Vos textes publiés ici après soumission au comité de poésie de francopolis.







 

actu  
  archives

 

 


Une création de Laurence de Sainte Maréville

Présentation de la sélection de textes d'août

 

Par Juliette Schweisguth

 


En cette période estivale nous vous offrons des textes à voyage, des textes à rivage, textes sans péage pour prendre la grande autoroute des mots, la voie rapide vers un aller sans retour, un aller vers l'ailleurs aux multiples facettes. A l'instar du mauvais vitrier, ces fenêtres, ces verres sont de toutes les couleurs, ont chacune leur propre lumière.

Cinq femmes et trois hommes vous partagent leurs regards, leurs visions de l'autre côté de la fenêtre, ouvrent les portes des mots, à vous de choisir votre clé intérieure pour découvrir votre rêve- vitrail. Bon voyage, beaux rêves !

Nous retrouvons avec plaisir Aglaé Vadet qui nous raconte un « petit jésus » aux yeux d'orge. Tous les autres auteurs sont sélectionnés pour la première fois, bien que vous connaissiez déjà Jean-Pierre Clémençon présent dans notre « salon de lecture » (et membre à présent de notre comité) et Jean Guy avec un article sur Jacques Bertin.

*

De Jean-Pierre Clémençon, dont Hélène Soris nous dit : « j'ai le coup de foudre. […] Un auteur qui étonne de plusieurs façons. Remède contre l'ennui joue sur les émotions », nous avons retenu trois petits poèmes en sable millénaire, dont une « simple confession à l'heure de la mer étale » dont Laurence de Sainte Mareville nous dit qu'il « ressemble à un petit drapeau agité de façon naturelle, simple, au-dessus de l'océan. » et apprécie « Une analyse trop poussée ressemble à s'y méprendre aux pigments trop finement broyés », une « petite fugue à deux voix » enthousiasmant Florence Noël qui s'exclame : « comment décrire avec précision et suspens une impression fugitive : comme ça. A la perfection. Tout y est, le suggestif et le suggéré. » et Gertrude Millaire souligne ces mots « à dégorger les couilles de la misère et la mer absorbe le trop plein du monde » et un poème tout nu, sans titre dont Hélène Soris, émue murmure « Poignant ce texte est aussi une peinture étrange : « hors des chemins se perdre avec l'onde comme seul repère » puis ce portrait de femme un peu cour des miracles un peu Fellini »

*


De Gilles Brulet ébloui par Venise et la lucarne de la Pensione Seguso, Jean-Pierre Clémençon lyrique s'enchante « chambre 36 j'ouvre la vieille fenêtre » .... c'est déjà un poème ! ». Juliette Schweisguth soupire après "la lumière est un oreiller". Yves Heurté dit : « Tout penche sur l'instant et le cueille au passage. » et souligne cette phrase « Le matin est une jeune femme aux cheveux défaits » quand Laurence frémit « Le texte sans prétention aucune, est là, comme une image, un instantané, une respiration simple, une paix dans le souffle de la saison » et Stéphane Méliade ressent « un tremblement de coeur ».

*

Aglaé Vadet nous revient avec un « Petit Jésus prière du soir » qui en a émerveillé plus d'un. Ecoutez :

"si vous n'êtes pas né
petite jésus prière du soir
génuflexion, confessionnal
il vous faudra trouver tout seul
l'énoncé du problème"


Voici donc un patchwork de voix « délicieuse et inattendue petite prière du soir. » (Aaron conquis), « Amusant de donner un nom de famille ou un pseudo « prière du soir" au petit Jésus. Ce qui fait que ce sujet quasi métaphysique devient amusant. Pas mal cet humour faussement léger. Devaient être minuscules les premiers hommes  ;-) » (Hélène amusée)
« Texte au clin-d'oeil mi-amusé, mi-pique. Dire que c'est un "poème" est une autre question-réponse ? ;-), en tous les cas, cela ne laisse indifférent, quelques soient les réactions qu'il provoque :- ). » (Laurence philosophe)
« voix très originale ! j'ai beaucoup apprécié cette rencontre. J'aimerais goûter d'autres textes de cet auteur… Sempiternelle question métaphysique, d'où venons-nous, qui amadoue les préjugés, j'ai adoré. » (Florence enthousiaste)

