Nouvelle rubrique : découverte…

Novembre-Décembre 2019

 

 

 

Taja KRAMBERGER

 

« À qui sont les voix qui vibrent en nous… »

 

Poèmes pour Francopolis

 

***

 

Auteure découverte par Dominique Zinenberg

 

 

À la table de Rilke à Duino

 

Schmeckt denn der Weltraum,

in den wir uns lösen, nach uns?

 

Est-ce que l’univers où on

se dissout, maintient-il notre goût ?

 

(Ma traduction)

 

Rainer Maria Rilke, du « Deuxième élégie »,

Les Élégies de Duino (1912–1922)

 

À gauche : Le château de Duino vu du plateau à la fin du sentier de Rilke ; À droite : La terrasse avec la table en pierre sur laquelle Rilke a écrit ses élégies (Photos par Taja Kramberger, 2006 et 2011)

 

 

Pour Claribel et Margaret !

 

À la veille de ma visite à Duino avec mes amis,

j’ai rêvé, mes chères Claribel et Margaret,

Que nous, chacune dans sa propre pirogue, étions arrivées à Duino.

 

Qui sait pourquoi ?

Qui sait d’où ?

Et, je n’ai eu aucune idée quant à l’intention.

 

Nous avons garé nos canots, nous avons gravi

un escalier et, en silence, nous avons pris les sièges

autour de la table de Rilke sur la terrasse.

 

Le soleil était à son apogée,

la mer de couleur de perle était agitée dans les cascades

d’une mélodie inconnue, presque hypnotique.

 

Loin sur la mer, les caractères pleuvaient

juste avant de tomber derrière l’horizon, ils se rangeaient en vers

venant devant nous par les vagues.

 

Chacune de nous savait quel vers lui appartenait

et où elle devait l’inscrire. Et déjà

il s’évanouissait sur les rochers de Duino.

 

Dans les intervalles

venaient nous visiter les vers anciens,

les phrases, les rimes, les assonances ;

 

nous étions en relation

avec les femmes-artistes du passé,

peut-être de l’avenir

 

       to care for and love one another –

       to write “letters”             is this

       or it’s nothing.

 

Par les vagues venaient les images de femmes et elles nous saluaient ;

on se comprenait par le regard :

vois, voici Paula Modersohn-Becker qui passe,

 

elle voyait les femmes et les enfants

comme des fruits –

poussés de l’intérieur dans les existences de la forme.

 

Ainsi, nous étions assises à la table de Rilke à Duino

et nous transcrivions les vers, chacune les siens, de la nappe maritime,

tout comme s’il s’agissait d’une occupation parfaitement quotidienne.

 

Le soleil a commencé à descendre

et l’image dans mon rêve à se retoucher

quand nous avons prononcé les premiers mots.

 

Je ne sais pas les répéter, parce que, au moment même où

nous les avions prononcés, ils sont entrés

dans un autre arrangement pour devenir musique.

 

Mais derrière eux

se maintenait le sentiment de la plénitude et du bonheur

sur le bord de pente raide –

 

       for those of us who live at the shoreline

       standing upon the constant edges of decision

       crucial and alone

 

J’ai vu encore le dernier vers qui est venu et s’est échoué sur le rivage :

Tout chante. Vous vous souviendrez de cela.

Partez en avant ! Votre Rainer Maria Rilke

 

(Or, je savais que cela avait été les mots de Tranströmer,

et nullement de Rilke, et je me demandai

ce que cela voulait dire maintenant.)

 

Nous avons échangé un coup d’œil :

le vers resta non inscrit.

Ensuite, en bas, sur les bords éloignés de la mer

 

quelque chose s’est secoué fortement

et je tombai aussi moi-même,

comme les caractères auparavant, derrière l’horizon.

 

© T. Kramberger, V tvojem objemu je prostor zame [Dans ton étreinte il y a la place pour moi], CSK, Aleph, Ljubljana, 2014, traduit en français par Drago Braco Rotar, 2016

 

Paraphrase : Le poème a surgi d’un rêve assez curieux que j’ai eu à peu près un an après ma participation au Festival de poésie de Nicaragua à Granada en février 2013.

