La
première page de ton site présente les mémoires de Jakob
Walter. Peux-tu dire ce qui t'a donné envie d'écrire
ce livre est ce à cause d'un grand intérêt
pour la Russie ou pour Napoléon 1er ?
Je me passionne pour l'histoire depuis mon enfance. Pendant la seconde guerre
mondiale, des réfugiés avaient oublié chez mes grands-parents
"Les Trois Mousquetaires" que j'ai retrouvé dans le grenier. J’ai
dévoré ce livre. Cela m'a donné le goût d'autres
lectures. Par la suite, j'ai lu les romans d'Erckmann-Chatrian. Sans abandonner
totalement les autres époques, je me suis alors orienté vers
la période de la Révolution et de l'Empire, si fertile en événements
et si riche en mémoires. Je possède une collection de plus
d'un millier de titres de mémoires sur cette période. Je les
ai à peu près tous lus. J'ai aussi des ouvrages d'historiens,
mais ce sont les mémoires, c'est-à-dire les récits vécus,
qui m'intéressent le plus. On peut donc me qualifier d'historien amateur.
Je ne prétends pas, bien entendu, être un spécialiste.
Aurais-tu un lien familial
ou affectif avec Jakob Walter ou ses ascendants? Et après tout
est-ce le véritable nom de ce soldat ou est-ce un personnage
que tu as créé d'après tes connaissances historiques?
Jakob Walter a réellement existé. Son texte a été
retrouvé aux Etats-Unis dans des circonstances qui tiennent du roman,
comme tu pourras le voir en lisant l'extrait de l'avant propos de mon livre
qui figure sur mon site.
Je n'ai pas de lien particulier avec ce soldat wurtembergeois. Mais la lecture
de ses mémoires en anglais m'a paru tellement intéressante
que j’ai souhaité les faire connaître aux amateurs d’histoire
français ne lisant pas cette langue. C'est pourquoi je les ai traduits.
J'ai pris la peine de vérifier tous les dires de Jakob Walter en les
confrontant à d'autres mémoires rédigés par des
officiers wurtembergeois. La moitié de mon livre est constituée
de notes et de documents qui complètent son récit et montrent
qu'il est tout à fait crédible. Par ailleurs, le professeur
américain qui a publié le texte en anglais avait lui-même
effectué des recherches et retrouvé la trace de Walter dans
les archives du Royaume de Wurtemberg.
Es-tu allé en Russie ou as-tu fait tes recherches dans des documents trouvés en France?
Je ne suis jamais allé en Russie pour le moment. Toutes mes connaissances sur ce pays sont livresques.
Ce Walter était donc allemand. Ton livre est traduit en espagnol.
Pour l'anglais, j'ai cru comprendre que ton personnage avait
écrit ses mémoires là bas et qu’un extrait est présenté
sur ton site.
Ce n'est pas mon livre qui a été traduit en espagnol, mais
la version anglaise des mémoires. Cette version porte sur trois campagnes.
Je me suis borné à reprendre celle de Russie, la dernière
et la plus intéressante. Les deux autres campagnes, très brèves
dans la version anglaise, étaient d'un intérêt moindre,
m'a-t-il semblé. En outre, mon livre comporte, comme je l'ai déjà
dit, un volumineux appareil critique qui est absent de la version anglaise.
C'est donc un ouvrage différent. Je n'ai pas lu la version espagnole
mais, d'après la présentation qui en est faite, je crois qu'il
s'agit d'une traduction pure et simple de la version anglaise.
Tu ne cherches pas à le faire traduire en allemand?
J'aimerais bien être traduit en allemand. Mais il faudrait que cela intéresse un éditeur.
Écriras-tu d'autres romans historiques?
On ne peut pas parler de roman au sujet de mon livre. C'est évidemment
un ouvrage d'histoire, même s'il se lit comme un roman. Il a d'ailleurs
été reçu comme tel par les spécialistes. Sans
doute écrirai-je d'autres ouvrages d'histoire, si j'en ai le temps.
As-tu abordé d'autres formes d'écriture, je veux
parler de ce qui ne touche pas directement à la poésie puisque
c'est celle-ci qui m'a permis de te connaître?
En dehors de la poésie, j'ai aussi publié des textes scientifiques
en revues dans le domaine de la finance ainsi que ma thèse de doctorat
sur les "Obligations convertibles" qui est à la Bibliothèque
nationale. On peut accéder à quelques-uns de mes articles sur
Internet. Ils ont été publiés par le CEREFIA de la Faculté
des Sciences Economiques de l'Université de Rennes. Je suis d’ailleurs
titulaire d’un doctorat de cette Université.
J'ai envie de t'appeler collectionneur de poésie. J'ai trouvé
sur tes pages une multitude de poèmes que tu as glanés
partout. Les copies-tu dans les anthologies, des recueils ou sur le net?
