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Dans notre Salon de lecture, honneur ce mois-ci à Cécile Guivarch.

  
"Petit pOpa noël"


Présentation des textes
de la SÉLECTION
DE
DÉCEMBRE 2005

n*31

Par  Teri Alves



Francopolis : sélection de décembre 2005



apparition de la mer verte un soir
par-delà les dunes sous un ciel rare
sous la neige le vieux prunier s'est
affaissé dans l'enfance des jardins
(Jude Stéfan, extrait de Laures, © éd. Gallimard, 1984)

Bienvenue en décembre, infiniment chers lecteurs !
N'attendons pas la fin de l'année pour se réjouir, Francopolis se met sur son 31(eme édition) et donne aujourd'hui le coup d'envoi des festivités. Avec le champagne que nous vous offrons de bon cœur, nous vous invitons à vous asseoir à notre table et trinquer avec Lauranne, Janick Ferland, Stéphan Alamowitch, Julien Piel, Pascal Dufrenoy, Louis Primerano, Marlena Braester et Denis Heudré, nos convives de choix venus les bras chargés de présents.

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Passeport requis pour le premier texte de cette édition, Lauranne nous invite à faire un petit voyage (à l'envers) d'une « naïveté sympathique » (Jean-Marc La Frenière), à travers les émotions que procure l'amour.

Juliette Schweisguth apprécie : « Partir d'une idée comme l'amour qui nous rajeunit, et hop, redevenir bébé, même vraisemblablement retourner dans le ventre maternel ou quel univers noir… »
Ali Iken aime ce récit « pour son exceptionnel et bel élan d'amour qui ne pourrait être qu'un fantasme pour un nombre de personnes »
Cécile Guivarch, quant à elle, est sensible au déroulement du texte : « Plus ça va, moins il y a de mots, comme dans l'enfance »
Et même Gertrude Millaire, d'abord peu convaincue, se laisse finalement séduire : « À la première lecture bof! Mais en relisant…je le trouve génial ce texte… le rajeunissement… qui n'a plus de limite… je me surprends à faire ce voyage à l'envers. Une belle progression dans l'écriture… et c'est ce qui en fait tout son charme »


***

Le voyage continue avec deux textes de Godard Ferland, deux « enfuirs » à l'écriture dense, vive, où se débattent les tremblements. « Vivre sur la respiration du monde » ajoute à bon escient Alain Le Roux.

Cécile Guivarch perçoit le détachement qui caractérise le premier texte : « C'est une écriture dans laquelle l'auteur ne s'engage pas de trop, reste à distance »
Jean-Marc La Frenière remarque « derrière cette apparente simplicité une certaine recherche, un certain souffle qui me plaisent »
Ali Iken se montre enthousiaste à l'évocation du rythme : « la magnifique assonance de mots ne peut qu'attirer l'attention du lecteur » et regrette de ne pouvoir en lire plus : « un texte en marche, si seulement il était un peu plus long! », sentiment que partage Juliette Schweisguth pour chacun des deux textes : « je trouve les textes trop courts, comme s'ils m'échappaient, ne rentraient pas dans mon terreau »

les étoiles qui crissent leur encre au noir

Gertrude Millaire souligne cet extrait du deuxième texte, « plus intérieur et sombre » selon Yves Heurté.
Gilles Bizien constate une « bonne approche poétique », mais précise « qu'avec plus de sentiments le texte serait plus puissant ».


***

Arrêtons-nous un instant et assistons à la scénette de Stéphan Alamowitch, Mr Molin. Un dialogue en forme de retrouvailles absurdement séduisantes.

