http://www.francopolis.net/images/humeurtitle.jpg

Billet d'humour ou ballade d'humeur
Ici dire vaut mieux
que se taire...

ACCUEIL

 

Billets humeuristiques - archives

 

 

HUMEUR

Paris en pointillé

(suite, 5)

par J. Fleuret

 

Je me souviens de ses rues, ses monuments, squares et impasses, ses lieux où vécurent des hommes et des femmes connus dans l’histoire, je me souviens

 

45

Je me souviens du 124 avenue Victor Hugo. Édifice élevé en 1907 à la place de l'hôtel particulier de Victor Hugo (où il s'y était installé avec Juliette Drouet en 1878, loué à la princesse de Lusignan) L’immeuble est dû à l'architecte Pierre Humbert ; la façade de cet édifice comporte le visage de l'écrivain sculpté par Fonquergne et remporta plusieurs prix pour sa magnifique façade. L'avenue a été dénommée ainsi le 28 février 1881, lendemain du soixante-dix-neuvième anniversaire de l'écrivain. Victor Hugo a vécu les dernières années de sa vie ici. []Ainsi lui adressait-on son courrier libellé : « À Monsieur Victor Hugo, En son avenue, à Paris ».

46

Je me souviens du passage Choiseul, à côté du métro 4-Septembre, près de l’Opéra. Lieu symbole des poètes parnassiens. Alphonse Lemerre, Le premier éditeur des poètes parnassiens possédait en effet sa boutique dans le passage au no 23. Également l’écrivain Louis-Ferdinand Céline y vécut enfant de 1899 à 1907, sa mère y tenant une boutique de nouveautés au no 67 puis, à partir de 1904, au no 64. Il immortalisa le passage dans sa décrépitude en 1936, sous le nom de « passage des Bérézinas », dans Mort à crédit.

Le théâtre des Bouffes-Parisiens possède sa sortie secondaire dans le passage et contribue depuis son ouverture en 1857 à l'animation du passage.

47

Je me souviens du n° 40 du bld Beaumarchais, le Café à l'enseigne « Le barbier de Bastille » anciennement « L'éléphant » dont la salle était décorée de têtes d'éléphants en ronde-bosse, souvenir de l'éléphant du Cirque d'hiver qui, une nuit de 1912, pénétra dans cet établissement, où il brisa tout. Il faut savoir que le Cirque d'Hiver est à 25 ou 30 numéros du café de l'Éléphant, donc pas très loin.

48

Je me souviens du Café du Croissant, aujourd'hui nommé Taverne du croissant, qui est un café situé dans le 2e arrondissement de Paris, à l'angle de la rue Montmartre (au no 146) et de la rue du Croissant (au no 22). Il est célèbre pour avoir été le théâtre de l'assassinat de Jean Jaurès par Raoul Villain le 31 juillet 1914.

49

Je me souviens de la fontaine du Vert bois ou fontaine Saint-Martin. C’est une fontaine située à l'angle de la rue du Vert bois et de la rue Saint-Martin accolée au mur de l'enceinte de Philippe Auguste de l'ancien prieuré Saint-Martin-des-Champs, actuel Conservatoire national des arts et métiers dans le 3e arrondissement de Paris. La fontaine du Vert bois fut édifiée à la demande de Louis XIV en 1712 selon les plans de Pierre Bullet, alors responsable des travaux de modifications de l'église Saint-Martin-des-Champs, dans une des tours fortifiées du prieuré. La fontaine du Vert bois demeure la seule fontaine urbaine conçue par ce célèbre architecte. D’après d’anciens ouvrages, cette fontaine serait la première fontaine publique installée à Paris.

Le baron Haussmann renonce à sa destruction, initialement prévue dans ses plans de transformations, car la fontaine est devenue très rapidement indispensable pour les habitants du quartier. En 1876, la fontaine a été de nouveau menacée de destruction mais, grâce à l'intervention de Victor Hugo, elle fut restaurée en 1882 et déplacée à son emplacement actuel. Victor Hugo, qui écrivit : « Démolir la tour, non ; démolir l'architecte, oui. » La tour et la fontaine étaient sauvées mais il est regrettable que le nom du grand poète ne soit pas gravé sur la plaque commémorative.

La fontaine est dotée d'un grand fronton décoré avec une nef ornée de voiles, supporté par deux pilastres appareillés en bossage utilisant en alternance un décor vermiculé et à congélation. L'eau s'écoule d'un mascaron de bronze à tête de monstre marin imaginaire, une figure décorative souvent employée à l'époque. Au milieu de la fontaine, une plaque mémorisant son déplacement en 1882 fait rappel à son histoire avec le texte suivant :

La tour

dépendant de l’enceinte fortifiée
du prieuré
de St Martin des champs
construit vers 1140
et la fontaine du Vert bois
érigée en 1712
ont été conservés et restaurées
par l'état en 1882
suivant le vœu
des antiquaires parisiens

 

50

Je me souviens de l’Hôtel Rochester au 92, rue La Boétie, 8e arrondissement. En février 1954. Hiver 1954. Les sans-logis meurent sur les trottoirs des grandes villes françaises. Le 1er février, un homme, l’Abbé Pierre, pousse un cri de colère à la radio et déclenche un élan de générosité sans précédent parmi la population. Son message est poignant il emploie des mots comme «mes amis, au secours» où l'on voit que son dernier espoir est le recours à la générosité de la population.

