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ARCHIVES FRANCO-SEMAILLES

 


Mai-Juin 2021

 

 

« Qui prie sur les autels invisibles ? »

 

Poèmes inédits d’Alena Meas

(juin 2020)

Avec ses derniers tableaux

(avril 2021)

 

 

 

JARDIN

 

Le rouge se dissémine

L’herbe ne cicatrise pas

Elle saigne de haut en bas

Deux coquelicots mus par le vent

 

***

 

La mousse gagne sur la pelouse

Les pâquerettes regardent

Cette transformation de même œil

Que si elles regardaient

Les meules prendre feu.

 

***

 

Brin sur brin

Si on regarde l’herbe de près

C’est un chaos

Compréhensible seulement pour les bêtes.

 

***

 

Une feuille tombée avant l’heure

Une feuille verte fane déjà

Le cerisier était trop occupé

À porter les fruits

Qu’il a négligé de la tenir.

 

***

 

Un très vieux rhododendron

Montre ses os

Fatigué de montrer des fleurs incroyables.

 

***

 

La haie ne veut pas être taillée

Ça se voit,

Elle n’attend que la libération complète des mœurs.

 

***

 

L’éclat de poussière blanche volait

Là où le papillon a fait son chemin.

 

***

 

Les cerises inaccessibles

Éclatent de leur trop de sucre

Une envie qui a mûri sur mes lèvres.

 

***

 

Le noyer et son secret

Il cache bien ses fruits

De peur de faire savoir

Que même lui a l’envie de donner.

 

***

 

Le généreux framboisier

N’attend pas le début d’été,

Il régale sans compter.

 

***

 

Un liseron rencontré au hasard

Tire sa trompe blanche et frileuse

Vers la première goutte,

Celle qui n’est ni rosée ni pluie.

 

***

 

Un tapis de chair et de feuilles

Timidement étalé sous un épicéa ;

Qui aurait dit fraises de bois

Aurait goûté à leur joie.

 

***

 

Ces sœurs folles des marguerites

Ne sont que les marguerites elles-mêmes

En centaines autour de la mare.


 

 

 

TEMPLES

 

Ces temples sont en vie

Et accroissent de jour en jour

Qui prie sur les autels invisibles

Recouverts par la verdure ?

La lumière rentre

Par des rosaces des branches

Et sacrifie

Au cœur des sous-bois

Le silence est un dieu.

 

***

 

Ça murmure dans les arbres

N’est-ce pas une pluie d’été ?

Fugace, légère comme la respiration

D’un enfant assoupi

Inattendue comme une lettre

D’un très bon ami.

 

***

 

Approximation de la source

Dans les bois de jadis

Les ronces prennent place

De Daphnis et Cloé

Les ronces de personne

Blessent

Aussi timidement

Que les feuilles de houx

Que l’incertitude d’être tout près

La source peut aussi changer d’aspect

Devenir pierre ou l’air

Ou un soupir

Errant dans les bois depuis jadis

L’encercler est impossible

Si tu ne connais pas le sortilège

Branche tait le lieu

Seule son approximation

T’habite.

 

***

 

Une lisière très ancienne

Sépare la ville et la forêt

Au-delà du cercle des premiers bois

Le dedans filtre les certitudes

Le dedans puise l’originel.

 

***

 

Le soleil se couche le soleil se lève

De mille façons

Dans les rues tant de rêves

Sédimentent sous les regards des passants

De plus en plus vite

Distinctement

Dans les mesures

Son cœur bat

Au gré de son rêve à lui.

 

 

 

©Alena Meas

Juin 2020 (pour les textes),

avril 2021 (pour les tableaux)

 

Alena Meas, artiste peintre et poète, est bien connue de nos lecteurs. Ses textes et ses tableaux ont été accueillis à la rubrique Creaphonie (dernière présence : mars-avril 2020), mais aussi Contes & chansons (janvier 2016). Dernière publication (signalée dans nos Annonces 2019) : Protège tes sens (éditions Unicité). Ci-contre : Alena dans son atelier (photo D. Shishmanian, janvier 2019).

 

 

 

Alena Meas

Francosemailles, mai-juin 2021

recherche : Dana Shishmanian 

 

 

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