Vos textes publiés ici après soumission au comité de lecture de francopolis.



 

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Vous y trouverez des poètes, des nouvellistes et romanciers, des auteurs de pièces de théatre, hommes et femmes, connus et inconnus, venus des cinq continents. Vous pouvez, vous aussi, en faire partie en nous proposant un texte.

Dans notre Salon de lecture, honneur ce mois-ci à Ali Iken.

  
"Le Piano"
par Laurence de Sainte-Maréville

Présentation des textes
de la SÉLECTION
D'
OCTOBRE 2005

n*29

Par  Liette Schweisguth



Francopolis : sélection d'octobre 2005



Souffle le vent d'automne
La vieille valise prend le chemin de l'étagère
Et avec elle les souvenirs.
(Soseki)

Bienvenue chers lecteurs à l'automne de notre 29ème édition. Une moisson récoltée pour vous avec cinq auteurs pour onze textes poétiques. La sélection fût rude car nous avons décidé de monter notre note de passage! Merci en tout cas à tous les auteurs qui ont participé à ce choix, qu'ils soient à la cîme des arbres du mois, ou dans l'arrière saison.

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Nous accueillons Damien Gabriels, nouvel auteur sur Francopolis mais connu dans l'association française du haïku, ou dans leur revue Gong. Il a également été publié dans "Ombres et lumières", un recueil collectif franco-bulgare.
Il nous offre ici trois haïkus avec un regard grandissant à la loupe des instants si simples qu'on les croirait invisibles...

Parmi les membres du comité, une préférence a cependant été notée pour ce deuxième haïku à déguster sans modération!

pluie de printemps -
sous la camionnette
les yeux du chat

Donnons ici la parole à Teri Alves qui résume bien ce petit plus en nous disant : « le haïku n°2 est un modèle du genre » et trouve que « l'idée de la saisie de l'instant », très présente dans celui-ci, manque un peu aux deux autres.

Hélène Soris, une grande amatrice de ce genre de poésie ouvre grand ses antennes de fourmi pour nous dire : « Ces haïkus sont excellents. Certains sont classiques et respectent 5.7.5 d'autres sont plus libres mais ont l'esprit haïku souvent préconisé par Serge Tomé. Des Instantanés, rythme presque toujours respecté ; pas de "je", peu de verbes »

Ali Iken reprend : « Ils sont bien faits, dans l'âme du haïku. Le dernier vers de chacun d'eux répond à la règle »

Yves Heurté ajoute avec finesse : « J'aime ces brefs tableautins où il y a, bien plus qu'un paysage extérieur, un autre intérieur... »

***
Sarah Godfroid, notre auteure à l'éternelle jeunesse nous revient avec "Qui", un poème où les reflets peuvent vous jouer des tours.
Nombreux sont ceux qui ont été convaincu par cette chute :

« reflet dans une glace
mes yeux me considèrent
avec effroi ! »

Gert Millaire remarque : « L'auteur développe bien son regard »

Teri Alves, très sensible à la dernière strophe, ajoute : « La dernière strophe est une réussite dans la saisie de l'instant »

Yves Heurté, en empathie, nous souffle : « Texte avec une vertu peu commune en poésie : la sympathie ! Le lecteur la ressentira ici, sans doute dans "Mes mains palpent ce corps à la recherche d'une ressemblance." »

Cécile Guivarch a goûté la chute : « Au début je trouvais que c'était bizarre. Puis la chute m'a convaincue »

Eric Dejaeger renchérit : « Très bon. Il y a le choc des trois derniers vers de la première strophe, puis l'explication, et, surtout, la chute. Prometteur pour un jeune auteur. Il a appréhendé quelque chose de cette dinguerie qu'est la poésie. »


***

Nous invitons Dan Leutenegger, nouveau venu dans Francopolis, qui rentre avec douceur et fracas avec trois poèmes (publiés dans "La nuit promène ses chiens", recueil disponible aux éditions Alba). Beaucoup d'encre a coulé, notamment pour "Pas toi" dont certains ont été un peu choqué par la vulgarité, mais d'autres ont en revanche adoré. Ce qu'on peut dire est que notre auteur est un grand original n'ayant pas peur des mots, les malmenant avec une pointe de douceur et surtout un grand goût pour le surréalisme, un grand sens du rythme.