Au fur et à mesure de sa lecture l'Abbé ne précise toujours pas où les dons doivent être déposés. Alors le journaliste lui indique en gros sur une pancarte qu'il faut le préciser pour que l'appel ait l'effet escompté. Alors l'Abbé Pierre sort de sa poche la lettre d'une dame s'appelant Larmier, cette dernière dirige l'hôtel Rochester situé rue de La Boétie, au n° 92. De ce fait l'homme donne cette adresse dans sa lettre pour déposer des dons. Suite à cette requête, l'hôtel Rochester se retrouve rempli de colis alimentaires, vêtements, couvertures ou encore du bois de chauffage mais aussi beaucoup d'argent est récolté.

 

51

Je me souviens du n°7, impasse Florimond en plein cœur du 14e arrondissement, entre « la rue Didot et la rue de Vanves », derrière une horrible station essence, se cache une allée discrète : l’impasse Florimont  Georges Brassens se réfugia en 1944 durant l’une de ses permissions de STO. Il y restera exactement 22 ans (de 1944 à 1966), au début dans le plus grand dénuement. C’est dans ce cadre peu banal que le chanteur écrira la plupart de ses chansons comme « Le Gorille », « Le fossoyeur » et « Margot ». L’entrée de l’impasse ressemble à une sorte de garage où des véhicules se trouvent en attente de leur vidange sur un parking qui a succédé à l’immeuble de l’époque… Au début de la rue, vous trouverez une modeste plaque en marbre rose qui informe que « Georges Brassens habita cette impasse de 1944 à 1966 et y écrivit ses premières chansons »

52

Je me souviens du 18 Rue de la Sourdière Le domicile de Louis Aragon et Elsa Triolet entre 1935 et 1960.

Louis Aragon et Elsa Triolet vécurent pendant 25 ans dans un petit « deux pièces et demie » selon Jean Cocteau, au deuxième étage de ce bâtiment du XVIIIe siècle. « L'espace faisait cruellement défaut. Elsa savait l'agencer selon les besoins du jour. Tantôt de longues planches posées sur des tréteaux formaient un plan de travail [...] Tantôt les planches, debout dans un angle de la pièce, laissaient place à des fauteuils de rotin », se souvient la poétesse Juliette Darle dans sa « Note sur la rue de la Sourdière ».

53

Je me souviens du square Louis XVI bordé par le boulevard Haussmann, la rue Pasquier, la rue des Mathurins et la rue d'Anjou du 8e arrondissement (près de la place St Augustin.) Le jardin recouvre l’ancien cimetière de la Madeleine. Charlotte Corday, la comtesse du Barry, Madame Rolland furent enterrées ici, mais c’est l’inhumation de Louis XVI et de Marie-Antoinette qui le rendit célèbre. Quelques personnes avaient assisté à leur mise en terre, dans une fosse recouverte de chaux vive.

Lorsque les terrains furent vendus en 1796, le nouveau propriétaire s’attacha à définir le lieu exact de leur dernière demeure qu’il entoura d’une haie de charmille, de deux saules pleureurs et de cyprès. Quelques années après, Louis XVIII, reconnaissant de ce soin apporté aux dépouilles de ses aïeuls, lui alloua une rente, et décida de faire exhumer les corps, en 1815. Ils furent mis en bière et transportés dans la nécropole royale de Saint-Denis. Les corps des autres défunts furent en partie insérés dans les murs même de la chapelle. La maison, le jardin et le cimetière furent par la suite vendus au roi, qui éleva un monument à la mémoire de Louis XVI et de Marie-Antoinette, la « Chapelle Expiatoire », inaugurée en 1826. Cette chapelle de style gréco-romain, que vous pouvez toujours admirer, abrite une crypte voûtée où un autel en forme de tombeau qui marque l’endroit exact de leur inhumation première. Certaines personnes racontent avoir été témoins dans la chapelle d’étranges apparitions de Marie-Antoinette.

54

Je me souviens de la statue de Strasbourg, une des huit statues autour de la place de la Concorde et pour laquelle Juliette Drouet avait posé pour son compagnon de l’époque le sculpteur Pradier.

55

Je me souviens de la façade de l’ancien théâtre des Gobelins  créée par un jeune étudiant de l’école des Beaux-arts : Auguste Rodin.

 

56

 

Je me souviens du canal Saint-Martin vidé de son eau pour la première fois depuis 14 ans, un nettoyage spectaculaire et plus que nécessaire au vu des encombrants jetés dans l’eau.

Le Canal Saint-Martin, long de 4,5 km, relie le bassin de la Villette au port de plaisance de Paris-Arsenal. Il doit être vidé entre la deuxième écluse, appelée écluse de La Villette, et la huitième, dite écluse du Temple. Les 2 km qui s’écoulent en souterrain sous le boulevard Richard-Lenoir et la place de la Bastille restent en eaux.

 

 


©J. Fleuret – mai-juin 2018

 

1ère partie : novembre 2017

2ème partie : décembre 2017

3ème partie : janvier-février 2018

4ème partie : mars-avril 2018

 

 

Vous voulez nous envoyer des billets d'humeur?

Vous pouvez soumettre vos articles à Francopolis? par courrier électronique à l’adresse suivante : 

contact@francopolis.net

 

Accueil  ~ Comité Poésie ~ Sites Partenaires  ~  La charte Contacts

Créé le 1 mars 2002

A visionner avec Internet Explorer