Le fait qu’il existe dans ce monde des gens qui ne sont pas seulement hautement réceptifs aux connaissances poétiques et ouverts à la poésie d’une manière si émouvante et profonde, mais aussi qu’ils ont une attitude affectueuse et respectueuse envers les poètes invités (ce que je n’ai jamais connu en Europe, au moins pas d’une façon si généralisée) m’a profondément touchée et bouleversée au Nicaragua. Je ne parle pas des dizaines des gens constituant un auditoire ordinaire en Europe, mais des centaines et des milliers de participants aux événements poétiques (le public des poètes d’Europe est fait le plus souvent d’une poignée d’amis/amies ou de proches, et on s’en sent saturé).

Ma poésie a toujours été très bien reçue en Amérique Latine ; aussi dans les lieux moins connus et peuplés j’ai fait les expériences les plus mémorables. Là je pouvais soudainement respirer sans entraves et me sentir chez moi. Je crois que le même caractère direct de ma poétique qui est tellement aimé là-bas, est le plus détesté dans les petits milieux camouflés comme ceux de la Slovénie où le courage civique n’est pas considéré comme une vertu. C’est la qualité des liens entre les gens et absolument pas la quantité qui compte. Mais cette masse toute spéciale, digne et noble, devant laquelle je me suis trouvée en Amérique Latine, n’existe pas en Europe. Là elle serait instrumentalisée, abusée et effrayante. Pourtant, en tant que telle, elle reste pour moi une énigme.

 

À Granada, j’ai rencontré deux poètes, deux femmes, avec lesquelles un lien de cœur s’est noué pendant des années. Mon poème leur est dédié. La première est poète et écrivaine nicaraguayenne et salvadorienne Claribel Alegria (j’ai traduit sa poésie en slovène et je l’ai faite publier dans un livre de poèmes choisis ; et à l’occasion de mon bref séjour à Granada, je lui ai transmis un petit prix littéraire international que j’ai fondé en Slovénie en 2011). La seconde est Margaret Randall, une poète et essayiste des États-Unis (présente à la remise du prix à Claribel Alegria, elle a écrit quelques aimables mots sur cette belle soirée dans un journal d’Albuquerque).

En-haut : Claribel Alegria (au milieu), sa fille Patricia (à gauche) et Taja Kramberger (à droit), Granada, février 2013 (Photos par Drago Braco Rotar et Margaret Randall, 2013)

En-bas : Claribel Alegria et Margaret Randall

Après la fin du festival, Claribel m’a invitée chez elle et on a passé - elle, mon mari et moi (et plus tard aussi son fils et son amie) - une soirée inoubliable et chaleureuse, comme entre de vieux amis bavardant sur la poésie, la littérature et nos vies embrouillées, tout en buvant du rhum terriblement savoureux. Depuis, nous, Claribel et moi, sommes restées en contact jusqu’à sa mort en 2018. D’ailleurs, Claribel nous a semblé, même si elle était déjà bien confirmée internationalement, aussi solitaire et isolée en Nicaragua que nous l’étions en Slovénie. Pour moi et cela pour de nombreuses raisons, elle était une de rares poètes fondamentales et transformatrices que j’aie eu la chance de rencontrer au cours de mes 25 ans dans la littérature, et j’ai rencontré de nombreux « poètes » plus ou moins talentueux. En français, il n’existe malheureusement qu’un petit livre de sa poésie en édition bilingue espagnol-français, publié en 1984 aux éditions Des femmes.

De l’autre côté, le château de Duino, où Rainer Maria Rilke (1874-1926) a écrit, entre 1912 et 1922, ses élégies, était à la distance d’une vingtaine de kilomètres de notre foyer à Koper-Capodistria (vendu en 2016, quand on a définitivement déménagé en France). Pour moi ce lieu de mémoire avait toujours, depuis mon enfance à Koper-Capodistria, une signification très particulière. Il m’a toujours rendu calme et m’a chargée d’énergie. La mer qui lave le pied de la falaise du château de Duino, lui-même construit sur un rocher de plus de 100 m au-dessus de la mer, est d’une beauté indescriptible, presque irréelle. Et cela dans tous ses états - soit dans la tempête soit ensoleillé pleinement devant un ciel d’azur. Il y a là un très joli parc autour de château qui est encore aujourd’hui la propriété privée de famille Thurn und Taxis (comme au temps de Rilke quand, en 1910, la princesse Marie von Thurn und Taxis-Hohenlohe est devenue son mécène et amie). Une voie de Rilke mène par le petit bosquet sur un autre rocher à proximité du château d’où on peut observer le château d’une certaine distance dans toute la splendeur des rivages de l’Adriatique.