"Sous ma fenêtre", malgré sa longueur en a séduit plus d'un (surtout les femmes ;-) "Pas toi !" a davantage séduit nos hommes, "Panne de cinglé" semble avoir reçu une certaine unanimité.

Voici le regard d'Ali Iken sur les trois poèmes :

« Une poésie en crue au ton surréaliste, audacieuse elle n'attend pas l'arrivée des mots, de leurs seuls vents elle nous façonne de belles toiles. Une poésie de douleur, de révolte et de paix. »

Quelques encres sur "Panne de cinglé" :

« je veux bien rencontrer la suceuse de miel aux seins barbiturés » nous dit Philippe Vallet

« COUP DE CŒUR !!!! Cet auteur manie à merveille une langue épicée d'accents hussards qui se perchent en hâte sur les barbes consciencieuses des sandales en bois d'analgésique et dévale des camisoles comme on traie l'encolure d'un astérisque à saute-mouton. » (Teri Alves)

« A mon avis il y a des méthodes surréalistes. Cela donne des images intéressantes. Au moins c'est original. J'ai aimé "j'ai ouvert la fenêtre page 137". » (Cécile Guivarch)

« Très post surréaliste mais fort bien torché. Ca coule super bien. » (Eric Dejaeger)

« Pour celui-ci qui est original » nous dit Hélène Soris

Quelques vues "sous ma fenêtre" :

« Une écriture mieux maîtrisée avec du rythme et du souffle... on le suit pas à pas. » (Gert Millaire)

« Je trouve de tout : de jolies trouvailles comme "Fenêtre baroque où refroidit la soupe Triste comme un jardin derrière une allumette" Ou encore : " là-bas, sous la pendule qui saute à la corde ". »(Yves Heurté)

« Quelques belles images mais trop diluées dans un texte trop long. »(Eric Dejaeger)

« J'aime moins que les autres. Mais cependant belle chute. » (Cécile Guivarch)

« Un peu moins enlevé, mais toujours d'assez haut vol » (Teri Alves)

« Surtout pour la première strophe ; l'écriture en est solide. Peinture de réalité un peu difficile à supporter dans la suite mais c'est sans doute voulu » (Hélène Soris)

Palettes autour de "Pas toi" :

« Voyez comme les rimes ne nuisent pas à la lecture quand le texte sait se hisser de lui-même. C'est un exemple. »(Teri Alves)

« Il y a encore des gens qui savent manier l'alexandrin. Encore un auteur qui essaie de manier plusieurs genres. Toujours intéressant. »(Eric Dejaeger)

D'autres ont trouvé le style un peu trop vulgaire ce que résume Cécile Guivarch en nous disant : « Désolée auteur, j'ai du mal avec ce genre de texte... »

Cécile Guivarch qui dans un bon regard sur l'ensemble des écrits précise avec humour : « Ce que j'aime ici c'est cette franchise, le côté critique n'a pas toujours tord. On pourrait le mettre à table avec Meschonic ! »


***

Claude Pech , auteur qui se fait rare sur Francopolis, nous partage cette fois trois nouvelles gourmandises bucoliques "Paroles", "Le marais" et "Le trou".

Eric Dejaeger nous partage son avis :

« Ensemble assez homogène, trois textes bien écrits, avec une certaine recherche au niveau des images. Auteur à encourager vers plus d'originalité. »

Ensuite, un petit patchwork des différents points de vue sur ces trois poèmes.

Paroles aux "Paroles" :

"Tant de paroles tombent en terre sans jamais la féconder". « Parler n'est pas bavarder ni murmurer ni jacasser ni aboyer mais c'est imiter les souffles du vent. L'auteur l'a bien dit! » (Ali Iken)

« bien rythmé pourtant peut être un peu touffu » (Hélène Soris)

« C'est bien tenu. On cherche la faille mais je n'en ai pas vu. C'est simple. Ca tient la route. J'ai aimé "tant de paroles tombent en terre / sans jamais la féconder". Une bonne réflexion porte l'ensemble. » (Cécile Guivarch)

« Quelle force dans ce poème sur les futilités de la parole ! » (Gert Millaire)

« L'auteur maîtrise son sujet. Certaines images sont plus que séduisantes. » nous dit Teri Alves pour "Paroles" et "Le Marais" dont voici les traces de pas du comité

Traces pour "Le marais" :

Yves heurté et Philippe Vallet ont retenu ce petit passage "les repas sont trop légers" d'autres ont beaucoup aimé "au bord des lèvres blessées d'étoiles" comme Gert Millaire qui le souligne « il a du rythme ce poème et de la gueule... "au bord des lèvres blessées d'étoiles." »