*

Dans son évocation d'un pays bien connu de lui, Adel Guemar a mis la lune dans son plumier vue par Joë Ferami qui « aime cette déambulation et ces regards croisés qui pétillent à la croisée des chemins. Le dégagement des espaces aussi. » quand Florence Noël trace à l'encre verte « j'adoré une phrase, surtout, que je remets ici, un moment de grâce dans son texte, sa catharsis : « où vont ces chemins qui tombent en virgules épuisées » Pour la promenade , ce retour aux sources, la tonalité et la justesse », Stéphane Méliade écrit en lettres d'air « ce texte me semble posséder une sorte de modestie portée la tête haute qui sonne plus juste et me donne de l'air. » et Yves Heurté grave sur un chemin buissonnier «Lyrisme profond mais retenu, vers à surprise avec du jamais vu tels ce « ces chemins qui tombent en virgules épuisées. ».

*

Leila Zhour nous offre deux textes, une prose et un poème. Avec «La photographie » elle nous promène en dagurréotype dans la campagne et la parole est donnée à Florence Noël : « mettre en mot celui qui met en image, l'idée est jolie. J'ai adoré. Il faudrait des photos de ces pensées aussi pour que le tableau soit complet. Cela me fait sourire. Mais finalement, n'est ce pas cela une photo réussie ? Celle dont on peut lire les pensées du photographe, voir ce qu'il a vu, rien qu'en se plongeant dans cette vue ? J'ai apprécié la balade, cueillette comme je les aime moi aussi. La poésie de l'œil. Le sourire des cils. Dommage pour la chute, elle manque de saveur. ».
Gertrude Millaire, subjective, remarque « Une petite prose en image, je le suis pas à pas dans son objectif. J'aime cette errance, ce regard, cette réflexion, sa photographie de la pensée. Ça me rappelle un peu du Barthes… non, pas l'auteur mais le mot « photographie » Il faut dire que la photographie en soi me fascine. Je n'entends plus ce qu'il raconte, je suis dans son objectif sans être vraiment objective. »

De « Tableau de sable » ce poème rythmé en lettres de mer, d'air et de sable, Gertrude, réjouie, écoute et regarde « cet échange avec les marées ». Elle « aime bien « J'imprime le passage de ma vie sur le support que la marée me donne et me reprend » et se demande « Suis- je vraiment objective moi, qui suis encore dans la mouvance de cette mer et qui aime écrire sur la grève? ».

*

Jean Guy dans sa poésie moelleuse en gabardine ancienne nous offre quatre poèmes. Yves Heurté nous en brosse un portrait humoristique  « Non mais, monsieur me refile ses parfaits alexandrins qui riment vaguement, il est gonflé de manipuler sans forcer tout le St Glinglin des césures, renvois et assonances à l'hémistiche, il remet à flots le vieux surromantisme à la René Guy Cadou, et pour parachever, l'animal, il me parle si simplement que je l'entends! »

« Quand la nuit a ravagé le jour » fait ouvrir l'oreille nostalgique de Florence Noël qui imagine, « en tendant l'oreille on peut entendre dans le fond grillonner cette musique à l'orgue de barbarie qui sied bien aux nostalgiques, et ce texte en est une partition ». Quand Juliette Schweisguth palpe les souvenirs « ... il y a un rythme, j'aime l'évocation de l'enfance, de l'absence ... c'est très palpable. ça ressemble à un haïku dans la manière réaliste de nous ouvrir les images, de nous faire palper cette absence en rouvrant le coffre aux souvenirs perdus » en soulignant ces vers : "tu vois il fallait bien que le temps se démaille" c'est beau comme "les chevaux du manège ont arrêté leur course le vieil orgue de foire a replié ses cartes et d'une vaine enfance oublieuse il ne reste qu'un triste préau vide et des bancs sans mémoire ".