L'atmosphère et la situation font bien évidemment penser à une œuvre célèbre, cela n'a pas échappé à Ali Iken : « la scène même en se déroulant en ville nous rappelle, avec ses deux personnages et le thème abordé, la pièce « en attendant Godot »
Juliette Schweisguth acquiesce : « on pense effectivement à Beckett, j'aime beaucoup cette rencontre bardée de statistique, ce "alors que vous existiez de façon pleine et entière, tout le temps" et la réponse "Sans discontinuer, je le confirme" il y a du flegme dans les réponses de Monsieur Molin »
Yves Heurté se réfère lui aussi à l'auteur irlandais, mais va plus loin : « L'étrange est qu'on finisse par se reconnaître dans la solitude çà deux de ces personnages falots et indéterminés à la Beckett », et conclut par une interrogation : « On peut se demander si ce dialogue de sourds pourrait se porter à la scène. Sans doute est-ce possible ? »


***

Approchons-nous du bord du précipice pour entendre Julien Piel conter La chute.

des perles de diamant rugissent à mes yeux

Cet extrait a séduit Alain Le Roux qui ajoute : « l'écriture coule sur le fil de la vie »
Yves Heurté résume très justement : « Trois strophes métaphysiques sur le déclin et la chute de tout destin dans le temps, d'une seule coulée »
Cécile Guivarch se montre réceptive : « On pressent dès le départ que quelque chose coule sans trop savoir quoi », et Jean-Marc La Frenière souligne « une écriture extrêmement bien structurée ».
Juliette Schweisguth, enfin, se montre très enthousiaste devant ce « beau poème en prose aux échos internes, avec un rythme qui happe votre cœur jusque vers la chute, ce titre en miroir… La beauté en tombe ! »


***

Il est temps de faire une halte en Belgique, sous les soleils de Bruges avec Pascal Dufrenoy.

Ce récit d'un peintre flamand attise la curiosité de Cécile Guivarch : « Un certain mystère règne. On aimerait voir le tableau, savoir ce qu'il a de si maléfique », tandis que Gertrude Millaire se laisse porter : « ce genre conte me fait voyager dans la lumière d'un tableau ».

Jean-Marc La Frenière choisit de mettre l'accent sur le mariage réussi de l'écriture et du contexte : « une écriture très classique mais maîtrisée. Je suis tombé sous son charme vieillot qui se prête bien au sujet », rejoint en cela par Gilles Bizien : « très classique dans le sujet et le traitement » et Alain Le Roux : « une nouvelle à l'ancienne ».

Yves Heurté fait part de son impression : « on se sent à Bruges où à l'époque l'enfer n'était pas loin des pinceaux. »

Et Philippe Vallet conclue en nommant le genre : « historico présent, ça change, j'aime les histoire, les tableaux retrouvés »


***

De la Belgique aux déserts, il n'y a que quelques Pas écrits que Louis Primerano, et toute l'équipe de Francopolis avec lui, hésitent rarement à franchir.

Au sommet, il s'est retourné. Contemplation étonnée des terres traversées. Les marques de pas tracent des lettres dans la solitude de sable. Des lettres bien lisibles, et des mots incompréhensibles. Comment est-ce possible ?

Ce court passage cité par Gertrude Millaire illustre bien la qualité de ce texte qui a séduit l'ensemble du comité, ainsi Jean-Marc La Frenière le qualifie de « magnifique », Alain Le Roux y trouve « de belles photos » et Ali Iken le juge tout simplement « superbe »

Ali Iken, toujours lui, en connaisseur : « avancer sur des grains de sable c'est dresser aussi des mots et des lettres pour en faire un récit »

Yves Heurté n'est pas en reste : « Un grand texte très dense de sable et de vent. Vent du désert mais aussi de l'esprit » et poursuit : « Simplement "son âme dans ses pas". On a à la fois le destin humain et son verbe nomade. »

Juliette Schweisguth aimerait s'approcher un peu plus près : « On a envie de faire sien ce désert empli de rêve et de présence, ce sable, cette encre du temps qui s'inscrit dans nos grains de peau, de pain », Gertrude Millaire, elle, y parvient sans peine : « il avance et on sent bien l'effort… le sable, le vent… c'est long et on peine avec lui et on cherche avec lui ces lettres dans le sable… »

Philippe Vallet loue les qualités d'écriture dont fait preuve l'auteur : « des images bien tricotées sur la dune des lignes, un soupçon d¹histoire, des répétitions qui donnent à revoir comme un paysage étrangement identique à chaque pas »