Tu ne parles pas souvent de cette collection qui pourtant est un creuset
de découvertes. On y lit des poètes célèbres
mais aussi des auteurs peu connus. Un plaisir certain pour tout amateur curieux.
Quels sont tes critères de choix?
Collectionneur de poésie? Pourquoi pas. Je lis de la poésie
depuis mon adolescence et j'ai presque toujours lu avec un crayon à
la main. Ceci dit, depuis que j'ai mon site, c'est-à-dire depuis cinq
ans, j'ai pris l'habitude de relever les extraits qui me plaisent ou m'interpellent
et de les mettre sur mon site afin de les partager avec d'autres. Je lis
quelques revues auxquelles je suis abonné et des anthologies. Je reçois
aussi des textes envoyés par d'autres poètes. J'en trouve également
sur Internet, mais c'est rare. Je dois faire une place particulière
au très beau site espagnol Portal de Poesia qui m'envoie régulièrement
des poèmes que je traduis. Ils sont généralement très
beaux. Cela m'a permis de me faire des amis en Espagne, en Amérique
du Sud et ailleurs. Un de mes poèmes a ainsi été traduit
en néerlandais.
Il m'est très difficile de préciser mes critères de
choix. Comme le dit si justement Jean l'Anselme, que je cite de mémoire:
"On reconnaît tout de suite la présence de la poésie,
mais il n'est pas facile de la définir".
Tu nous offres une liste de poètes qui ont bercé ton enfance.
J'ai aimé y trouver Rousselot, Cadou, Manoll par exemple. Mais
tu commences ton anthologie par Jarry qui t'a fait découvrir la poésie
contemporaine. Peux-tu dire à quelle époque cette découverte
a eu lieu?
J'ai découvert Jarry pendant mon adolescence, vers quinze ans, à
la faveur d'une émission de radio. La nouveauté de cet auteur,
par rapport aux textes scolaires des récitations que je devais apprendre,
m'a tout de suite séduit. Grâce à lui, j'ai voulu en
savoir davantage sur la poésie contemporaine et je me suis mis à
lire les surréalistes, d'abord dans la collection Poètes d'aujourd'hui
de Seghers. Et, de fil en aiguille, j'ai lu aussi Lautréamont, Cendrars,
Reverdy, Apollinaire, Cocteau... d'autres encore. J'étais en de bonnes
mains, même si ces fréquentations étaient jugées
mauvaises par mes professeurs (j’étais dans une école libre).
Ton choix est très varié! Cependant tu cites souvent, il me semble, la poésie d'Eluard.
Eluard, évidemment, était un des poètes que je lisais.
Je le trouvais supérieur à Aragon. Je lisais aussi Maïakowski.
Mais je n'ai connu que plus tard les autres poètes russes de cette
période.
Tu publies aussi des contes moraux et quelques contes pour enfants. Ou même écrits par eux.
Les as-tu accompagnés dans cette écriture? Certains d'entre eux ont-il eu envie de continuer?
J'ai effectivement commis quelques contes moraux. Quant aux contes pour enfants,
ils ne sont pas de moi. Ils ont été écrits par mon fils
et par l'aînée de mes petites-filles. Je me suis contenté
d'illustrer celui de mon fils. Ma petite fille a illustré elle-même
les siens. Mais c'est bien sûr moi qui ai créé les pages
web. Je n'ai pas participé du tout à leur écriture.
Pour ce qui est de la suite, mon fils a renoncé passé l'âge
de dix ans. Quant à ma petite fille, je ne sais pas ce quelle fera
plus tard. Elle n'a que sept ans!
Tu es toi-même poète et as été publié en
revue depuis plusieurs années. Tu viens de publier EGLOGUES PRINTANIERES
et NETCHAIEV DIT. Ecris-tu de la poésie depuis longtemps?
J'ai commencé à écrire très tôt. A l'école
primaire, j'ai eu la chance d'avoir une institutrice adepte de la méthode
Freinet qui laissait beaucoup de latitude à ses élèves
et qui les encourageait à révéler leurs talents. C'est
à cette époque que j'ai commencé à écrire
mes premiers poèmes, très mauvais. J'ajoute que j'ai aussi
très tôt appris à maîtriser l'algèbre. Lorsque
je suis entré en 6ème, j'étais très en avance
sur ce plan. J'ai d'ailleurs rapidement pris la tête de ma classe pour
ne plus la quitter. Mais, pour des raisons familiales, j'ai dû abandonner
tôt mes études et entrer en apprentissage. J'ai commencé
ma vie professionnelle comme ouvrier d'usine, me suis fait licencier pour
fait de grève et, grâce à la solidarité entre
poètes, j'ai réussi à entrer comme vacataire dans les
services extérieurs du ministère de l'Economie. Le licenciement,
et la poésie, m'ont donc rendu service puisque, après bien
des vicissitudes, j'ai fini par enseigner à l'ENA. Mais détailler
ma vie professionnelle serait long et fastidieux. Il y a trop de détours
et de rebondissements, dont le passage par l'Université de Sherbrooke,
au Québec, où j'ai obtenu une Maîtrise-es-Arts en Finances.