« Quand le chant » a été le poème préféré du comité de lecture. Je laisse quelques voix s'exprimer : « c'est un chant, un hymne, un rythme, un souffle... j'adore ce contraste entre une terre en paix, l'autre en sang, et ce "là-bas tout est couleur" quand la couleur est feu et sang, quand parfois le coeur est trop brûlant, on n'a pas les mêmes couleurs selon la terre d'accueil. je trouve ce poème superbe, avec un coeur qui dit... c'est mon coup de coeur ce poème ! » clame Juliette Schweisguth qui note ces vers :

"un oranger en fleurs des soldats qu'on enterre car il faut bien qu'ils meurent ceux que la femme enfante"
"les enfants sont à table il faut couper le pain
là-bas tout est couleur de feu de sang de terre
toi tu verses le lait dans la tasse fumante"


Florence Noël dessine, le regard penché, à l'écoute de « ce portrait de femme continuant la vie malgré la guerre, touche, malgré quelques facilités, et l'on imagine une maison de Toscane, sertie de treille, les enfants habillés de soleil, et la mère dans l'attente, tandis qu'au loin la mer s'enfuit et les hommes souillent de fracas et de sang les champs. »
Aaron nous cueille ce vers "le raisin bleu qui saigne et les bruits de la guerre" et lance à la volée : « Ecriture tout à fait exceptionnelle à mon avis. Ecrire dans la trame classique de la poésie sans remplissage (comme c'est souvent le cas dans ce style) !!!! Elle remet les horloges à l'heure en quelque sorte. » La voix de Stéphane Méliade vibre et chante : « Ah tiens, ça a du souffle, on dirait un opéra. […] La forza del destino. »
Laurence de Sainte Mareville, touchée, nuance : « Un fond, un rythme indiscutable, la douceur tranche l'épée. Écriture sans emphase. Sa simplicité apparente et le choix des mots parfois trop évidents donne du poids aux évènements. »

Quant à « à Gabrielle » Juliette Schweisguth nous confie : « je ressens toujours ce rythme, ce souffle, cet engagement de coeur et ce contraste entre l'enfance et la vieillesse, la naïveté et la haine. j'aime ceci :

"à toi petite fille à toi je veux chanter
je veux chanter le temps dans les yeux de la vieille"

c'est comme si par cette chanson à l'enfant qui vient, il la protégeait en lui donnant le regard d'une grand-mère, leur regard d'une folle. comme s'il protégeait de la misère, de la guerre en les lui chantant, comme si l'enfant portait un talisman de chant en elle »

« Là-bas il est un pôle » touche toujours autant Juliette Schweisguth qui chuchote à l'oreille de notre cœur « j'aime cette art de rendre les contrastes, de parler de l'amour et de son autre versant, tout en marchant vers l'amour, en chantant l'amour et dénonçant le reste. J'aime ce jeu sur "des rêves de nos jours et d'amours entêtés" et la fin "et dispersé nos rêves d'amours entêtés" et le jeu sur les cartes... j'aime beaucoup cet auteur, je ne sais qui il est, mais ce qu'il exprime est beau, humain, engagé. Et les poèmes sont construits, avec un rythme, un chant, une progession et des échos. Les mots sont là pour quelque chose, ils ont un cœur »

*

Christiane Loubier tasse la vie dans ses mains en trois boules de neige dont Florence Noël apprécie « le rythme, court, balancé, avec une pertinence sans éclat, presque distillée, qui vient frapper la porte de notre conscience pour nous évoquer des semis-vérités. »