Pendant la purge universitaire (2010) - qui débute au moment de mon exil français et au cours de laquelle j’ai été illicitement écartée de mon poste universitaire - et, ensuite, pendant les luttes quotidiennes sur plusieurs fronts (légal, littéraire, médiatique, dans les sciences sociales, dans la traduction, dans la justice sociale) qui ont duré sans arrêt deux ans (entre 2010 et 2012) et étaient sans issue, nous, mon mari Braco et moi, sommes souvent venus de Koper (Slovénie) à Trieste (Italie) et, notamment, à Duino (à quelques km de Trieste) pour souffler, se débarrasser des pensées stressantes et insensées, et, si on parle dans le langage de Rilke, pour restituer les « méandres de nos âmes » blessées.

Voici les points de départ pour le poème. J’imagine qu’en connaissant les fils subtils qui ont lié Alegria et Rilke, et après de nombreuses rencontres humainement fortes de l’autre côté de l’océan - le poème devait couver …

Vous pouvez écouter ici tous les dix Élégies de Duino par R. M. Rilke.

 

 

 

J’ai voulu écrire un poème

 

J’ai voulu écrire un poème

à la voix claire et chaleureuse

cracher – une fois pour toutes –

les pépins amers de l'approvisionnement familier des vers.

 

Le poème sur la mer qui gronde et nous donne la vigueur

l'eau qui coule à travers nos gosiers desséchés,

sur le vent frais qui, glacial, souffle et emporte la mélancolie.

 

Le poème sur la femme qui,

la tête haute, se tient debout sous le soleil,

sous la lune, dans l'averse

et vit, inébranlable, ses rêves.

 

Le poème sur le bougainvillée

qui se dresse contre l'espalier

de cet été dalmate inoubliable.

 

Le poème sur les gens et pour les gens,

qui luttent pour la dignité

de vie par routine quotidienne et non pas dans le rêve.

 

Avec la gorge pleine de poèmes,

muette, je contemple l'aube

pour donner le nom à la différence

qui ne l'a pas encore.

 

J’ai voulu écrire un poème.

 

© T. Kramberger, V tvojem objemu je prostor zame [Dans ton étreinte, il y a la place pour moi], CSK, Aleph, Ljubljana, 2014, traduit en français par Drago Braco Rotar, 2014

 

 

Qu’il en soit ainsi !

 

Si ma poésie commence

à couler par le toit, qu’il en soit ainsi !

Que l’état usé des tuiles et des gâchis

montre à l’éternité poétique

comment elle est importune !

 

Si ma poésie commence

à craquer dans ses fondements, ne la 

plombez pas par le ciment, qu’il en soit ainsi !

Que la faillibilité humaine

triomphe des décrets immortels !

 

Mais si ma poésie commence

soudain à se mettre à sangloter,

à s’embuer à l’intérieur, à larmoyer

sur les fenêtres, les miroirs

ou, commence, sans raison,

rire, rire aux éclats

suffit un peu

de chaleur, d’amour,

une remarque d’esprit,

 

ou une pensée fugitive :

reprend ton souffle, vieux poème,

consulte ton oreiller,

tout va bien.

 

© T. Kramberger, V tvojem objemu je prostor zame [Dans ton étreinte il y a la place pour moi], CSK, Aleph, Ljubljana, 2014, traduit en français par Drago Braco Rotar, 2016

 

 

« Femme » *

 

FEMME (–s) personne de sexe féminin,

d’habitude adulte :