Ali Iken songe « Avec le temps, rien ne reste sauf ce triste scintillant destin de soif, de faim et de vertige "au bord des lèvres blessées d'étoiles" la Parole ne meurt jamais ! »

Cécile Guivarch note une « sensibilité dans cette façon d'amener à la vie qui passe, à la mort qui nous guette... C'est imprégné de ce qui nous entoure et toujours une véritable réflexion semble porter le texte. Ce ne sont pas des mots pour des mots. »

Dans "Le trou" ne sombrons pas ! Laissons juste flotter nos regards comme Philippe Vallet : « image un peu reflet au fond du puits. je reste sur la margelle. un vertige un passage. »

Quelques autres échos à écouter :

« Oh là là ! un questionnement fort habile ! Un passage à vide quoi ! » (Gert Millaire)

« Quelque chose me dérange, une certaine confusion. Un flou mal maîtrisé. »(Teri Alves)

« Plus original malgré qu'il parle de l'écriture comme la plupart des poètes. Je préfère quand ils regardent la vie "cette absence d'encre dont personne ne connaît l'écriture." souligne Hélène Soris

« De la réflexion ici encore. On sent vraiment qu'il y a un travail autour de l'écriture... » (Cécile Guivarch)

« Quel trou !!! même si ce n'est qu'un passage, il n'arrête pas de soulever un tas de questions !! » ajoute malicieusement Ali Iken


***

Enfin, ouvrons grands nos coeurs pour Patricio Armando Sanchez qui nous revient du Chili avec un poème épique, une "Autobiographie du néant" dédiée à Pablo Neruda. Le comité a été soufflé ! Ecoutons ces voix :

« une des rares fois où je lis le néant, la destruction , la douleur avec une telle force de survie. Il y a la matière et il y a la vie, la reconstruction… l'espoir… la rencontre quoi! L'essence de la vie. » "Le squelette de la feuille." (Gert Millaire)

« Un excellent poème, oscillant d'un rythme à l'autre. L'écriture est fluide, se déroule comme d'elle-même, sans intervention d'un quelconque poète. » (Teri Alves)

« Il y a dans cette autobiographie des moments heureux et quelques vers remarquables comme par exemple :
"Les maisons sont vides comme un gant endormi."
Le poème n'est pas nombriliste il y a parfois des passages épiques, et toujours du mouvement. » (Yves Heurté)

« Superbe. En général, je n'aime pas trop lire les longs poèmes car parfois j'ai l'impression que l'auteur cherche à trop en dire. Mais, ici pas un mot de plus, pas un de moins. Tout se tient. Le je, le tu, le il, un peu de mystère ici. Une sensation d'être dans l'espace, de respirer donc d'être utile, fort, pour reconstruire une ville. Des passages bien vus, étonnants parfois. » (Cécile Guivarch)

« Je n'aime pas trop les longs poèmes en général mais celui-ci m'a bien accroché.
"Odeur de poêle qui suinte dans ta mémoire d'enfant." Et la fin : "Dans la plaie de ta voix disparaît l'orage. / Sur ces murs fissurés nous bâtirons une ville." Même s'il vaut mieux abattre un mur fissuré si on veut vraiment rebâtir. » (Eric Dejaeger)

Hélène Soris déploie certains passages, les commente en les poursuivant comme en un chemin avec elle-même, s'appuyant contre l'épaule de l'auteur (ou lui prêtant la sienne...) :

"Survivant dans le mutisme de l'œil. Brisé par la stridence de la vie" " prêt à pardonner le bruit de la pluie tombant sur l'eau." : impression d'un homme pourtant fort qui ressent une fragilité

"Rues absentes. Odeur de poêle qui suinte dans ta mémoire d'enfant." et se réfugie un instant dans l'enfance "le rien. Le squelette de la feuille." Image de fragilité courant d'air une feuille qui sera emportée, va mourir.


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Dans notre salon de lecture automnal, n'oubliez pas de goûter les 6 poèmes germés au lait lunaire et les 7 graines de haïkus cuites au soleil par Ali Iken


***

L'automne s'en va coule le temps
Seuls demeurent
Les nuages

(Soseki)

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octobre 2005
Liette Schweisguth
pour le comité de Francopolis


 

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Créé le 1 mars 2002