ta lutte avec le vent
se resserre
eux font ceux qui ignorent
l’épée inaltérable du cœur
ils creusent une vie
passent dedans
le battement de l’existence
font la foule les rangs
font le nombre
s’additionnent
sans toi
sans même rien
d’autre de toi
qui connaît la détrempe des nuits
abandonnées aux forces du hasard
que lave l’aube qui se ressemble
comme un bouquet inaltérable d’aubes
dont ta main se saisit
comme un nouveau-né l’air
***
Nous étions là où je suis seule
Habillés de ton rire
dans ce que le temps n’atteindra
que s’il disparait
et je t’ai regardé
comme on essaie enfant
d’attraper le savon des bulles
mes mains ont grandi
mais pas mes rêves
***
Tu écris sous les contes
ta respiration
recouvre les couleurs
de ruban
d’aucune enfance
les pages arrachées glissent comme
l’eau du songe
mesure cette distance de toi à
l’endroit des images
un homme pleure une pluie de
roseaux
balaie les mots d’ouragans de
silences
qui creusent
l’espace du souvenir
entre les lettres et le mur qui
sidère l’oubli
sur les pages de ton histoire
***
Je vais partir
Tourner sur le chemin
Et disparaître
Jusqu’ailleurs
une autre fois
nous ne savons
ni toi ni moi
si se ressembleront encore
ton épaule et ma nuit
on ne sait jamais rien
de ce que l’impossible épargne
***
tu te protèges des histoires
qui traversent le temps
dans le fond des images
comme on parcourt sous les digues
une amnésie presque fertile
d’arbre né dans l’espace immaculé des
cimes
tu verses ta parole à l’endroit
du silence
là où suinte la trace épaisse
des autrefois
naguère encore
jouxte les mots
qui se fissurent
où perce la lumière
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