[En guise d’introduction ou avis au lecteur…]
A quanti aspettano e
per i quali non potemmo
niente
Quattro movimenti
di una lingua che si ripercuotono in un’altra.
Quattro tempi di una fantasmagoria
di apparizioni e profezie,
storie brevi perché
in bilico sulla linea dell’accadere. Scrittore e traduttore spartiscono la lingua d’origine:
l’italiano di una certa
regione dell’Italia del Sud. Il francese è l’altra lingua, quella d’esilio per il traduttore, quella di una musica lontana per lo scrittore.
Il testo originale
è consegnato in una
forma senza asperità, classica
e sofisticata al punto
da apparire naturale.
Nell’incedere di una
frase che dice l’estremo degli incontri e delle separazioni
a forza di misura, il
traduttore non può che ritrovarsi estraneo a quella lingua
sua induritasi nel
corpo dello scrittore.
Il compito di dire nell’altra
lingua lo espone invece
al paradosso di segni
stranieri che avvincono con modi familiari, sedotti da chi viene da lontano.
Sulla frontiera
dello scrivere che sfuggendo si incide a chiare lettere, nella striscia di terra emersa dove si perde il proprio mentre l’estraneo si fa dimora, due donne si parlano.
À ceux qui attendent et pour qui nous ne pouvons
rien
Quatre mouvements d’une langue qui se
répercute dans une autre. Quatre temps d’une fantasmagorie d’apparitions
et prophéties : des histoires courtes qui hésitent à la frontière des faits.
L’écrivain et le traducteur se partagent la langue d’origine : l’italien d’une certaine région du sud du
pays. Le français est l’autre langue, celle de l’exil pour le traducteur,
celle d’une musique lointaine pour l’écrivain.
Le texte original est livré dans une
forme sans aspérités, classique et sophistiquée au point de paraître
naturelle. La phrase va à l’extrême des rencontres et des séparations par
une mesure qui ne saurait céder : ainsi le traducteur se trouve aliéné
face à sa langue natale endurcie en corps d’écriture. La tâche de dire dans
l’autre langue l’expose au paradoxe des signes étrangers qui s’ouvrent à
lui, séduits par ce qui vient d’ailleurs.
Le long de cette
ligne controversée et qui fuit pourtant en lettres
claires, dans la langue de terre émergée où le propre se perd et l’autrui
demeure, deux femmes se parlent.
L’autrice
et sa traductrice
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Inverno / Hiver
Mi sono persa laddove si perdono tutti, anche i più esperti: ero davanti la porta di
casa, quella d'infanzia
e il buco nero ha fatto
di me non più del filamento
di un ricordo. C'era un bel sole, l'aria era tiepida, si era fatta già l'ora di andare.
Di quell'inverno vive soltanto l'eco mischiato a un'altra neve, al
marmo gelido degli scalini prima di cena. Finalmente, riflettevo che
ritornare non sarà mai più possibile.
Je
me suis perdu là où tout le monde s’égare, même les plus expérimentés :
j’étais devant la porte, celle de l’enfance, et le trou noir m’a réduite
à n’être plus que la fibre d’un souvenir. Il y avait un beau soleil dans
l’air tiède et c’était déjà l’heure de partir.
De
cet hiver reste l’écho mêlé à une autre neige, au marbre glacé de l’escalier
avant le dîner. Finalement, je me disais que revenir ne serait plus
possible.

Wolfgang
Paalen, Study
for Totem Landscape of My Childhood, 1937
***
Primavera / Printemps
La
superficie argentata
del lago brilla dietro il tuo profilo. Siamo seduti ed il tepore filtra dai vetri; tu sorridi. Mi dici qualcosa ed io mi perdo dietro il luccichio di un ricordo
cordiale come un abbraccio: in amore, come in guerra, Dio non c’entra nulla.
Eppure è lui la primavera.
Le lac est
d’argent vif qui brille autour de toi. Nous sommes assis et l’air tiède
traverse les vitres ; je te vois sourire. Tu me parles et je me perds
derrière l’éclat d’un souvenir, doux et chaud comme une étreinte : en
amour, comme en guerre, Dieu n’y est pour rien. Pourtant le printemps
c’est lui.

Wolfgang
Paalen, Les tours de lumière, 1936
***
Estate / Été
C'è un'altra
strada che devo imparare, porta più a Sud lasciando indietro le montagne. È così
tesa da sembrare scia
o tratto di matita
per recintare il foglio
in cui campeggiano isolate case bianche,
infuse nel blu e nel rosso orizzontali. Scena ideale di un' apparizione, ogni abitato è astratto nel calore estivo e vive separato senza innocenza,
un eremo limato dal grecale dove le rocce misurano un' asperità di quelle belle, cui
ci si può aggrappare.
J’apprends une autre route et qui
mène plus au Sud, laissant les montagnes derrière. Elle se tend comme un
sillage, un trait de crayon qui enferme la feuille où les blanches
maisons se tiennent isolées et fondent dans le bleu et le rouge à
l’horizontal. Scène idéale d’une apparition, tout lieu habité devient
abstrait par la force de l’été et vit séparé sans innocence : ermitage
élimé dans le grégal, âpre beauté à la mesure de rochers qui ne refusent
pas la prise.

