Novembre-décembre
2022
Γιώργος Χ.
Στεργιόπουλος
ΕΞΟΡΙΑ ΣΤΗΝ
ΓΕΝΝΗΣΗ
Yorgos Ch. Stergiopoulos.
Extraits du recueil Exil à la
naissance.
Traduction par
Anne Barbusse
(*)
|
Η
ΝΥΧΤΟΠΕΤΑΛΟΥΔΑ
Εχθές
το βράδυ,
συνάντησα στο
τζάμι
μια
πεταλούδα, να
ξαποσταίνει
απ’
τον
σπαραχτικό
δρόμο της
ζωής.
Όλη
η πτήση της,
μια πτώση
από
λάθος σε
λάθος
διαφορετικό.
Μια
θύμηση της
ήπιε όλα τα
χρώματα
κι
άχρωμη
υπομένει,
τώρα, το παρόν.
Μοίρα
της, δεσμά να
σχίζει,
μεταξένια.
Πάντα
επώδυνο
για
την κάμπια
που δεν
μπόρεσε,
χειρότερο
όμως
για
κείνη που της
έλαχε η πτήση:
Δικός
της ο ουρανός,
δικιά της κι η
συμπόνια
για
όλα εκείνα
που ξεμείναν
στο κουκούλι.
- Γι’
αυτό την
ασχήμια
αγαπώ,
γιατί
ξέρει να
εκτιμήσει.
Εχθές,
στο τζάμι,
συνάντησα μια
πεταλούδα.
Η
μοίρα της,
ουρανός. Κι ο
θάνατος,
τοίχος
υάλινος
τριγύρω.
Διάφανος
κι
άγνωστος για
την παλάμη.
Ερήμην
εκείνη
λαχταρά το
φως,
με
λύσσα
παράλογη
χτυπά στο
τζάμι.
|
Le papillon de nuit
Hier soir,
j’ai trouvé sur la vitre
un papillon de
nuit, se reposant
du chemin
déchirant de la vie.
Tout son vol,
une chute
d’erreur en
erreur différente.
Son seul
souvenir a bu toutes les couleurs
et incolore il
endure, maintenant, le présent.
Son destin,
des chaînes à arracher, de soie.
Toujours
douloureux
pour la chenille
qui n’a pas pu, pire cependant
pour celle à
qui a échu le vol.
À elle le ciel, à elle aussi la compassion
pour tout ce
qui est resté dans le cocon.
C’est pour
cela que j’aime la laideur,
parce qu’elle sait apprécier.
Hier, sur la
vitre, j’ai trouvé un papillon de nuit.
Son destin, le
ciel. Et la mort,
un mur de
verre alentour. Transparent
et inconnu
pour la paume.
Par défaut
celle-ci désire la lumière,
avec une rage
absurde elle frappe à la vitre.
|
Τόσο
πολύ σ’
αγάπησα, που
δρόμο άλλο
δεν έχω.
Να
πέσω, πρέπει, ή
να πετάξω.
Αλλιώς,
πού
να σταθώ, ύψος
τόσο που
μάζεψα;
Εκείνοι
που, δειλοί,
στις μύτες
περπατώντας,
γλίτωσαν
τέτοιας
αγάπης την
σφαγή,
εύκολα
ξεχωρίζουν:
άσπιλοι και
λευκοί.
Μα
όσοι ξέρουν ν’
αγαπούν,
πεθαίνουν. Θα
‘λεγα
περισσότερο
απ’ ό,τι
αναγεννιούνται
ή,
έστω,
κουβαλούν
κάτι
το γκρι μέσα
απ’ τις
στάχτες.
Όλοι
πέφτουμε,
όλοι.
Η
αγάπη
διαστέλλει
την ψυχή και,
σαν φύγει,
αφήνει
πίσω φοβερό
το άδειο.
Μην
αγαπάς εμένα.
Το όνειρό μου
αγάπησε.
Αυτό
δεν θα σε
πρόδιδε ποτέ.
Όλοι
πέφτουμε,
όλοι. Εγώ, μόνο
σε αγαπώ
μα
εσύ,
ολόκληρος,
αγάπη.
Πού
να πέσω, αν όχι
επάνω σου;
Κάθε
πτώση,
χρειάζεται
έδαφος
να
την καθιστά
αξιοπρεπή.
|
Apologie de Lucifer
Je t’ai
tellement aimé, que je n’ai pas d’autre chemin.