 

vient une femme                    petite            jeune         aux yeux bleus     

aux cheveux foncés              une femme svelte 

 

une femme tranquille   aimable      amicale

une femme enceinte    mariée        une femme entre deux âges    

 

sensibilité d’une femme d’une mère

différences entre homme et femme

coiffeur de femmes

 

personne du sexe féminin en tant que porteuse

des propriétés corporelles caractéristiques 

 

en quelques mois seulement, elle s’est développée

de fille en femme

 

façon expressive : leur fille est déjà

une femme complète    véritable

 

façon expressive : personne du sexe féminin en tant que porteuse

des propriétés psychiques caractéristiques

 

elle l’implorera             enfin, elle est une femme  

il y a trop peu de la femme en elle pour qu’elle le comprenne

 

la femme est une femme

en elle une féminité féminine commence à s’éveiller

 

façon dialectale : je ne sais pas si ma femme est

déjà épouse à la maison

 

en jargon : est-ce que ta femme, ta fille     

ton épouse vient avec toi

 

façon publiciste : on cherche une femme pour aide dans le ménage

dans les annonces une bonne

 

façon expressive : femme fatale qui à cause

de sa beauté et singularité

 

exerce une influence décisive          d’habitude négative        

sur l’homme 

 

façon littéraire : la femme publique prostituée    une femme est comme le temps d’avril                son état d’âme est changeant

 

façon expressive : là où le diable ne peut pas la femme lui prête la main

la femme atteint beaucoup par                  sa finasserie

 

© T. Kramberger, V tvojem objemu je prostor zame [Dans ton étreinte, il y a la place pour moi], CSK, Aleph, Ljubljana, 2014, traduit en français par Drago Braco Rotar, 2014

 

* Je présente ici littéralement et dans sa totalité l’article « femme » du Dictionnaire de la langue littéraire slovène. En Slovénie, ce dictionnaire passe pour le corpus lexique de référence à partir des années 1970, encore en usage aujourd’hui. L’article est le produit de la compétence linguistique et de la vision du monde des membres de l’Académie slovène des sciences et des arts et des collaboratrices et collaborateurs de l’Institut de la langue slovène Fran Ramovš du Centre des recherches scientifiques de cette même académie. L’édition est due aux Éditions d’État de Slovénie, à l’époque la plus grande maison d’édition slovène, démantelée et rebaptisée sous la première vague néolibérale pendant les années quatre-vingt-dix. Le dictionnaire est paru dans la section Les Édition de formation. Le 1er tirage est sorti en 1970, suivi par les rééditions en 1975, 1979, 1985, 1991, 1997, 1998, 2000, 2008, 2014 ; la première édition numérique est de 1997.

 

 

Ne peut pas se relever celui qui n’aime pas les gens

 

Pour Erika Vouk,

poète slovène

 

Dans ton court message tu as tout noté.

Je t’en suis reconnaissante

plus que tu peux t’imaginer.

 

C’est avec sourire que je me souviens de notre rencontre

à la Croix Blanche que je tiendrai

toujours pour ton poste.

 

Maison délabrée sur une élévation qui

n’a connu que tes cadeaux, ton aide

en détresse, rien que ta lumière fragile.

 

La chasse d’eau de ton WC vocifère là

en laissant de l’eau, ton esprit souffle sur la véranda,

j’entends ta voix au milieu des murmures de la broussaille.

 

Depuis longtemps déjà l’Association des écrivains slovènes

n’a aucune signification pour moi,

débris des planètes insignifiantes qui se prennent pour les étoiles.

 

Leur flou n’éclaire aucune allée.

Ton monde n’est pas étroit – il le semble parce que

sur lui se cramponne l’étroitesse sans âme de l’ambiance.

 

T’as raison,

Ne peut pas se relever celui

qui n’aime pas les gens.

 

Je crains que les débris doux tentent à te gagner,

t’étouffer, t’emboîter ou te désinfecter

déjà pour la simple raison que c’est moi qui t’adresse ces lignes.

 

Mais je préfère le risque et prononcer ton nom, un des rares

restés dans mon calepin et derrière lequel je vois encore un visage humain,

plutôt que de chanter une chanson sur le fleuve anonyme de l’oubli.

 

On vit dans de petits mondes – chacun de nous –,

mais leur réalité vivante est leur puissance.

Reste toi-même, protège ton étroitesse humaine salvatrice.

 

© T. Kramberger, V tvojem objemu je prostor zame [Dans ton étreinte il y a la place pour moi], CSK, Aleph, Ljubljana, 2014, traduit en français par Drago Braco Rotar, 2015

 

 

Dans ton étreinte, il y a la place pour moi

 

Tu me touches,

au réveil le matin

nous revenons dans nos corps

après les errances nocturnes inconnues.

