, dont la religiosité du petit peuple inspire
le poète ; la campagne angevine, dont de courts poèmes – les trovas
– saisissent des choses vues. Il nous mène aussi à travers différentes
rencontres qui ont marqué durablement l’auteur.
Arnaud Villani, Petites
vignettes érotiques, éditions Unicité, février 2022,
64 p., 13 €.
Dans ce recueil, Arnaud Villani investit une écriture dans l’érotisme
comme nul autre. Il s’empare magnifiquement du quotidien et le replace dans une
sensation réfléchie qui lui est propre. Le lecteur se sent comme multiplié par
des chemins où tout se dit avec pudeur, tant les mots cherchent, inventent,
puis trouvent l’érotisme dans le recoin des choses et des sentiments. Ici la
femme est multiple, elle mène le jeu devant le poète jouant de toutes
vibrations et intuitions pour nous donner à voir ce qui se donne en se voilant.
Yvon Le Men, Les Épiphaniques,
avec
des œuvres de Richard Louvet, éditions Bruno Doucey (collection Soleil noir),
février 2022, 160 p., 16 €.
Ils se nomment Anne-Laure, Asma, Cathy, Chris, Emmanuelle,
Jérôme… Leurs noms ne nous disent rien, mais sans eux ce livre n’aurait pas vu
le jour. Les Épiphaniques, ce sont eux, des hommes et des femmes qu’Yvon Le Men
a rencontrés dans les marges de notre société, faisant poème de leurs vies et
de leurs histoires. Ils se disaient invisibles et les voici mis en lumière dans
des poèmes. (…) D’un pont, d’un foyer, de la rue, d’une caravane, du
froid, du bruit. Ils connaissent ce que nous évitons de voir. Ils se nomment
Louna, Marc, Mickaël, Myriam, Thomas, Tiago et ont des choses à nous dire. Sur
eux, autant que sur nous.
L’éphémère
– 88 plaisirs fugaces. Anthologie établie par Bruno Doucey
et Thierry Renard. Avant-propos de Sophie Nauleau, éditions Bruno
Doucey (collection Tissags), février 2022, 240 p., 20 €.
L’ comme L’instant, E comme Envol, P comme Passion, H comme
Humanité… C’est sur le mode d’un acrostiche que les Éditions Bruno Doucey ont
conçu l’anthologie de la 24e édition du Printemps des Poètes. L’éphémère et son
unique voyelle invoquée quatre fois, l’inachevé, le fugace, le passager...
88 poètes parmi lesquels
: Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Édith Azam, Nawel Ben Kraïem,
Hélène et René-Guy Cadou, Louis‑Philippe Dalembert, René Depestre, Ananda
Devi, Patrick Dubost, Jin Eun-young, Nancy Huston, Charles Juliet, Yvon Le Men,
Jean-Michel Maulpoix, Hala Mohammad, Ada Mondès, Paola Pigani, André Velter,
Sapho, Fabienne Swiatly, Carmen Yáñez, Hyam Yared…
Jeanne Benameur, Le pas d’Isis,
éditions Bruno Doucey (collection Soleil noir), janvier 2022, 72 p., 13 €
Elle est seule et avance. Elle ne laisse aucune empreinte sur
le sable, mais sa pensée « recoud les fragments du monde ». Elle chemine
d’un mot à l’autre et trace des signes dans la poussière des lendemains. Pour
tous, cette figure mythique porte le nom d’Isis, déesse funéraire de l’Égypte
antique qui rassemble les morceaux épars d’un amour défunt. Mais pour Jeanne
Benameur, qui signe là son livre le plus personnel, elle est une sœur qui
marche sur la terre, en bordure d’océan, sur un étroit chemin ou sur « le sable
humide encore de la dernière marée ».
Bruno Doucey, 22 –
Bureau des longitudes, éditions Bruno Doucey (collection Soleil
noir), janvier 2022, 160 p., 16 €.