Il convient de
tomber ou de voler. Sans quoi
où rester,
tellement j’ai acquis de hauteur ?
Ceux qui,
lâches, marchant sur la pointe des pieds,
ont évité
l’égorgement d’un tel amour,
se distinguent
facilement : immaculés et blancs.
Mais tous ceux
qui savent aimer, meurent. Je dirais
plutôt qu’ils
revivent
ou, du moins,
trimballent
quelque chose
de gris à travers les cendres.
Tous nous
tombons, tous.
L’amour dilate l’âme et, quand il part,
il laisse
derrière le vide effrayant.
Ne m’aime pas
moi. Aime le rêve de moi.
Lui ne te
trahirait jamais.
Tous nous
tombons, tous. Moi, je t’aime seulement toi,
mais toi, tout
entier, tu es amour.
Où tomber,
sinon sur toi ?
Chaque chute a
besoin d’un sol
pour la rendre
digne.
|
Παλιά
ρούχα, μην
φοράς. Κι αν
κρυώσεις
φόρα
τα απ’ την
ανάποδη,
μην
τυχόν
ματιάσουν το
μέλλον.
Τούτη
η θάλασσα,
ποτέ δεν
πλούτισε
ψαρά.
Σε
αυτά τα νερά,
δίχτυα αν
ρίξεις,
πιάνεις
μόνο φύκια
πλεγμένα σε
αγχόνες,
τίποτα
κεφάλια με τα
μάτια ανοιχτά
κι
ένα-δυο
πυροβολισμούς
που αιφνίδια
αστοχήσανε.
|
Mémoire
Ne porte pas
de vieux vêtements. Même si tu as froid
porte-les
à l’envers,
des fois qu’ils
jettent un mauvais œil à l’avenir.
Cette mer n’a
jamais enrichi un pêcheur.
Dans ces eaux,
si tu jettes des filets,
tu n’attrapes
que des algues mêlées à des potences,
quelques têtes
aux yeux ouverts
et un ou deux
coups de feu qui soudain ont manqué leur but.
|
(Δύο
άτιτλα
ποιήματα με
κοινό τίτλο)
Ι.
Έξω
πάλι ο
γείτονας,
σκουπίζει
την
βεράντα ∙
μιαν
αντίρρηση
στον
χρόνο. Η σκόνη
στροβιλίζεται
κι
απαλά, επάνω
της, κάθεται
ξανά.
Στην
κουζίνα,
άπλυτα πιάτα,
της
ζωής σημερινή
σοδειά.
Η
επανάληψη τον
γέρασε.
Δυο
ετών
άνθρωπος.
Αγάπη το ένα
κι
ένα ακόμη
θάνατος.
Μέσα
πάλι ο
γείτονας,
σκουπίζει
την
ζωή. Οι
αναμνήσεις
στροβιλίζονται
και
απαλά, πάνω
του, κάθονται
ξανά.
Στα
μάτια,
άπλυτες
ημέρες,
ζωής
στερνή
σοδειά.
Δυο
ετών άνθρωπος.
Αγάπη το ένα
κι
ένα ακόμη
θάνατος.
Τριών,
ποτέ.
II-
Τρίτη
φορά μες στο
δωμάτιο, ποτέ.
Πρώτη
φορά, παλιά
τότε
που
καλωσόρισε
ζωή. Μαζί
μ’
εκείνη, σούμα
κι όλες οι
μέρες
οι
καλές.
Δεύτερη, τώρα,
υστερινή
που
φωνή καμιά,
στην κάμαρα,
δεν φτάνει.
Να
το ζυγιάσει.
Να στήσει τα
παιχνίδια,
τις
αναμνήσεις,
στον τοίχο, να
ισιώσει.
Ύστερα,
μακριά.
Ακίνητο
δωμάτιο, στον
χρόνο, να
κοιμάται.
Άλαλο
μόνο, στιγμές,
ελπίζει
μήπως
κανείς, την
τάξη,
διαταράξει.
Ασυμμάζευτο
να ‘βρει το
δωμάτιο,
να
παραπατήσει,
η ελπίδα, έναν
χτύπο.
Στόμα
θαμπό κι ο
πόνος,
ο
πόνος
αγριεμένος
πυκνός στα
γένια.
