Vos textes publiés ici après soumission au comité de lecture de francopolis.


 

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création Lino
     

Présentation
de la SÉLECTION


MARS 2008

n*54

 



Présentation de la cuvée de mars 2008 par Jean-Marc La Frenière .


DES PAGES BLANCHES

Le malheur n’en finit pas de planter ses grands clous et d’écraser les roses avec ses gros sabots. Les mots marchent à tâtons de portable en portable. La rumeur du silence vient s’y casser les dents. Pour ne pas voir le vide, on lorgne les affiches, le clinquant des vitrines, le cul des autobus.  Rivé sur son écran, l’homme sec se saoule à l’eau vide des images. Les phrases ont le teint blême. Les mots souffrent. Les mots toussent sur une page blanche comme un lit d’hôpital. Je les relève et les pétrit, de la boue des voyelles jusqu’au pain de la phrase. La terre s’arrondit sous la plante des pieds. Je porte dans ma voix la douleur des cailloux et les genoux qui saignent. Je cherche une clef de sol, des pneus remplis d’amour, un bâton de pèlerin, pour corriger l’essieu sous le bazou du temps.
Il y a encore des pages blanches au cahier de l’espoir, des rires sous le sel des larmes. Je rapièce bout par bout les lambeaux de ma vie pour me tenir debout. Je parle la langue de ma mère faite de voyelles et d’eau, de dentelle et de terre, d’érable et d’aubépine. Je ne sais pas comme elle tous les chemins du cœur mais je suis pas à pas la carte qu’elle traçait. Je regarde les dessins de la pluie, l’escargot changeant les pierres en éponges, les rides sur le visage des maisons, le Nil imaginaire au bout de la remise, la roue d’une brouette qui sert de girouette aux pelleteux de nuages. J’écoute le ballet sonore des mouches, le pugilat des herbes sur le ring terreux, les grincements du temps sur la vieille poulie. J’ai des recoins secrets où dorment des rivières. L’infini éternue dans un mouchoir de poche.
Des pages blanches aux pages noircies d’encre, de la terre aux nuages, des poètes m’accompagnent.
Ile Eniger, Michel Hézard et Karl Létourneau en font partie.

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Le premier auteur, Ile Eniger que les lecteurs de Fancopolis connaissent bien nous propose quatre textes appréciés par tous les membres du comité
Poème 1 - Poème 2 - Poème 3 et  Poème 4

Michel relate la richesse de la langue, le choix des mots, l'assemblage que l'auteur en fait. Des phrases comme : "Les vignes ont quitté leurs breloques vineuses. La veste d'ombre raye le soleil" sont de purs moments de poésie. Et cet autre : "Les mots en rond, en miel, en arches, baisers fondants, désirs bouillants, fleurs troublantes, je t'aime. Course folle sur le couchant, je t'aime qui ressemble à tout jour."
Philippe semble plus hésitant: Je me balance... et je me dis qu'i faut parfois attendre pour savoir attendre d'autres textes que je penche vers un endroit car je ne suis ni fou ni nu, aucun oiseau ne coud le ciel, ni avion ne traverse, mon regard est une vitre sans teint où ce texte passe sans trace novembre n'affaisse pas d'orage dans ma saison juste les premières gelées pour tester l'hiver et s'entraîner à survivre....
Cécile est plus affirmative :  Un grand oui, même un coup de cœur. Il y a de la recherche, de la vie, une langue là dedans. J'aime ces phrases courtes, percutantes. Belle découverte
Lilas s'exclame : Comment ne pas aimer cette écriture souple, riche d'images personnelles soutenues par des rythmes tout aussi efficaces. Il en demeure des atmosphères, des élans, une envie de relire ces mots qui nous ont dit des glissements de saisons, des folies de mots et d'amour.
Sabine ajoute un bémol : je trouve plus maladroit le premier texte dans sa formulation, j'accroche sur "La rivière s'étire de l'hiver" (à moins que ce soit une faute de frappe), sinon j'adhère à cette poésie " à fleur de terre", dans laquelle des paysages semblent doués d'une vie propre, on sent leur respiration... et un auteur qui se fond dans le paysage, qui participe à son désordre "je suis de ce désordre", et qui nous laisse passer devant sans vouloir tout nous expliquer.
Gertrude aime : belle observation poétique, j’aime cette lecture du paysage, cet arrêt sur image.
"Une encre indélébile rougit les lignes de partages. Je tourne dans mon café. Je suis la funambule sur le haut du matin." De la poésie à l’état pur, un délice, une écriture bien maîtrisée. Un tableau parfait.
" Les nuits, cisaillées comme raisin d'octobre, tombent plus tôt." Je suis sous le charme de son écriture. Une vie en poésie. "Une flaque noircie, belle comme un miroir, révèle les passants, leurs ombres." Un rythme rapide qui évoque bien l’émotion, certains passages moins bien réussis mais d’autres compensent par la justesse des mots... l'auteur en est bien conscient..."Les mots sont fous ce soir." " Arcs bandés vers la cible, nos bras font cabane, tente d'amour dressée."  Mon coup de coeur. .. cet auteur !
Kelig est sous le charme :  De jolies fleuraisons, avec un air de quatre saisons. L’écriture est maîtrisée, aboutie sur le fil des phrases, il y a une cohésion et on sent à chaque mouvement de plume une vraie recherche d’images, personnelles et originales. Il y a matière à lire, une réussite.
Juliette dit : oui pour les qualités de l'écriture, certaines trouvailles comme " la langue râpeuse des premières châtaignes est une pierre à sel" il y a un vrai jeu sonore avec les mots qui font écho, entrent dans la description, en dehors du jeu, en forme de petits paysages emmenant des sensations et faisant vivre une mémoire