Après mes premiers essais médiocres, je suis passé à
des choses plus sérieuses en venant à Paris. J'avais alors
19 ans. C'est à cette époque que j'ai rencontré notamment
les personnes (des poètes) qui allaient me permettre de réorienter
ma carrière professionnelle. J'ai toujours écrit depuis. J'ai
publié, vers 22 ans, mon recueil des Cahiers de Rochefort. Ensuite,
sans cesser d'écrire, je n'ai plus publié pendant une quarantaine
d'années. Mes obligations professionnelles ne m'en laissaient pas
le loisir. J'ai décidé de reprendre ma liberté vers
57 ans et je me suis alors remis à trier mes textes et à chercher
à les publier. Tu sais que ce n'est pas facile.
Ton site est très connu sur le Net non seulement à
cause de son contenu littéraire mais parce qu'il peut rendre service
à quantité d'internautes qui aiment s'essayer à l'écriture
ou passionnés de littérature (adresses de concours, liens vers
des sites d’autres auteurs…) mais aussi simplement aux débutants en
informatique. Cette discipline a-t-elle fait partie de ta vie professionnelle
ou était-ce seulement de la curiosité au départ?
L'informatique fait partie de l'un des moments cruciaux de ma vie professionnelle.
Après mon passage au ministère de l'Economie, j'ai réussi
un concours qui m'a permis d'entrer à la Caisse des Dépôts
et Consignations. Cette administration bancaire s'est informatisée
au début des années 60. Les informaticiens manquaient. Un concours
a été ouvert. J'ai été recruté sur test,
ai suivi une formation chez IBM et suis devenu programmeur, puis analyste
et ingénieur informaticien. C'était l'âge héroïque.
La main d'oeuvre manquait. Comme j'aimais enseigner, j'ai participé
à la formation de mes futurs collègues: plusieurs dizaines.
C'est pourquoi j'ai plus tard pu obtenir une bourse pour aller étudier
en Amérique du Nord. Comme il n'y avait pas de maîtrise en science
du traitement de l'information à Sherbrooke à l'époque, j'ai opté
pour la Finance.
L'informatique m'a rendu de grands services par la suite lors de la préparation
de mon doctorat. Comme je suis intéressé par la question des
processus aléatoires en matière de création, j'ai utilisé
également mes connaissances informatiques pour générer
de la musique et des textes. Mes deux recueils "Kaléidoscope" et "Variations"
ont ainsi été rédigés au moyen d'algorithmes
que j'avais élaborés à partir d'un vocabulaire de base.
Pour simplifier, je dirai que cette technique s'apparente à celle
des cadavres exquis des surréalistes. Toutefois, je n'ai pas publié
la matière brute. J'ai fait des choix pour parvenir au résultat
définitif. L'essentiel pour moi est de capter, à travers les
rapprochements dus au hasard, ce que j'appellerai le charme de l'inattendu
signifiant afin de construire un texte qui se tienne.
Mes autres recueils ont été rédigés de manière plus classique.
Quant aux services que mon site peut rendre à ses visiteurs, j'espère
que certains en profitent. Encore une fois, c'est avec le souci de partager
que je l'ai créé. Dans le monde vénal à l'excès
où nous vivons, je souhaite qu'Internet facilite l'émergence
salutaire d'une économie de la gratuité.
La
poésie, malgré les illusions de nombreux candidats poètes,
se publie et se vend difficilement mais n'est-ce pas la preuve de sa sincérité
et de sa pureté?
Merci Jean d'avoir répondu à mes questions et de partager aussi volontiers tout ce que tu aimes.
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suivi
de quelques EXTRAITS DE SES TEXTES:
Vers les versets du potager
Vers un extrait de Nechaiev dit...
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quelques liens
HISTOIRE
http://jean.dif.free.fr/Histoire/Walter/Walter.html
http://jean.dif.free.fr/Histoire/Histoire.html
CHOIX DE POEMES
http://jean.dif.free.fr/Textes/Pmoi.html
POEMES D'AUTRES AUTEURS
http://jean.dif.free.fr/Textes/Pautre.html
http://jean.dif.free.fr/Textes/Jeunesse.html
CONTES ECRITS PAR DES ENFANTS
http://jean.dif.free.fr/Textes/Contes/Contes.html
CONTES MORAUX
http://jean.dif.free.fr/Textes/Cmmoi.html
VOYAGES
http://difjean.club.fr/Voyages/Voyages.html
INFORMATIQUE
http://jean.dif.free.fr/LisPro.html
http://jean.dif.free.fr/CTR.html
http://jean.dif.free.fr/Moteurs.html
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http://www.francopolis.net/librairie/JeanDifMiroirs.htm
Par Hélène Soris
pour francopolis septembre 2005
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