« Nous voici embarqués dans un voyage qui nous fera traverser
non seulement des années, mais aussi des horizons. Car le temps déploie
l’espace, et le visage de l’amour s’accorde comme une marée à celui de la vie.
Les poèmes deviennent des pierres qui jalonnent le passage, délimitent un
territoire poétique où la détresse de notre monde dialogue avec cet amour qui
demeure vif, inaltérable comme dure l’espoir en un demain habitable. De la
Sardaigne à la Crète, du Maroc à la Nouvelle-Calédonie, du Péloponnèse au
Québec, le souffle de ce livre porte la beauté de chaque lieu, rappelle que
gravir une montagne ou naviguer sur la mer permet d’aller à la rencontre du
passé, et cette remémoration est une invitation à pénétrer dans la chair du
présent. » (extrait de la préface d’Hélène Dorion)
Carole Mesrobian, De Nihilo Nihil,
éditions Tarmac, janvier 2022, 54 p., 12,50 € (avec un dessin de
Schmidt Iglesias).
L’auteure fait suite avec ce
recueil à son précédent NihIL,
paru en octobre 2021 aux éditions Unicité. Dans la même veine aphoristique
de haut vol, elle nous avertit, pour présenter ce nouvel écrit :
« Nos pas mesurent la
profondeur d’une immatérialité théâtrale. Nos personnages tournent autour d’un
vide scriptural. Notre dialogue résonne sur un mur hypothétique. Nous regardons
l’absence des spectateurs parce que nous avons enfermé le visage de nos rôles
dans le mutisme d’une lecture itérative.
La vanité de nos gestes
disparaît lorsque nous alignons nos mouvements avec la durée de notre
immobilité. Nous incarnons nos rôles parce que nous espérons que l’envergure de
nos pieds dépasse le périmètre de nos pas.
Une résonance manichéenne soutient la durée de notre représentation. Nos gestes s’identifient sur la résistance de l’air. Nous avançons à travers une chronologie momentanée qui restitue la symétrie d’un aveuglement compensatoire. »
Éphémérides, feuilles détachées, éditions
"Pourquoi viens-tu si tard ?", janvier 2022
Anthologie de poésie initiée par l’association Jeudi des mots, animée par Marilyne Bertoncini,
Patrick Joquel et Franck Berthoux, directeur des éditions "PVTST".
Elle fait suite à celle publiée en 2021 par les mêmes comparses, intitulée Je
dis désirs. Les éditeurs organisent une rencontre de lancement le jeudi 24
février, à Nice, pour présenter cette Éphémérides, feuilles détachées et
la revue Cairns.
Revue Poésie
première, n° 81, janvier 2022
Ce nouveau numéro porte en filigrane le thème de
l’association peinture-poésie, auquel Gérard Mottet consacre un essai aussi
fouillé en termes de documentation qu’inspiré et inspirant. S’y relient
également les analyses critiques de Dominique Zinenberg sur Michaux en regard
avec Zan Wou-Ki et sur le jeune Proust écrivant sur Chardin et Rembrandt, de Jaqueline
Persini sur Pierre Delcourt, ou enfin, de Marilyne Bertoncini sur les
« jardins-femme » - vaste et étonnante incursion dans l’histoire
littéraire et artistique d’un motif mythique, devenu aussi esthétique,
érotique, voire mystique : celui du jardin d’Eden, vu au féminin… Mais le
numéro nous fait (re)découvrir aussi des auteurs restés un peu dans l’ombre –
Jean-Michel Maulpoix, par Alain Duault, Maurice Chapelan, par Bernard Fournier
– ou des aspects inédits d’un auteur – les essais critiques de Jean Ancet,
révélés et commentés pertinemment par Martine Morillon-Carreau.
Enfin la poésie est à l’honneur avec entre autres, Françoise
Vignet, Chem Assayag, Eva-Maria Berg, Francis Gonnet, Christophe
Pineau-Thierry, Martine Rouhart. Parmi les auteurs chroniqués dans les notes de
lectures, signalons Françoise Trocmé, Michael Krüger, Eva-Maria Berg,
Jean-Louis Bernard, Béatrice Marchal, ainsi que la note dédiée à la revue Spered
Gouez éditée par Marie-Josée Christien.