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Le deuxième auteur est Karl Létourneau. Il nous vient du Québec et nous livre ici 5 poèmes
Mots  -  Nous reviendrons ensemble  -  Blond  -  Nous ferons des poèmes   et  Nos routes

Michel apprécie : j'aime cette musique là ! Sensible, personnelle, il y a une voix derrière ces mots. " nous ferons des poèmes pour ceux qui nous écoutent "
Philippe penche : vers le oui et vient doucement te pencher sur la page elle sonne claire et "moi j'attends jusqu'au prochain discours de l'aube" étonnement, interrogation ne sont pas nécessaires les mots tiennent leur
propre histoire pas la peine d'inventer ce que l'auteur à voulu dire le texte le fait à sa place.
Cécile : écriture globalement maîtrisée et Lilas acquiesce dans le même sens : J'aime ce regard, cet amour, ce style reconnaissable entre tous, dont le dépouillement approche ce point extrême où l'on retrouve de l'essentiel, à la limite de l'indicible. " On se fera du temps"...
Sabine précise :  J'aime beaucoup la chute du texte 2 " notre passé rebours", et les trois derniers textes pour la simplicité et la tendresse " papa, quand est-ce qu'on va se baigner" et " on se fera du temps"... Une poésie proche du quotidien, ça me plaît davantage.
Gertrude note :  une poésie de réflexion... bien rythmé, dans son deuxième texte,  il nous impose son rythme tout simplement et termine sur une belle note. On ressent bien l’émotion... un texte tendre. Les textes suivant m'accrochent pour la simplicité et la force positive du sujet.
Juliette se fait plus explicite : Son texte "Nous reviendrons ensemble" a une certaine sensibilité. Je retiens notamment " nos discours disparates se seront depuis longtemps tus dans le jardin... passé à rebours"
Elle apprécie dans "Nos routes" le final "du fil sensible qui nous unit et demain au lever nous reprendrons nos vieilles routes", ce final qui ouvre le poème et lui donne un côté un peu plus universel face à la trop grande subjectivité ressentie au début... ce final s'adresse à tous, ouvre vers un au-delà du personnel... dans l'ensemble : un cheminement qui devrait fleurir, quelques graines à semer, à garder... mais encore du grain à moudre ;-)
Kelig décortique l'écriture : J’aime la rondeur du premier. L’écriture est fluide et la forme coïncide. On ne peut ôter un mot, ni un espace sans en altérer la beauté. Il est entier. Dans son deuxième texte  " nos discours disparates se seront depuis longtemps tus dans le jardin", l’image est belle. Le texte 3, ici, un moment de vie se raconte avec sincérité, en toute simplicité (un peu trop ?)…et dans son texte," Nos routes", il parle bien de "nous ", je m’y retrouve un peu aussi, sauf peut-être la fin. Souvent une sensibilité au fil de vie, invisible, liant une à une les images à une poésie sincère, intime, en toute simplicité apparue. J’ai été touché dans l’ensemble par l’écriture.

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Le troisième auteur, Michel Hézard, est un nouveau venu  sur Francopolis. Bienvenue à lui ! Il nous  partage 5 poèmes
poème 1  -  poème 2  -  poème 3  -  poème 4  -  poème 5
 
Michel y trouve : des passages fortement descriptifs comme " Un cœur fou galope dans la cage de l'angoisse " ou " Il ronge les assauts du désespoir/ Son âme sait trop/ le gouffre des sabordages "  et  pour
Philippe: beaucoup de promesses mais un je ne sais quoi qui patine qui croûte sous la langue.
Cécile affirme :  il y a une vraie atmosphère ici. On s'y retrouve tous un peu quelque part.une langue qui se cherche et se trouve. J'aime particulièrement le deuxième extrait : ouvert à beaucoup d'autres pistes, interrogations... subtil.
Lilas apprécie le rythme (poème1et poème 4, en particulier) et les images qui parlent, venues de profond, telle " il livre son poids de poussière/ aux soifs d'aujourd'hui /trop pauvre pour renoncer à la providence". Elle rejette par contre  celle de "ronger [des] assauts..."
Sabine
: Je reconnais ici de vraies qualités d'auteur, bien que ces textes ne me semblent pas suffisamment aboutis.
Kelig
: J’ai quand même été accroché et j’y suis revenu. Il y a de bonnes choses, l’écriture ne laisse indifférent, elle procure un effet par son style « brut » – elle est même vaguement entêtante, elle n’est pas creuse, mais ces extraits ont un goût de « pas assez », un peu trop de facilités ; ils me laissent sur ma faim.
Juliette:
"les doigts fleuris d'étincelle"
"un coeur fou galope dans une cage d'angoisse"
"désenfouir une vie"
cela ne peut que me toucher, je ressens une recherche d'images rythmées, l'écriture comme une remontée vers la lumière vivante...


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et pourquoi ne pas suivre ces  recoins secrets où dorment des rivières jusqu'au   Salon de lecture,
à la rencontre de Gertrude Millaire qui  vous offre quelques flocons.




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mars 2008

le comité de Francopolis


 

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Créé le 1 mars 2002