Déracinée
Lorsque
le vent efface
les traces des pas sur le sable
La
marée m’emporte
comme un oiseau blessé
qui cherche ses repères au-dessus de la mer
Invitée
des temps modernes
je transmets la mémoire des absents
et dérive sur les flots au pays de nulle part
Je
suis passagère de l’exil
Je
voyage en équilibre
sur le fil ténu du désespoir
dans une vie miroir où l’esprit des morts
plane en permanence
Bercée
par la voix du néant
j’oscille
fragile
entre quotidien et irréalité
Dans
un sentiment d’étrangeté
je deviens mélancolie flottante
et abstraction
Un
leurre pour attraper le rire
Une
petite bulle colorée emplie d’espoir
volant vers les astres
et qui soudain éclate
dans un sanglot de joie
Un sursis
à l’ombre de l’ombre
Pour
retrouver les racines perdues
je cherche un ancrage au plus profond de la terre
mais le voile du crépuscule
me recouvre de ses incertitudes
Femme
du doute et des mirages
née de la pluie et du beau temps
j’entrevois parfois une étoile briller
posée là
comme une goutte de rosée sur le rebord de la fenêtre
Quand
le soleil du soir vient réchauffer les âmes
quelques notes de musique
transforment les plaintes des exclus
en un chant mélodieux
Un don
à profusion
entre factice et magie
gorgé d’illusions
prêt à retourner au pays des songes
Danser
au rythme lancinant des vagues
vers d’autres rivages
semer quelques pépites de bonheur
sur la route du temps
Se
donner à plein corps
dans un cycle d’amours brèves
où la chaire illusion
s’aveugle dans la ronde des sens
Étreindre un lit de ténèbres
et dans le silence
scellé par un baiser mortuaire
rejoindre le monde des corps calcinés
Peu à
peu se consumer en feux follets d’éternité
Mai 2024
***
Éclats de saisons
Au
fond de l’âme
Fragile
et solitaire
Éclats
de soleil
Pavés
de solitude
À
gravir
Pas à
pas
Sensation
fluide du temps
Le
vent
Ravive
le silence
Traces
de mémoire
Sur
une pierre de vie
La
poésie
Dans
un envol
Poussière
ocre
Tourbillons
d’automne
Bercée
par la feuille morte
Entre
l’arbre et le silence
Une
goutte cristalline
Bruissement
Sous
le pas du flâneur
Langage
d’un temps feutré
Le
temps se dissous
Sur
l’écueil des rêves
La
lune courbe comme un roseau
L’hiver
attise le feu
Dans
le paysage glacé
Deux
corps enlacés
La
nuit égrène le temps
Je me
dissous
Dans
le silence
L’été
Un
parfum de rose
Ensemence
la rivière
Entre
les feux follets
La
Marne danse
Sur un
fond de rivière insolente
La
solitude
Me
livre des soleils épars
Il
pleut sur mon visage
Une
saison
Qui ne
porte pas de nom
Rêves
lointains
Silence
Par-delà
les rivages
Une
pause musicale
Février 2005
***
Poèmes jetés comme
bouteille à la mer
Dans
les larmes de la nuit
Insomnie
de la tourmente
Parfois
se mêlent
Cendre
et pluie
Recroquevillé
dans l’absence
Un
souffle intime
Expire
Le
matin blême
À pas
feutrés
S’anime
À
travers les volets rouges
Paysage
de campagne
Flamboiements
Évanescence
Moutons
de neige
Étendue
verte
Les
saisons s’enlacent
Le
joueur de vent
Encense
La
complainte des amants
Pensées
enchevêtrées
Au son
de la clarinette
Une
valse des fleurs
Invite
à la rêverie poésie

©Mireille
Podchlebnik
(poèmes
et photos)
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