Cécile Guivarch donne libre court à son imagination : « Le vent, le sable… On se croit être dans le désert. Les mots nous y emportent, nous soulèvent, on se croit léger tout à coup, comme des grains de sable au milieu de ce paysage qui dessine peu à peu »


***

L'avant-dernière étape de notre périple nous conduit sur les terres de mots de Marlena Braester, où après la traditionnelle Blanche panique de la page, nous nous rendons sur Le delta des phrases où les visiteurs marchent sous le regard des poèmes tout en écoutant les autochtones chanter à tue-tête l'hymne du coin : « Mes poèmes poussent dans tes poèmes ». Pour finir, une halte gastronomique de rigueur, afin de savourer le goût des voyelles écrasées

la nuit ne tombe pas
la nuit monte dans la voix

Juliette Schweisguth souligne les deux derniers vers de Blanche panique de la page, pour nous donner envie d'aller plus loin, et renchérit : « J'adore ces poèmes tout courts et qui prennent si bien, qui s'ancrent dans la mémoire, dans nos veines, qu'on a envie de manger, de savourer… De vrais petits délices… »

Jean-Marc La Frenière ne cache pas son plaisir : « un coup de coeur. on sent dans ces textes une véritable démarche de poète. rigueur. profondeur. Maîtrise »

La profondeur, justement, n'est pas sans satisfaire Cécile Guivarch : « Les mots sont à peine dits et pourtant résonnent fort en nous »

Et Philippe Vallet ouvre grand les yeux, contemple « en quelque sorte un paysage dessiné avec cinq poèmes »


***

Et l'on aperçoit déjà se profiler le terminus, où sur le quai nous attend Denis Heudré, et ses quatre beaux instants, à lire et garder comme autant de souvenirs.

la mécanique de la mélancolie
s'est arrêtée

Juliette Schweisguth choisit de nous faire partager cet extrait du premier poème, « très parlant », et nous met l'eau à la bouche.
Ali Iken semble à son tour apprécier très largement ce premier texte, cette « superbe scène du jour en mouvement ! on dirait que les jours ont un âge ! », et Gertrude Millaire, sensible à la brièveté du poème nous dit « c'est court, précis et la fin sonne bien », puis au sujet du deuxième texte : « une belle observation , bien imagée et bien cadrée ». Un deuxième poème qu'Ali Iken juge « épatant »

laissant les cicatrices
se prendre pour
des souvenirs

La fin du troisième poème, soulignée par Alain Le Roux, nous laisse entrevoir une écriture que Cécile Guivarch qualifie de « simple et directe ». Ali Iken est sur la même longueur d'onde, et ajoute, complice : « Une idée simple mais finement exprimée »

Restons avec Ali Iken qui confie à propos du quatrième et dernier poème: « j'ai aimé surtout cette phrase "Le vent n'a pas besoin de sentinelle", qui clôt le texte ».
Juliette Schweisguth partage ce point de vue, et « adore cette fin ». Cécile Guivarch est plus mesurée et avoue « rester sur une interrogation ».

Juliette Schweisguth reprend la parole et résume cette série de quatre poèmes : « j'aime beaucoup ces fins qui donnent tout leur sens au poème, leur sens et leur mystère aussi, car on poursuit le voyage, c'est surréaliste et profond, sombre et lumineux », et conclue avec ce qui pourrait être le mot de la fin (et qui le sera) de cette belle et riche édition de décembre :

« j'espère revoir ces sentiers »


***

Avant d'aller rejoindre d'autres ailleurs, poussez la porte du Salon de Lecture et délectez-vous de ces délicieux poèmes faits petites mains par Cécile Guivarch


***

Le comité de Francopolis tient à remercier tous les auteurs pour la confiance qu'ils nous accordent, et leur souhaite ainsi qu'à tous les lecteurs d'excellentes fêtes de fin d'année, arrosées, joyeuses, et frivoles pourquoi pas ?


***

encore le dernier reflux
le galet mort
le demi-tour puis les pas
vers les vieilles lumières

(extrait de Poèmes de Samuel Beckett, © éditions de Minuit)

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décembre 2005
Teri Alves
pour le comité de Francopolis


 

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Créé le 1 mars 2002