De « S'en faire pour l'ombre » Gertrude Millaire cherche à capturer : « Le rythme[…] saccadé comme si un pince-sans-rire défilait ce récit à toute allure ». Florence Noël pense à « Verlaine, dans le rythme et la musicalité simple. Les images sont d'autant plus forte qu'elle semblent sans apprêt. ». Yves Heurté s' « embarque[…]. La poésie comme évidence.La porte qui s'ouvre sur l'autre sans grincer. Une impression indéfinissable de justesse ». Jean-Pierre Clémençon soupire « un texte à l'esprit du haïku »;

Gertrude Millaire trouve « La détresse du pluvier » « d'une simplicité désarmante mais avec un tel sujet, l'auteur s'en tire assez bien enfin, il laisse une odeur. » Quand Florence Noël y sent un message « très beau, court et laissant en rémanence beaucoup de jolies impressions.» Jean-Pierre Clémençon égrenne ces vers :

« Après les désastres de l'amour
Après les ravages de l'amitié
Après les bourrasques d'encrier
Il doit bien se trouver
Encore des papillons tigrés »

Du « Trois juillet » Yves Heurté dit « Il faut être rudement sûr de soi ou rudement simple en soi pour se lancer dans le thème de la séparation et tirer son épine du jeu. » Quand Gertrude Millaire d'un « oh » s'élance : « si peu de mots, si peu de dentelle et son émotion passe. Un poème court qui en dit si long …Oh ». Jean-Pierre Clémençon recueille ces quelques pas :


« Et vous m'avez quittée
Comme on quitte un pays
Qu'on croit trop petit
Et moi je suis restée debout
Où je suis née
Et j'ai pleuré jusqu'au mois d'août »

*

Lysette Brochu dévide la bobine des souvenirs dans « Une robe de fil et de larmes », une prose attachante et vivante. Florence Noël découvre avec ravissement cette auteure, écoutons-là :« Auteure québecoise, si je ne me trompe avec quelques expressions qu'on retrouve aussi en Wallonie, j'aime cette francophonie là, qui parle le langage des maisons, des cuisines, des familles, des générations. J'ai vraiment été prise dans le cours de cette anecdote, l'auteure a un réel don pour raconter les petites choses de son enfance qui ont un bon parfum de vécu, des histoires douces, des fiertés et fidélités d'enfant , des petits drames et petites hontes, qui sont la racine de nos valeurs, de nos amours. Je pense énormément de bien de cette historiette. Elle m'a ramenée dans ma propre enfance, chez mes grands-mères où trônaient, dans la cuisine ou la salle de couture, les vieille machines à coudre, à pédalier, montées sur table en bois. Il y a de l'amour dans ces œuvres là. Chez cette auteure aussi. »

« Écriture dans le dialogue qui ne laisse aucun doute quand aux origines des personnages. C'est un plus, une ambiance » tricote Laurence de Sainte Mareville. Hélène Soris se souvient « Oh là ça me rappelle la sévérité de mon enfance . Je suis mal à l'aise mais c'est sans doute parce que c'est très bien écrit très réel […] J'aime beaucoup ce titre robe de fil et de larmes. C'est vrai qu'autrefois l'argent était rare. Quoiqu'on en dise et qu'on oublie. Et nos mères restaient à la maison et avaient plus encore de travail que nous pas d'appareils ménagers à l'époque ! Je n'écrirais pas ces souvenirs mais peut être que c'est bien de rappeler cette évolution de la vie à nous qui sommes plus gâtés. »

 

*


Et, pour poursuivre l'aventure, accompagnez-nous encore une fois dans le salon de lecture où nous vous offrons des poèmes de Joë Ferami, membre de notre comité. Merci de votre écoute. Et bonnes vacances !

 

Juliette Schweisguth pour le comité de Francopolis (et merci à Aaron
pour ses quelques gorgées de phrases piquées et semées dans cette
présentation)

 

 

*

 

Vous voulez nous envoyer vos textes?

Tous les renseignments dans la rubrique : "Comité de poésie"

 


Créé le 1 mars 2002

A visionner avec Internet Explorer