 

À qui sont les voix qui vibrent en nous

quand la conscience

revient doucement dans nos corps,

à qui sont les mots qui sortent de nos bouches

lorsque le matin nous façonne

en images reconnues par la raison ?

 

Les peaux de nos corps se touchent tendrement

et la cadence souple de tes paumes chaleureuses

me dit que dans ton étreinte, il y a la place

pour moi. Pour personne autre que moi.

 

© T. Kramberger, V tvojem objemu je prostor zame [Dans ton étreinte il y a la place pour moi], CSK, Aleph, Ljubljana, 2014, traduit en français par Drago Braco Rotar, 2014

 

Je remercie vivement Dominique Zinenberg d’avoir la gentillesse de relire mes poèmes et améliorer les traductions (T. K.).

 

 

Taja Kramberger, née en 1970 à Ljubljana, Slovénie, est une poète, écrivaine, traductrice et docteure en histoire et anthropologie historique. Avant l'exil, elle était enseignante universitaire aimée par les étudiants, et chercheuse confirmée en histoire moderne et en épistémologie des sciences humaines et sociales. Auteure de dix recueils de poésie, deux livres d’enfants, d’une pièce du théâtre et de nombreux essais et études critiques sur la littérature et la vie quotidienne. Elle a traduit en slovène des textes littéraires (dix livres) et ceux des sciences humaines et sociales (trois livres et plusieurs articles). En tant qu’historienne elle a publié quatre monographies et quelques dizaines d’articles. Entre 2001 et 2010, elle a été fondatrice et rédactrice en chef d’une revue anthropologique plurilingue Monitor ZSA (38 numéros).

Ses poèmes sont publiés en plusieurs langues (en forme de livre : en allemand, hongrois, espagnol, italien, croate, anglais ; elle est incluse dans de nombreuses anthologies et a été invitée – entre 1995 et 2013 - aux festivals de la poésie un peu partout dans le monde). Sa poésie a eu plusieurs nominations (finalistes) pour les prix littéraires en Slovénie. Parmi les récompenses reçues : 2007-prix Veronika en Slovénie, 2018-prix Simone Landry : Femmes, poésie, liberté en France (ex-aequo). En 2012, elle a été sélectionnée (par le public littéraire international) comme la seule représentante de Slovénie pour le « Poetry Parnassus » à Londres qui a réuni les poètes du monde, comme on dit, les plus aimés par ses lecteurs. En Slovénie, elle fut très engagée dans différents champs sociaux (universitaire, littéraire, éditorial, de traduction, des droits sociaux et la justice sociale, contre la corruption et le clientélisme) ; entre autres elle a animé plus de cent événements culturels et intellectuels nationaux et internationaux. En 2011, elle a créé – d’abord avec deux autres poètes (femmes), mais après l’exil elle est restée seule – le Prix littéraire international KONS ®, qui couronne les écrits littéraires des écrivaines et écrivains ayant consacré leur vie et leurs efforts à la justice sociale et au bien-être des gens.

À la suite de la purge universitaire des intellectuels critiques à l’université du Littoral à Koper, en 2010 – c’est-à-dire à l’université qu’elle contribua à construire en écrivant et en réalisant entre 2005 et 2010 le programme de l’anthropologie historique en collaboration avec son mari, traducteur et partenaire intellectuel Drago Braco Rotar, et en dirigeant la vie culturelle à la Faculté des sciences humaines entre 2007 et 2010 comme présidente du « Collegium artium ») − et à la suite de pressions de plus en plus vives des instances culturelles, académiques et socio-politiques locales et nationales du petit pays slovène, imprégné de plus en plus d’un crypto-fascisme et/ou néo-stalinisme et d’une démocratie factice, elle est allée, avec son mari, s’installer définitivement en France en 2016.

Quelques liens :

Lecture à Rosario, Argentine, 2013, le poème « El puerto de Koper »

Lecture à Rosario, Argentine, 2013, le poème « Cada muerto tiene su nombre »

Lecture à Rosario, Argentine, 2013, le poème « El hogar est donde estamos »

Lecture à Paris, 2016, le poème « Notre foyer est là où nous sommes »

Entretien pour Le Temps a Buenos Aires, 2014

Bibliographie plus complète

 

 


Taja Kramberger

recherche Dominique Zinenberg

Novembre-Décembre 2019

 

 

 

Créé le 1 mars 2002

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