Revue Nouveaux délits, n° 71, janvier
2022
Cette revue artisanale, conçue, confectionnée à la main, et
éditée par Cathy Garcia Canalès, sous les auspices de l’association éponyme,
est une pépite : en peu de pages des textes poétiques de grande qualité –
ici, Jean-Charles Paillet, Stéphan Riegel, Martin Zeugma, Stéphane Amiot,
Bernard Pikeroen, Clo Hamelin, Cartographie Messyl. Note de lecture de
l’éditrice au recueil Feux de Perrine Le Querrec.
Pour la diffusion, voir sur le Net : le site de l’Association Nouveaux
délits ; le site arpo-poesie ;
le site lacavelittéraire.
Fabien Marquet, Le
poète anonyme. Poèmes pour la dernière modernité. Petit manifeste à
l’usage de son auteur (avec des illustrations de Patrick Levasseur), éditions Unicité, janvier 2022, 58 p., 12 €.
Quelle perspective pour
une pensée ultra-moderne ? Au temps des grandes ruptures induites par le
progrès technique et du retour du refoulé, peut-on encore révolutionner, ou
simplement, pris dans le jeu de tensions des forces qui nous dépassent, faire
bouger les lignes ? C'est ainsi qu'on est entrés sans le savoir, et bien
modestement, dans le sillage de l'expressionnisme...
Né en 1974, Fabien
Marquet vit actuellement à Perpignan. Après un bref passage dans
l'enseignement, il se consacre au théâtre et à l'écriture. Il publie ses
premiers textes en revue (Europe, Les Cahiers de l'Université de Perpignan, Les
Cahiers du Sens, Verso, Poésie/Première). (…). On ne prévient pas les
grenouilles quand on assèche les marais, plaidoyer contre le nucléaire, y
reçoit cette année-là le Prix Tournesol du spectacle engagé.
Éliane Biedermann, 109 haïkus, éditions
Unicité, janvier 2022, 88 p., 13 €.
« Aujourd’hui, avec ce recueil, la poète, dans la tradition,
enchante le banal pour le métamorphoser en poésie. Elle nous montre ce détail
qui ouvre le monde de notre mémoire, de notre imaginaire. L’image cligne de
l’œil et disparaît, nous laissant rêveurs. Le lecteur s’évade alors dans une
émotion furtive comme un frisson de bonheur. Il aime la simplicité de la
langue, connait la difficulté de créer des choses simples. » - Extrait de la
préface d’Alain Lacouchie.
Georges de Rivas, Orphée - Eurydice. Dialogue,
éditions Unicité, janvier 2022, 116 p., 16 €.
Qui n’a jamais imaginé
cette histoire d’amour entre Orphée et Eurydice. Georges de Rivas donne chair
par son lyrisme flamboyant à cette mémoire imaginaire... En lisant ce texte, le
lecteur se sentira enivré parce dialogue, tout enveloppé de la magie
ondulatoire des mots. (…)
Anny Pelouze accompagne
magnifiquement par ses peintures ce dialogue et cette poétique hors du temps.
Une alchimie se produit tout au long de l’ouvrage par le choix des motifs et
des couleurs qui semblent sonder l’invisible et exprimer l’au-delà de la vie.
Manon Godet, Peau,
éditions du Cygne (collection Le chant du cygne), janvier 2022, 118 p., 13 €.
Le premier livre de Manon Godet nous offre sa
"Peau" à la manière d'une "Maladie de la mort" de
Marguerite Duras plus contemporaine. Un brillant jeune talent venu de Normandie.
Peau est une vague de mots dansant pour faire
parler les corps. Depuis la racine des cheveux jusqu’au bout des orteils, nos
peaux ont des histoires à raconter. De déchirements, de cris, de joies, de
fusion. La vie naît et meurt entre les violettes et les clémentines. Déployez
les pétales, écartez les quartiers, ouvrez ces pages. Sentez le désir de vivre
flamber entre vos veines. Volez l’espace et le temps. Sentez la peau. Peau est
un foyer pour les chairs abîmées, déchirées, oubliées. Retrouvées. À l’abri.
