La brume
La brume étouffe le matin
Je sais le marais là-bas
La roselière en son milieu
Mais les couleurs
Je cherche leurs sons
Au jaillissement du souvenir
Sous le vitrail des paupières
Claque au
vent
La mort me recrache souvent
Et ce qui s'ouvre me laisse passer
Ce qui insuffle me soulève
Me sauve
Claque au vent
Je dors avec ce vécu
Je chemine un bras, une main
Du côté flou
Me tiens là
mi-visible, mi-réel
Frontière
Et je soupire un ennui chronique
A subir
l'ordinaire
L'incandescence tatouée
Au fond des yeux
Engoulevent
Ce qui accroche la montagne finira bleu
Il n'y a d'autre échappatoire
Le rêve
Insularise les courbes
Noie
Nuit après nuit
Je brise le torrent
Morphe le magma
Apostrophe le cryptique
Je m'outrepasse
Engoulevent
Au matin
Les voiles
dessinent les diagonales d’une crique
Vénus
Puisque je n'existe plus
Je vais pousser les aiguilles du désir vers les lueurs de l'aube
Du crépuscule
L'inconstance de l'Etoile sera mon berger
Je volerai les bonheurs du bord des routes
Je ferai palpiter des noms comme on casse les silex
Avec des éclats de cœurs
Les mots d'amour frappaient ta bouche
Ils fondront dans des flaques
Ils briseront les reflets
M'empêcheront de crier le vif de l'écorchure
Je vais retrouver
les ailes de la solitude
Puisque je
ne suis plus
Solitude
du royaume
J'avance en demi-mort
L'espace se ferme entre les nuages
Solitude du royaume
Mon cœur toujours chamade
Entre les totems dorés de sa bouche
J'ensommeille le chemin
Il reste des montagnes
Vite
Pose-moi dans l'esquif
Pousse-moi sur le grand lac
Vers le rêve infini
Ombre
Ombre
Tu me trouveras lucifuge
désarmé
Vibrant au fond de toi
Eau de nos failles
Valve de ton cœur
Racine
Remonte-moi une nuit sans lune
Réveille-moi
troisième
corde d'une guitare
Bruissant de toi
Spasme
Nous sommes nés d'un pays de fruits
Sauvages
Et de l'orgueil d'un oxymore
À nier l'espace entre le sombre et la lumière
À nier notre sort
Il m'est
impossible de dire l'essentiel
Ulysse
Ta voix kaléidoscope
Ta belle voix de sirène
Ta langue tressée du nerf des noyés
Brûle ma peau
Suce mes pleurs
Mais le vert de l'iris te résiste
Et mon corps est un livre scarifié
Tu veux blesser aux cicatrices
Mais tu ne sais pas les dire
Tu ne sais pas me lire
Je suis le dit d'une vouivre
Et mon cerveau le long des saulaies
Coud l'œuvre des fleuves
Avant même mon passage
Prendre la caresse de tes mots
Courber l'onde de tes chants
Fuir cette folie
Reste Sirène
Au pays de
tes merveilles
© Eric Costan
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