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ENTRETIEN   AVEC   JEAN  DIF
par Hélène Soris


autoportrait par Jean Dif


JEAN DIF, d'origine auvergnate, vit actuellement à Paris. Amateur de voyages et de découvertes, il a fait le tour du monde, a vécu au Québec et se rend régulièrement en Asie et en Amérique du Sud. Il a publié des textes dans des ouvrages collectifs ou en revues, un recueil de poèmes aux Cahiers de Rochefort et quatre autres à Encres Vives. Beaucoup d'internautes connaissent son site.



La première page de ton site présente les mémoires de Jakob Walter. Peux-tu dire ce qui t'a donné envie d'écrire ce livre est ce à cause d'un grand intérêt pour la Russie ou pour Napoléon 1er ? 

Je me passionne pour l'histoire depuis mon enfance. Pendant la seconde guerre mondiale, des réfugiés avaient oublié chez mes grands-parents "Les Trois Mousquetaires" que j'ai retrouvé dans le grenier. J’ai dévoré ce livre. Cela m'a donné le goût d'autres lectures. Par la suite, j'ai lu les romans d'Erckmann-Chatrian. Sans abandonner totalement les autres époques, je me suis alors orienté vers la période de la Révolution et de l'Empire, si fertile en événements et si riche en mémoires. Je possède une collection de plus d'un millier de titres de mémoires sur cette période. Je les ai à peu près tous lus. J'ai aussi des ouvrages d'historiens, mais ce sont les mémoires, c'est-à-dire les récits vécus, qui m'intéressent le plus. On peut donc me qualifier d'historien amateur. Je ne prétends pas, bien entendu, être un spécialiste.
 

Aurais-tu un lien  familial ou affectif avec Jakob Walter ou ses  ascendants? Et après tout est-ce le véritable nom de ce soldat ou est-ce un personnage que tu as créé d'après tes connaissances historiques?

Jakob Walter a réellement existé. Son texte a été retrouvé aux Etats-Unis dans des circonstances qui tiennent du roman, comme tu pourras le voir en lisant l'extrait de l'avant propos de mon livre qui figure sur mon site.
 
Je n'ai pas de lien particulier avec ce soldat wurtembergeois. Mais la lecture de ses mémoires en anglais m'a paru tellement intéressante que j’ai souhaité les faire connaître aux amateurs d’histoire français ne lisant pas cette langue. C'est pourquoi je les ai traduits. J'ai pris la peine de vérifier tous les dires de Jakob Walter en les confrontant à d'autres mémoires rédigés par des officiers wurtembergeois. La moitié de mon livre est constituée de notes et de documents qui complètent son récit et montrent qu'il est tout à fait crédible. Par ailleurs, le professeur américain qui a publié le texte en anglais avait lui-même effectué des recherches et retrouvé la trace de Walter dans les archives du Royaume de Wurtemberg.


Es-tu allé en Russie ou as-tu  fait tes recherches dans des documents trouvés en France?
 
Je ne suis jamais allé en Russie pour le moment. Toutes mes connaissances sur ce pays sont livresques.


Ce Walter était donc allemand. Ton livre est traduit en espagnol. Pour l'anglais, j'ai cru comprendre que ton personnage  avait écrit ses mémoires là bas et qu’un extrait est présenté sur ton site. 
 
Ce n'est pas mon livre qui a été traduit en espagnol, mais la version anglaise des mémoires. Cette version porte sur trois campagnes. Je me suis borné à reprendre celle de Russie, la dernière et la plus intéressante. Les deux autres campagnes, très brèves dans la version anglaise, étaient d'un intérêt moindre, m'a-t-il semblé. En outre, mon livre comporte, comme je l'ai déjà dit, un volumineux appareil critique qui est absent de la version anglaise. C'est donc un ouvrage différent. Je n'ai pas lu la version espagnole mais, d'après la présentation qui en est faite, je crois qu'il s'agit d'une traduction pure et simple de la version anglaise.

 
Tu ne cherches pas à le faire traduire en allemand?

J'aimerais bien être traduit en allemand. Mais il faudrait que cela intéresse un éditeur.
 

Écriras-tu d'autres  romans historiques?

On ne peut pas parler de roman au sujet de mon livre. C'est évidemment un ouvrage d'histoire, même s'il se lit comme un roman. Il a d'ailleurs été reçu comme tel par les spécialistes. Sans doute écrirai-je d'autres ouvrages d'histoire, si j'en ai le temps.


As-tu abordé d'autres  formes d'écriture,  je veux parler de ce qui ne touche pas directement à la poésie puisque c'est celle-ci qui m'a permis de te connaître?

En dehors de la poésie, j'ai aussi publié des textes scientifiques en revues dans le domaine de la finance ainsi que ma thèse de doctorat sur les "Obligations convertibles" qui est à la Bibliothèque nationale. On peut accéder à quelques-uns de mes articles sur Internet. Ils ont été publiés par le CEREFIA de la Faculté des Sciences Economiques de l'Université de Rennes. Je suis d’ailleurs titulaire d’un doctorat de cette Université.