Wolfgang Paalen, Les étrangers, 1937
***
Autunno
/ Automne
Vedo
i fantasmi da quando ero bambina. È cominciato nelle chiese del paese, in autunno, ti ricordi?
Fu l'anno che a
Pasqua visitammo il castello
dove c'era il vecchio orfanotrofio.
Poi a Napoli, la città
tutta, il suo mare e le strade,
l'orizzonte rosa del
monte Echia e la linea
spezzata degli edifici, densi di fatti che appartengono al passato ed oggi anche a me: tutti luoghi che danno un senso alla parola casa. Gli abitanti invisibili sono quasi palpabili
e frusciano. A volte sorridono,
aprono la porta d'ingresso,
vengono a trovarmi.
Mi è capitato che uno mi invitasse a casa sua
con un gesto ampio e felice. Sono entrata: i vivi e i morti vi si mischiavano
senza tempo. Sapevo con certezza
chi fosse qui ed ora,
chi fosse lì è soltanto
lì. Le loro voci, come quando rientrando a casa mia, tutto suona vuoto sotto il passo. Eppure, eri tu stanotte a pettinarmi i
capelli. Attraversata la porta grande di legno che stride anche da chiusa sotto l'arco, ti aspetto che avanzi a passi di talpa come il terremoto.
Hai poi bevuto di quell'acqua che da sola non consente di lasciare
il paese?
Ho incontrato
un uomo che ti somigliava tanto, seduto accanto la statua di Ottaviano
a Chiaia. Non era vestito come te, ma il viso
e lo sguardo, identici.
Mi ha chiesto una sigaretta ed io avevo un pacchetto chissà come abbandonato nella borsa. Abbiamo parlato, ci siamo perdonate cose che mai e poi mai ci saremmo fatti. Quando si è alzato, aveva la stessa tua andatura e di tuo figlio. A me sembra impossibile un altro giorno senza amore, eppure è proprio ciò che accadrà. Resto ancora un poco qui a guardare
partire a arrivare le
navi, nulla di più
facile che tu ne scenda
solo a me visibile e sorridente
alla fine di uno
dei tuoi viaggi, come
a firmare che
tra noi due, incatenata
ai miei fardelli di
terra e di pietra, la casa ero
io.
Je vois les fantômes depuis
l’enfance. Cela a commencé dans les églises du village, tu te souviens ?
à l’automne. C’était l’année où nous visitions pour Pâques le château qui
hébergeait le vieil orphelinat. Puis à Naples, ce fut partout en ville, à
la mer et dans les rues, le long du mont Echia
si rose et sur la ligne brisée des édifices, peuplés de faits passés qui
sont aussi les miens aujourd’hui. Des lieux qui sont tous autant de mots
pour dire la maison. Leurs habitants invisibles sont presque palpables et
se révèlent par un léger bruissement. Ils sourient parfois, ouvrent la
porte d’entrée, viennent me trouver. Il m’est arrivé que l’un d’entre eux
m’invite chez lui d’un geste ample et heureux. J’y suis allée : les
vivants et les morts se mélangeaient en abolissant le temps. Je savais
avec certitude qui était ici et maintenant, celui qui se trouvait là ne
pouvant être nulle part ailleurs. Ah, leurs voix ! comme les pas qui
sonnent creux sur le chemin menant chez moi. Pourtant, c’était toi qui me
peignais les cheveux cette nuit. Passé la grande porte en bois qui même
fermée grince sous l’arcade, j’attends que tu t’avances comme une taupe
faisant trembler la terre. As-tu enfin bu de cette eau qui a le pouvoir
d’empêcher les départs ?
J’ai rencontré un homme qui te
ressemblait tant, assis près
de la statue d’Octave, à Chiaia. Il
n’était pas habillé comme toi, mais le visage et le regard étaient les
tiens. Il m’a
demandé une cigarette
et j’avais dans le sac un paquet oublié, qui
sait quand. Nous nous sommes parlé et pardonné ces choses que jamais,
jamais, nous ne nous serions infligées. Quand il s’est levé, il avait ta
démarche et celle de ton fils. Un jour encore sans amour me semble chose
impossible, c’est pourtant bien ce qui se passera. Je demeure, face aux
bateaux qui arrivent et partent. Tu
pourrais en descendre
et je serais la seule à te voir, souriant à la fin d’un de tes voyages,
comme à sanctionner le fait que de nous deux, enchaînée à mes fardeaux de
terre et de pierre, la maison c’était moi.
©Giuliana Mascolo
©Vanna Matera pour la traduction française

Wolfgang Paalen, Fumage, 1937
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