Δίκαιη,
ποτέ! Μονάχα
ρεαλίστρια η
ζωή.
|
La troisième année
(deux poèmes
sans titre avec un titre commun)
I-
Dehors à
nouveau le voisin balaie
la terrasse :
manière de contester
le temps. La
poussière tournoie
et doucement,
se repose sur elle.
Dans la
cuisine, vaisselle sale,
récolte
quotidienne de la vie.
La répétition
l’a vieilli.
Homme âgé de
deux ans. L’un, amour,
et un autre
encore, la mort.
Dedans à
nouveau le voisin nettoie
la vie. Les
souvenirs tournoient
et doucement,
se reposent sur lui.
Dans les yeux,
jours sales,
récolte ultime
de la vie.
Homme âgé de
deux ans. L’un, amour,
et un autre
encore, la mort.
De trois ans,
jamais.
II-
Une troisième
fois à l’intérieur de la chambre, jamais.
Première fois,
jadis,
alors qu’il
accueillait la vie. Avec
elle, tous les
jours, les beaux jours
forment un
ensemble. Deuxième fois, maintenant, dernière,
où aucune voix
ne parvient dans la chambre.
A soupeser. A dresser les jouets,
les souvenirs,
sur le mur, à mettre droit.
Ensuite, loin.
Chambre
immobile, dans le temps, à dormir.
Muette,
seulement, par instants, il espère
que quelqu’un
perturbe l’ordre.
Qu’il trouve
la chambre non rangée,
que l’espoir
trébuche sur un battement.
Bouche
blafarde la douleur,
la douleur
furieuse dense dans la barbe.
Juste,
jamais ! La vie est seulement réaliste.
|
|
Les visages
À l’époque de
la récolte, comme approche le vide,
morts, mes
visages s’en reviendront
en rang,
portant avec eux
le nom de
chaque pli auquel j’ai appartenu.
Chacun son
visage, il le reconnaîtra
- une
apparence qui lui est propre. Quand il se penche et embrasse,
tel un
mémorial, il arrachera prétendument
une illusion,
celle de se souvenir de moi.
Moi surtout,
dans un très grand mensonge,
je prendrai
congé. Arguant que, toujours, j’arborais
un seul
visage ; et que je l’arbore encore.
Que, toutes
les apparences que je lui ai accrochées,
composent un
unique regard : le mien.
Puisse
personne ne voir jamais l’injustice.
Moi, surtout.
De telle sorte que, quand je suis enseveli,
des milliers
d’hommes soient ensevelis avec moi.
Pour chacun, un
seul homme
- et un
dernier pour moi.
À l’intérieur du tombeau ?
Rien. De la terre
soudaine, un bruissement,
le frissonnement de la mer,
du silence, un seul.
|
(*)
Yiorgos Ch. Stergiopoulos est né en 1985 à Athènes où il vit et
travaille comme maître de conférences à l’Université d’Economie d’Athènes, consultant et chercheur en
Systèmes d’information, et auteur de poésie et d’essais. Il a accompli
des études de Théorie et harmonie de la musique au conservatoire de Lamia
et a étudié à l’école supérieure de flûte classique. Il est diplômé en
Informatique (Université du Pirée, 2011), en Systèmes d’information
(université d’économie d’Athènes, 2011) et titulaire d’un doctorat en
Sécurité informatique et infrastructures critiques (Université d’Économie
d’Athènes, 2015). Ses poèmes et articles ont été publiés dans des revues
littéraires, des journaux et sur internet.
Il est l’auteur des recueils :
Η διάβολος (« La
diablesse ») en 2011, aux éditions des Amis.
Κατά Χρόνον Ευαγγέλιο
(« L’évangile selon le temps »), en 2012 aux éditions des Amis
Εξορία στην Γέννηση (« Exil à
la naissance ») aux éditions Gavrielidis
en 2015 (prix d’Etat de poésie en 2016)
Των αστέγων ανθόκηπος (« Le
jardin des sans-abri ») aux éditions Koukkida
en 2022.
Anne Barbusse
Nous avons fait la
découverte de la poétesse Anne Barbusse dans notre numéro de mai-juin à
la rubrique Terrra
incognita. Elle se révèle ici comme
traductrice, en nous faisant découvrir un jeune poète grec d’un talent
exceptionnel. Nous la remercions pour ce partage privilégié !
|
|
Yorgos Ch. Stergiopoulos
Francopolis novembre-décembre
2022
Recherche
Dana Shishmanian
|