J'ai envie de t'appeler collectionneur de poésie. J'ai trouvé sur tes pages une multitude de poèmes que tu as glanés  partout. Les copies-tu dans les anthologies, des recueils ou sur le net? Tu ne parles pas souvent de cette collection qui pourtant est un creuset de découvertes. On y lit des poètes célèbres mais aussi des auteurs peu connus. Un plaisir certain pour tout amateur curieux. Quels sont tes critères de choix?

Collectionneur de poésie? Pourquoi pas. Je lis de la poésie depuis mon adolescence et j'ai presque toujours lu avec un crayon à la main. Ceci dit, depuis que j'ai mon site, c'est-à-dire depuis cinq ans, j'ai pris l'habitude de relever les extraits qui me plaisent ou m'interpellent et de les mettre sur mon site afin de les partager avec d'autres. Je lis quelques revues auxquelles je suis abonné et des anthologies. Je reçois aussi des textes envoyés par d'autres poètes. J'en trouve également sur Internet, mais c'est rare. Je dois faire une place particulière au très beau site espagnol Portal de Poesia qui m'envoie régulièrement des poèmes que je traduis. Ils sont généralement très beaux. Cela m'a permis de me faire des amis en Espagne, en Amérique du Sud et ailleurs. Un de mes poèmes a ainsi été traduit en néerlandais.
 
Il m'est très difficile de préciser mes critères de choix. Comme le dit si justement Jean l'Anselme, que je cite de mémoire: "On reconnaît tout de suite la présence de la poésie, mais il n'est pas facile de la définir".


Tu nous offres une liste de poètes qui ont bercé ton enfance. J'ai aimé y trouver Rousselot, Cadou, Manoll  par exemple. Mais tu commences ton anthologie par Jarry qui t'a fait découvrir la poésie contemporaine. Peux-tu dire à quelle époque cette découverte a eu lieu?

J'ai découvert Jarry pendant mon adolescence, vers quinze ans, à la faveur d'une émission de radio. La nouveauté de cet auteur, par rapport aux textes scolaires des récitations que je devais apprendre, m'a tout de suite séduit. Grâce à lui, j'ai voulu en savoir davantage sur la poésie contemporaine et je me suis mis à lire les surréalistes, d'abord dans la collection Poètes d'aujourd'hui de Seghers. Et, de fil en aiguille, j'ai lu aussi Lautréamont, Cendrars, Reverdy, Apollinaire, Cocteau... d'autres encore. J'étais en de bonnes mains, même si ces fréquentations étaient jugées mauvaises par mes professeurs (j’étais dans une école libre).


Ton choix est très varié! Cependant tu cites souvent, il me semble, la poésie d'Eluard.
 
Eluard, évidemment, était un des poètes que je lisais. Je le trouvais supérieur à Aragon. Je lisais aussi Maïakowski. Mais je n'ai connu que plus tard les autres poètes russes de cette période.


Tu publies aussi des contes moraux et quelques contes pour enfants. Ou même écrits par eux.
Les as-tu  accompagnés dans cette écriture? Certains d'entre eux ont-il eu envie de continuer?

J'ai effectivement commis quelques contes moraux. Quant aux contes pour enfants, ils ne sont pas de moi. Ils ont été écrits par mon fils et par l'aînée de mes petites-filles. Je me suis contenté d'illustrer celui de mon fils. Ma petite fille a illustré elle-même les siens. Mais c'est bien sûr moi qui ai créé les pages web. Je n'ai pas participé du tout à leur écriture. Pour ce qui est de la suite, mon fils a renoncé passé l'âge de dix ans. Quant à ma petite fille, je ne sais pas ce quelle fera plus tard. Elle n'a que sept ans!


Tu es toi-même poète et as été publié en revue depuis plusieurs années. Tu viens de publier EGLOGUES PRINTANIERES  et NETCHAIEV  DIT.  Ecris-tu  de la poésie depuis longtemps?
 
J'ai commencé à écrire très tôt. A l'école primaire, j'ai eu la chance d'avoir une institutrice adepte de la méthode Freinet qui laissait beaucoup de latitude à ses élèves et qui les encourageait à révéler leurs talents. C'est à cette époque que j'ai commencé à écrire mes premiers poèmes, très mauvais. J'ajoute que j'ai aussi très tôt appris à maîtriser l'algèbre. Lorsque je suis entré en 6ème, j'étais très en avance sur ce plan. J'ai d'ailleurs rapidement pris la tête de ma classe pour ne plus la quitter. Mais, pour des raisons familiales, j'ai dû abandonner tôt mes études et entrer en apprentissage. J'ai commencé ma vie professionnelle comme ouvrier d'usine, me suis fait licencier pour fait de grève et, grâce à la solidarité entre poètes, j'ai réussi à entrer comme vacataire dans les services extérieurs du ministère de l'Economie. Le licenciement, et la poésie, m'ont donc rendu service puisque, après bien des vicissitudes, j'ai fini par enseigner à l'ENA. Mais détailler ma vie professionnelle serait long et fastidieux. Il y a trop de détours et de rebondissements, dont le passage par l'Université de Sherbrooke, au Québec, où j'ai obtenu une Maîtrise-es-Arts en Finances.
 