Neekeea Ramen, Pour quelques brins de soleil,
éditions du Panthéon, janvier 2022, 64 p., 10,90 €
Neekeea Ramen est
originaire de l’île Maurice. Banquier, il fait une incursion dans le monde de
l’écriture à travers la traduction du « Tirukural » (classique
millénaire tamoul) en créole mauricien. « Lamur en Ekri » (L’amour en
écrits), traduit conjointement avec Kavinien Karupudayan, a paru en 2018. Il
est aussi récipiendaire du Prix de Poésie Édouard Maunick 2020-2021,
prestigieuse récompense instituée en l’honneur du grand poète mauricien, pour
son poème Renaissance. Pour quelques brins de soleil… est son
premier recueil en français.
Lionel Mar, L’archipel
du vivant, L’Harmattan (décembre 2021,
124 p., 14 €).
L'Archipel du vivant se dévoile en un récit en plusieurs fragments. Ceux-ci
décrivent dans des poèmes courts l'immédiateté de la vie. Les poèmes de ce
recueil expriment les différentes expériences et émotions traversées par
l'auteur. La réalité côtoie l'imaginaire à travers des chemins où la mémoire
est essentielle. Le vivant est une ivresse en mouvement perpétuel face à la
beauté du monde. L'Archipel du vivant ouvre des paysages pluriels
et mystérieux.
Michel Ostertag, Éloge
à l’épouse défunte. Éditions Le Lys Bleu (décembre 2021, 100 p.,
11,70 €)
« S’il y a une impression dominante qui se dégage de la
lecture de ce recueil singulier – non pas tant par son thème, le deuil d’un
être aimé, thème poétique par excellence, mais par l’humilité de l’auteur,
justement face à ce sujet déclencheur de tant d’œuvres majeures dans toutes les
littératures – est la grâce avec laquelle est comme enveloppé le souvenir de
l’aimée dans la parole du ressouvenant. Elle naît telle une apparition
immatérielle avec « l’amour avant l’amour »… Dans « l’amour
pendant l’amour », elle persiste telle une fragrance subtile en faisant
éclore la lumière du jour du corps de l’aimée (…) Enfin, dans « l’amour
après l’amour », elle œuvre à retisser, à rebâtir un avenir pour l’homme
triste, l’homme seul, comme amputé d’une aile, d’une partie de l’âme, d’une
partie du corps. (…) Alors, c’est cette grâce du dire seule qui fait réellement
revivre en nous l’être aimé. » (Extrait de la préface de Dana Shishmanian)
Alena Meas, Les arbres lui semblaient pivoter.
Récit. Éditions Unicité (décembre 2021, 80 p., 12 €)
« (…) Elle voudrait dire au revoir à cette fiction,
déserter les pages, mais il y a encore quelque chose d’indéfinissable qui la
retient, peut-être que cette fin nécessite d’elle encore un peu de patience,
une confidence inattendue ou une résolution de deus ex machina, qui pourrait
enfin poser le point final à son errance à travers ces pages qui ne veulent pas
dire, hormis les observations météorologiques quotidiennes et l’anecdote de sa
vie, de choses prodigieuses... »
Davide Napoli, Les
ombres du vide.
Éditions Unicité (décembre 2021, 58 p., 13 €)
« (…) À traits effacés et d’une plume détachée, Davide
Napoli nous livre la profondeur d’un souffle amnésique. (…) Langues plastiques
ensorcelées par un même corps dans les marges de l’écho où règne « l’intension
» du vide. (…) Écrivain et plasticien, Davide Napoli explore les formes
fulgurantes de la pensée, à travers les "in-tensions" de l’encre de
chine et de l’écriture. Sa recherche sur le geste du vide et sur le temps
explore la chute et le vertige du chemin de l’intime. »