Après mes premiers essais médiocres, je suis passé à des choses plus sérieuses en venant à Paris. J'avais alors 19 ans. C'est à cette époque que j'ai rencontré notamment les personnes (des poètes) qui allaient me permettre de réorienter ma carrière professionnelle. J'ai toujours écrit depuis. J'ai publié, vers 22 ans, mon recueil des Cahiers de Rochefort. Ensuite, sans cesser d'écrire, je n'ai plus publié pendant une quarantaine d'années. Mes obligations professionnelles ne m'en laissaient pas le loisir. J'ai décidé de reprendre ma liberté vers 57 ans et je me suis alors remis à trier mes textes et à chercher à les publier. Tu sais que ce n'est pas facile.


Ton site  est  très connu sur le Net  non seulement à cause de son contenu littéraire mais parce qu'il peut rendre service à quantité d'internautes qui aiment s'essayer à l'écriture ou passionnés de littérature (adresses de concours, liens vers des sites d’autres auteurs…) mais aussi simplement aux débutants en informatique. Cette discipline a-t-elle fait partie de ta vie professionnelle ou était-ce seulement de la curiosité au départ?

L'informatique fait partie de l'un des moments cruciaux de ma vie professionnelle. Après mon passage au ministère de l'Economie, j'ai réussi un concours qui m'a permis d'entrer à la Caisse des Dépôts et Consignations. Cette administration bancaire s'est informatisée au début des années 60. Les informaticiens manquaient. Un concours a été ouvert. J'ai été recruté sur test, ai suivi une formation chez IBM et suis devenu programmeur, puis analyste et ingénieur informaticien. C'était l'âge héroïque. La main d'oeuvre manquait. Comme j'aimais enseigner, j'ai participé à la formation de mes futurs collègues: plusieurs dizaines. C'est pourquoi j'ai plus tard pu obtenir une bourse pour aller étudier en Amérique du Nord. Comme il n'y avait pas de maîtrise en science du traitement de l'information à Sherbrooke à l'époque, j'ai opté pour la Finance.
 
L'informatique m'a rendu de grands services par la suite lors de la préparation de mon doctorat. Comme je suis intéressé par la question des processus aléatoires en matière de création, j'ai utilisé également mes connaissances informatiques pour générer de la musique et des textes. Mes deux recueils "Kaléidoscope" et "Variations" ont ainsi été rédigés au moyen d'algorithmes que j'avais élaborés à partir d'un vocabulaire de base. Pour simplifier, je dirai que cette technique s'apparente à celle des cadavres exquis des surréalistes. Toutefois, je n'ai pas publié la matière brute. J'ai fait des choix pour parvenir au résultat définitif. L'essentiel pour moi est de capter, à travers les rapprochements dus au hasard, ce que j'appellerai le charme de l'inattendu signifiant afin de construire un texte qui se tienne.
 
Mes autres recueils ont été rédigés de manière plus classique.
 
Quant aux services que mon site peut rendre à ses visiteurs, j'espère que certains en profitent. Encore une fois, c'est avec le souci de partager que je l'ai créé. Dans le monde vénal à l'excès où nous vivons, je souhaite qu'Internet facilite l'émergence salutaire d'une économie de la gratuité.


La poésie, malgré les illusions de nombreux candidats poètes, se publie et se vend difficilement mais n'est-ce pas la preuve de sa sincérité et de sa pureté?
Merci Jean d'avoir répondu à mes questions et de partager aussi volontiers tout ce que tu aimes.

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suivi
de quelques EXTRAITS DE SES TEXTES:

Vers les versets du potager 
Vers un extrait de Nechaiev dit...  

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quelques liens

HISTOIRE
http://jean.dif.free.fr/Histoire/Walter/Walter.html
http://jean.dif.free.fr/Histoire/Histoire.html

CHOIX DE POEMES
http://jean.dif.free.fr/Textes/Pmoi.html 

POEMES  D'AUTRES AUTEURS
http://jean.dif.free.fr/Textes/Pautre.html
http://jean.dif.free.fr/Textes/Jeunesse.html

CONTES  ECRITS PAR DES ENFANTS
http://jean.dif.free.fr/Textes/Contes/Contes.html
 
CONTES MORAUX
http://jean.dif.free.fr/Textes/Cmmoi.html 

VOYAGES 
http://difjean.club.fr/Voyages/Voyages.html

INFORMATIQUE
http://jean.dif.free.fr/LisPro.html
http://jean.dif.free.fr/CTR.html
http://jean.dif.free.fr/Moteurs.html

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http://www.francopolis.net/librairie/JeanDifMiroirs.htm

Par Hélène Soris
pour francopolis septembre  2005 



Créé le 1 mars 2002

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